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Édition du 1er au 15 novembre 2024

Le massacre de Thiaroye décembre 1944

Le massacre de Thiaroye décembre 1944

Nouvelles recherches sur le massacre de Thiaroye commis par l’armée française au Sénégal en 1944

Le livre d’Armelle Mabon Prisonniers de guerre « indigènes ». Visages oubliés de la France occupée (La Découverte, 2010) a été récemment réédité, augmenté d’un copieux chapitre, fruit de nouvelles recherches de l’historienne sur le massacre de Thiaroye perpétré par l’armée coloniale française au Sénégal en décembre 1944 contre des tirailleurs dont beaucoup avaient rejoint en France la Résistance et qui demandaient simplement les soldes qu’on leur avait promises. Il fait le point sur le procès scandaleux fait en 1945 à trente-quatre survivants du massacre. Nous en publions ici un extrait et présentons également le combat de Biram Senghor pour la réhabilitation de son père, M’Bap Senghor, qui n’a obtenu jusqu’ici qu’une surprenante modification par le Service historique de la Défense d’une archive publique.

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Le massacre de Thiaroye décembre 1944

« Thiaroye 1944 », par Martin Mourre

Longtemps considéré par l’armée française comme une mutinerie, Thiaroye, où des dizaines de tirailleurs sénégalais furent assassinés près de Dakar en décembre 1944, apparaît plutôt comme une tuerie organisée par les officiers coloniaux. Le livre de Martin Mourre, « Thiaroye 1944. Histoire et mémoire d’un massacre colonial », publié en 2017 aux Presses universitaires de Rennes, est un ouvrage de référence sur ce crime colonial. Fruit d’un long travail sur les archives de ce drame, il retrace l’évènement et ses réappropriations dans le Sénégal postcolonial. Nous en reproduisons ici l’introduction ainsi que la table des matières.

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Thiaroye, un mensonge d’État

La Cour de cassation a rejeté lundi 14 décembre 2015 la demande de révision du fils d’un tirailleur sénégalais, condamné pour sa participation à une rébellion réprimée dans le sang le 1er décembre 1944, au camp militaire de Thiaroye (Sénégal).

Le fils d’Antoine X. avait saisi la plus haute juridiction française dans l’espoir de rouvrir le dossier de son père décédé. Ce dernier, caporal, a été condamné le 6 mars 1945 par le tribunal militaire permanent de Dakar à dix ans de détention et à la dégradation militaire pour « désobéissance, outrage à supérieur et participation à une rébellion commise par des militaires armés ». Je suis chez moi, je n’ai pas d’ordre à recevoir » aurait-il lancé à un aspirant. Les officiers supérieurs du camp avaient ensuite assuré qu’il était l’un des « véritables chefs » de la « rébellion ».

Antoine X. avait lors de ses interrogatoires « nié avec constance » toutes les accusations. La Cour de cassation, estimant qu’ « aucune des pièces produites à l’appui de la demande (n’était) de nature à remettre en cause les témoignages ou le contenu des rapports figurant au dossier », a jugé que la demande en révision du fils d’Antoine X. était irrecevable. 1

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le massacre de Thiaroye, une synthèse par Armelle Mabon

Le massacre de Thiaroye s’est déroulé à Dakar en décembre 1944. Un mouvement de protestation de “tirailleurs sénégalais” fut brutalement réprimé par l’armée française, faisant plusieurs dizaines de victimes. Grâce aux recherches approfondies de l’historienne Armelle Mabon, l’événement est maintenant bien connu, et on comprend mal la lettre ouverte adressée au président de la République par Julien Fargettas qui qualifie ce travail de partialité 2. Le site internet du CVUH — Comité de vigilance face aux usages publics de l’histoire — a publié une réponse de l’historienne à cette lettre ouverte.

