
Jean-Marie Le Pen (1/2) : la guerre coûte que coûte
L’Heure du Monde Il était la dernière personnalité politique française à avoir commencé sa carrière sous la IVe République. Jean-Marie Le Pen est mort ce 7 janvier 2025 à l’âge
L’Heure du Monde Il était la dernière personnalité politique française à avoir commencé sa carrière sous la IVe République. Jean-Marie Le Pen est mort ce 7 janvier 2025 à l’âge
Dans l’émission de Mediapart « A l’air libre » du 15 janvier 2025 (ci-dessous), la journaliste Florence Beaugé revient sur les activités tortionnaires de Le Pen, que ses enquêtes dans Le Monde
En 2019, Le Pen a à nouveau reconnu avoir torturé à Alger selon « Le Monde ». Le documentariste Philippe Collin a corrigé son podcast mensonger, sans reconnaître son erreur.
« Pour comprendre le racisme contemporain en France il faut connaître l’histoire coloniale de Jean-Marie Le Pen. On en parle avec l’historien Fabrice Riceputi. »
Avant de s’engager en Algérie, Le Pen le fit en Indochine, en 1954 et 1955. Un épisode très rarement évoqué et pourtant déterminant.
L’affirmation selon laquelle « on ne peut pas prouver » que Le Pen a torturé à Alger, dans un podcast de France inter, nie le travail des journalistes et des historiens.
Sur le livre « Le Pen et la torture. Alger 1957 » de Fabrice Riceputi, nous publions la présentation de l’éditeur, une émission de Mediapart et un entretien publié dans « L’Humanité ».
Présentation de l’éditeur Décembre 1956, le jeune député poujadiste Jean-Marie Le Pen est à Alger. Engagé volontaire chez les parachutistes pour défendre l’Algérie coloniale contre la « subversion », il participe aux
La famille Le Pen paraît divisée sur le sujet de l’apartheid. L’ancêtre, Jean-Marie, semble avoir un faible pour une telle organisation de la société : ne vient-il pas de déclarer y voir «au départ une volonté de promotion des deux communautés».
Sa petite fille, Marion Maréchal Le Pen, ne semble pas partager son avis. Interrogée lundi 16 décembre 2013 à BFM TV sur l’héritage politique de Nelson Mandela, la députée Front national du Vaucluse avait déclaré : «Dans nos colonies, nous n’avons jamais appliqué l’Apartheid. On peut en faire une fierté».
Une affirmation qui laisse perplexe et qui ouvre des abysses sans fond à la réflexion.
Quant à Marine Le Pen, elle a surtout fait preuve d’une capacité étonnante à mentir.
Réagissant à la publication mardi 9 décembre du rapport du Sénat américain sur les tortures perpétrées par la CIA, Marine Le Pen, présidente du Front national, a estimé mercredi que la torture pouvait être « utile » pour lutte contre le terrorisme. L’ACAT – Action des chrétiens pour l’abolition de la torture – rappelle que toute apologie de la torture doit être condamnée.
Jean-Marie Le Pen a toujours nié avoir commis des actes de torture pendant la période de janvier à mars 1957 où il était en Algérie, engagé volontaire dans le 1er Régiment étranger parachutiste. Et pourtant, il a bien déclaré au quotidien Combat, le 9 novembre 1962 : « Je n’ai rien à cacher. J’ai torturé parce qu’il fallait le faire. 1»
S’estimant diffamé par des déclarations affirmant qu’il avait participé à la torture pendant la guerre d’Algérie, il a perdu en justice : dans une décision confirmée en appel le 6 octobre 2004 2, la justice a débouté Le Pen de toutes ses plaintes et a reconnu la «crédibilité certaine» des témoignages recueillis sur sa participation à la torture pendant la guerre d’Algérie.
Un élément matériel peut aujourd’hui être invoqué : le poignard qu’il avait égaré dans la nuit du 2 au 3 mars 1957, lors d’une de ses «virées» dans la casbah d’Alger.
Jean-Marie Le Pen n’a cessé de justifier l’utilisation de la torture et il a déclaré à plusieurs reprises y avoir eu personnellement recours 3. Depuis une dizaine d’années, la justice donne raison à ceux qui ont dénoncé les actes de torture commis par Jean-Marie Le Pen, en les relaxant de poursuites en diffamation. La plus haute juridiction française, la Cour de cassation, a ainsi confirmé, en novembre 2000, un arrêt de la Cour d’appel de Rouen en faveur de Michel Rocard. La Cour a d’ailleurs estimé qu’en accusant à la télévision Jean-Marie Le Pen d’avoir torturé, l’ancien premier ministre « avait poursuivi un but légitime en portant cette information à la connaissance des téléspectateurs »4.
Quelques mois plus tard, en juin 2001, la Cour de cassation confirmait un arrêt de la Cour d’appel de Paris en faveur de Pierre Vidal-Naquet.
Nous reprenons ci-dessous le témoignage de Me Roland Rappaport, conseil de Pierre Vidal-Naquet, publié en Une du Monde, le 26 juin 2001 5.