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Édition du 15 novembre au 1er décembre 2024

Résultats de la recherche pour : 14 juillet 1953 – Page 2

 14 juillet 1953 : répression coloniale, place de la Nation

Les massacres d’Algériens, à Paris, en octobre 1961 font partie de la mémoire collective française – ils ont même été officiellement reconnus il y a quelques mois par le président de la République (note ajoutée le 15 juillet 2013). Il n’en est pas de même pour la violente répression qui a frappé des Algériens à Paris le 14 juillet 1953. Ce jour-là, un important cortège de travailleurs algériens s’était formé, encadré par le MTLD (Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques) de Messali Hadj. Ils scandaient “Non au colonialisme !”, “Nous voulons l’indépendance !” … Place de la Nation, les forces de l’ordre ont chargé ; des policiers ont tiré – il y aura 7 morts, six jeunes ouvriers algériens et un métallurgiste français, syndicaliste CGT.

Pour rappeler cet événement quasiment oublié, nous reprenons ci-dessous des extraits du chapitre que l’historien Emmanuel Blanchard lui a consacré dans son livre La police parisienne et les Algériens 1.

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Les images du 14 juillet 2023,
commémoration place de la Nation,
rassemblement à la Bastille
et défilé de la Marche des solidarités

Impossible d’empêcher que les épisodes du passé qu’une mémoire officielle a voulu refouler fassent retour. En marge du défilé des Champs-Elysées, où le président de la République a affiché une amitié choquante avec le premier ministre indien, Narendra Modi, qui mène une politique intégriste à l’opposé des fondateurs de l’Union indienne, plusieurs rassemblements ont eu lieu. Le 13 juillet, un hommage aux victimes du 14 juillet 1953, six Algériens et un syndicaliste français, place de la Nation, et, le 14 juillet au matin, place de la Bastille, de nombreuses associations ont proclamé lors d’un rassemblement leur intention de reprendre en 2024 les défilés populaires pour la fête nationale. Elles se sont jointes l’après-midi au défilé de la Marche des solidarités auquel plusieurs milliers de personnes ont participé entre la place Félix Eboué (Daumesnil) et la Bastille.

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Reprendre les défilés populaires
pour le 14 juillet

Dans l’espace occidental, la France est une exception : le seul défilé à l’occasion de sa fête nationale est un défilé militaire. Marqué en 2023 par l’invitation d’un président indien qui incarne dans son pays un intégrisme religieux et un racisme islamophobe facteur de guerre civile. Pourtant, sous le Front populaire comme après la Libération, des défilés populaires avaient lieu le 14 juillet. En 1953, une répression policière meurtrière ciblant le cortège algérien du Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques (MTLD) a fait sept morts par balles, six Algériens et un responsable des métallos CGT. Ensuite, jusqu’en 1968, ces défilés du 14 juillet, comme ceux du Premier Mai, ont été interdits. Soixante-dix ans plus tard, de nombreuses associations appellent à renouer avec cette tradition.

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En 2023, 70 ans après,
revient dans la mémoire française
la fin brutale en 1953 des défilés populaires
commémorant la Révolution française

Si le massacre parisien du 17 Octobre 1961, après des décennies de déni et de mensonges, est apparu dans la mémoire française, il n’en est pas de même pour celui du 14 juillet 1953, Place de la Nation. La police a ouvert le feu sur le cortège des indépendantistes algériens, tuant six d’entre eux et un syndicaliste de la Métallurgie CGT qui les défendait, et faisant des dizaines de blessés par balles. Cette répression a précipité le déclenchement de la guerre d’indépendance algérienne. Elle a marqué aussi la fin des défilés populaires du 14 juillet qui ont existé lors du Front populaire et après la Libération. 70 ans après, une commémoration spectaculaire aura lieu le 13 juillet Place de la Nation. Et des associations comme le MRAP, la LDH, Attac, la Libre Pensée, les Ami(e)s de Maurice Rajsfus, l’ITS et des organisations syndicales ou politiques s’interrogent sur un appel à refaire un défilé populaire pour le 14 juillet.

