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L'atelier sucrier de l'habitation Murat, à Marie-Galante.

Guadeloupe : les séquelles de l’esclavage

Silence, oubli, les Guadeloupéens ont volontairement gommé de leur mémoire deux siècles d'avanies. Pourtant, des traces demeurent, dans les sensibilités, plus que dans les pierres2.
par Benoît Hopquin, Le Monde du 16 août 2006.

Couchée
sur l’Atlantique, Marie-Galante rêve. Elle regarde sans vraiment les
voir les touristes diaphanes qui débarquent sur le port de Grand-Bourg.
Ils ont fait une heure de bateau depuis Pointe-à-Pitre pour se coller à
son sable chaud et manger du poisson avec les doigts. Ils effleureront
paresseusement cette île puis s’en iront, la peau hâlée, une bouteille
de rhum sous le bras.

Combien sauront que ce coin de paradis fut un
enfer, une prison aux barreaux bleus comme la mer ? Marie-Galante, au
recensement de 1790 : 11 500 habitants dont 9 400 esclaves. Difficile
de se douter du drame quand il est occulté par les gens eux-mêmes. Une
chape a été posée sur deux siècles d’avanies durant lesquels des hommes
furent juridiquement ravalés au rang de « biens meubles. »

Si Marie-Galante somnole, traînasse, c’est peut-être qu’elle s’est trop
échinée naguère. Mais elle ne le dira pas, murée dans son secret. Du
triste passé ne restent donc que des signes sous-jacents. Cette manière
de traverser la vie comme un songe, l’esprit en fuite, héritage d’un
temps où il n’y avait rien à espérer de la réalité. Cette conviction
dans les destinées occultes, car comment douter de l’existence de
forces malignes quand on a été arraché à son continent, jeté à fond de
cale et condamné à la servitude héréditaire ?

Le malheur n’a finalement pas été éternel. L’esclavage a été aboli en 1848, à l’initiative notamment de Victor. Par une dernière insanité, les propriétaires ont été indemnisés. Les affranchis n’ont reçu, pour solde de tout compte, qu’un nom de famille. Depuis, les archives
administratives, les arbres généalogiques butent obstinément sur cette
date, comme s’il n’existait pas d’antécédents familiaux.
Paradoxalement, victimes et bourreaux se sont accordés sur ce point.
L’escroquerie intellectuelle aura couru près d’un siècle et demi.

L’HABITATION MURAT

« Les Marie-Galantais ont oublié leur histoire. Ils ne veulent
toujours pas entendre parler de ce qui s’est passé avant.
»
Pierre Cafournet, 52 ans, enrage de cette amnésie collective. Il se
souvient comme d’un bienfaiteur de ce professeur de collège qui avait
brisé le tabou et su exciter sa curiosité. L’élève a voulu en savoir
plus, sans se douter que ce serait la quête d’une vie. Depuis ses 20
ans, l’autodidacte ne cesse de sonder les entrailles nauséeuses de
l’Histoire. Devenu conservateur adjoint de l’habitation Murat, il
témoigne aujourd’hui auprès des visiteurs qui s’aventurent dans l’allée
ombragée, trompeusement paradisiaque, qui conduit à cette demeure.

L'atelier sucrier de l'habitation Murat, à Marie-Galante.
L’atelier sucrier de l’habitation Murat, à Marie-Galante.

Surplombant la mer, à la sortie de Grand-Bourg, l’habitation Murat est l’un des derniers témoins à peu près présentables de l’époque esclavagiste dans toute la Guadeloupe. Quelques investisseurs privés, puis le conseil général ont restauré la maison du propriétaire et le moulin, tiré de la végétation quelques murs, la cheminée de l’ancien atelier où était raffiné le sucre. Ont été également reconstituées, à l’arrière, trois cases, répliques des réduits misérables où l’on entassait le «bois d’ébène».

Mais, là aussi, il faut combler le vide et plus encore
le silence. Pierre Cafournet, depuis vingt ans qu’il fréquente ce lieu,
a repeuplé d’ombres son musée, animé les pierres mortes des vies de
labeur qu’elles enfermaient. Il les voit, ces fantômes dépenaillés,
hommes, femmes, enfants, «pov’ neg» trimant du soir au matin,
et parfois même la nuit au pic de la récolte. Il raconte les mains qui
s’esquintent sur les tiges coupantes comme le rasoir, le moulin qui
broie la canne et parfois le bras de celui qui l’enfourne. Il décrit
les feux d’enfer qu’on alimente sans cesse sous les immenses bassines
où s’extrait le sucre au prix du sang des êtres. « A quarante ans,
un homme était bon pour la casse s’il n’était pas devenu invalide
avant.»

