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Édition du 15 novembre au 1er décembre 2024

Gestion postcoloniale de l’immigration

Gestion postcoloniale de l'immigration

« Malika, généalogie d’un crime policier »
de Jennifer Yezid

En 1973, parce qu’elle avait cherché à prévenir son frère de l’arrivée des gendarmes, Malika Yezid, 8 ans, s’est retrouvée enfermée dans sa chambre avec l’un d’entre eux. Elle en est ressortie dans le coma, puis est morte à l’hôpital. Dans « Malika, généalogie d’une crime policier », Jennifer Yezid, nièce de Malika, qui est la seule survivante de la famille, fait le récit de ce drame. Avec Asya Djoulaït, écrivaine, et Sami Ouchane, historien, elle raconte ce crime impuni qui a eu des répercussions sur plusieurs générations. Mais elle dit aussi le sens de la justice et de la vérité, la soif de vivre qui l’animent et l’amènent à parler aujourd’hui. Ci-dessous la postface par Rachida Brahim, sociologue et psychanalyste.

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Immigration algérienne en France

La vague d’assassinats racistes
de 1973 en France,
en particulier à Marseille

En 2023 seront à commémorer et à mieux faire connaître deux moments importants dans l’histoire de l’immigration postcoloniale et dans celle des luttes antiracistes en France : d’une part la vague de crimes racistes impunis de 1973 et la réaction antiraciste à ces crimes, et de l’autre, dix ans plus tard, la Marche contre le racisme et pour l’égalité de 1983, première mobilisation de masse réussie lancée par les racisés eux-mêmes. Notre site y reviendra. Nous publions ici un entretien publié par Mediapart avec la sociologue Rachida Brahim, autrice de La race tue deux fois, et la romancière Dominique Manotti, autrice de Marseille 73. Toutes deux reviennent sur l’année 1973 et sur la permanence de l’impunité.

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La SNCF récuse toute discrimination envers les chibanis

Les chibanis, — « cheveux blancs » en arabe — sont aujourd’hui de vieux travailleurs recrutés au cours des années 60, bien souvent pour les charger des travaux les plus pénibles : métiers du bâtiment, viticulture, horticulture, chantiers amiantés etc …

La SNCF avait embauché environ 2 000 Marocains dans les années 1970 dans le cadre d’une convention signée entre la France et le Maroc devant garantir « l’égalité des droits et de traitement avec les nationaux ». Aujourd’hui, 800 chibanis poursuivent la SNCF pour discrimination durant leur carrière. En première instance, le conseil de prud’hommes de Paris avait condamné la SNCF — voir 800 indigènes du rail — mais celle-ci ayant fait appel, l’affaire a été rejugée les 15 et 16 mai 2017. La cour rendra ses jugements fin janvier 2018.

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« La France est aussi un pays d’immigration. C’est le rôle du Musée que d’inscrire cette histoire dans l’Histoire de France. »
Gestion postcoloniale de l'immigration

Inauguration du musée de l’Histoire de l’immigration

Le 15 décembre 2014, le président François Hollande a inauguré le musée de l’Histoire de l’immigration, au Palais de la Porte dorée. L’institution attendait son inauguration officielle depuis 7 ans …

Nommé président du conseil d’orientation du musée en août 2014, Benjamin Stora revient ci-dessous sur ses débuts à la tête de l’institution et sur les défis auxquels il est confronté. L’historien spécialiste de l’Algérie évoque notamment le rôle pédagogique du musée et la nécessité de transmettre l’histoire de l’immigration et de ses apports à la France.

Pour Benjamin Stora, « il faut rappeler l’apport des étrangers à l’Histoire de France, en termes culturel, artistique, esthétique, économique et social ».

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Devant les locaux de l’Adajeti à Toulon (photo Bruno Isolda)
Immigration algérienne en France

Les chibanis ne sont pas des fraudeurs !

Venus travailler pour reconstruire un pays en ruine après la guerre, ou simplement pour participer à une économie en relance, de nombreux étrangers ont traversé la Méditerranée dans les années 60. Et sont finalement restés, continuant leur activité professionnelle. Aujourd’hui, ils sont à la retraite, un repos bien mérité après une vie de contribution à la production de richesses en France. Car bien souvent, ce sont les travaux les plus pénibles qui étaient attribués à ces immigrés : métiers du bâtiment, viticulture, horticulture, chantiers amiantés etc.

