Sur la chaîne Place Audin : l’assassinat de Chateau-Royal par Jean-Philippe Ould Aoudia
Jean-Philippe Ould Aoudia revient sur l’assassinat de Château-Royal le 15 mars 1962
Jean-Philippe Ould Aoudia revient sur l’assassinat de Château-Royal le 15 mars 1962
Jean-François Gavoury, le président de l’ANPROMEVO, l’Association nationale pour la protection de la mémoire des victimes de l’OAS, inlassable pourfendeur des nostalgiques de cette organisation terroriste, est décédé le 3 août 2023 à l’âge de 73 ans. Son père, commissaire central d’Alger, avait été assassiné par l’OAS le 31 mai 1961. Ci-dessous, le film de la cérémonie de dévoilement le 6 octobre 2011 de la stèle à toutes les victimes de l’OAS au cimetière du Père-Lachaise à laquelle il est intervenu après le maire de Paris, Bertrand Delanoë. Nous y joignons un rappel de « l’affaire Gavoury », tiré du livre d’Alain Ruscio, « Nostalgérie, l’interminable histoire de l’OAS », ainsi que l’interview qu’il a donné en 2022 au site « Place Audin ».
La mort de l’un des dernier chefs de l’organisation terroriste de l’OAS, Jean-Claude Pérez, qui a été condamné puis amnistié et est revenu en France en 1969, depuis l’Espagne franquiste où il s’était réfugié, est intervenue le 8 mars 2023. Son décès a été annoncé par Le Figaro sans aucune référence à son passé. C’est l’un des chefs d’une organisation criminelle qui a tué un grand nombre d’Algériens ainsi que des gendarmes, des fonctionnaires français et des Européens favorables à la recherche d’une évolution pacifique du statut de l’Algérie. Pérez fait partie de ceux qui ont été condamnés à mort pour leurs crimes, ont fui en 1962 dans l’Espagne de Franco, puis sont revenus en France après le départ du général de Gaulle. Leur retour et leur « blanchiment » sous les présidences de Georges Pompidou puis de Valéry Giscard d’Estaing a permis un déni de leurs crimes et contribué à l’essor de l’extrême droite.
Le 29 octobre 2022 se sont rassemblés à Perpignan des opposants à la décision du conseil municipal d’extrême droite d’attribuer le nom de Pierre Sergent à une esplanade de la ville. Celui-ci a été l’un des organisateurs du putsch militaire d’avril 1961 à Alger, puis s’est embarqué pour Marseille le 1er juin 1961 pour installer en France l’OAS-Métropole, une branche de l’Organisation armée secrète, mouvement terroriste qui, au nom de la lutte contre l’indépendance de l’Algérie, tourna contre la République les armes qu’il en avait reçues et commit des milliers d’attentats causant quelque 2 700 morts en Algérie et en France. Sergent a été condamné à mort en 1962 par la justice d’un pays qu’il a combattu. Les manifestants ont inauguré symboliquement une esplanade Maurice Audin, membre du parti communiste algérien qui avait rejoint en 1955 la guerre d’indépendance algérienne, assassiné en 1957 par des militaires français.
Le conseil municipal de Perpignan dirigé par l’extrême droite a osé décider de nommer un lieu public de la ville du nom d’un chef des assassins de l’organisation terroriste de l’OAS qui a attenté à la vie du Président de la République et assassiné de nombreux Algériens ainsi que des militaires français et des Européens d’Algérie favorables à un avenir de paix en Algérie : Pierre Sergent, chef de l’OAS en Métropole dont les attentats terroristes y ont fait quelque 70 morts. Ci-dessous le communiqué de la LDH des Pyrénées-Orientales qui fait partie des nombreuses organisations qui appellent à manifester le 29 octobre 2022 contre cette décision. Et celui de l’Association Josette et Maurice Audin, qui a chargé l’un de ses membres de la représenter lors de cette réaction populaire en faveur d’une histoire franco-algérienne non falsifiée.
Le 6 octobre 2011, le maire de Paris, Bertrand Delanoë, avait inauguré au cimetière du Père-Lachaise à Paris une stèle en hommage aux victimes de l’organisation terroriste de l’OAS. Le vote ayant décidé son érection avait eu lieu le jour anniversaire de la manifestation organisée à Paris le 8 février 1962 pour dénoncer les agissements de l’OAS et la poursuite de la guerre d’Algérie, qui s’était terminée par un massacre au métro Charonne. Le 6 octobre 2022, un rassemblement a eu lieu devant ce monument où Jean-Philippe Ould Aoudia a dénoncé les propos scandaleux tenus le 28 juin 2022 par un député du « Rassemblement national » lors de la séance d’ouverture de la législature de l’Assemblée nationale. Et il a déclaré que les crimes commis par l’organisation terroriste de l’OAS ne doivent pas devenir un territoire perdu de la conscience nationale.
