« L’orientalisme en train de se faire : une enquête collective sur les études orientales dans l’Algérie coloniale »
Un travail d’histoire collectif sur les archives de René Basset, savant orientaliste
Un travail d’histoire collectif sur les archives de René Basset, savant orientaliste
En 1789, les deux tiers du commerce extérieur de la France se faisaient avec sa colonie antillaise de Saint-Domingue, laquelle représentait le plus grand marché de la traite européenne des
Présentation de Laure Demougin, L’Empire de la presse, Strasbourg, Presses universitaires de Strasbourg, 2021. L’Empire de la presse présente une étude littéraire de la presse coloniale française parue entre 1830
« Alors que les débats sur la mémoire de l’esclavage et de la colonisation sont vifs, Marc Belissa fournit une indispensable synthèse historique d’une période où s’est levé le “vent commun” de l’émancipation qui a soufflé sur le monde. »
Le propre du travail d’historien de Benjamin Stora sur la colonisation et la guerre d’Algérie est de porter une séquence historique qu’il avait lui-même partiellement vécue enfant à Constantine jusqu’à
Dans un essai issu de sa thèse, publié en septembre 2023 aux éditions du CNRS et intitulé « Races guerrières. Enquête sur une catégorie impériale (1850-1918) », l’historienne Stéphanie Soubrier déconstruit le mythe tenace selon lequel auraient existé chez les colonisés des « races » biologiquement et culturellement plus aptes que d’autres à faire la guerre. Elle y montre que « les officiers français, qui s’improvisaient ethnologues pour souligner la vigueur physique des Toucouleurs ou la docilité des Bambaras recrutés au Sénégal depuis la fin des années 1850, étaient en réalité parfaitement incapables de distinguer des populations qui, au vrai, ne répondaient à aucun critère univoque de délimitation ». Comme le résume André Loez dans sa recension dans Le Monde, en réalité les « races guerrières » étaient celles qui faisaient la guerre sous l’uniforme français. A son article, nous ajoutons un lien vers un riche entretien avec l’autrice dans le podcast Paroles d’histoire.
Pierre Bourdieu fit son service militaire dans l’Algérie en guerre, notamment dans le service de propagande de Robert Lacoste, en pleine « bataille d’Alger », puis y enseigna à Alger. L’importance de ce séjour de 1955 à 1958 dans son œuvre – on a pu parler d’une « matrice algérienne » de celle-ci – est l’objet d’une « enquête » dans un très riche récit graphique de Pascal Génot et Olivier Thomas, publié en septembre 2023 aux éditions Steinkis. Nous présentons également deux autres livres publiés sur la question en 2022 : Pierre Bourdieu en Algérie (1956-1961). Témoignages, par Tassadit Yacine, aux éditions du Croquant, et Combattre en sociologue. Pierre Bourdieu et Abdelmalek Sayad dans une guerre de libération (Algérie, 1958-1964), par Amin Perez, aux éditions Agone.
Que dire de plus sur L’Étranger d’Albert Camus sinon paraphrase ou commentaire de commentaire ? Bon connaisseur de la vie et l’œuvre de Camus, Christian Phéline relève le défi dans son récent essai, « L’Étranger en trois questions restées obscures » (Pézenas, Éditions Domens, 2023). Il questionne trois angles morts de ce récit, autour du personnage de Meursault, l’assassin. Pour reprendre ses mots, il aborde « ce qui touche, tour à tour, au lieu du meurtre, au mouvement intérieur qui y mène son auteur, et à la sanction qui lui est apportée ». Dans un dialogue avec le journaliste algérien Faris Lounis, dont nous avons déjà publié une tribune réfutant l’idée que Camus fut un partisan de l’Algérie française suivie d’un texte de Christian Phéline sur ce point.
En 1883, le lieutenant de vaisseau Pierre Loti rend compte dans le Figaro de la prise des forts de Hué, capitale du Vietnam, par la marine française. Il décrit sans ambages un carnage perpétré par les Français, croyant célébrer l’héroïsme national. Mais la publication de ses articles, qui font scandale, est interrompue sur ordre du gouvernement. L’historien Sylvain Venayre se saisit de cette « affaire Loti » pour explorer l’imaginaire européen de la « guerre lointaine » dans un livre de 2016 qui est réédité en poche par La Découverte en mai 2023. Outre la présentation de l’éditeur et un lien vers des extraits, nous publions une présentation en vidéo par l’auteur et un lien vers l’entretien réalisé par l’émission de France Culture La Fabrique de l’histoire avec Sylvain Venayre.
L’historien Alain Ruscio, spécialiste de l’Indochine, a publié en janvier 2023 aux éditions Les Indes Savantes, Marseille, la Provence et l’Indochine. Une histoire humaine au temps des colonies. Il y explore les liens multiples, tissés depuis les conquêtes jusqu’aux indépendances, entre Marseille et sa région et les anciennes colonies françaises d’Indochine, la Cochinchine, l’Annam et le Tonkin, au travers d’une histoire des Provençaux qui ont fait leur vie ou leur carrière en Indochine, mais aussi de celle des Indochinois qui ont fait un passage en Provence et dont les traces sont parfois encore visibles. On lira ici la préface de ce livre par Nguyen Phuong Ngoc et la table des matières.
Partisane de l’indépendance de l’Algérie, Monique Hervo s’est engagée dès 1959 auprès des Algériens des bidonvilles de Nanterre et a participé avec eux à la manifestation pacifique du 17 octobre 1961 contre laquelle la répression policière a fait plus de 200 morts. Elle a témoigné dans des livres de la violence coloniale qui l’avait précédée contre les bidonvilles de Nanterre. En 1972, elle a fait partie des fondateurs du Groupe d’information et de soutien des travailleurs immigrés (Gisti), et, à partir de 1973, a travaillé à la Cimade. Comme le souligne l’historienne Muriel Cohen, sa mort à Nanterre le 20 mars 2023 à l’âge de 95 ans n’a donné lieu à aucune annonce officielle de la part d’un gouvernement français qui n’a toujours pas réglé sa position à l’égard de la guerre d’indépendance algérienne et de la violence de la colonisation.
Née au lendemain du procès d’Émile Zola, le 4 juin 1898, quatre ans après la condamnation du capitaine Dreyfus, la « Ligue des droits de l’homme et du citoyen » s’est dotée d’un solide groupe de juristes et d’intellectuels, mais elle est embarrassée par la question coloniale. Sa réflexion porte sur le statut politique et social des colonies, avec l’idée d’y importer la République, mais surtout pour les Européens. Quant aux indigènes, elle est en faveur d’un statut le plus libéral possible au sein d’un espace mondial français. Ce sont les mouvements patriotiques du Riff, de Syrie et d’Indochine qui seront à l’origine d’avancées dans son réformisme colonial. Elle est divisée, et, malgré une vaste enquête sur les colonies lors du Front populaire, elle ne pourra rien changer. Autour de ce livre, une rencontre est organisée au siège de la LDH le 5 avril 2023.