“Violence ordinaire dans l’Algérie coloniale”, par Sylvie Thénault
Pendant la guerre d’indépendance algérienne, les autorités françaises ouvrirent des camps d’internement pour les « suspects » arrêtés par la police ou par l’armée. Des dizaines de milliers d’Algériens y furent détenus. Recours ponctuel pour maintenir l’ordre public dans des circonstances extraordinaires ? Pas seulement. Ces camps n’étaient qu’une forme nouvelle de l’internement, dont les autorités françaises avaient usé, depuis longtemps, pour réprimer les résistances qu’elles rencontraient en Algérie. Y compris en dehors des périodes de guerre ou d’insurrection.
Cet ouvrage ne se borne pas à dénoncer les duretés des autorités ou leurs dérives aux moments de crise. Il retrace l’histoire, tout au long de la période coloniale, de la pratique de l’internement dans sa mise en œuvre concrète par la France, depuis l’époque de l’indigénat. Pourquoi était-il utilisé ? Qui en était victime ? Quel rôle jouait-il dans la tutelle exercée sur les colonisés ?
C’est toute la logique de l’arbitraire colonial que l’une des meilleures spécialistes démonte dans cet ouvrage dépassionné mais clinique, dont nous reprenons le début de l’introduction, ci-dessous, en “bonne feuille”.
Sylvie Thénault est chargée de recherche au CNRS, au Centre d’histoire sociale du xxe siècle. Elle est notamment l’auteur d’une Histoire de la guerre d’indépendance et d’Une drôle de justice. Les magistrats dans la guerre d’Algérie.