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Édition du 1er au 15 avril 2025

Colonisation

La société française au temps des colonies

« Races guerrières »,
une enquête de Stéphanie Soubrier
sur un mythe colonial tenace

Dans un essai issu de sa thèse, publié en septembre 2023 aux éditions du CNRS et intitulé « Races guerrières. Enquête sur une catégorie impériale (1850-1918) », l’historienne Stéphanie Soubrier déconstruit le mythe tenace selon lequel auraient existé chez les colonisés des « races » biologiquement et culturellement plus aptes que d’autres à faire la guerre. Elle y montre que « les officiers français, qui s’improvisaient ethnologues pour souligner la vigueur physique des Toucouleurs ou la docilité des Bambaras recrutés au Sénégal depuis la fin des années 1850, étaient en réalité parfaitement incapables de distinguer des populations qui, au vrai, ne répondaient à aucun critère univoque de délimitation ». Comme le résume André Loez dans sa recension dans Le Monde, en réalité les « races guerrières » étaient celles qui ­faisaient la guerre sous l’uniforme français. A son article, nous ajoutons un lien vers un riche entretien avec l’autrice dans le podcast Paroles d’histoire.

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Maroc

Maroc : dans l’Atlas,
un non-développement
qui remonte à la colonisation

Dans un entretien avec Mediapart, la géographe marocaine Fatima Gebrati, spécialiste du Haut Atlas, souligne l’insuffisance de l’aménagement du territoire dans les zones les plus violemment frappées par le très fort séisme de septembre 2023. Une marginalisation économique et politique qui remonte à la période coloniale. Le maréchal Lyautey qualifiait en effet de « Maroc inutile » les régions montagneuses qui résistèrent très longtemps à la conquête militaire française et la France développa à son profit le seul Maroc des plaines, notamment Atlantique. Ce non-développement fut perpétué dans le royaume indépendant. Il explique l’extrême lenteur des secours dans les douars isolés proches de l’épicentre du séisme.

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Antilles

« Une écologie décoloniale »,
par Malcolm Ferdinand

Dans Une écologie décoloniale. Penser l’écologie depuis le monde caribéen, publié au Seuil en 2019 et en anglais par Polity press en 2022, le politiste martiniquais Malcolm Ferdinand avance que « l’environnementalisme a inventé un récit de la Terre et une manière de parler des changements climatiques et écosystémiques qui occultent totalement les destructions humaines et environnementales qui ont été causées par les colonisations, les impérialismes et les esclavages ». Depuis l’espace caribéen, fortement marqué par l’histoire coloniale et dont il est un spécialiste, évoquant notamment le scandale du pesticide chlordécone, il invite à « penser une écologie décoloniale ». Nous publions ici une recension de son livre par Laurie Gagnon-Bouchard dans La vie des idées, ainsi que deux entretiens avec l’auteur.

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La société française au temps des colonies

« Marseille, la Provence et l’Indochine »,
par Alain Ruscio

L’historien Alain Ruscio, spécialiste de l’Indochine, a publié en janvier 2023 aux éditions Les Indes Savantes, Marseille, la Provence et l’Indochine. Une histoire humaine au temps des colonies. Il y explore les liens multiples, tissés depuis les conquêtes jusqu’aux indépendances, entre Marseille et sa région et les anciennes colonies françaises d’Indochine, la Cochinchine, l’Annam et le Tonkin, au travers d’une histoire des Provençaux qui ont fait leur vie ou leur carrière en Indochine, mais aussi de celle des Indochinois qui ont fait un passage en Provence et dont les traces sont parfois encore visibles. On lira ici la préface de ce livre par Nguyen Phuong Ngoc et la table des matières.

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La société française au temps des colonies

Une histoire des jardins botaniques coloniaux
par Hélène Blais

L’historienne Hélène Blais publie en février 2023 chez Champ Vallon, dans la collection « l’environnement a une histoire », L’empire de la nature. Une histoire des jardins botaniques coloniaux (fin XVIIIe siècle-années 1930). Elle y montre qu’aux Caraïbes, en Afrique et en Asie, ces jardins coloniaux, « enclaves de nature ordonnée, symboles d’une sauvagerie domptée, donnent à voir la maîtrise du monde naturel et sont institués comme des outils de la domination coloniale. » Outre la présentation et le lien vers la table des matières, nous publions un article de cette historienne pour l’Encyclopédie d’histoire numérique de l’Europe sur le même sujet.

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1830-1880

« 1871. L’Algérie sous séquestre »,
par Didier Guignard

En 1930, après un siècle de colonisation en Algérie, plus du tiers des terres de culture est passé dans les mains des Européens. Une grande partie de ces spoliations ont été opérées en représailles de l’insurrection de 1871 : environ 900 000 Algériens, plus du quart de la population totale, se voient alors infliger un séquestre sur leurs terres, maisons ou plantations. C’est l’objet du livre de Didier Guignard, publié en janvier 2023 par les éditions du CNRS. S’appuyant sur les archives et sur une enquête de terrain, il étudie aussi les adaptations et résistances de la paysannerie kabyle jusqu’aux années 1930. On lira ici la présentation de l’éditeur, la préface de Neil MacMaster et l’introduction, ainsi qu’un article de Didier Guinard, dans la revue Insaniyat, consacré à un cas de résistance à la mainmise foncière, celui des Beni Urjin, dans la région de Bône, aujourd’hui Annaba.

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La restitution des objets et restes mortuaires coloniaux

Restitution des restes humains :
le grand retard français

En sus d’innombrables objets pillés, la France conserve de son ère coloniale des milliers de restes humains dont elle n’a à ce jour restitué qu’un très faible nombre à ses anciennes colonies. Une enquête du New York Times indique que le Musée de l’Homme conserve ainsi dans ses réserves « 18 000 crânes » – comprenant aussi des restes de victimes du génocide arménien – et pointe une forte résistance française à les restituer. Une polémique a par ailleurs éclaté à propos des crânes rendus à l’été 2020 à l’Algérie : certains ne sont pas, selon plusieurs journaux dont Le Monde, ceux de résistants algériens, mais de supplétifs de l’armée française, ce dont le gouvernement algérien aurait été informé. Ce dernier l’a démenti.

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