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Édition du 1er au 15 décembre 2024

Reconnaissance des crimes coloniaux

François Hollande devant la plaque d'hommage à Maurice Audin, le 20 décembre 2012 à Alger.
Depuis 2012

Hollande reconnaît les souffrances infligées par la colonisation et dénonce le système colonial

Jeudi 20 décembre 2012, au deuxième jour de sa visite d’Etat en Algérie, François Hollande a déclaré devant les parlementaires algériens, reconnaître «les souffrances que la colonisation a infligées au peuple algérien». Parmi ces souffrances, il a cité «les massacres de Sétif, de Guelma et de Kherrata» qui «demeurent ancrés dans la mémoire et dans la conscience des Algériens».
«Pendant 132 ans, l’Algérie a été soumise à un système profondément injuste et brutal», a-t-il lancé, aux parlementaires algériens, qui l’ont applaudi. «Ce système a un nom : c’est la colonisation».

François Hollande avait affirmé la veille qu’il n’était pas venu en Algérie «faire repentance ou excuses», mais pour «dire ce qu’est la vérité, ce qu’est l’histoire». Il est revenu sur cette déclaration devant les parlementaires algériens : «Connaître, établir la vérité c’est une obligation, elle lie les Algériens et les Français. C’est pourquoi il est nécessaire que les historiens aient accès aux archives» : «La paix des mémoires à laquelle j’aspire repose sur la connaissance et la divulgation de l’histoire».

Après son discours devant le parlement algérien, François Hollande, accompagné par le premier ministre, Abdelmalek Sellal, s’est rendu place Maurice-Audin à Alger pour se recueillir à la mémoire de ce jeune militant de l’indépendance de l’Algérie, arrêté par les parachutistes lors de la bataille d’Alger et mort sous la torture en juin 1957.

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D'après un dessin de Plantu, publié dans Le Monde du 2 mars 2003.
Depuis 2012

Trois appels à l’occasion du voyage de François Hollande en Algérie

À la veille du voyage officiel de François Hollande en Algérie, plusieurs appels sont lancés pour que s’ouvre une ère nouvelle dans les relations entre la France et l’Algérie.

Des historiens et des intellectuels français qui avaient été à l’initiative il y a cinq ans d’un appel pour dépasser le contentieux historique entre les deux pays 1, le cercle Nedjma, ainsi que des responsables de différentes organisations des droits de l’homme, s’expriment dans le même sens. Ils saluent les condamnations par la France des massacres du 8 mai 1945 et du 17 octobre 1961, et ils attendent une reconnaissance publique de la responsabilité historique de l’État français dans les traumatismes engendrés par la colonisation.

Ils soutiennent également les aspirations à la justice et à la démocratie qui se manifestent dans l’Algérie d’aujourd’hui afin de favoriser son évolution vers un État de droit respectueux des libertés.

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Et Maurice Audin ?

A l’occasion de la remise du prix Audin de mathématiques pour les sessions 2011 et 2012, le 22 juin 2012, à la Bibliothèque nationale de France (site François Mitterrand, un colloque de journalistes et d’historiens, s’est tenu autour du thème des cinquante ans de l’indépendance algérienne et de la nécessité pour le nouveau pouvoir politique de faire éclater la vérité sur l’assassinat de Maurice Audin, en 1957, durant la guerre d’Algérie. Plusieurs intervenants ont adjuré le nouveau Président de la République d’intervenir dans ce sens.

Au moment où il s’apprête à faire un voyage officiel en Algérie, le 19 décembre prochain, cette vidéo rappelle les moments forts de ce colloque et les appels des intervenants en direction du Président… appels restés jusqu’à présent sans réponse.

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Pour Benjamin Stora, “la relation franco-algérienne reprend”

Le 19 mars dernier, jour anniversaire du cessez-le-feu qui a suivi les Accords d’Evian de 1962, François Hollande, alors candidat à l’élection présidentielle, écrivait dans une tribune publiée dans les quotidiens Le Monde et El Watan : «Nous avons tant de choses utiles et belles à faire dans une même perspective. Celle du respect mais aussi du dépassement.»

