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Édition du 1er mars au 15 mars 2025

Emmanuel Macron

La reconnaissance du passé colonial

Des historiennes et historiens
expriment leur solidarité avec l’auteur
d’une tribune parue dans « Le Monde »
dont l’Elysée avait demandé le retrait

Emmanuel Macron a déclaré le 26 août 2022, lors de son voyage en Algérie, qu’entre la France et l’Algérie, « c’est une histoire d’amour qui a sa part de tragique ». Le politiste Paul Max Morin, dans une tribune publiée par le quotidien Le Monde le 2 septembre 2022, a estimé que cette « réduction de la colonisation à une “histoire d’amour” parachève la droitisation d’Emmanuel Macron sur la question mémorielle ». Après des protestations provenant de l’Élysée, la tribune a été supprimée par le journal de son édition en ligne. Notre site l’a publiée tout en rappelant quelques faits relatifs à la violence de la colonisation de l’Algérie. A son tour, un collectif d’universitaires, dans une tribune parue dans Le Monde le 20 septembre 2022 qu’on retrouvera ci-dessous, écrit que l’analyse de Paul Max Morin ne pouvait être qualifiée d’erronée, qu’elle pouvait être contestée mais ne méritait pas d’être retirée, et ils ont exprimé à ce chercheur leur respect et leur soutien.

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Ecrire et enseigner l'histoire coloniale

A propos de l’annonce
d’une commission franco-algérienne d’historiens,
Fabrice Riceputi :
« les historiens ont déjà travaillé »

Au soir de son arrivée à Alger, le 25 août 2022, Emmanuel Macron a, aux côtés de son homologue algérien, annoncé leur décision de créer une « commission d’historiens » commune à laquelle seraient « ouvertes toutes les archives algériennes et françaises ». Pour Fabrice Riceputi, l’essentiel sur la domination coloniale et la guerre d’Algérie est largement décrit par les historiens et cette annonce n’est autre chose que la dernière manifestation du refus de la France de reconnaître sa responsabilité première et essentielle de puissance colonisatrice. Benjamin Stora appelle à enseigner plus largement cette page d’histoire dans les écoles françaises. L’historien algérien et chercheur au Crasc d’Oran, Amar Mohand-Amer, attend de voir ; il met en garde contre l’instrumentalisation idéologique de l’histoire et plaide pour l’autonomie de l’historien.

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1962, la fin de la guerre d'Algérie

Condamner le système colonial
et son héritage de racisme

Dans une tribune collective publiée par Le Monde à l’occasion du 60e anniversaire du cessez-le-feu en Algérie, diverses personnalités, dont des historien.ne.s, soulignent les limites des initiatives mémorielles d’Emmanuel Macron et lui demandent « un discours de reconnaissance et de clarification de notre rapport moral et politique à la colonisation ». Ils soulignent aussi que « le travail mémoriel ne doit pas se substituer à une transformation du réel », alors que « la lutte contre le racisme est au point mort, si ce n’est suspecte ». Par ailleurs, l’historienne Sylvie Thénault et le politiste Paul Max Morin débattent des mêmes questions dans une émission vidéo de Mediapart.

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Le 17 octobre 1961

17 octobre 1961 :
un crime d’Etat toujours inavouable,
par Fabrice Riceputi

Le 16 octobre 2021, le président Emmanuel Macron s’est rendu au Pont de Bezons, en banlieue parisienne, pour s’y livrer à une cérémonie commémorative. Celle-ci fut suivie de la publication par l’Élysée d’un communiqué de presse exposant brièvement ses motifs. Après le très bref communiqué de François Hollande en 2012, c’est la deuxième initiative présidentielle sur ce sujet en 60 ans. Mais le compte n’y est toujours pas. Dans une tribune publiée sur le site LundiMatin, l’historien Fabrice Riceputi indique qu’en raison de blocages politiques, la reconnaissance pleine et entière d’un crime d’Etat établi par l’historiographie, revendiquée dans la société française depuis les années 1990, particulièrement celle de la responsabilité du gouvernement Debré et de l’institution policière dans cette meurtrière répression, n’est toujours pas formulée.