Et puis il y a le maître, Dominique Murat, vieillard entouré de ses
enfants, de ses chiens et de ses esclaves, piteux despote au soir de sa
vie. Venu de Capbreton, le Gascon débarque à Marie-Galante en 1770, à
27 ans. Notaire roué, il profite de la Révolution et de la confiscation
des biens nationaux pour s’établir d’abord dans le café. En 1807, à
l’époque de l’occupation anglaise, il s’approprie un large domaine
sucrier et ses 108 serviteurs. Ce Rastignac des Tropiques se coule sans
état d’âme dans le modèle esclavagiste pour faire prospérer une
exploitation qui compte bientôt plus de 300 asservis. Fier de sa
réussite, il fait construire une demeure cossue de style bordelais,
pompeusement baptisée «château».

« L’habitation était un monde autonome»,
explique Pierre Cafournet. Plus petite que les plantations du sud des
Etats-Unis, elle vit largement repliée sur elle-même. Son organisation
répond à une stricte hiérarchie. En haut, tout en haut, le maître donc,
exploitant, insultant, battant, mutilant, coupant les jarrets ou les
oreilles des fuyards qu’il rattrape. Si puissant et en même temps si
vulnérable, tenaillé par la crainte d’être empoisonné ou victime d’un
sort, redoutant les «quimboiseurs», «jan gagé» et
autres experts en plantes ou en maléfices.

Puis les «esclaves domestiques», employés de maison à sa
dévotion, souvent des mulâtres ou des mulâtresses. Au-dessous, les «nègres à talent», ouvriers qualifiés que leur savoir distingue. Tout en bas de l’échelle, les «esclaves de jardin», bêtes de somme employées aux champs ou à l’atelier, dirigées par un «commandeur», petit blanc ou favori noir. Chaque catégorie a sa valeur marchande, dûment répertoriée dans les actes de vente de l’époque.

Le paillard Murat engrosse à l’occasion quelques esclaves. Il use de
la contrainte mais pas seulement. « Certaines femmes acceptent cette
relation avec l’espoir d’offrir un meilleur avenir à leurs enfants
»,
explique Pierre Cafournet. Le maître donnera leur liberté et même son
nom à certains de ces métis, comme Modeste Murat, qui deviendra caporal
dans l’armée et se mariera avec une Blanche. Pour les esclaves, l’idée
d’une « promotion » sociale n’était donc pas exclue, manière perverse de
les tenir en laisse. Après leur affranchissement, certains «libres
de couleur»
n’ont-ils pas acheté à leur tour des esclaves, preuve
que l’asservissement était autant dans les têtes que sur les corps ?

«L’habitation sucrière est le point de départ de la culture et de
l’organisation sociale antillaises. Elle a fondé notre langue créole et
le reste de notre identité. Cette période a marqué notre inconscient et
façonné notre mentalité
», insiste Pierre Cafournet, furieux que les
siens s’intéressent si peu encore à cette matrice originelle. «
C’est là une forme de pathologie sociale
», s’emporte-t-il.

«NOS ANCÊTRES LES GAULOIS»

On quitte Marie-Galante sur cette saine colère et un dernier coucher de
soleil sur les flamboyants de l’habitation Murat. On revient en
Guadeloupe, à la recherche de nouveaux indices. L’île comptait, avant
la Révolution, 90 000 esclaves sur 100 000 âmes. Elles ont bien dû
laisser quelques traces, ces multitudes. Mais, là encore, la grande
misère mémorielle est criante.

Les «marches des esclaves» à Petit-Canal.
Les «marches des esclaves» à Petit-Canal.

A Petit-Canal, il y a bien les «marches des esclaves». Cet escalier conduisait au marché où, chaque dimanche, l’arrivage tout droit sorti des cales des bateaux était vendu aux propriétaires terriens. A Pointe-à-Pitre se visite également le musée Schoelcher, qui apporte de précieux points de repère. C’est bien peu, malgré tout.

L’oubli est presque total après 1848, souhaité par une population obsédée par son avenir et savamment entretenu par le pouvoir colonial. Le gwo-ka, la musique des esclaves, est ainsi interdit jusqu’en 1960. Les instituteurs de «Maman France» font du détournement d’identité à grands coups de «nos ancêtres les Gaulois».