Le 15 mars 1962, quatre jours avant le cessez-le-feu qui mit fin à la guerre d’indépendance algérienne, l’Organisation Armée Secrète (OAS) massacrait six dirigeants des Centres sociaux éducatifs, fondés en 1955 par Germaine Tillion pour apporter instruction et soins aux enfants algériens et déjà visés en 1956-1957 par de nombreuses arrestations et tortures de la part de l’armée française. Marcel Basset, Robert Eymard, Mouloud Feraoun, Ali Hamoutène, Max Marchand et Salah Ould Aoudia étaient assassinés par un commando dont les membres, bien qu’identifiés, restèrent impunis. Ce crime de l’OAS, organisation terroriste dont le rôle déterminant dans les tragédies de la fin de la guerre tend à être aujourd’hui passé sous silence, est rappelé ci-dessous par Jean-Philippe Ould Aoudia et Alain Ruscio.
Dans l’article qu’il a publié dans le « Quotidien d’Oran » le 16 novembre 2019, Emmanuel Alcaraz, docteur en histoire, analyse la continuité des extrêmes droites en France, et leur manière de se saisir de la question de l’immigration et de la mémoire de la guerre d’Algérie pour tenter de se réaffirmer dans le paysage politique. C’est dans ce contexte qu’il replace l’interview du président Emmanuel Macron sur l’immigration publié par « Valeurs actuelles » et un numéro spécial intitulé « l’Algérie française : les vérités interdites ? » de ce même hebdomadaire. Tout en signalant qu’il s’est aussi distingué par des attaques indignes à l’encontre de l’historien Benjamin Stora.
Pour l’anniversaire de son assassinat début janvier 1962, une cérémonie s’est déroulée le 4 janvier 2016 pour honorer la mémoire d’Alfred Locussol. Cet assassinat était le premier commis sur le territoire métropolitain, commandité et organisé par l’OAS depuis l’Algérie.
La stèle qui rend hommage à son engagement contre le colonialisme, inaugurée le 6 octobre 2012, a été brisée une semaine plus tard. Remise en état, elle était à nouveau vandalisée le 2 janvier 2013. La dernière dégradation, la quatrième, date du 1er novembre dernier. « Nous ne savons rien des motivations des vandales, déplore Pierre Frénée, coordonnateur de cet hommage. Cinquante ans après, c’est toujours un acte militant de dire qu’il a été assassiné par l’OAS 1 et déposer une gerbe au pied de sa stèle », souligne-t-il.
Ci-dessous, le message de voeux pour 2016, prononcé à Alençon, le 4 janvier 2016 par Jean-François Gavoury, président de l’ANPROMEVO, dans le cadre de l’hommage à la mémoire d’Alfred Locussol.
Pour des centaines de milliers d’Européens qui ont naguère vécu en Algérie, l’idéalisation du passé s’est transformée en « nostalgérie », beau mot chargé de mélancolie. Mais le drame commence lorsqu’on constate qu’une seule famille politique française, celle des anciens de l’Organisation armée secrète (OAS) et de leurs héritiers, l’a durablement instrumentalisée. Les « ultras » de l’Algérie française, ces hommes qui avaient fait le choix, à partir de février 1961, d’enclencher, en Algérie et en France, une incroyable spirale de violence terroriste, menant toute une communauté à l’impasse puis à l’exil, ces hommes sont en partie parvenus à en accaparer la mémoire.
Alain Ruscio 2propose dans ce livre un récit synthétique des racines et de l’histoire de ce tragique épisode, ainsi que de ses séquelles contemporaines. Mobilisant un important corpus documentaire – dont beaucoup de Mémoires d’anciens de l’OAS –, l’auteur retrace la dérive de ces officiers à l’idéal patriotique dévoyé. Enfin, Alain Ruscio explique comment et pourquoi la mémoire brûlante de ces années de folie meurtrière travaille toujours, de façon souterraine, la société française.
Ce livre est une réponse à l’un des derniers négationnismes que véhicule encore une certaine histoire coloniale « à la française ».
Complément — Un débat a été organisé le 18 juin 2015, autour du livre Nostalgérie, animé par deux historiens, Alain Ruscio et Gilles Manceron. Les débats ont été enregistrés et mis en ligne à l’adresse Rosa-Lux.
L’historien Gilbert Meynier, spécialiste de l’Algérie, expose son point de vue sur le dernier ouvrage de son collègue Alain Ruscio : Nostalgérie. L’interminable histoire de l’OAS, Paris, La Découverte, 2015, 316 p.
Robert Ménard, maire de Béziers soutenu par le Front national, va changer le nom de la « Rue du 19 mars 1962 » en « Rue du Commandant Denoix de Saint-Marc. Héros français ». Pourtant, son rôle dans la justification de la torture pratiquée en 1957 lors de la Bataille d’Alger puis dans le putsch d’avril 1961 contre la République n’autorise en aucun cas ce terme, comme le montre l’historien Gilles Manceron.