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La reconnaissance des crimes coloniaux 1830-1962

Emmanuel Macron se trompe
en comparant la tutelle ottomane sur l’Algérie
à la colonisation française,
il choque le peuple algérien et
rend service au régime

En recevant le 30 septembre 2021 dix-huit jeunes à l’Elysée, le président de la République, Emmanuel Macron, a affirmé qu’avant l’occupation française de l’Algérie il « y avait de précédentes colonisations ». Et a accusé la Turquie de « faire totalement oublier le rôle qu’elle a joué en Algérie et la domination qu’elle a exercée ». En se risquant sur le terrain de l’écriture de l’histoire, qui n’est pas le domaine des gouvernants, il profère des inexactitudes et tend à amoindrir la violence de la colonisation française. Ces propos ont choqué nombre d’Algériens, en particulier ceux qui sont impliqués dans le Hirak et veulent que leur pays se réapproprie son histoire. Et ils servent le régime en place qui cherche à susciter dans l’opinion des réflexes étroitement nationalistes. Ci-dessous quelques réactions d’intellectuels algériens.

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Pacifique

Le voyage d’Emmanuel Macron en Polynésie
relance le débat sur les conséquences
des essais nucléaires pratiqués par la France

Lors de son voyage au Japon pour les Jeux olympiques, le président Emmanuel Macron a passé, du 25 au 28 juillet 2021, quatre jours en Polynésie. Il a déclaré que « la nation [avait] une dette à l’égard de la Polynésie française. Cette dette est le fait d’avoir abrité ces essais en particulier ceux entre 1966 et 1974, dont on ne peut absolument pas dire qu’ils étaient propres ». Il n’a pas prononcé le mot de « pardon » réclamé par des associations de victimes, mais a reconnu que celles-ci devaient être mieux indemnisées. Ci-dessous l’article sur ces essais nucléaires en Polynésie que le spécialiste de la question, Bruno Barrillot, peu avant son décès le 25 mars 2017, avait rédigé pour L’Encyclopédie de la colonisation française coordonnée par Alain Ruscio. Ainsi qu’un article de l’AFP sur les conséquences de ceux que la France a pratiqués en Algérie.

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La reconnaissance du passé colonial

Au lieu de regarder son histoire en face
la France se limite-t-elle trop aux symboles ?
par le « BondyBlog »

Par des déclarations et des gestes symboliques, le président Macron a invité les Français à poser un regard lucide sur deux pages de l’histoire coloniale de la France, la guerre d’Algérie et sa politique au moment du génocide des Tutsis au Rwanda. Mais les deux chercheurs dont le point de vue a été recueilli par le BondyBlog, François Graner, de l’association Survie, spécialiste de l’histoire du génocide au Rwanda, et Fabrice Riceputi, enseignant, chercheur et l’un des animateurs des sites histoirecoloniale.net et 1000autres.org, se demandent si le président cherche vraiment à faire émerger la vérité historique ou plutôt à recueillir les lauriers symboliques de sa démarche. Pour eux la commande présidentielle de deux rapports aux historiens Benjamin Stora et Vincent Duclert entouré d’une commission dont la composition a été contestée s’avère très insuffisante.

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Rwanda

Les constats et les manques du rapport Duclert sur la France et le génocide au Rwanda

Le groupe de personnalités présidé par Vincent Duclert qui a été chargé il y a plus de deux ans par le président de la République, Emmanuel Macron, de rendre un rapport sur « la France, le Rwanda et génocide des Tutsi » a remis son rapport le 26 mars 2021. Il souligne la responsabilité accablante de la France présidée alors par François Mitterrand dans le soutien aux auteurs du génocide des Tutsi en 1994. Mais la commission Duclert n’a pas pu accéder à certaines archives comme celles de la mission parlementaire présidée en 1998 par Paul Quillès, que la présidence de l’Assemblée nationale a refusé de lui communiquer, ou à celles de Jean-Christophe Mitterrand, chargé alors des affaires africaines. Et, tout en pointant des faits gravissimes, ce rapport s’est lancé dans une étrange définition de la notion de « complicité » afin de ne pas l’appliquer à la politique française avant, pendant et après ce génocide.

