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Édition du 15 avril au 1er mai 2025

Conquête de l’Algérie

Ecrire et enseigner l'histoire coloniale

A propos de l’annonce
d’une commission franco-algérienne d’historiens,
Fabrice Riceputi :
« les historiens ont déjà travaillé »

Au soir de son arrivée à Alger, le 25 août 2022, Emmanuel Macron a, aux côtés de son homologue algérien, annoncé leur décision de créer une « commission d’historiens » commune à laquelle seraient « ouvertes toutes les archives algériennes et françaises ». Pour Fabrice Riceputi, l’essentiel sur la domination coloniale et la guerre d’Algérie est largement décrit par les historiens et cette annonce n’est autre chose que la dernière manifestation du refus de la France de reconnaître sa responsabilité première et essentielle de puissance colonisatrice. Benjamin Stora appelle à enseigner plus largement cette page d’histoire dans les écoles françaises. L’historien algérien et chercheur au Crasc d’Oran, Amar Mohand-Amer, attend de voir ; il met en garde contre l’instrumentalisation idéologique de l’histoire et plaide pour l’autonomie de l’historien.

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La reconnaissance du passé colonial

La prise de position d’un fils de harki en faveur
de la reconnaissance du passé colonial
et de la panthéonisation de Gisèle Halimi

Le président de la République française, Emmanuel Macron, s’est rendu en voyage officiel en Algérie le 25 août 2022 et, parmi les questions abordées, figure la reconnaissance par la France de l’injustice de sa conquête et de sa guerre coloniale. Ci-dessous l’article qu’a publié Amar Assas, issu de la communauté des harkis de Rosans (05), dans Le Monde le 26 août 2022, demandant au président de la République de faire de nouveaux gestes en faveur d’une telle reconnaissance. Il soutient en particulier, en raison de ses engagements anticolonialistes et pour les droits des femmes, la panthéonisation de Gisèle Halimi, qui a été préconisée dans le rapport de Benjamin Stora, est soutenue par une grande partie de l’opinion publique française, mais n’a toujours pas été décidée par Emmanuel Macron.

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La conquête (1830-1871)

L’île Sainte-Marguerite,
au centre de l’archipel carcéral
de l’empire colonial français

La fonction de lieu de détention de l’île Sainte Marguerite, en face de Cannes, a déjà été évoquée par notre site avec la reprise de l’article de Sylvie Thénault issu de son livre Violence ordinaire dans l’Algérie coloniale. Camps, internements, assignations à résidence (2012). L’historien irlandais Dónal Hassett, après avoir visité les lieux, apporte ses propres réflexions dans l’article ci-dessous, traduit de l’anglais par nos soins, en particulier sur les peintures murales réalisées en 1992 au Fort Royal par un artiste contemporain en souvenir de ces détenus dont beaucoup y ont laissé la vie. Il souligne qu’il reste à la recherche historique encore un travail important à faire pour éclairer le sort des personnes incarcérées par l’État colonial français, notamment en Méditerranée, en Kanaky-Nouvelle Calédonie et en Guyanne.

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La reconnaissance du passé colonial

Des « enfumades » de Bugeaud
lors de la conquête de l’Algérie
au gazage des grottes
durant la guerre d’indépendance

Des recherches récentes dues à l’historien et archiviste Christophe Lafaye, dont notre site s’est fait l’écho, ont permis de documenter le gazage des grottes pratiqué par l’armée française durant la guerre d’Algérie. A partir de 1956, sous le commandement du général Salan, des gaz asphyxiants ont été mis au point et des « Sections de grottes » mises en place pour tuer les personnes réfugiées dans diverses cavités naturelles des régions montagneuses d’Algérie, qu’il s’agisse de combattants de l’ALN, du personnel civil d’hôpitaux de campagne ou même dans certains cas de militaires français prisonniers. Cette pratique a réédité avec des moyens modernes les « enfumades » ordonnées par le général Bugeaud lors de la conquête de l’Algérie dans les années 1840. De nombreux témoignages d’anciens appelés français et d’Algériens viennent nourrir ces recherches que certains éléments au sein de l’armée française tentent d’entraver.

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La reconnaissance des crimes coloniaux 1830-1962

Emmanuel Macron se trompe
en comparant la tutelle ottomane sur l’Algérie
à la colonisation française,
il choque le peuple algérien et
rend service au régime

En recevant le 30 septembre 2021 dix-huit jeunes à l’Elysée, le président de la République, Emmanuel Macron, a affirmé qu’avant l’occupation française de l’Algérie il « y avait de précédentes colonisations ». Et a accusé la Turquie de « faire totalement oublier le rôle qu’elle a joué en Algérie et la domination qu’elle a exercée ». En se risquant sur le terrain de l’écriture de l’histoire, qui n’est pas le domaine des gouvernants, il profère des inexactitudes et tend à amoindrir la violence de la colonisation française. Ces propos ont choqué nombre d’Algériens, en particulier ceux qui sont impliqués dans le Hirak et veulent que leur pays se réapproprie son histoire. Et ils servent le régime en place qui cherche à susciter dans l’opinion des réflexes étroitement nationalistes. Ci-dessous quelques réactions d’intellectuels algériens.

