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La restitution des objets pillés à l’ère coloniale :
avancées et résistances

Un mouvement de restitution d'objets spoliés durant la colonisation à la demande d'Etats africains touche nombre d'anciennes métropoles coloniales. En France, le 26 avril 2023, a été remis au gouvernement un rapport visant à légiférer sur les restitutions.

Un mouvement de restitution d’objets spoliés durant la colonisation à la demande d’Etats africains touche nombre d’anciennes métropoles coloniales. En France, le 26 avril 2023, a été remis au gouvernement un rapport visant à légiférer sur les restitutions. Selon lui, ont fait pour l’heure des demandes à la France : le Sénégal (10 000 objets), l’Éthiopie (3 000), le Tchad (10 000), le Mali (16), la Côte d’Ivoire (148 ), ainsi que le Bénin et Madagascar. Très en retrait par rapport aux recommandations du rapport Sarr-Savoy remis à l’Elysée en 2018, il veut, comme le rapporte le Figaro, « sortir de la repentance » (sic), et prône la « patrimonialisation partagée » entre musées français et africains. C’est notamment le cas pour la fameuse statue du dieu Gou, que la France prétend « abandonnée » et non spoliée. Outre un article du Monde faisant le point sur le mouvement de restitution et un rappel de l’affaire de la statue du dieu Gou, on lira une chronique parue dans Mondafrique sur l’enthousiasme suscité au Bénin par le retour des objets déjà restitués.

 

Restitution d’œuvres d’art :
la décolonisation est en marche dans les musées européens


Depuis trois ans, nombre d’institutions s’organisent pour rendre les objets africains de leurs collections, mais peu de biens ont regagné leur territoire d’origine.

par Roxana Azimi, publié par Le Monde le 2 mai 2023.
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Emmanuel Macron et le président béninois, Patrice Talon, visitent l’exposition « L’Art béninois d’hier et d’aujourd’hui : de la restitution à la révélation » au Marina Palace de Cotonou, le 27 juillet 2022. STÉPHANE LEMOUTON-POOL/SIPA
Emmanuel Macron et le président béninois, Patrice Talon, visitent l’exposition « L’Art béninois d’hier et d’aujourd’hui : de la restitution à la révélation » au Marina Palace de Cotonou, le 27 juillet 2022. STÉPHANE LEMOUTON-POOL/SIPA

Décembre 2022. Un avion allemand se pose sur le tarmac d’Abuja, capitale du Nigeria. A son bord, une précieuse cargaison : vingt bronzes du Bénin pillés lors du raid punitif mené en 1897 par les troupes britanniques, que l’Allemagne s’apprête alors à rendre au Nigeria. L’acte symbolique consacre la restitution, actée en juillet 2022, de 1 100 bronzes de Benin City détenus dans les collections germaniques.

Un mois plus tôt, c’était le Horniman Museum de Londres qui organisait une cérémonie pour accompagner le transfert de propriété de 72 objets au Nigeria. La même année, en février, au moment où le Bénin fêtait en grande pompe le retour au pays de 26 objets du trésor d’Abomey restitués par la France, la Belgique envoyait à la République démocratique du Congo l’inventaire numérique pour étude des 85 000 objets détenus dans les collections fédérales, préambule à l’adoption en juillet dernier d’une loi fédérale de restitution.

Un inexorable mouvement de réparation secoue désormais l’Europe. « Ce qui semblait mission impossible est devenu possible », se réjouit l’historienne française Bénédicte Savoy, qui salue la « fin du déni colonial ». La France a donné le « la ». En novembre 2017, de passage à l’université de Ouagadougou, au Burkina Faso, Emmanuel Macron exprime le souhait que « d’ici à cinq ans, les conditions soient réunies pour des restitutions temporaires ou définitives du patrimoine africain en Afrique ». Un rapport publié l’année suivante par Bénédicte Savoy et l’économiste sénégalais Felwine Sarr en appelle à des restitutions massives. Pas si simple. Les collections nationales sont inaliénables, les résistances des conservateurs considérables.