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L'accès aux archives coloniales

De nombreuses demandes
en faveur du respect strict de la loi
donnant accès aux archives de la guerre d’Algérie

Le communiqué présidentiel du 9 mars annonçant l’ouverture des archives françaises de la guerre d’Algérie n’a pas satisfait les trois associations qui ont fait appel au Conseil d’Etat pour qu’il assure un accès effectif à ces archives conformément à la loi. Comme Pierre Audin sur Franceinfo, elles ont estimé que le communiqué présidentiel du 9 mars ne réalisait pas l’ouverture réelle de ces archives. Depuis, les réactions dans le même sens se sont multipliées dans les médias français et algériens. Ci-dessous les points de vue de Thomas Vaisset et Malika Rahal recueillis par Mediapart et AJ+, de Patrick Cohen et Anaïs Kien sur France 5 et France culture, ainsi que des articles des quotidiens algériens El Watan et L’Expression. Tous attirent l’attention sur le fait que ce communiqué présidentiel ne règle rien, et que sa mention d’un travail législatif avant l’été 2021 laisse craindre une fermeture accrue par rapport aux dispositions de la loi en vigueur.

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L'accès aux archives coloniales

Accès aux archives de la guerre d’Algérie,
un communiqué de l’Elysée
ne donne pas satisfaction aux demandes
d’un respect pur et simple de la loi

Un communiqué que nous reproduisons ci-dessous a été publié le 9 mars 2021 sur le site de l’Elysée disant que « le président a entendu les demandes de la communauté universitaire pour que soit facilité l’accès aux archives classifiées de plus de cinquante-ans ». Mais les trois associations qui ont introduit deux recours devant le Conseil d’Etat pour l’annulation des instructions interministérielles qui entravent cet accès estiment que ce n’est pas une prise en compte réelle de leur demande. En effet, la « déclassification au carton » que mentionne ce communiqué présidentiel maintient un processus de déclassification obligatoire dont elles demandent l’annulation. Ci-dessous leur communiqué, ainsi que la lettre à la ministre des Armées, qui va dans le même sens, de l’historien Robert Frank (Université Paris I) au nom du Conseil scientifique de la recherche historique de la défense, et quelques unes des nombreuses publications depuis : dans l’Humanité, Le Monde, Franceinfo, le New York Times et Ouest France.

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Emmanuel Macron et les crimes du colonialisme

La France reconnait l’assassinat en 1957
de Me Ali Boumendjel
Une parole de vérité nécessaire mais bien tardive

L’avocat Ali Boumendjel, juriste et élève du professeur de droit et grand résistant René Capitant, connu en Algérie pour être proche de Ferhat Abbas au sein de l’Union démocratique du Manifeste algérien (UDMA), est l’un des milliers d’Algériens qui ont été enlevés puis assassinés par l’armée française pendant le grande répression d’Alger en 1957. Sa veuve, Malika, qui n’a cessé de demander aux autorités françaises la vérité sur la mort de son mari, est morte en août 2020 à l’âge de 101 ans, sans avoir reçu une parole de vérité de leur part. Le 2 mars 2021, elle aurait eu 102 ans. Emmanuel Macron a reçu au Palais de l’Elysée quatre de ses petits-enfants pour leur dire au nom de la France ce qu’elle aurait voulu entendre : Ali Boumendjel ne s’est pas suicidé. Il a été torturé puis assassiné.

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L'accès aux archives coloniales

Le rapport de Benjamin Stora sur la colonisation et la guerre d’Algérie et la question de l’accès aux archives

Benjamin Stora a remis le 20 janvier au président de la République le rapport que celui-ci lui avait demandé « sur les questions mémorielles portant sur la colonisation et la guerre d’Algérie ». Il propose que la France fasse en faveur de la réconciliation des « gestes » dont nous reprenons la liste ci-dessous, d’après un article du Huffingtonpost. Nous publions aussi le lien pour lire le rapport. Celui-ci aborde aussi les questions liées à l’accès aux archives. Nous reproduisons à ce sujet les articles parus dans Le Monde et l’Humanité, ainsi que la chronique de Jean Lebrun sur France inter. Tous relèvent que les promesses faites par Emmanuel Macron en septembre 2018 sur l’ouverture des archives ont été contredites dans les faits. Et que le recours déposé au Conseil d’Etat lui demande de rétablir leur accès de plein droit conformément à la loi.

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