[Mis en ligne le 1er décembre 2014 ; mis à jour le 13 avril 20153]

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pour une vraie reconnaissance du massacre de Thiaroye, par Gilles Manceron

Lors du Sommet de la francophonie, ce 30 novembre à Dakar, François Hollande doit faire une déclaration sur la répression, il y a soixante-dix ans, à Thiaroye, des tirailleurs sénégalais qui réclamaient la solde qui leur était due. Il s’est engagé à remettre au Sénégal les archives relatives à cet épisode tragique. En quoi consisterait une vraie reconnaissance ?

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Tirailleur sénégalais. Photo : SGA/DMPA (Source)
Le massacre de Thiaroye décembre 1944

retour à Thiaroye

L’ouvrage collectif Nouvelle histoire des colonisations européennes XIXe-XXe siècles publié aux PUF sous la direction de Christelle Taraud et Amaury Lorin comporte un chapitre consacré au «Massacre des ex-prisonniers de guerre coloniaux le 1er décembre 1944 à Thiaroye (Sénégal)».

Au terme d’une enquête de longue haleine, son auteure, Armelle Mabon, propose une relecture de la “mutinerie” de Thiaroye (Sénégal) le 1er décembre 1944. Après avoir rappelé que les soldats “indigènes” avaient d’abord combattu pour la France des débuts de la guerre à la défaite de juin 1940, avant d’être faits prisonniers par les Allemands et détenus pendant quatre ans (1940-1944) dans des Frontstalags sur le sol français, elle souligne que c’est bien la question des soldes impayées qui se trouve au cœur de la révolte. Armelle Mabon a accepté de répondre aux questions de LDH Toulon, et notamment sur les raisons qui l’ont amenée à modifier son point de vue sur cet épisode tragique du passé colonial français4.

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Antoine Abibou en 1938. Prisonnier de guerre en Bretagne, il a été condamné à dix ans de détention le 5 mars 1945, suite à la rébellion du camp de Thiaroye. (Archive famille Abibou)
Le massacre de Thiaroye décembre 1944

Thiaroye (Sénégal) : morts par la France

Pour Armelle Mabon, maître de conférences à l’Université de Bretagne-Sud, auteure de Prisonniers de guerre « indigènes » Visages oubliés de la France occupée (La Découverte, 2010), la réhabilitation des victimes de ce massacre colonial est indispensable.

De nombreux points doivent encore être élucidés, mais, pour l’historienne, il s’agit d’un crime que l’armée française a couvert par une succession de mensonges et que l’État a entériné.

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Armelle Mabon : “Thiaroye, un passé à reconstituer”

Il y a 68 ans, le 1er décembre 1944, l’armée française a commis un massacre sanglant dans la caserne de Thiaroye (Sénégal). Plusieurs dizaines de « soldats africains qui s’étaient pourtant battus pour la France», selon les mots récents de François Hollande5, furent tués.

Combien de ces tirailleurs trouvèrent la mort ce jour-là ? Et pourquoi ? L’historienne Armelle Mabon, auteure de Prisonniers de guerre « indigènes ». Visages oubliés de la France occupée, a fouillé les archives6.

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Fresque murale à Dakar (©Erica Kowal – Flickr DSCN1029)
Le massacre de Thiaroye décembre 1944

la révolte de Thiaroye, par Armelle Mabon

«Quelques mois avant les massacres du Constantinois – Sétif, Guelma, Kherrata… – la répression sanglante de la mutinerie de Thiaroye (Sénégal), en décembre 1944, avait été conçue comme un “coup de bistouri” douloureux mais nécessaire, censé ôter pour longtemps aux colonisés leurs idées d’émancipation. Les mutins n’avaient réclamé que leurs arriérés de solde.» (Philippe Bernard)7

A l’heure où le gouvernement français s’apprête à célébrer le Cinquantenaire des indépendances africaines, Armelle Mabon, auteur du livre Prisonniers de guerre “indigènes”8 , revient sur cet épisode trop mal connu du passé colonial de la France en Afrique.

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