**« Une vraie petite révolution »

Six ans après le discours de Ougadougou, la ministre de la culture, Rima Abdul Malak, annonce en janvier qu’elle soumettra début 2024 une proposition de loi-cadre sur les restitutions de biens culturels non occidentaux, inspirée des préconisations du rapport de l’ex-président du Louvre Jean-Luc Martinez, dévoilé le 27 avril. Le même jour, une cinquantaine de directeurs de musées européens et africains signent la « déclaration de Dakar », inaugurant une nouvelle ère de collaboration entre les deux continents. « Contrairement aux alarmistes qui pensaient qu’on allait vider les musées, le mouvement de réflexion a permis un rapprochement entre les conservateurs européens et africains, se félicite El Hadji Malik Ndiaye, directeur du Musée Théodore-Monod à Dakar. Les gens se regardent, se répondent, travaillent ensemble, une vraie petite révolution ! »

C’est désormais à qui aura la « meilleure » approche pour purger le passif. Interrogé en décembre 2022 par le New York Times, Andreas Görgen, chef du département de la culture du ministère des affaires étrangères allemand, l’un des artisans de l’accord de restitution de mille œuvres noué entre l’Allemagne et le Nigeria, confronte ainsi les méthodes germanique et hexagonale. « Macron a pris le chemin très français : un grand discours présidentiel, et après cela prend des années avant que cela ne devienne réalité. » Les Allemands, précise-t-il, ont une autre manière d’agir, plus discrète : « Ce n’est pas très sexy, mais cela peut être efficace. » Outre-Rhin, en effet, le déclassement ne nécessite pas de loi spécifique : chaque Land est libre d’émettre un simple acte de sortie de ses actifs.

Au Royaume-Uni, la situation est plus contrastée. Le British Museum, à Londres, se montre ainsi sourd à toute réclamation, en s’abritant derrière une loi de 1963 qui lui interdit de céder ses œuvres. A la différence des musées universitaires britanniques de Cambridge, Oxford, Manchester et d’Aberdeen, qui ont déjà effectué des restitutions ou s’apprêtent à le faire.

Les bonnes volontés achoppent parfois sur une réalité complexe. Huit mois après la promulgation de la loi fédérale belge sur les restitutions, la première du genre en Europe, les membres de la commission scientifique mixte belgo-congolaise chargée d’instruire les objets n’ont toujours pas été nommés. « La balle est dans le camp de nos homologues congolais », justifie le secrétaire d’Etat belge Thomas Dermine, invoquant « une asymétrie entre ce que réclament les communautés de la diaspora en Europe et les priorités des pays africains ».

Idée de « patrimoine partagé »

Même lorsque le transfert de propriété est acté, peu d’objets finalement ont regagné leur pays d’origine. La majorité des pièces provenant du Nigeria restent ainsi conservées dans les collections prussiennes à Berlin sous la forme de prêts à long terme. Tel sera probablement le sort des objets détenus par le musée de Tervuren. « Il faut séparer la question symbolique de la propriété légale et de la possession matérielle », plaide Thomas Dermine, à rebours du rapport Sarr-Savoy. Une approche qu’approuve aussi Jean-Luc Martinez.

Au nom de l’idée de « patrimoine partagé », des objets signifiants qui ne rempliraient pas ses critères justifiant une restitution, comme la statue du dieu Gou réclamée par le Bénin mais que la France considère comme abandonnée et non saisie par la force, pourraient faire l’objet de prêts à long terme dans leur pays d’origine tout en restant propriété de la France.

Pas simple non plus de rembobiner le parcours des objets réclamés. Imprécis, les registres des musées mentionnent au mieux le nom du dernier vendeur ou donateur, rarement les patronymes des tout premiers acquéreurs. Les archives sont éclatées, les informations parcellaires ou tronquées. L’argent reste le nerf de la guerre. Or la plupart des recherches sont menées sans fonds supplémentaires.

Le Musée du quai Branly a missionné en 2021 une conseillère historique, Lise Mész, pour passer au crible les collections, en particulier quelque 300 pièces de provenance contestable. Une deuxième chercheuse viendra prochainement lui prêter main-forte. Trop peu pour instruire les 85 000 objets dont le musée est affectataire. Quant au fonds franco-allemand annoncé en janvier pour financer des études de provenance, il est encore dans les limbes.