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Un bal pour le souvenir
et l’actualité
le 13 juillet 2019
place de la Nation à Paris

En 1953, un cortège du mouvement indépendantiste algérien, le MTLD, participait au défilé populaire du 14 juillet derrière un portrait de son leader, Messali Hadj, et ses banderoles : « À bas le colonialisme », « Nous voulons l’indépendance ». La police ouvre le feu, faisant 7 morts et une cinquantaine de blessés. Cet événement oublié revient peu à peu à la mémoire : le 6 juillet 2017, une plaque a été apposée ; le 13 juillet 2018, une projection suivie d’un bal ont été organisés. En 2019, une commémoration rassemblant davantage de partenaires et faisant le lien avec l’actualité française et algérienne, précédera le bal du souvenir.

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En banlieue parisienne, nombreuses commémorations en 2022 du 17 octobre 1961

En dehors du rassemblement à Paris, sur le Pont Saint-Michel, pour le 61ème anniversaire du massacre des Algériens désarmés au cœur de la capitale le 17 octobre 1961, de nombreuses initiatives ont eu lieu en banlieue parisienne, là où la mémoire de l’immigration algérienne est vivace. Ci-dessous, quelques-unes d’entre elles, à Saint-Denis, Epinay-sur-Seine, Aubervilliers, Nanterre, Bobigny, Villetaneuse, Saint-Ouen, Garges-les-Gonesse, Asnières, Stains, Montreuil, La Plaine Sain-Denis, Noisy-le-Sec, Trappes, Thiais, Choisy-Orly, La Courneuve, Bonneuil-sur-Marne. Notamment à l’initiative des Oranges, de l’Association pour la culture et le voyage (APCV) et des collectivités locales. L’APCV propose que le 17 Octobre devienne une Journée nationale officielle de la lutte anticoloniale qui commémorerait aussi d’autres crimes comme ceux de mai-juin 1945 à Sétif, Guelma, Kherrata en Algérie, du 14 juillet 1953 à Paris, place de la Nation, du 8 février 1962 au métro Charonne, et d’autres.

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Les échos du bal
du Souvenir
et des Libertés,
place de la Nation

Le 14 juillet 1953, à Paris place de la Nation, la police a tiré sur une manifestation pacifique portant le drapeau algérien, faisant 7 morts : 6 Algériens et un Français membre de la CGT. Le 13 juillet 2019, pour la deuxième année consécutive, la Ligue des droits de l’Homme a organisé, avec le soutien de la Mairie du 12° et de nombreuses associations, un bal populaire en souvenir de cet événement : dépôt de gerbe au pied de la plaque commémorative, débats (et chansons), restauration et bal. De nombreux intervenants ont fait le lien avec l’actualité : la liberté de manifester menacée en France et la révolte du peuple algérien pour la liberté.

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Un bal populaire
pour commémorer les balles

A la veille du 14 juillet 2018, 65 ans après la fusillade colonialiste à Paris du 14 juillet 1953, place de la Nation, des prises de parole ont eu lieu devant la plaque commémorative posée un an plus tôt. Et un bal populaire a été organisé pour commémorer cet événement trop vite disparu de la mémoire collective. A l’intiative de la mairie du 12e arrondissement, du conseil de quartier Nation-Picpus, des sections de la Ligue des droits de l’Homme du 12e, des 10e-11e et du 20e, de Attac 12e, de la Commune libre d’Aligre et de la CGT 12e.

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 17 octobre 1961 : chèque en blanc à Maurice Papon, par Emmanuel Blanchard

De 1925 à 1945, en région parisienne, les Algériens étaient “suivis” par une équipe spécialisée, la Brigade nord-africaine de la préfecture de police. Les “indigènes” étant devenus “Français musulmans d’Algérie”, théoriquement égaux en droit aux autres citoyens français, celle-ci fut dissoute. Au début des années 1950, l’émeute algérienne devient un sujet de préoccupation majeur, exacerbé par la répression féroce de la manifestation du 14 juillet 1953, place de la Nation. Une nouvelle police spécialisée est alors reconstituée avec la Brigade des agressions et violences. Ses objectifs : pénétrer les “milieux nord-africains” et ficher les Algériens.

