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Édition du 15 novembre au 1er décembre 2024

Camps

Harkis

Découverte du cimetière « sauvage »
d’un camp de harkis en France
Vérité et justice pour ces victimes du colonialisme et du postcolonialisme

En août 2022, un reportage de Prisca Borrel dans Mediapart racontait la recherche à proximité du camp de Saint-Maurice-L’Ardoise (Gard), où furent internés en 1962 d’anciens harkis et leurs familles dans des conditions très dures, d’un cimetière « sauvage » créé par l’administration du camp et « oublié » depuis. 71 personnes, dont 61 enfants, y furent inhumées à la sauvette entre 1962 et 1964, selon une archive de la gendarmerie datant de 1979, découverte par Nadia Ghouafria. A la mi-mars 2023 le lieu a enfin été fouillé, grâce au combat de descendants de harkis, comme le raconte France 3 Occitanie. 27 lieux d’inhumation et des ossements d’enfants y ont été trouvés. Ci-dessous la vidéo de l’AFP montrant ces fouilles réalisées par un archéologue de l’Institut national d’archéologie préventive (INRAP). Et aussi la lettre adressée aux membres de la commission d’historiens franco-algérienne par l’association Enfants de harkis, Vérité, Justice et Réconciliation.

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Livres et films sur la guerre d'Algérie

« A Mansourah, tu nous as séparés »,
un film de Dorothée Myriam Kellou

Pendant la guerre d’Algérie, 2 350 000 millions de personnes ont été déplacées par l’armée française et regroupées dans des camps. 1 175 000 ont été forcés de quitter leur lieu d’habitation déclaré « zone interdite » pour un espace contraint loin de leurs ressources. La cinéaste Dorothée-Myriam Kellou a recueilli auprès de son père, dans son village natal de Mansourah, ses souvenir de cette transplantation. Nous publions également un article à ce sujet de l’historien Michel Cornaton, auteur de « Les camps de regroupement de la guerre d’Algérie ».

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L'accès aux archives coloniales

Les archives de la Croix-Rouge sur les prisons et camps d’internement en Algérie (1955-1962)

Dans le quotidien algérien « El Watan » du 20 août 2018, un article de Mohand Aziri est consacré au livre de Fatima Besnaci-Lancou, « Prisons et camps d’internement en Algérie. Les missions du Comité international de la Coix-Rouge dans la guerre d’indépendance 1955-1962 ». Il souligne l’importance des recherches effectuées par cette auteure dans les archives du CICR à Genève. Et explique que cet ouvrage apporte des éléments essentiels sur l’univers concentrationnaire édifié alors par les autorités françaises en Algérie.

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1945-1962

Une exposition sur l’histoire des camps de regroupement

Une exposition intitulée « Discreet Violence : l’architecture et la guerre française en Algérie », exposition d’archives autour de l’histoire des camps de regroupement en Algérie de 1954 à 1962, se tient du 19 juin au 14 juillet 2018 à La Colonie, 128 rue La Fayette, 75010 Paris. Présentée à Zurich, Rotterdam, Berlin, et Johannesburg, cette exposition conçue par la chercheuse Samia Henni est montrée pour la première fois en France. Elle est entourée d’un ensemble de rencontres et de conférences autour de la militarisation des espaces et des corps.

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Tunisie

Une exposition : « Enfants algériens réfugiés en Tunisie (1957-1962) »

Dans le cadre du « Printemps de la mémoire » organisé par le Réseau Mémoires-Histoires en Ile-de-France, une exposition « Enfants algériens réfugiés en Tunisie (1957-1962) » a lieu au Centre culturel algérien de Paris. Elle montre qu’entre 1957 et 1961, 150 000 réfugiés algériens ont été accueillis en Tunisie, dont la moitié avaient moins de 15 ans. Les récits et dessins de ces enfants a donné matière à un livre, « Les enfants d’Algérie », jamais paru car censuré en 1962. La découverte récente de documents dans une brocante de l’Essonne a permis d’en savoir plus.

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Les essais nucléaires français en Algérie

Au Sahara, le lourd passé nucléaire et chimique…

De 1960 à 1966, la France s’est livrée dans le Sahara algérien à des expérimentations nucléaires. Elle a alors exposé gravement des appelés du contingent et des habitants à des risques de contamination déjà prouvés scientifiquement. Mais, le fait est moins connu, de 1958 à 1978, la base de « B2 Namous », dans l’ouest du Sahara algérien, a servi de terrain d’essai d’armes chimiques, notamment du gaz sarin, avec l’accord secret, après l’indépendance, des autorités algériennes. Selon les mémoires du général algérien à la retraite Rachid Benyelles, ils ne se sont pas arrêtés en 1978 mais en 1986. Nul ne sait si ce site, qui aurait servi de lieu de détention dans les années 1990, a été décontaminé, comme c’aurait été convenu entre l’Algérie et la France en 2012.

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Hiver 1960, non loin de Ben S'Rour (©Albert Devaud)
Les camps

Les “camps de regroupement” de la guerre d’Algérie, par Anne Guérin-Castell

En 1959, un Rapport sur les camps de regroupement de Michel Rocard révélait les conditions dramatiques du déplacement de masse des populations par l’armée française et son caractère inhumain. Mais il a fallu attendre 2003 pour que ce document soit publié sous le nom de son auteur et accompagné d’un éclairage historique complet.