Projet « Dakar-Djibouti »

Tous les spécialistes le répètent, l’enquête ne peut être menée par les seuls Occidentaux, sous peine d’être biaisée. « Il faut inviter nos collègues africains à venir étudier avec nous les collections », exhorte Emmanuel Kasarhérou, président du Quai Branly. Le ministère de la culture ivoirien et le Musée des civilisations de Côte d’Ivoire ont ainsi participé au protocole de restauration du tambour Djidji Ayokwe, détenu par le musée parisien, en préambule à sa prochaine restitution.

Voilà trois ans, le Quai Branly a aussi lancé avec une dizaine de musées africains un grand projet d’étude conjointe de la mission scientifique Dakar-Djibouti, conduite de 1931 à 1933, qui avait abouti à la collecte de quelque 3 000 objets, 300 manuscrits et amulettes et des milliers de photographies. Philippe Adoum Gariam, directeur du Musée national du Tchad, à N’Djamena, s’est ainsi rendu trois mois au Quai Branly pour travailler sur l’historique des 10 000 objets réclamés par son pays.

« Pour l’instant, nous n’avons pas identifié d’objets provenant du Tchad qui auraient été accaparés par voie militaire ou par des contraintes administratives », avance Emmanuel Kasarhérou. Son collègue du Mali est reparti avec une liste provisoire de 161 objets collectés dans des conditions problématiques. Ce projet « Dakar-Djibouti » donnera lieu en 2025 à une exposition au Quai Branly, avec de probables déclinaisons sur le continent africain. Et sans doute, d’ici là, de nouvelles demandes de restitution.


 

La statue dédiée à Gou que la France refuse de restituer au Bénin

Sculpture fon attribuée à Akati Ekplékendo. République du Bénin. Avant 1858. Statue dédiée à Gou, divinité du fer et de la guerre. Fer martelé, bois, 178,5 x 53 x 60 cm. Entre 100 et 150 kgs. Musée du Quai Branly au Pavillon des Sessions, Louvre, Paris.
Sculpture fon attribuée à Akati Ekplékendo. République du Bénin. Avant 1858. Statue dédiée à Gou, divinité du fer et de la guerre. Fer martelé, bois, 178,5 x 53 x 60 cm. Entre 100 et 150 kgs. Musée du Quai Branly au Pavillon des Sessions, Louvre, Paris.

 

Voir un extrait du documentaire
Restituer l’art africain : les fantômes de la colonisation,
de Laurent Védrine.

 


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Au Bénin, le succès de l’exposition des œuvres restituées

 

par Alexandre Vanautgaerden, extrait du 4eme volet d’une série sur le patrimoine africain dans Mondafrique, publié le 1er mars 2023.
Source

[Les Béninois sont venus pour l’instant en masse découvrir leur patrimoine restitué par la France. Ce qui fera taire tous les commentaires désobligeant sur le désintérêt des Africains pour leur patrimoine ou sur leur incapacité à présenter convenablement celui-ci.

Files de spectateurs attendant de pouvoir visiter l’exposition Béhanzin—Roi d’Abomey, Cotonou, Fondation Zinsou et Musée du Quai Branly, 16 décembre 2006 – 16 mars 2007.
Files de spectateurs attendant de pouvoir visiter l’exposition Béhanzin—Roi d’Abomey, Cotonou, Fondation Zinsou et Musée du Quai Branly, 16 décembre 2006 – 16 mars 2007.

275 000 visiteurs en 2006

L’exposition actuelle au Bénin, disons-le d’emblée est un énorme succès. Les réflexions maladroites sur l’incapacité des Africains à organiser des expositions étaient d’ailleurs le fait d’ignorants, car une partie du Trésor du Béhanzin avait déjà été présentée au Bénin en 2006 dans la Fondation Zinsou, et ce n’est pas moins de 275 000 visiteurs alors qui avaient pu découvrir ces œuvres en trois mois à Cotonou.1

L’exposition avait été pensée avec Cyprien Tokoudagba (1939‐ 2012). Cet artiste peignait à l’origine sur les palais et les temples, restaurait des fresques, créait des sculptures, répertoriant ainsi les différentes divinités vaudou ou scènes liées aux Rois d’Abomey. Il transposa ensuite ces mêmes motifs sur toiles, puis fut invité par Marie‐Cécile Zinsou à inaugurer la Fondation en 2005. Les figures et symboles représentés ancrent son œuvre dans la transmission, celle d’une histoire, d’une culture, dans une économie de moyens et de formes qui ouvre à l’universalité déjà présente dans les sculptures du Trésor de Béhanzin réalisées par des artistes fon ou yoruba captifs au XIXe siècle.