À la veille du voyage officiel en Algérie de François Hollande, président de la République, l’historien Benjamin Stora exprime l’attente qui se manifeste de part et d’autre de la Méditerranée

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Brahim Senouci : Algérie-France, quelle réconciliation ?

Il y a douze ans, Brahim Senouci, universitaire, écrivain et journaliste, appelait la France à reconnaître «cette zone d’ombre que constitue son passé colonial».

Aujourd’hui, déplorant que cette parole française ne soit pas encore venue, il appelle François Hollande à prononcer des mots, «pas ceux de repentance ni d’excuses, mais de reconnaissance et d’engagement à en finir avec la matrice culturelle qui a permis […] de commettre l’horreur» : une vision qui «cantonne les trois-quarts de l’humanité dans une altérité et une infériorité irréductibles».

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El Watan, le 3 novembre 2012
1962, la fin de la guerre d'Algérie

le bras d’honneur de Gérard Longuet

L’ex-ministre français de la Défense avait fait ce geste à la télévision après une dépêche AFP mentionnant la demande du ministre algérien des Moudjahidine, Mohamed Cherif Abbas, d’une «reconnaissance franche des crimes perpétrés» par le colonialisme français2.

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Ces ossements humains gisent sous terre depuis exactement 166 ans (© Aziz)
De 2007 à 2012

Alain Juppé et les grottes du Dahra

«Il faut regarder notre passé commun en face» a déclaré Alain Juppé lors de sa visite à Oran le 17 juin dernier. Et notre ministre des Affaires étrangères, citant le discours de Nicolas Sarkozy à Alger le 3 décembre 2007, a poursuivi en évoquant «le caractère injuste de la colonisation et les maux qu’il a engendrés3». Comme on aimerait que de telles déclarations ne soient pas réservées à un public algérien …

Il s’en est fallu de peu que cette déclaration soit faite le jour même de l’annonce de la découverte de restes humains des victimes des enfumades des grottes du Dahra organisées par le colonel Pélissier les 18 et 19 juin 1845.

Il est peu probable qu’Alain Juppé ait eu présent à l’esprit ce sinistre épisode du temps de la conquête, quand il a déclaré à Oran « nous ne sommes pas près d’aller à la repentance4». Effectivement, le mot “repentance” a une connotation religieuse qui le rend impropre. Mais un geste, une déclaration forte s’imposeraient pour mettre enfin à distance cet héritage colonial qui empoisonne encore, cinquante ans après, les relations entre la France et l’Algérie. Combien de temps faudra-t-il encore attendre pour que les plus hautes autorités de la République française reconnaissent publiquement l’implication première et essentielle de la France dans les traumatismes engendrés par la colonisation en Algérie ? Et pour mettre un terme au contentieux historique qui continue à opposer les deux pays ?

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Abandon de loi algérienne incriminant le colonialisme français

Après avoir subi de profondes modifications par rapport à sa version initiale, il semble que la proposition de loi incriminant le colonialisme français, annoncée début février par le député FLN Moussa Abdi, ait été abandonnée. D’après le président de l’assemblée algérienne, elle n’est pas inscrite à l’ordre du jour de la session actuelle et ne le sera probablement pas de la session suivante.
Abdelaziz Ziari a toutefois tenu à rappeler que l’Algérie reste «ferme sur sa position» et exige du colonisateur français de «reconnaître ses crimes commis dans ses anciennes colonies, en particulier l’Algérie».

Interrogé sur la difficulté de «solder le passé entre la France et l’Algérie », l’historien Mohammed Harbi avait rappelé que «l’essentiel, c’est la responsabilité historique de l’État français par rapport à la colonisation». «Il y aurait certainement moins de crispation entre les deux pays si la France reconnaissait simplement cette responsabilité historique.»

