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Édition du 15 novembre au 1er décembre 2024

Les camps

Hiver 1960, non loin de Ben S'Rour (©Albert Devaud)
Les camps

Les “camps de regroupement” de la guerre d’Algérie, par Anne Guérin-Castell

En 1959, un Rapport sur les camps de regroupement de Michel Rocard révélait les conditions dramatiques du déplacement de masse des populations par l’armée française et son caractère inhumain. Mais il a fallu attendre 2003 pour que ce document soit publié sous le nom de son auteur et accompagné d’un éclairage historique complet.

Afin de briser le silence qui continue à peser sur un aspect de la guerre d’Algérie qui reste aujourd’hui encore l’une des tragédies les moins connues de ce conflit, Anne Guérin-Castell a ouvert une édition participative dans Mediapart, intitulée La vie dans un village algérien pendant la guerre de libération. En voici la déclaration d’intention : «Si, depuis quelques années, on parle plus ouvertement en France de certains aspects peu glorieux des huit années de guerre en Algérie, avec notamment la pratique de la torture, si le sort des habitants des villes est parfois évoqué lorsqu’il est question de la bataille d’Alger ou des actions de l‘OAS, rien n’est dit de ce que fut au quotidien la vie dans les campagnes algériennes : trop souvent un enfer, en particulier dans les camps de regroupement.»

Nous en reprenons ci-dessous le premier texte publié le 28 juin 2012 – il est suivi de plusieurs récits d’Akli Gasmi qui a passé son adolescence dans le camp de regroupement d’Oulkhou où vivait également le jeune Tahar Djaout.

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Les camps

“Le camp de Lodi” par Nathalie Funès

Le village de Lodi, à une centaine de kilomètres au sud-ouest d’Alger, près de Médéa, incarne un épisode occulté de l’histoire. Parmi la dizaine de « centres d’hébergement », qui ont été créés en Algérie à partir de 1954, c’est au camp de Lodi que des centaines de pieds-noirs sympathisants de l’indépendance ont été enfermés de façon arbitraire. Des années durant, ils ont croupi dans des baraques délabrées, entourées de barbelés, inspectées jour et nuit par une armée de gendarmes mobiles, loin des regards indiscrets et des grandes villes. Sans avoir été jugés ni même inculpés. Sur simple arrêté préfectoral, la « lettre de cachet » des années noires du conflit algérien.

C’était le camp des Français. Là-bas se sont croisés médecins, architectes, cheminots, gaziers, électriciens, résistants de la Seconde guerre mondiale, anciens internés de Dachau… Parmi eux Georges Hadjadj, dernier voisin de cellule de Maurice Audin, ce jeune professeur de mathématiques «disparu» après une ultime séance de gégène, Albert Smadja, l’avocat de Fernand Iveton, seul Français du conflit guillotiné pour avoir tenté de faire sauter une bombe, mais aussi Henri Alleg, auteur de La Question, arrivé à l’été 1957, après avoir été torturé des jours durant par les parachutistes. Et beaucoup d’autres encore.

Nathalie Funès est journaliste au Nouvel Observateur. Elle est l’auteur de Mon oncle d’Algérie (Stock, 2010). Ci-dessous, l’introduction du Camp de Lodi.

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Les camps

“Violence ordinaire dans l’Algérie coloniale”, par Sylvie Thénault

Pendant la guerre d’indépendance algérienne, les autorités françaises ouvrirent des camps d’internement pour les « suspects » arrêtés par la police ou par l’armée. Des dizaines de milliers d’Algériens y furent détenus. Recours ponctuel pour maintenir l’ordre public dans des circonstances extraordinaires ? Pas seulement. Ces camps n’étaient qu’une forme nouvelle de l’internement, dont les autorités françaises avaient usé, depuis longtemps, pour réprimer les résistances qu’elles rencontraient en Algérie. Y compris en dehors des périodes de guerre ou d’insurrection.

Cet ouvrage ne se borne pas à dénoncer les duretés des autorités ou leurs dérives aux moments de crise. Il retrace l’histoire, tout au long de la période coloniale, de la pratique de l’internement dans sa mise en œuvre concrète par la France, depuis l’époque de l’indigénat. Pourquoi était-il utilisé ? Qui en était victime ? Quel rôle jouait-il dans la tutelle exercée sur les colonisés ?

C’est toute la logique de l’arbitraire colonial que l’une des meilleures spécialistes démonte dans cet ouvrage dépassionné mais clinique, dont nous reprenons le début de l’introduction, ci-dessous, en “bonne feuille”.

Sylvie Thénault est chargée de recherche au CNRS, au Centre d’histoire sociale du xxe siècle. Elle est notamment l’auteur d’une Histoire de la guerre d’indépendance et d’Une drôle de justice. Les magistrats dans la guerre d’Algérie.

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Tinfouchi, bagne secret de la France coloniale

Dans un article récent, l’historien Jean-Charles Jauffret rappelle l’existence de ce bagne militaire, à mi-chemin entre Béchar et Tindouf, où furent envoyés des cas disciplinaires ainsi que des «soldats du refus» de la guerre d’Algérie.

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“Interner en République : le cas de la France en guerre d’Algérie” par Sylvie Thénault

Pendant la guerre d’Algérie, la République a eu recours à des mesures d’exception, comme l’internement des suspects. Cette pratique étant contraire à la défense des libertés, elle pose la question de savoir ce qui distingue la République de régimes dictatoriaux, qui reposent sur l’arbitraire. Trois caractéristiques peuvent ainsi être dégagées en République : l’absence de projet liberticide, la nécessité d’un encadrement juridique et l’existence d’un espace public.

Cet article de Sylvie Thénault, de l’Institut d’histoire du temps présent, a été publié en septembre 2003 dans Amnis, revue de civilisation contemporaine de l’université de Bretagne Occidentale.

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