Sur Blast : « Du Panthéon à Barbès : la véritable histoire des Arabes à Paris »
Hajer Ben Boubaker, autrice de Barbès Blues (2024) nous guide dans le Paris maghrébin, des premiers mouvements nationalistes dans les années 1920 à nos jours.
Hajer Ben Boubaker, autrice de Barbès Blues (2024) nous guide dans le Paris maghrébin, des premiers mouvements nationalistes dans les années 1920 à nos jours.
Présentation de l’éditeur « L’histoire, si elle a été dure, n’a pas toujours été triste. Elle raconte des vies qui n’ont pas été cantonnées dans l’étroitesse d’une nation, ou pire encore
Promenades dans la capitale
Une histoire de l’esclavage et de la colonisation
Le crime d’Etat que constitue le massacre de plusieurs centaines d’Algériens le 17 octobre 1961 lorsqu’ils refusaient d’obéir à un couvre-feu discriminatoire et anticonstitutionnel a été nié par le pouvoir politique en France pendant plusieurs dizaines d’années. Cet événement a commencé à émerger dans la mémoire collective au milieu des années 1980 et a été l’objet de multiples commémoration dans les décennies suivantes. Les inititiatives pour rappeler ce crime se sont étendues ces dernières années à de nombreuses communes de banlieue parisienne et de toute la France. Notre site a présenté en 2022 des images de celles qui ont eu lieu en région parisienne et dans le reste de la France. Cette année, de nouveaux signataires se sont joints à l’appel au rassemblement à Paris au Pont-Saint-Michel.
Le 11 juin 2023, à l’appel de l’Association Josette et Maurice Audin et d’autres associations, dont le MRAP et la Ligue des droits de l’Homme, un rassemblement a été organisé au cimetière du Père-Lachaise à Paris devant le cénotaphe de Maurice Audin, qui a également associé le souvenir de son fils Pierre Audin, récemment disparu. Nous en publions ci-dessous les images. Un message a été lu de la députée Sabrina Sebahi, vice-présidente du groupe d’amitié France-Algérie. Ont pris notamment la parole l’ambassadeur de France délégué interministériel à la Méditerranée au Ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, Karim Amellal, et l’historien Tramor Quemeneur, directeur de projet à la Présidence de la République, chargé des questions mémorielles sur la colonisation et la guerre d’Algérie, secrétaire général (partie française) de la commission franco-algérienne d’historiens.
Si le massacre parisien du 17 Octobre 1961, après des décennies de déni et de mensonges, est apparu dans la mémoire française, il n’en est pas de même pour celui du 14 juillet 1953, Place de la Nation. La police a ouvert le feu sur le cortège des indépendantistes algériens, tuant six d’entre eux et un syndicaliste de la Métallurgie CGT qui les défendait, et faisant des dizaines de blessés par balles. Cette répression a précipité le déclenchement de la guerre d’indépendance algérienne. Elle a marqué aussi la fin des défilés populaires du 14 juillet qui ont existé lors du Front populaire et après la Libération. 70 ans après, une commémoration spectaculaire aura lieu le 13 juillet Place de la Nation. Et des associations comme le MRAP, la LDH, Attac, la Libre Pensée, les Ami(e)s de Maurice Rajsfus, l’ITS et des organisations syndicales ou politiques s’interrogent sur un appel à refaire un défilé populaire pour le 14 juillet.
Le 28 juin 1973, Mohamed Boudia (1932-1973) militant de l’indépendance algérienne qui avait poursuivi le combat en aidant des combattants palestiniens était assassiné à Paris par le Mossad. Le 23 juin 2023, un hommage lui sera rendu au Centre Culturel Algérien « pour rappeler son engagement militant pour une Algérie indépendante et internationaliste au côté du peuple palestinien et évoquer son action pour un théâtre et une culture populaire ». À cette occasion, le portrait de Mohamed Boudia réalisé par Mustapha Boutadjine sera remis à son fils Rachid. Nous publions le programme de cet hommage, ainsi qu’une présentation de Mohamed Boudia par Nils Andersson et la notice que le Dictionnaire Algérie du Maitron lui a consacré.
