Décolonialisme au Musée d’ethnographie de Genève
La Suisse aussi a un passé esclavagiste et colonial et en prend conscience. En 2022, dans le cadre d’une action municipale « Ville non discriminante », un rapport intitulé « Monuments et héritage
La Suisse aussi a un passé esclavagiste et colonial et en prend conscience. En 2022, dans le cadre d’une action municipale « Ville non discriminante », un rapport intitulé « Monuments et héritage
Un mouvement de restitution d’objets spoliés durant la colonisation à la demande d’Etats africains touche nombre d’anciennes métropoles coloniales. En France, le 26 avril 2023, a été remis au gouvernement un rapport visant à légiférer sur les restitutions.
Le Musée d’histoire de Nantes présente au Château des ducs de Bretagne jusqu’au 12 novembre 2023, dans une troisième édition d’« Expression(s) décoloniale(s) », une exposition « pour déplacer notre regard en interrogeant nos certitudes, en questionnant nos imaginaires, sur notre histoire coloniale ». Une vingtaine d’œuvres de Barthélemy Toguo, artiste camerounais de renommée mondiale et des textes écrits par l’historien camerounais François Wassouni voisinent avec les collections historiques du musée relatives à l’histoire de l’esclavage et de la colonisation. On lira ci-dessous la présentation de l’évènement ainsi qu’un article de Clémentine Mercier dans Libération qui expose le point de vue de l’artiste Barthélémy Toguo.
Féministe décoloniale et antiraciste, Françoise Vergès mène depuis plusieurs années une réflexion sur les musées et la décolonisation des arts, thème du collectif qu’elle co-anime, « Décoloniser les arts », qui suscite différents débats dans le monde de l’art. Dans son dernier livre, publié le 3 mars 2023 par les éditions La Fabrique, Programme de désordre absolu. Décoloniser le musée, elle interroge « les présupposés mêmes du musée universel, produit des Lumières et du colonialisme, d’une Europe qui se présente comme la gardienne du patrimoine de l’humanité tout entière ». Ci-dessous la présentation de cet ouvrage ainsi que l’entretien qu’elle a accordé à Laura Raim intitulé « Faut-il vider les musées ? », diffusé le 1er mars 2023 dans l’émission Les idées larges sur Arte.
L’historienne de l’art Bénédicte Savoy a rendu en 2018 au président Macron, avec l’économiste Felwine Sarr, un rapport remarqué « sur la restitution du patrimoine culturel africain ». Elle publie en 2023 au Seuil Le long combat de l’Afrique pour son art, dans lequel elle montre que la revendication africaine de restitution, loin d’être récente, remonte aux années 1960 et a suscité immédiatement des résistances fortes en Europe qui sont loin d’être dissipées aujourd’hui. Selon elle, la restitution est essentielle à toute relation future entre les pays africains et les anciennes métropoles coloniales. Nous publions ici la présentation de l’éditeur, une vidéo dans laquelle Bénédicte Savoy expose cette problématique, un entretien dans Le Monde, ainsi qu’une des leçons filmées qu’elle a donné au Collège de France en 2017.
« Derrière les objets issus des guerres coloniales que nous admirons dans les musées se trouve une histoire violente, il est temps de l’écouter. » Dans Les otages, contre-histoire d’un butin colonial, publié en août 2022 par les éditions Marchialy, la journaliste franco-finlandaise née au Sénégal Taina Tervonen raconte, à la première personne, une passionnante enquête menée en France, au Sénégal et au Mali pour reconstituer l’histoire d’objets pillés par l’armée française lors de la prise de Ségou en 1890, au « Soudan français », aujourd’hui le Mali. Nous publions une recension de ce livre par Le Monde Afrique, ainsi qu’un entretien avec l’autrice publié dans Streetpress.
A l’initiative des élu.e.s Génération.s, de chercheur.e.s, historien.ne.s et militant.e.s engagé.e.s contre les discriminations, une tribune a été publiée le 15 avril 2021 par Libération et par Mediapart en faveur de la création en France d’un musée national de l’Histoire de la colonisation. Pour les signataires, dont le président de la Ligue des droits de l’homme, Malik Salemkour, une telle initiative apparait comme une urgence pour dépasser les polémiques stériles. Il est nécessaire de faire connaitre à tous cette histoire qui a participé à la structuration de la mémoire nationale, en particulier celle de la République. Ils demandent que cette page de notre passé soit regardée en face. L’histoire ne s’écrit pas avec une gomme.
Quelles images musées et artistes doivent-ils donner de la période coloniale européenne ? Près de Bruxelles, le Musée royal de l’Afrique centrale, à Tervuren, a rouvert ses portes après une longue fermeture que regrettait, par exemple, en 2014, « La Libre Belgique », en raison du « parfum de colonialisme qui y règne toujours ». Dans « Le Monde », Philippe Dagen confirme que sa rénovation perpétue les idées reçues sur les colonies. Heureusement, des historiens, des artistes, comme dans la rencontre à l’ENS que nous présentons ci-dessous, secouent le vieux cocotier des préjugés coloniaux.