Marie-Cécile Zinsou nous rappelle l’incompréhension des Béninois à la fin de cette exposition en 2006 à l’idée que les œuvres quittent à nouveau le pays. Christiane Taubira leur conseilla à l’époque de s’enchaîner aux grilles du musée pour empêcher le retour des œuvres en France. La proposition était originale, mais les Africains ayant été assez enchaînés par le passé, les Béninois décidèrent de recourir à d’autres méthodes de négociations. Plus personne ne rappelle, souligne Marie-Cécile Zinsou, que le directeur du Musée Branly avait proposé au Bénin d’introduire une demande de prêt à long terme, Stéphane Martin leur assurant que le Trésor de Béhanzin serait ensuite demeuré au Bénin. La proposition française ne rencontra malheureusement pas un grand enthousiasme de la part du gouvernement béninois de l’époque. La Fondation Zinsou, quant à elle, était encore jeune. Elle venait d’ouvrir depuis un an, et son objectif était la promotion des artistes d’aujourd’hui. Elle ne désirait pas patrimonialiser le musée qui venait d’ouvrir. Au regard des expos qui suivirent et dont témoignent les publications stimulantes, ce fut un choix judicieux.

« Art du Bénin », plus de 4 000 visiteurs par jour

Malgré la jauge COVID, les 40 premières journées de l’exposition Art du Bénin d’hier et d’aujourd’hui : de la restitution à la révélation ont accueilli 187 285 visiteurs, soit plus de 4 600 visiteurs en moyenne par jour !2 Les réseaux sociaux témoignent de l’enthousiasme des visiteurs. On consultera la page Facebook d’un des guides de l’exposition, Le Tour de Théo, qui publie de nombreuses vidéos émouvantes sur les visiteurs.3 On y comprend que, ce qu’Abdoulaye Camara nous présentait dans l’épisode précédent, la volonté de créer un nouveau type de musée répondant à l’injonction d’Alpha Omar Konaré en 1991 (« Il faut tuer le modèle du musée occidental »), ne consiste pas à imaginer une muséographie inédite, mais un nouveau rapport aux communautés auxquels s’adresse le musée.

Sandrine Dossou, responsable de l’équipe de médiation, nous décrit la voix chargée d’émotion, la visite de ce public varié, qui va du taxi moto au dirigeant-e de start-up en passant par la mama du marché. Et ces nombreuses manifestations de joie, de recueillement, de prières ou de louanges dans l’exposition. Guider cette exposition, c’est tenir compte de ces personnes qui parlent doucement à l’oreille des sculptures ou se prosternent devant les trônes royaux. Ne pas les interrompre pour dispenser un discours académique, mais les intégrer à la visite, participer avec eux, et les visiteurs que l’on guide, à ce moment de retrouvaille.

Dans sa version plus officielle, mais non moins importante, il est intéressant d’observer la cérémonie pour le retour des œuvres. Les trois camions à conteneurs transportant les trésors royaux d’Abomey ont effectué leur entrée sur l’esplanade du palais de la marina en novembre 2021 en présence du Chef d’État, des présidents d’institutions et des rois du Bénin qui rendirent un hommage au trône du Roi Ghézo, qui a régné sur le Dahomey de 1818 à 1858. Il faut écouter l’intervention des rois du Bénin – le roi d’Allada, Toyi Dgigla Kpodégbé et le roi d’Abomey, Dada Sagbadjou Glélé – pour comprendre mieux les paroles d’Abdoulaye Camara dans l’épisode précédent, et la nécessaire restitution de ces pièces.4

L’exposition au palais de la marina a fait le choix de présenter non seulement les œuvres anciennes, mais aussi une série d’œuvres contemporaines, afin de mieux souligner que, si le Trésor du Béhanzin était parti en 1892, les techniques, les matériaux et les traditions artistiques n’avaient pas disparu, mais s’étaient transmises dans le Bénin contemporain.5

Selon Sandrine Dossou, c’est une des grandes réussites de cette exposition d’avoir pu relier ces œuvres culturelles, cultuelles et artistiques au monde contemporain. Elle fait le récit de nombreuses discussions avec les visiteurs qui, parfois déconnectées des traditions ancestrales, opéraient le lien en regardant ces pièces, avec leurs pratiques familiales. Elle-même, retrouvant une série d’injonctions familiales, acquises machinalement, pour les reconnecter avec les cultes dont témoignent certaines pièces.