[Mis en ligne le 8 mars 2010, mis à jour le 27 septembre]

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Manifestation le 16 mars 2010, devant le Palais de Justice, lors du dépôt de plainte.
Tunisie

Vérité et justice pour Farhat Hached, syndicaliste tunisien assassiné en 1952

Une plainte avec constitution de partie civile a été déposée auprès du tribunal de grande instance de Paris pour « apologie de crimes de guerre » par sa famille, la Ligue française des droits de l’homme (LDH) et la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH) soutenue par l’association Vérité et justice pour Farhat Hached.

Fondateur de l’Union générale des travailleurs tunisiens (UGTT), Farhat Hached, a été assassiné par la Main rouge, émanation des services secrets français, en décembre 1952, au début de la lutte des Tunisiens pour leur émancipation du protectorat français (1881-1956). Cinquante-huit ans après les faits, un des membres survivants de ce service a estimé sur la chaîne de télévision Al-Jazira que cet assassinat était légitime.

Vous trouverez, à la suite du communiqué de la LDH, un rappel du contexte de l’époque, puis une tribune publiée par le fils de Farhat Hached en mai 2001, alors que se multipliaient les révélations tardives sur les crimes odieux commis pendant la guerre d’Algérie.

[Mise en ligne le 19 mars 2010, complétée le 26

par un communiqué concernant les attaques diffamatoires à l’encontre de deux avocats]

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Benjamin Stora décrypte le projet de loi algérien criminalisant la colonisation

Le dépôt d’une proposition de loi criminalisant le colonialisme français a été annoncé début février par un député FLN, Moussa Abdi, professeur d’histoire à Chlef. Ce texte aurait été remanié à plusieurs reprises ces dernières semaines et on ne sait toujours pas si le gouvernement algérien a décidé de l’inscrire au programme de l’Assemblée.

Pierre Puchot en publie une version sur le site Mediapart ainsi qu’une analyse par Benjamin Stora pour qui ce texte marque un durcissement
dans les rapports entre Paris et Alger5.

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Au cimetière de Tazla.
De 2007 à 2012

L’Etat français doit assumer son héritage colonial

Quarante-huit ans après l’indépendance, l’instrumentalisation des souffrances de la guerre d’Algérie continue à entretenir la “guerre des mémoires”. Dans une tribune récemment publiée dans Le Monde, Georges Morin, président du Réseau des villes françaises partenaires de villes algériennes, rappelle que le peuple algérien garde, «au sein de chaque famille, les souvenirs amers de la conquête, de la colonisation et de la guerre de libération». Il demande « pourquoi l’Etat français, au plus haut niveau, ne pourrait-il reconnaître, avec des mots simples, forts et dignes, sa responsabilité historique dans les malheurs qu’a entraînés, pour le peuple algérien, l’occupation injustifiable, le système colonial inique et les répressions impitoyables qui ont jalonné les 132 ans de sa “présence” outre-Méditerranée ?»6

Georges Morin poursuit : «Ce n’est pas aux Français de 2010, qui ne sont “coupables” de rien, d’en porter le poids et d’exprimer une quelconque repentance. C’est encore moins aux Français d’Algérie de le faire, alors qu’ils sont des victimes évidentes de cette histoire tragique. C’est à l’Etat français d’assumer son héritage.» Et il rappelle que Jacques Chirac était sorti grandi de la reconnaissance en 1995 de la responsabilité de l’Etat dans la rafle du Vél’ d’hiv.

A la suite d’un article de Noureddine Saâdi, professeur de droit, qui appelle également la France à «[reconnaître] solennellement les crimes commis contre les peuples colonisés», nous reprenons ci-dessous un reportage sur le voyage récent en Algérie d’une délégation de l’Association des anciens appelés en Algérie contre la guerre7 qui depuis de nombreuses années contribue à la reconstruction de ce qui a été détruit, renouant ainsi des liens avec l’autre rive de la Méditerranée.

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