Les prêches des communistes et les appels désespérés de quelques écrivains ou historiens sonnent largement dans le vide. Même les inoubliables vers du Martiniquais Aimé Césaire, ces suppliques sur «l’homme-famine, l’homme-insulte, l’homme-torture »ne suffisent pas à secouer cette torpeur.

BÉKÉS

Les anciens maîtres tournent la page avec désinvolture. «Pour
eux, l’esclavage est un fait historique. Ils le ressentent avec recul,
n’en éprouvent aucune culpabilité
», explique Henri
Petitjean-Roget.

Descendant d’une famille de «Békés»,
les grands propriétaires blancs de Martinique, l’homme a rompu avec son
milieu et émigré en Guadeloupe il y a vingt-cinq ans. Titulaire d’un
doctorat de préhistoire et d’anthropologie, il occupe les fonctions de
conservateur en chef des musées départementaux. « L’esclavage est de
l’ordre de la psychologie en Guadeloupe et de l’ordre de la société
civile en Martinique
», constate Henri Petitjean-Roget. Les Békés martiniquais ont gardé la mainmise sur l’économie locale et cultivent toujours leur différence, n’acceptant de frayer avec les Noirs que «dans des non-lieux comme la préfecture».

Les Blancs-pays guadeloupéens, eux, ont depuis longtemps perdu le pouvoir. En 1794, lorsque la Révolution a aboli une première fois l’esclavage,
ceux qui protestaient ont été guillotinés ou forcés de fuir. Ils sont
nombreux à ne pas voir le rétablissement de la pratique par Napoléon,
en 1802. L’un après l’autre, les propriétaires ont vendu leurs domaines
à des banques ou à des consortiums restés en métropole. Les descendants
de Dominique Murat abandonnent ainsi la propriété marie-galantaise en
1839, puis disparaissent des archives.

«L’équilibre d’une société passe par la conservation des jalons
de son histoire
, estime Henri Petitjean-Roget. Parler de
l’esclavage est absolument nécessaire sans pour autant tomber dans le
terrorisme intellectuel.
»
L’érudit sort de sa bibliothèque les livres traitant de l’esclavage.
Ils sont surtout anglais ou américains. Ici, on en sait plus sur
Sainte-Lucie ou sur la Louisiane que sur la Guadeloupe.

Et pourtant, tout vient de là. « La société créole est issue d’un
phénomène d’acculturation
»,
explique Henri Petitjean-Roget. De la rencontre violente entre le
maître européen et l’esclave africain ne sont pas seulement restés une
langue magnifique et le goût du carnaval. Le syndicalisme virulent,
parfois outrancier et anti-Blanc de la Guadeloupe est l’héritier direct
des révoltes d’esclaves. Nombre de professeurs métropolitains ont
également connu des retours précipités pour avoir frappé un élève,
réveillant un traumatisme enfoui.

HÉRITAGES

«Nous avons hérité une sensibilité plus grande à tout ce qui
pourrait ressembler à de la discrimination
»,
résume Jacques Adélaïde-Merlande. Cet historien de 73 ans a été l’un
des pionniers de la recherche sur l’esclavage. Il a débuté de manière
confidentielle au début des années 1960. L’homme se souvient ainsi d’un
disque 33-tours sur ce thème qu’il avait enregistré en catimini en
1962. Durant toute sa carrière, il n’a cessé de débusquer les traces de
l’héritage. « Le système esclavagiste ne reposait pas seulement sur
la violence, mais également sur le conditionnement de l’opprimé pour
qu’il accepte son statut. Il en reste quelque chose
»,
explique-t-il.

Un de ses jeunes confrères, Frédéric Régent, 37 ans, professeur à
l’Université des Antilles et de la Guyane, auteur d‘Esclavage,
métissage, liberté
(Grasset), ne dit pas autre chose. « La
période esclavagiste dicte encore nombre de comportements comme notre
problème avec la couleur de la peau.
»
Les maîtres et l’administration coloniale avaient imposé une
classification complexe de la société selon le degré de noirceur de
l’épiderme. Cette segmentation continue de polluer les esprits. En
créole, ne dit-on pas «po chapé» (peau sauvée) quand un enfant
est métissé clair ? Un nouveau-né «bien sorti» aura la peau
plutôt blanche. «De beaux cheveux», ce sont des cheveux lisses
et non crépus.

Les mariages peuvent encore être dictés par un souci de blanchiment. La
couleur de la peau revient de manière obsessionnelle dans la
littérature antillaise. «A moi, il m’aurait suffi que d’un
peu de beauté ou, à défaut, d’une peau claire, qui chez nous fait le
même usage
», écrit la Guadeloupéenne Maryse Condé dans Traversée
de la mangrove
.