Aujourd’hui, ils pensaient pouvoir jouir d’une pension de retraite acquise tout au long de leur carrière. Comme ils le souhaitent. Sans condition. Et pourtant, si, il existe une clause qui permet à la CARSAT (branche retraite) de refuser de distribuer les montants mérités : les Chibanis (« Anciens », en arabe) ont l’obligation de résider au moins 6 mois sur le territoire français pour obtenir ce qu’ils ont mis de côté au fil des prélèvements retenus sur leurs salaires. (Romain Alcaraz, La Marseillaise, 8 juillet 2011)

Alors qu’un rapport parlementaire insiste sur les fraudes sociales, n’y a-t-il pas quelque chose de véritablement indécent dans le comportement de certaines caisses de sécurité sociale vis-à-vis de ces vieux travailleurs ?

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Séverine Labat : « l’imaginaire français n’a pas achevé de se décoloniser »

Après certains responsables du football français, c’est au tour d’un élu de droite de s’en prendre aux binationaux, c’est-à-dire aux ressortissants français qui possèdent la double nationalité.

Claude Goasguen, député de Paris (UMP) et ancien membre du mouvement d’extrême droite Occident, a ainsi avancé l’idée d’une limitation «des droits politiques» des binationaux, jugeant «gênant qu’une personne puisse voter en France et dans un autre Etat». Celui qui est aussi maire du 16° arrondissement a également évoqué la création d’un «registre des binationaux ». Des propos qui ont provoqué la colère de nombreux élus de gauche et qui ont même créé le trouble au sein de la majorité. Retour sur cette affaire avec Séverine Labat, politologue et chercheuse au CNRS.

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Pour une intervention solidaire de l’UE en Méditerranée

Une soixantaine d’organisation lancent un appel à une Europe solidaire :

Alors que des changements politiques majeurs […] sont amorcés au sud de la Méditerranée, les gouvernements et les instances de l’UE se montrent avant tout préoccupés de se protéger contre « les flux migratoires incontrôlables » que pourraient entraîner ces bouleversements. Des experts […] qui n’ont rien vu venir des mouvements politiques en cours, ne craignent pas aujourd’hui d’affirmer que des milliers de migrants risquent de déferler sur les territoires européens. [….]

Il faut cesser de nourrir la peur des populations européennes en brandissant systématiquement le spectre de l’ « invasion ». […]

Nous refusons cet égoïsme criminel. Nous voulons une Europe de la solidarité et de l’accueil.

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Dé-cristallisation : une nouvelle stratégie de spoliation

A la suite d’une décision du Conseil constitutionnel, l’Etat français s’est trouvé dans l’obligation d’abroger avant le 1er janvier 2011 les lois iniques de cristallisation des pensions des anciens combattants et fonctionnaires originaires de l’ex-empire colonial français. Nicolas Sarkozy a annoncé solennellement la décision de mettre fin à la cristallisation le 13 juillet 2010, lors du déjeuner offert aux chefs d’Etat africains pour la commémoration du cinquantenaire des indépendances.

L’article 211 de la loi de finances pour 2011 a permis de procéder formellement à cette décristallisation, mais dans des conditions telles que, selon toute vraisemblance, bien peu de bénéficiaires potentiels pourront voir leur pension rattraper le niveau de celle des Français.

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chibanis.jpg
Immigration algérienne en France

Des Chibanis sous contrôle administratif

Ils sont venus pour travailler et sont finalement restés. Des migrants des années 1960 vieillissent aujourd’hui dans les villes d’Europe occidentale, souvent dans l’isolement et la précarité.

Des associations dénoncent l’acharnement croissant de certaines caisses de retraite, caisses d’allocations familiales et administrations fiscales vis-à-vis des vieux migrants démunis1. Des contrôles discriminatoires et des demandes abusives de certaines caisses de sécurité sociale (CRAM, CAF, MSA) aboutissent à des redressements et des suppressions de prestations insupportables pour des personnes en situation de précarité.
Certes, des dispositions légales prévoient de contrôler la résidence en France des bénéficiaires de la quasi-totalité des prestations sociales. Mais cette condition de résidence ne peut remettre en cause la liberté fondamentale d’aller et venir, qui passe nécessairement par le maintien du droit au séjour et des droits sociaux (protection maladie, minimum vieillesse, logement). Dans ces conditions, les pratiques discriminatoires de contrôle de la résidence et de suspension des prestations pour les vieux migrants n’en apparaissent que plus indécentes.

Sous prétexte de lutte contre la fraude, la chasse aux vieux immigrés pauvres habitant les foyers semble avoir commencé. Un dossier de Nadjia Bouzeghrane, publié dans l’édition du 23 décembre 2010 du quotidien El Watan.

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