Mohammed Harbi : les violences de la guerre d’indépendance algérienne
Un service de renseignement français écrivait dans son bulletin de novembre-décembre 1954 que les «fellagas» avaient reçu les «conseils pratiques» suivants : «interdire viols, massacres de femmes, enfants, vieillards, ne pas profaner les lieux à caractère religieux. Un homme désarmé ne doit pas mourir mais être fait prisonnier, respecter les étrangers…»1
Mais le FLN n’a pas su encadrer et organiser l’insurrection algérienne afin d’éviter qu’elle soit marquée par des violences incontrôlées, comme le souligne l’historien algérien Mohammed Harbi dans un entretien (datant de 2002) avec Gilles Manceron que
nous reprenons ci-dessous. Ancien responsable du FLN lors de la guerre de libération algérienne qu’il persiste à penser inévitable, Mohammed Harbi a été de ceux qui ont tenté d’y promouvoir d’autres formes de lutte que la seule action militaire et qui ont posé la question des objectifs politiques et des cibles de la violence. Emprisonné après le coup d’État de Boumediene, il est l’auteur de travaux décisifs sur l’histoire du FLN.