La Commission nationale consultative des droits de l’homme, dont la LDH est membre, vient d’adopter un avis sur la question dite du « voile intégral », en rappelant des principes fondamentaux permettant de guider la réflexion collective sur un sujet particulièrement complexe.
A ce titre le président de la CNCDH, Yves Repiquet, a souligné que « le port du voile intégral choque nombre d’entre nous. Cependant, tout ce qui choque ne doit pas nécessairement être interdit, et l’interdiction n’est pas nécessairement la meilleure des solutions contre le fondamentalisme ». La CNCDH a rappelé qu’en vertu même de la Constitution française, la liberté est le principe et l’interdiction l’exception. Toute ingérence de la loi dans la vie privée doit non seulement être justifiée par un but légitime – comme la défense de l’ordre public ou des droits d’autrui – mais également être « strictement nécessaire dans une société démocratique », conformément à la jurisprudence de la Cour européenne des droits de l’homme. Une interdiction générale du « voile intégral » sur l’ensemble du territoire national serait manifestement disproportionnée, s’agissant d’un phénomène qui reste marginal, et s’attacherait plus aux effets qu’aux causes du fondamentalisme, laissant les femmes concernées encore plus isolées et vulnérables, les hommes échappant à toute sanction. La CNCDH a attiré l’attention sur les risques d’effets pervers, au regard même de l’exigence de mixité.
La CNCDH recommande notamment des efforts de pédagogie et d’éducation aux droits de l’homme, de sensibilisation et de médiation, afin de renforcer le vouloir vivre ensemble selon les principes républicains de liberté, d’égalité, de fraternité qui sont notre patrimoine commun. Elle encourage les autorités publiques à soutenir les femmes qui subissent des violences et à appliquer pleinement les réglementations existantes, en matière d’ordre public ou de neutralité des services publics.
En conclusion, le Président Yves Repiquet a souligné que, « dans l’attente des conclusions du rapport de la mission d’information parlementaire, la CNCDH poursuivra ses réflexions et ses travaux ».