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Musées et créations contemporaines

Les réflexions d’un historien britannique
à propos d’un monument ou d’une statue
de l’émir Abd el-Kader en France

Parmi les préconisations du rapport que Benjamin Stora a remis à sa demande le 20 janvier 2021 au président de la République, Emmanuel Macron, figure la construction, au moment du 60e anniversaire de l’indépendance de l’Algérie en 2022, d’une stèle à l’émir Abd el-Kader à Amboise, où il a vécu en résidence surveillée de 1848 à 1852, ainsi que la restitution de son épée à l’Algérie. Rendre hommage à ce héros de la lutte du peuple algérien face à la colonisation française est une nécessité. Pour sa part, notre site a réclamé, dès octobre 2017, sur la suggestion d’Alain Ruscio, l’ouverture d’un débat sur l’installation d’une statue d’Abd el-Kader sur la place qui porte son nom à Paris, inaugurée par son maire, Bertrand Delanoë, en novembre 2006. Ci-dessous les réflexions à ce sujet de l’historien britannique Neil MacMaster.

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1830-1880

Les résistants algériens du XIXe siècle internés en France où leurs tombes sont oubliées

La récente restitution à l’Algérie par la France de restes mortuaires d’Algériens ayant combattu l’armée française au XIXe siècle et conservés depuis lors au Musée de l’Homme à Paris, a rappelé que la conquête de cette colonie fut d’une très grande violence. On sait moins que de nombreux Algériens furent, lors de la guerre de conquête puis de répression des multiples révoltes, internés en France. L’historienne Sylvie Thénault, dans un article issu de son livre Violence ordinaire dans l’Algérie coloniale. Camps, internements, assignations à résidence (2012), a étudié les modalités de ces internements d’Algériens déportés pendant plus d’un demi-siècle dans des îles et des forteresses en Méditerranée. Dans l’île Sainte-Marguerite notamment, au large de Cannes, des tombes en gardent la trace.

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La conquête (1830-1871)

conquête de l’Algérie : une action “civilisatrice” ? par F. Maspero

A l’occasion de la réédition de l’ouvrage de François Maspero consacré au maréchal de Saint-Arnaud, Antoine Perraud proposait en février dernier la petite expérience suivante : comparer la relation que l’auteur y donne de la conquête de l’Algérie aux commentaires publiés sur le site Wikipedia de l’action des chefs de guerre français. Cela permet de mesurer à quel point, cinquante ans après l’indépendance de l’Algérie, l’esprit public en France reste “empoisonné par l’inhumanité coloniale” 1.

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Ces ossements humains gisent sous terre depuis exactement 166 ans (© Aziz)
De 2007 à 2012

Alain Juppé et les grottes du Dahra

«Il faut regarder notre passé commun en face» a déclaré Alain Juppé lors de sa visite à Oran le 17 juin dernier. Et notre ministre des Affaires étrangères, citant le discours de Nicolas Sarkozy à Alger le 3 décembre 2007, a poursuivi en évoquant «le caractère injuste de la colonisation et les maux qu’il a engendrés2». Comme on aimerait que de telles déclarations ne soient pas réservées à un public algérien …

Il s’en est fallu de peu que cette déclaration soit faite le jour même de l’annonce de la découverte de restes humains des victimes des enfumades des grottes du Dahra organisées par le colonel Pélissier les 18 et 19 juin 1845.

Il est peu probable qu’Alain Juppé ait eu présent à l’esprit ce sinistre épisode du temps de la conquête, quand il a déclaré à Oran « nous ne sommes pas près d’aller à la repentance3». Effectivement, le mot “repentance” a une connotation religieuse qui le rend impropre. Mais un geste, une déclaration forte s’imposeraient pour mettre enfin à distance cet héritage colonial qui empoisonne encore, cinquante ans après, les relations entre la France et l’Algérie. Combien de temps faudra-t-il encore attendre pour que les plus hautes autorités de la République française reconnaissent publiquement l’implication première et essentielle de la France dans les traumatismes engendrés par la colonisation en Algérie ? Et pour mettre un terme au contentieux historique qui continue à opposer les deux pays ?

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Abd el-Kader

Paris honore en 2006 l’émir Abd el-Kader

L’émir Abd el-Kader(1808-1883), héros de la lutte algérienne contre la colonisation française au XIX°siècle, a depuis jeudi une place à son nom à Paris dans le Vème arrondissement non loin de l’Institut du Monde arabe et de la Grande Mosquée.

Il y a deux ans, Toulon avait rendu un hommage solennel au “héros des deux rives”.

[Première publication le 19 nov 06, mise à jour le 21 nov 06]

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La conquête (1830-1871)

l’expédition d’Alger

L’expédition d’Alger avait un enjeu économique, la maîtrise du commerce en Méditerranée, et une justification de politique intérieure : redorer le blason d’un gouvernement impopulaire.

Mais il se trouve encore des « nostalgériques » pour commémorer, le 25 mai 2006, le départ de la flotte de Toulon. L’occasion de développer le thème de l’Occident chrétien menaçé par la barbarie islamique, et de ranimer l’esprit de croisade.

Ci-dessous un large extrait de « La prise d’Alger », un article de Pierre Michelbach
4.

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Pélissier
La conquête (1830-1871)

Le maréchal Achille Leroy de Saint-Arnaud

Armand Jacques Arnaud (dit Achille Leroy de Saint-Arnaud)
« avait les états de service d’un chacal » (Victor Hugo).

Partant des lettres qu’il a adressées à sa famille, François Maspero a relaté sa carrière dans un livre qui n’a rien perdu de son actualité, L’honneur de Saint-Arnaud5.

Les extraits qui sont repris ci-dessous révèlent le prix du sang qu’il a fallu faire payer pour coloniser l’Algérie.

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