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Édition du 15 novembre au 1er décembre 2024

Jean-Marie Le Pen

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Le Pen et la torture

Le poignard de Le Pen, égaré en mars 1957

Jean-Marie Le Pen a toujours nié avoir commis des actes de torture pendant la période de janvier à mars 1957 où il était en Algérie, engagé volontaire dans le 1er Régiment étranger parachutiste. Et pourtant, il a bien déclaré au quotidien Combat, le 9 novembre 1962 : « Je n’ai rien à cacher. J’ai torturé parce qu’il fallait le faire. 1»
S’estimant diffamé par des déclarations affirmant qu’il avait participé à la torture pendant la guerre d’Algérie, il a perdu en justice : dans une décision confirmée en appel le 6 octobre 2004 2, la justice a débouté Le Pen de toutes ses plaintes et a reconnu la «crédibilité certaine» des témoignages recueillis sur sa participation à la torture pendant la guerre d’Algérie.
Un élément matériel peut aujourd’hui être invoqué : le poignard qu’il avait égaré dans la nuit du 2 au 3 mars 1957, lors d’une de ses «virées» dans la casbah d’Alger.

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“Jean-Marie Le Pen, un tortionnaire”, par Roland Rappaport

Jean-Marie Le Pen n’a cessé de justifier l’utilisation de la torture et il a déclaré à plusieurs reprises y avoir eu personnellement recours 3. Depuis une dizaine d’années, la justice donne raison à ceux qui ont dénoncé les actes de torture commis par Jean-Marie Le Pen, en les relaxant de poursuites en diffamation. La plus haute juridiction française, la Cour de cassation, a ainsi confirmé, en novembre 2000, un arrêt de la Cour d’appel de Rouen en faveur de Michel Rocard. La Cour a d’ailleurs estimé qu’en accusant à la télévision Jean-Marie Le Pen d’avoir torturé, l’ancien premier ministre « avait poursuivi un but légitime en portant cette information à la connaissance des téléspectateurs »4.

Quelques mois plus tard, en juin 2001, la Cour de cassation confirmait un arrêt de la Cour d’appel de Paris en faveur de Pierre Vidal-Naquet.
Nous reprenons ci-dessous le témoignage de Me Roland Rappaport, conseil de Pierre Vidal-Naquet, publié en Une du Monde, le 26 juin 2001 5.

[Mis en ligne le 28 novembre 2012, mis à jour le 6 octobre 2014]

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Le Pen et la torture

La question : Jean-Marie Le Pen et la torture

Dans une interview publiée par le quotidien Combat le 9 novembre 1962, Jean-Marie Le Pen avait reconnu : «Je le sais, je n’ai rien à cacher. J’ai torturé parce qu’il fallait le faire». Mais, dès le lendemain, il avait tenu à préciser que le terme de « torture » ne pouvait s’appliquer aux « méthodes de contraintes » qu’il avait utilisées en Algérie quand il servait comme sous-lieutenant 6.

Quelques décennies plus tard, la Cour de cassation, en les relaxant de poursuites en diffamation, a donné raison à Michel Rocard et Pierre Vidal-Naquet qui avaient dénoncé les actes de torture commis par Jean-Marie Le Pen.

Nous versons au dossier une vidéo, réalisée en 2007, comportant de nombreux témoignages, ainsi que le compte-rendu paru dans Le Canard enchaîné du 5 décembre 2012 du livre Le Pen, une histoire française (Robert Laffont) de Philippe Cohen et Pierre Péan – un ouvrage qui a pu être qualifié de «réhabilitation» du leader d’extrême-droite7.

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Le “vote pied-noir” : fantasme ou réalité ?

Ce que l’on a coutume de désigner par l’expression “communauté pied-noir”, c’est-à-dire les rapatriés d’Algérie et leurs descendants, pèse 7,3 % de la population française inscrite sur les listes électorales, soit 3,2 millions d’électeurs potentiels à la prochaine élection présidentielle. Elle représente 13,7 % du corps électoral en Provence-Alpes-Côte d’Azur.

L’étude récente du Centre de recherches politiques de Sciences Po reprise ci-dessous, évalue à 18 % ce qu’elle a donné à Jean-Marie Le Pen lors du premier tour de l’élection présidentielle de 2007, soit 8 points de plus que sa moyenne nationale. Le Cevipof estime à 28 % en France, et 30 % en Paca, les intentions de vote communautaire pied-noir en faveur de Marine Le Pen, pour avril prochain. Ce qui montrerait que plus des deux tiers des Pieds-noirs dans notre région n’auraient pas l’intention de voter à l’extrême droite. Autre phénomène rassurant constaté par le Cevipof : la préférence électorale en faveur de l’extrême droite s’estomperait avec les générations, les descendants des rapatriés accordant à Marine Le Pen 4 points de moins que leurs parents.

Il y a encore du travail en Paca, comme le montre l’enquête de Jean-Baptiste Malet publiée dans l’édition de février 2012 du mensuel Le Ravi. Au lieu de reconnaître les crimes commis au nom de la France durant la période coloniale et de combattre les tentatives de les récuser, de nombreux élus dits « républicains », le plus souvent de droite mais pas seulement, continuent à flatter des groupuscules « nostalgériques », comme en témoignent les inaugurations et fleurissements chroniques de monuments à la gloire de l’OAS, l’organisation terroriste, ou des généraux putschistes. Cinquante ans après l’indépendance de l’Algérie, ils continuent de façon irresponsable à instrumentaliser l’histoire et à exploiter les blessures mémorielles à des fins politiques.

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Au centre le lieutenant Le Pen, à droite le général Massu.
Le Pen et la torture

Il faut que les Français sachent qui est Le Pen, cet homme qui a la prétention de diriger notre pays

Si le séjour de Jean-Marie Le Pen dans l’Algérie en guerre a été bref – de janvier à fin mars 1957 –, le lieutenant du 1er régiment étranger de parachutistes (REP), attaché à la division Massu, a laissé dans l’ex-colonie française de terribles souvenirs. Elu député poujadiste à l’âge de 28 ans, ayant voté l’envoi du contingent en Algérie décidé par le gouvernement de Guy Mollet, Jean-Marie Le Pen s’engage en 1956 pour six mois. Il débarque en pleine bataille d’Alger. Basé à la Villa des Roses (aujourd’hui remplacée par un jardin public sur les hauteurs d’El-Biar), il fait officiellement du renseignement.

Les Algériens qui ont eu à faire à lui, dans le cadre des opérations de « maintien de l’ordre », suivant la terminologie employée par les autorités françaises à l’époque, et qui acceptent de témoigner, gardent l’image d’un homme « extrêmement violent » et, par-dessus tout, d’un « tortionnaire » 8. Le cas de Abdenour Yahiaoui est particulièrement éclairant.

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