Ces œuvres ne sont pas que des objets, ils sont les supports d’une histoire immatérielle. Ils ne sont pas uniquement ce que l’on voit. Comprenant ces liens, Sandrine Dossou rapporte la même scène, plusieurs fois rejouée dans l’exposition : des visiteurs interdits devant ces objets réalisés par leurs ancêtres ; stupéfaits qu’on leur ait inculqué jadis « qu’ils étaient bêtes ». Si leurs ancêtres avaient été capables de réaliser cela, pourquoi selon leur dire, « avaient-ils régressé » ? Le cartel ne dit pas tout dans une exposition. Ces objets sont d’essence royale, et l’émotion qu’ils suscitent est à la dimension de leur nature. Il n’est pas étonnant, comme la médiatrice le décrit, de voir autant de gens remués, honorés ces objets qui témoignent d’un royaume vaincu mais dont l’esprit subsiste. Telles ces deux princesses royales, venues honorer le trône du roi Glélé, se déchaussant pour entamer un chant devant le trône. Et, petit à petit, les visiteurs de la salle, puis des salles avoisinantes, les rejoignant, pour les accompagner, silencieusement ou à voix haute, dans leur louange.

Le Bénin, le premier à ouvrir ce bal

Le Bénin aura été le premier à exposer des restitutions. D’autres expositions vont suivre, d’autres pays africains inventeront de nouvelles expositions et de nouvelles rencontres entre ses objets et leurs communautés d’origine. Mais ces objets, comme Sandrine Dossou nous l’explique, sont aussi le moyen de réfléchir à ce qu’ils représentent et à ce qu’ils représenteront. Pourquoi ont-ils été produits à l’origine ? Quelle était leur utilisation cultuelle, politique ? À cause du pillage, leur destinée fut de devenir un butin de guerre, puis soudainement un objet ethnographique, avant de se transformer en objet d’art. Mais aujourd’hui, comment les définir ? Objets d’un enjeu politique ? Objets à purifier comme le proclame le roi d’Allada, Toyi Dgigla Kpodégbé ? Et surtout, acceptons que dans 100 ans, ils acquièrent une nouvelle signification. Ces objets ont déjà beaucoup voyagé, ils ont vécu plusieurs métamorphoses, pourquoi s’arrêteraient-ils en si bon chemin ? C’est cela dont voulait parler Alpha Omar Konaré, accepter que les objets aient une vie renouvelée après le musée. Comme le disait l’historien Gabin Djimassé : « Les Européens, ont tous ce qui est matériel, physique, pour entretenir ces œuvres, les protéger. Mais nous, nous avons la spiritualité, pour les entretenir. »6

 

Lire également sur notre site

 

  1. Pour l’exposition Behanzin – Roi d’Abomey, voir le catalogue Les 10 ans de la Fondation Zinsou, Fondation Zinsou, 2015, p. 34-40 et le texte de Stéphane Martin, Président du musée du quai Branly, p. 39 ; pour l’exposition Dahomey – Rois et Dieux de Cyprien Tokoudagba, p. 30-33.
  2. Art du Bénin d’hier et d’aujourd’hui: de la restitution à la révélation. Exposition du 16 juillet au 28 août 2022, Cotonou, Palais de la Marine, exposition du 20 février au 22 mai, puis du 16 juillet au 28 août 2022.
  3. Voir notamment : https://www.facebook.com/TourdeTheo/videos/quelques-moments-forts-de-lexpoune-derni%C3%A8re-vid%C3%A9o-pour-finir-avec-la-restitution/772989100417318/.
  4. Voir les commentaires des rois du Bénin dans cette vidéo tournée le 10 novembre 2021 : https://www.youtube.com/watch?v=HZeticw9jm8.
  5. L’exposition avait deux commissaires, l’un pour la partie patrimoniale, Alain Godonou, et Yassine Lassissi, directrice de la Galerie nationale, pour la partie contemporaine.
  6. Dans l’entretien qu’il donne dans le film de Laurent Védrine, La Case du siècle. Restituer l’art africain, les fantômes de la colonisation, 2021.
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