La France ne pourra assumer son passé colonial que lorsque les crimes commis par des militaires français dans la guerre d’Algérie, comme ceux perpétrés par l’organisation jusqu’au-boutiste de la colonisation qu’a été l’OAS, ne feront plus l’objet de dénis, comme c’est encore trop souvent le cas. On lira ainsi ci-après une tribune sur la tentative de réhabilitation de l’OAS de la part de la municipalité Rassemblement national de Perpignan à travers la figure de Pierre Sergent. Et, à l’inverse, l’hommage justifié rendu le 15 mars 2023 aux six inspecteurs des Centres sociaux assassinés froidement par l’OAS auquel nous nous réjouissons que Benjamin Stora a participé. C’est l’occasion de rappeler que les propos inexacts tenus dans un podcast de France inter concernant la participation de Jean-Marie Le Pen à la torture lors de la « bataille d’Alger » doivent faire l’objet de la part de cette chaîne d’un rectificatif clair.
L’Inter-réseaux Mémoires-Histoires, créé le 17 octobre 2015, est composé actuellement de huit réseaux régionaux mémoires-histoires, rassemblant eux-mêmes des acteurs associatifs et culturels sur les questions mémorielles qui impulsent des initiatives locales. L’inter-réseaux Mémoires-Histoires mène également des actions avec d’autres acteurs du monde de l’éducation et de la culture. Les 9 et 10 décembre 2022, il organise à Paris une rencontre nationale en partenariat avec le site histoirecoloniale.net sur le thème « Guerres d’Algérie : enjeux de mémoire et d’histoire. Pour une autre politique de la mémoire en France », pour débattre notamment du rapport Stora, ses zones d’ombre et son actualité, et des projets de commission bilatérale franco-algérienne formulés par les deux Etats.
Le souvenir de Maurice Audin a été rappelé, 65 ans après son assassinat par des militaires français en juin 1957 et 60 ans après l’indépendance de l’Algérie, pour laquelle lui-même et le parti communiste algérien dont ils était un membre actif avaient lutté. La délégation de l’Association Josette et Maurice Audin, qui s’est rendue en Algérie du 28 mai au 6 juin 2022, était présente lors de l’inauguration le 5 juin d’un buste de Maurice Audin dans le lieu symbolique qu’est la place Audin en plein cœur d’Alger. A Constantine, la délégation a associé à la mémoire de Maurice Audin celle de Raymonde Peschard, tuée par des soldats français en novembre 1957 alors qu’elle avait rejoint comme infirmière une colonne de combattants de l’ALN. Le 11 juin, à Paris, le cénotaphe de Maurice Audin au cimetière du Père-Lachaise et un square au Kremlin-Bicêtre où une œuvre de l’artiste C215 a été inaugurée ont aussi été le cadre d’hommages à ce militant anticolonialiste.
Alors que plus de 120 associations, syndicats et partis politiques ont lancé pour les 60 ans du 17 octobre 1961 un appel à la reconnaissance de ce crime d’Etat commis au cœur de la capitale, Emmanuel Macron a publié le 16 octobre 2021 un communiqué qui, s’il a le mérite d’employer le mot « crime », l’attribue au seul Maurice Papon. Dans Politis, Denis Sieffert explique qu’en cela, il a tourné le dos à la vérité. Il a contredit la demande de reconnaissance du crime d’Etat exprimée par Benjamin Stora le jour-même dans Libération et réclamée le 17 octobre dans les rues de Paris par des milliers de manifestants. C’était aussi la demande de tous les intervenants au colloque international qui a eu lieu au Sénat le 15 octobre, dont rend compte l’article du quotidien El Watan que nous reproduisons ici, ainsi qu’un article paru sur le site de France culture.
Soixante ans après la répression meurtrière, le 17 octobre 1961, vers la fin de la guerre d’Algérie, de la manifestation désarmée des Algériens de la région parisienne, un appel à la reconnaissance par les plus hautes autorités de la République française des responsabilités dans ce drame a été lancé par plus d’une centaine d’associations, syndicats et partis politiques. Ci-dessous, après cet appel et ses signataires, une émission de Mediapart qui fait le point avec la journaliste Samia Messaoudi et l’historien Fabrice Riceputi sur ce qu’on peut dire de cet événement. De nombreuses initiatives auront lieu dans toute la France, dont une marche dans Paris le 17 octobre 2021 après-midi, annoncée le 13 octobre par une conférence de presse.