Entre 1958 et 1962, dans le contexte de la guerre ouverte en Algérie, le répertoire policier se radicalise : il faut désormais “éliminer les indésirables”. Rafles, camps d’internement et retours forcés se multiplient, les brutalités policières deviennent fréquentes, jusqu’à la torture. Le préfet de police Maurice Papon reçoit un « chèque en blanc » pour combattre le FLN. Les massacres d’octobre 1961 incarnent le moment le plus tragique de cette période noire.

Dans son livre La police parisienne et les Algériens : 1945-19622, Emmanuel Blanchard, en éclaire les mécanismes par une étude historique fondée sur des archives et des témoignages inédits. Nous en reprenons ci-dessous l’épilogue.

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la lente résurgence des massacres d’Algériens en octobre 1961, dans la mémoire collective française

D’après les historiens britanniques Jim House et Neil MacMaster, les massacres d’Algériens à Paris, en octobre 1961, constituent « dans toute l’histoire contemporaine de l’Europe occidentale, la répression d’État la plus violente et la plus meurtrière qu’ait jamais subie une manifestation de rue désarmée3». Le nombre de victimes, morts ou disparus, n’est pas connu de façon précise, mais les historiens l’évaluent à plusieurs centaines.

En février 1962, les huit morts du métro Charonne provoqueront une mobilisation sans précédent des grands partis de gauche et des syndicats contre l’OAS, la police et les partisans de l’Algérie française. «C’est le plus sanglant affrontement entre policiers et manifestants depuis 1934», titrera
en page 2 Le Monde du 10 février 19624, témoignant ainsi de l’occultation des massacres des Algériens qui s’étaient déroulés quelques mois auparavant.

Un demi-million de personnes ont suivi les obsèques des victimes de Charonne, alors qu’aucune manifestation d’ampleur n’avait eu lieu après le 17 octobre 1961. «Les Français ont “choisi entre les morts”», dira avec un sentiment de malaise un témoin présent au défilé5.

Ce n’est qu’à l’occasion du procès pour crimes contre l’humanité intenté à Maurice Papon, en octobre 1997 – l’ancien secrétaire général de la préfecture de la Gironde doit répondre de son rôle dans la déportation de 1690 Juifs en 1942 –, que l’ampleur du carnage d’octobre 1961 est portée à la connaissance du public, grâce au témoignage de l’historien Jean-Luc Einaudi. Un pas de plus est franchi en février 1999, lorsque Papon attaque Einaudi en diffamation au tribunal correctionnel de Paris. Les dépositions de quelques survivants sont confortées par le témoignage de deux conservateurs aux Archives de Paris en charge des archives judiciaires. Etablie de façon éclatante, la réalité des faits est alors reconnue par le substitut du procureur de la République, représentant de l’État. Il met en pleine lumière la spécificité des massacres d’octobre 1961 : il ne s’agissait pas d’un fait de guerre “ordinaire”, car les victimes n’étaient pas des combattants, mais des familles venues manifester pacifiquement !

Ces événements se sont déroulés il y a cinquante ans, et ils continuent à être souvent confondus avec ceux du métro Charonne. Mais on assiste à leur lente ré-émergence dans la mémoire collective française ; vous en trouverez ci-dessous une chronologie sommaire.

Il est temps que l’État français reconnaisse enfin sa responsabilité !
Il est vrai que, selon l’historien Pierre Vidal-Naquet, «ne pas parler de la guerre d’Algérie fait partie d’un patrimoine commun à la gauche et à la droite6».

[Mis en ligne le 22 septembre 2011, mis à jour le 10 octobre]

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