Afin de briser le silence qui continue à peser sur un aspect de la guerre d’Algérie qui reste aujourd’hui encore l’une des tragédies les moins connues de ce conflit, Anne Guérin-Castell a ouvert une édition participative dans Mediapart, intitulée La vie dans un village algérien pendant la guerre de libération. En voici la déclaration d’intention : «Si, depuis quelques années, on parle plus ouvertement en France de certains aspects peu glorieux des huit années de guerre en Algérie, avec notamment la pratique de la torture, si le sort des habitants des villes est parfois évoqué lorsqu’il est question de la bataille d’Alger ou des actions de l‘OAS, rien n’est dit de ce que fut au quotidien la vie dans les campagnes algériennes : trop souvent un enfer, en particulier dans les camps de regroupement.»

Nous en reprenons ci-dessous le premier texte publié le 28 juin 2012 – il est suivi de plusieurs récits d’Akli Gasmi qui a passé son adolescence dans le camp de regroupement d’Oulkhou où vivait également le jeune Tahar Djaout.

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Les camps

“Le camp de Lodi” par Nathalie Funès

Le village de Lodi, à une centaine de kilomètres au sud-ouest d’Alger, près de Médéa, incarne un épisode occulté de l’histoire. Parmi la dizaine de « centres d’hébergement », qui ont été créés en Algérie à partir de 1954, c’est au camp de Lodi que des centaines de pieds-noirs sympathisants de l’indépendance ont été enfermés de façon arbitraire. Des années durant, ils ont croupi dans des baraques délabrées, entourées de barbelés, inspectées jour et nuit par une armée de gendarmes mobiles, loin des regards indiscrets et des grandes villes. Sans avoir été jugés ni même inculpés. Sur simple arrêté préfectoral, la « lettre de cachet » des années noires du conflit algérien.

C’était le camp des Français. Là-bas se sont croisés médecins, architectes, cheminots, gaziers, électriciens, résistants de la Seconde guerre mondiale, anciens internés de Dachau… Parmi eux Georges Hadjadj, dernier voisin de cellule de Maurice Audin, ce jeune professeur de mathématiques «disparu» après une ultime séance de gégène, Albert Smadja, l’avocat de Fernand Iveton, seul Français du conflit guillotiné pour avoir tenté de faire sauter une bombe, mais aussi Henri Alleg, auteur de La Question, arrivé à l’été 1957, après avoir été torturé des jours durant par les parachutistes. Et beaucoup d’autres encore.

Nathalie Funès est journaliste au Nouvel Observateur. Elle est l’auteur de Mon oncle d’Algérie (Stock, 2010). Ci-dessous, l’introduction du Camp de Lodi.

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Les camps

“Violence ordinaire dans l’Algérie coloniale”, par Sylvie Thénault

Pendant la guerre d’indépendance algérienne, les autorités françaises ouvrirent des camps d’internement pour les « suspects » arrêtés par la police ou par l’armée. Des dizaines de milliers d’Algériens y furent détenus. Recours ponctuel pour maintenir l’ordre public dans des circonstances extraordinaires ? Pas seulement. Ces camps n’étaient qu’une forme nouvelle de l’internement, dont les autorités françaises avaient usé, depuis longtemps, pour réprimer les résistances qu’elles rencontraient en Algérie. Y compris en dehors des périodes de guerre ou d’insurrection.

Cet ouvrage ne se borne pas à dénoncer les duretés des autorités ou leurs dérives aux moments de crise. Il retrace l’histoire, tout au long de la période coloniale, de la pratique de l’internement dans sa mise en œuvre concrète par la France, depuis l’époque de l’indigénat. Pourquoi était-il utilisé ? Qui en était victime ? Quel rôle jouait-il dans la tutelle exercée sur les colonisés ?

C’est toute la logique de l’arbitraire colonial que l’une des meilleures spécialistes démonte dans cet ouvrage dépassionné mais clinique, dont nous reprenons le début de l’introduction, ci-dessous, en “bonne feuille”.

Sylvie Thénault est chargée de recherche au CNRS, au Centre d’histoire sociale du xxe siècle. Elle est notamment l’auteur d’une Histoire de la guerre d’indépendance et d’Une drôle de justice. Les magistrats dans la guerre d’Algérie.

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“Interner en République : le cas de la France en guerre d’Algérie” par Sylvie Thénault

Pendant la guerre d’Algérie, la République a eu recours à des mesures d’exception, comme l’internement des suspects. Cette pratique étant contraire à la défense des libertés, elle pose la question de savoir ce qui distingue la République de régimes dictatoriaux, qui reposent sur l’arbitraire. Trois caractéristiques peuvent ainsi être dégagées en République : l’absence de projet liberticide, la nécessité d’un encadrement juridique et l’existence d’un espace public.

Cet article de Sylvie Thénault, de l’Institut d’histoire du temps présent, a été publié en septembre 2003 dans Amnis, revue de civilisation contemporaine de l’université de Bretagne Occidentale.

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