
Refus de charger des armes vers Israël : l’engagement des dockers marseillais ne date pas d’hier, par Alain Ruscio
Durant la guerre d’Indochine, les dockers CGT de Marseille refusaient déjà de participer à une guerre coloniale.
Durant la guerre d’Indochine, les dockers CGT de Marseille refusaient déjà de participer à une guerre coloniale.
Réunissant une soixantaine de personnes (chercheuses et chercheurs, professionnelles des humanités numériques, membres des institutions culturelles, acteurs du monde associatif, militant.e.s, étudiant.e.s, développeurs web, graphiste et cinéaste), ce projet, porté
A Marseille, ville d’immigration coloniale et postcoloniale, marquée par le racisme anti-arabe, la dimension coloniale du sort fait aux Palestiniens et la solidarité y sont évidentes pour beaucoup.
Un podcast d’Affaires sensibles sur les crimes racistes à Marseille en 1973.
À partir d’août 1973, il y a cinquante ans, Marseille était le théâtre d’une série de meurtres racistes qui coutèrent la vie à au moins 17 personnes en quelques mois. C’est l’histoire qu’a raconté la romancière Dominique Manotti dans Marseille 73. A la suite de cette publication, cette dernière a été contactée par différents protagonistes de ce drame, qu’on peut aujourd’hui voir et entendre dans un film documentaire en accès libre. Nous lui ajoutons un podcast de France culture par l’historienne Hajer Ben Boubaker, dont les quatre épisodes reviennent sur l’histoire du Mouvement des Travailleurs Arabes (MTA) qui organisa la réaction antiraciste dans les années 1970.
Une répression policière meurtrière a interrompu en 1953 les défilés populaires du 14 juillet. Cette violence comme celles commises en 2023 par des policiers dans diverses villes de France, de Nanterre à Marseille, s’explique par le fait de ne pas considérer nos concitoyens héritiers des anciennes colonies comme des citoyens à part entière. Ci-dessous le billet de Blog publié par Mediapart le 1er août 2023 par François Gèze, Gilles Manceron, Fabrice Riceputi et Alain Ruscio. Il reprend l’appel lancé à faire pour le 14 juillet 2024 un grand défilé populaire de la République à la Nation lors de la Fête nationale, comme ça a été entamé en 2023. Un appel qui fait écho à celui que notre site avait lancé au lendemain du meurtre de George Floyd en 2020 et de la vague mondiale de protestation sur le thème « Black lives matter », dans un manifeste intitulé « Pour une République française, antiraciste et décolonialisée ! »
Il y a cinquante ans, se produisait une vague de crimes racistes à Marseille et dans sa région. Le 28 avril 2023, l’IMéRA-Institut d’études avancées, en collaboration avec l’association Ancrages, organise sur l’histoire et la mémoire de ce moment clé de l’histoire de l’immigration postcoloniale en France une journée d’études au Musée d’histoire de Marseille. Elle rassemblera des chercheurs et chercheuses en sciences humaines – Jim House et Yvan Gastaut, historiens, Rachida Brahim, sociologue et psychanalyste, et l’écrivaine Dominique Manotti. Nous en publions le programme et renvoyons à plusieurs dossiers concernant ces événements sur notre site.
L’historien Alain Ruscio, spécialiste de l’Indochine, a publié en janvier 2023 aux éditions Les Indes Savantes, Marseille, la Provence et l’Indochine. Une histoire humaine au temps des colonies. Il y explore les liens multiples, tissés depuis les conquêtes jusqu’aux indépendances, entre Marseille et sa région et les anciennes colonies françaises d’Indochine, la Cochinchine, l’Annam et le Tonkin, au travers d’une histoire des Provençaux qui ont fait leur vie ou leur carrière en Indochine, mais aussi de celle des Indochinois qui ont fait un passage en Provence et dont les traces sont parfois encore visibles. On lira ici la préface de ce livre par Nguyen Phuong Ngoc et la table des matières.
En 2023 seront à commémorer et à mieux faire connaître deux moments importants dans l’histoire de l’immigration postcoloniale et dans celle des luttes antiracistes en France : d’une part la vague de crimes racistes impunis de 1973 et la réaction antiraciste à ces crimes, et de l’autre, dix ans plus tard, la Marche contre le racisme et pour l’égalité de 1983, première mobilisation de masse réussie lancée par les racisés eux-mêmes. Notre site y reviendra. Nous publions ici un entretien publié par Mediapart avec la sociologue Rachida Brahim, autrice de La race tue deux fois, et la romancière Dominique Manotti, autrice de Marseille 73. Toutes deux reviennent sur l’année 1973 et sur la permanence de l’impunité.
Comme notre site l’a signalé, la municipalité de Marseille a décidé de débaptiser l’école Bugeaud qui portait le nom du général ayant ordonné la mise à mort par asphyxie des femmes, hommes et enfants des tribus hostiles à la colonisation de l’Algérie, qui s’étaient réfugiées dans des grottes. Son nom a été remplacé par celui d’un caporal algérien mort en 1944 dans les combats pour la libération de la ville. L’article du Monde que nous reproduisons ci-dessous souligne l’importance de cette décision pour cette ville qui a été au cœur de l’empire colonial français. Le Guide du Marseille colonial, dont nous avons aussi signalé la parution, publié par une équipe de militants antiracistes marseillais, recense les nombreuses traces de ce passé colonial dans la ville.
A Marseille, l’école Bugeaud a été renommée « Ahmed Litim », du nom d’un tirailleur algérien qui a donné sa vie le 25 août 1944 pour libérer la ville. Selon les mots du maire, Benoît Payan, « l’Histoire de la France, c’est aussi celle de Bugeaud, de la colonisation ou de la collaboration. Nous continuerons de l’enseigner à nos enfants. Mais la ville a choisi de donner aux enfants de Marseille l’exemple d’un héros plutôt que celui d’un bourreau ». Samia Chabani, de l’association Ancrages, centre de ressources sur l’histoire des migrations à Marseille, a salué cette décision. Elle demande que les auteurs de violences dans les guerres coloniales ne soient plus honorés dans l’espace public et que les associations valorisant les mémoires des migrations postcoloniales soient représentées à la commission des noms de rues.
Après les guides de Paris, Bordeaux et Soissons, les éditions Syllepse nous offrent, en co-édition avec la courte échelle et les éditions transit de Marseille, le Guide du Marseille colonial. Un travail collectif réalisé par un groupe de militants associatifs marseillais qui s’est réuni régulièrement depuis juillet 2020 pour préparer cet ouvrage. En librairie à partir du 1er septembre 2022.