En Kanaky comme jadis en Algérie : la milice, une culture coloniale
L’historien Alain Ruscio rappelle à propos de l’Algérie que la formation de milices armées fut habituelle dans les colonies de peuplement en proie aux révoltes des colonisés.
L’historien Alain Ruscio rappelle à propos de l’Algérie que la formation de milices armées fut habituelle dans les colonies de peuplement en proie aux révoltes des colonisés.
Les passages en force du gouvernement français en violation de l’esprit des accords passés en 1988 et 1998 sont à l’origine de la situation insurrectionnelle en cours.
Le 18 mars 2024, l’Assemblée nationale a voté le report du renouvellement général des membres du congrès et des assemblées de province de la Nouvelle-Calédonie, décision qui prépare le dégel
Du 24 au 26 juillet 2023, le président de la République, Emmanuel Macron, s’est rendu en Nouvelle-Calédonie. Cela faisait suite aux rencontres bilatérales organisées lors du trimestre précédent entre l’État français et des représentant∙es indépendantistes d’une part, et entre l’État français et les partisan∙es de la Nouvelle-Calédonie française d’autre part. Autant dire que dans le deuxième cas, les convergences sont grandes, puisque les deux camps n’en font qu’un pour rechercher à priver les Kanak de leur droit à l’autodétermination, et la Kanaky de son indépendance et de la reconnaissance des méfaits de 170 ans de colonisation. Ci-dessous la lettre de juillet 2023 du Collectif Solidarité Kanaky.
La présidente de la province Sud de la Kanaky Nouvelle-Calédonie, Sonia Backès, figure de la droite anti-indépendance, est nommée au gouvernement français comme secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’intérieur et de l’outre-mer chargée de la citoyenneté. Cette ministre va-t-elle cumuler son poste avec la présidence de la province Sud ? Le dialogue sur l’avenir de l’archipel est au point mort après l’organisation le 12 décembre 2021 d’un référendum d’autodétermination dont la date était contestée par les indépendantistes. Après s’être félicité dès son lendemain que « la Nouvelle Calédonie ait choisi de rester française », ce choix d’Emmanuel Macron apparaît comme un mauvais coup contre le processus des accords de Nouméa. Les quatre composantes du FLNKS ont décidé qu’aucune ne se déplacera à Paris en septembre 2022 pour le Comité des signataires des accords sur l’avenir de l’archipel. Veut-on qu’un blocage du dialogue favorise de nouveau le développement de la violence ?
Malgré la demande par l’ensemble du camp indépendantiste du report de la date du troisième référendum prévu par les Accords de Nouméa, les autorités françaises l’ont maintenu au 12 décembre, en contradiction avec leurs engagements antérieurs et avec les exigences de la population Kanak d’accomplir les deuils des victimes de la pandémie. Le boycott du scrutin a été massif. Les partisans du « non » à l’indépendance n’ont recueilli qu’une minorité (44 %) des suffrages des électeurs inscrits et ont perdu 5 783 voix par rapport au précédent scrutin. Les résultats définitifs contredisent les déclarations d’Emmanuel Macron validant un soi-disant refus de l’indépendance que ce vote exprimerait et montrent au contraire que la demande de celle-ci est croissante.
Un ensemble d’associations, partis politiques et syndicats français se sont joints à la demande de différentes forces politiques de la société de Kanaky–Nouvelle-Calédonie pour demander le report de la date du dernier référendum d’autodétermination prévu par les Accords de Nouméa de 1998, qui a été fixée par le gouvernement au 12 décembre 2021 en dépit de la grave situation créée dans les campagnes par la crise sanitaire. Ci-dessous le texte de leur appel et la lettre qu’ils ont envoyée aux groupes parlementaires puisque cette date est du ressort du Parlement français. Il est important de relayer cette lettre aux députés et sénateurs que chacun pourrait connaître. Par ailleurs, le samedi 13 novembre est organisé à Paris, place Edouard Renard dans le 12ème arrondissement, un rassemblement à l’appel du Mouvement des Jeunes Kanak en France.
