Toussaint Louverture, le héros de l’abolition de l’esclavage à Saint-Domingue, aujourd’hui Haïti, est mort le 7 avril 1803, au Fort-de-Joux dans le Doubs où Napoléon Bonaparte l’avait déporté en contradiction avec les promesses qui lui avaient été faites.
Esclave affranchi né vers 1743 à Saint-Domingue, la principale colonie française au XVIIIème siècle (qui deviendra Haïti), près du Cap-Français, l’actuel Cap-Haïtien. Il est devenu général et chef politique de la population de Saint-Domingue qui s’est insurgée pour abolir l’esclavage au début de la Révolution française. Après le déclenchement en août 1791 des révoltes d’esclaves, il a organisé une garde disciplinée qui tranchait avec la désorganisation initiale des insurgés et a adhéré aux idées de la Révolution française.
De 1794 à 1797, il se rallie à la République française, commande la province du Nord et fait partie de la promotion du 23 juillet 1795 qui a permis l’accès de nombreux officiers de couleur au grade de général de brigade dans les armées de la République. Le 3 mai 1797, il est nommé commandant en chef de l’armée de Saint-Domingue.
Le 8 juillet 1801, il proclame une constitution, inspirée de la constitution de l’an VIII, qui le nomme gouverneur à vie. Pour mettre un terme à l’émancipation de Saint-Domingue, le Premier Consul, Napoléon Bonaparte, décide l’envoi d’un corps expéditionnaire qui quitte la France en décembre 1801 avec 17 000 hommes, renforcé entre mars et mai 1802 par 6 000 hommes, et affronte l’armée de Toussaint Louverture forte de 20 000 à 30 000 hommes mais nettement moins bien équipée et armée.
Malgré des pertes importantes, les troupes venues de France sont victorieuses, si bien que le 6 mai 1802, Toussaint Louverture est contraint de capituler. Le 7 juin 1802, en dépit des promesses faites en échange de sa reddition, Toussaint Louverture ainsi qu’une centaine de ses proches est déporté en France. Les promesses qui lui ont été faites quant à sa famille ne sont pas tenues et il est incarcéré à l’isolement au Fort de Joux, près de Pontarlier, où on le laisse croupir en lui faisant subir de nombreuses vexations et brimades.
Il y meurt le 7 avril 1803, d’apoplexie et de pleuro-péripneumonie, dans le climat rigoureux du Doubs, séparé de sa famille, et sans avoir pu connaître la proclamation de l’indépendance d’Haïti le 1er janvier 1804 par son ancien lieutenant, Jean-Jacques Dessalines.
Ci-dessous le discours d’hommage à Toussaint Louverture prononcé le 7 avril 2023 au Panthéon par le président de la Fondation pour la mémoire de l’esclavage (FME), l’ancien premier ministre Jean-Marc Ayrault.
Sommaire :
- En Kanaky, la France renoue avec la pratique coloniale de la déportation
- La promesse oubliée à Toussaint Louverture
- La promesse trahie ou la déportation de Béhanzin
- Abd el-Kader, emprisonné en France en dépit des promesses lors de sa reddition
- En septembre prochain, l’indépendance enfin déclarée ? Par Anne Tristan
- Une répression judiciaire d’une extrême brutalité