Le troisième référendum sur l’avenir de la Nouvelle-Calédonie-Kanaky prévu dans l’Accord de Nouméa de 1998 se tiendra le 12 décembre 2021. Les deux précédents scrutins ont été marqués par une nette progression du vote pour l’indépendance. A quelque trois mois de cette échéance qui pourrait représenter un moment décisif dans la décolonisation du territoire, la dépouille du guerrier kanak à la tête de la révolte de 1878 dans la région de Fonwhary sur la côte ouest contre l’accaparement des terres par la colonisation, a été l’objet d’un hommage important. En août 2014, la France avait restitué les restes d’AtaÏ à ses descendants. Le 1er septembre 2021, ils ont été inhumés solennellement dans un mausolée « à la mémoire du chef Ataï et et des victimes de l’insurrection de 1878 ».
Une mobilisation massive est en cours en Kanaky Nouvelle-Calédonie sur le sort de l’usine Vale, dite usine du Sud. La multinationale brésilienne Vale a mis l’usine en vente et a annoncé le 9 décembre, l’avoir cédée au consortium Prony Ressources, contrôlé en partie par le courtier suisse Trafigura. C’est la souveraineté du peuple de ce territoire sur ses ressources minières qui est en cause. Or le pouvoir colonial joue la tension et répond par la répression. Il a été violemment mis en cause par le Front de libération nationale kanak socialiste (FLNKS, indépendantiste), mais aussi par l’Instance coutumière autochtone de négociation (Ican). En solidarité avec les protestations en cours en Kanaky Nouvelle-Calédonie, l’Association Information et Soutien aux Droits du Peuple Kanak (AISDPK) organise un rassemblement statique à Paris le mercredi 16 décembre.
A l’occasion du deuxième référendum organisé le 4 octobre 2020 en Kanaky-Nouvelle Calédonie, la volonté d’indépendance et de décolonisation s’est exprimée plus fortement que lors du précédent. Le oui à l’indépendance est arrivé nettement en tête là où vivent en majorité des citoyens kanak : 84,6% dans la province des îles et 77,8% dans celle du nord (pour 29,1% dans la troisième province, celle du sud). Mais aussi dans des secteurs dont la population est de diverses origines. Au total, le oui a recueilli 46,7% de voix, pour 43,3% lors du référendum de novembre 2018. Une progression très encourageante dans la perspective du troisième référendum qui devrait avoir lieu dans deux ans.
Avant le référendum sur l’indépendance qui a lieu le 4 octobre en Kanaky-Nouvelle-Calédonie, Mediapart a publié aux éditions La Découverte, le livre Une décolonisation au présent, coordonné par Joseph Confavreux, avec un beau texte d’Edwy Plenel dont nous donnons de larges extraits. Leur force et leur qualité a provoqué une honteuse offensive de dénigrement de la part de ceux qui se proclament « loyalistes » et refusent la décolonisation. Une tribune publiée dans Le Monde le 16 septembre 2020 a cherché à utiliser le nom de l’un des fils du leader indépendantiste kanak Jean-Marie Tjibaou pour leur reprocher « un paternalisme tout à fait colonial ». Cette manœuvre perverse a suscité la mise au point cinglante d’Edwy Plenel dans Le Monde du 1er octobre que nous reproduisons ici.
Un référendum d’autodétermination se tiendra le 4 octobre 2020 en Kanaky Nouvelle-Calédonie dans le cadre de l’accord de Nouméa de mai 1998 qui avait engagé ce territoire dans un processus de « décolonisation dans la République ». Il fait suite à celui organisé en 2018 qui, à la question : « Voulez-vous que la Nouvelle-Calédonie accède à la pleine souveraineté et devienne indépendante ? », bien que le non l’ait emporté avec une majorité de 57 %, avait connu un nombre de oui qui dépassait déjà les attentes. Conformément à l’accord de Nouméa, un troisième et dernier référendum pourra avoir lieu dans les deux années à venir si le non l’emporte à nouveau en 2020. À la veille de ce deuxième référendum, la chercheuse au CNRS Isabelle Leblic fait le point sur cette consultation qui représente une étape importante dans l’histoire de la Kanaky Nouvelle-Calédonie.