Ces non-dits, cet aveuglement collectif, Jean-Luc Romana, 45 ans, ne
les supporte pas : «Les parents ont cru protéger leurs
enfants de la damnation en l’occultant.
[…]
Mais on ne se libère pas aussi facilement du boulet de l’esclavage. Il
en est resté cette sorte d’écho qui nous possède toujours. La seule
manière de faire le deuil, c’est au contraire d’accepter notre
affiliation à ces ancêtres que nous avons négligés.
»

Pour ces oubliés, Jean-Luc Romana et une poignée d’amis ont créé en 2002 une association baptisée « Lanmou ba yo », (Amour pour eux). Le parcours de ses membres est similaire. Ils ont fréquenté les milieux
indépendantistes, puis s’en sont détachés. De politique, leur quête est
devenue identitaire.

Marie-Louise Danchet, 46 ans, la présidente
de Lanmou ba yo, a toujours cherché ses racines. Elle a cru d’abord les
trouver en Afrique. Par militantisme, elle s’était installée au
Sénégal, d’où partaient les navires négriers. Mais elle a déchanté : «J’étais respectée comme Française mais, comme Guadeloupéenne, j’étais méprisée. Les gens me traitaient de fille d’esclave.»
De retour dans son île, Marie-Louise a compris que la réponse était
ici. Aujourd’hui, elle croit l’avoir trouvée, ramenée à la surface
presque métaphoriquement par le vent et la mer, il y a dix ans de cela.

UN PRÉCIEUX CIMETIÈRE

En 1995 puis en 1996, les cyclones Luis et Marylin labourent les côtes de la Guadeloupe. Ils mettent au jour des ossements humains dans l’anse
Sainte-Marguerite, sur la commune du Moule. Les spécialistes accourent.
Parmi eux, Thomas Romon, un métropolitain attaché à l’Institut national
de recherches archéologiques préventives. Les pelles révèlent quelques
sépultures amérindiennes, datant de l’an 1000. Mais d’autres fosses
attirent l’attention. «Les corps n’étaient cette fois pas disposés en position foetale, se souvient Thomas Romon. Ils étaient allongés, la tête à l’ouest. Ce cimetière était clairement d’époque coloniale. »

En dix années de campagne, plus de 300 corps – 200 adultes et 100 enfants – ont été exhumés et stockés au Musée archéologique du Moule. Des sondages et des extrapolations laissent penser qu’un millier de
personnes ont été enterrées là, anonymement.

L’étude des ossements ne laisse guère de doutes à Thomas Romon : «Nous avons très probablement mis au jour un cimetière d’esclaves.» Les dépouilles ont donné de précieuses indications sur les conditions de vie de ceux qui ont été inhumés là. «Les
individus ont pour la plupart moins de 30 ans, mais ont les ossements
de gens de 60 ans. Ils sont sans doute morts de surexploitation : ils
ont tous les marqueurs du stress physique, notamment des problèmes
articulaires. Beaucoup souffrent de caries, voire n’ont plus de dents,
signe de carences alimentaires. On retrouve également de multiples cas
de tuberculose osseuse, ce qui laisse penser que cette maladie était
endémique dans la population.
»

Les esclaves étaient baptisés. La découverte de clous, de restes de croix permet d’imaginer que ces individus ont été enterrés religieusement. Des couples semblent avoir été formés. Des enfants ont été rapprochés de ce qui devait être leur mère. Une pipe, un crucifix taillé dans un os de vache ont également été retrouvés, maigres viatiques pour un au-delà forcément meilleur.

D’autres ossements d’esclaves ont déjà été mis au jour
en Guadeloupe, comme récemment sous la piscine d’un grand hôtel. Mais
un tel cimetière est une découverte capitale. «Nous avons là
une collection presque de référence
», estime Thomas Romon.
Il n’existerait que deux sites comparables, l’un à la Barbade, l’autre
à New York.

Aujourd’hui, Lanmou ba yo aimerait sanctuariser l’endroit. «Il y
a là toutes les pièces à conviction du crime
»,
estime Jean-Luc Romana. En 2005, un prêtre a célébré une messe de
requiem et consacré le lieu. L’association se bat pour que les pouvoirs
publics fassent ici l’espace mémoriel qui manque à l’île. «Il faut que ces deux cent cinquante ans de négation de l’homme soient montrés à
tous, sortent au grand jour
, insiste Jean-Luc Romana : c’est là
qu’est le soubassement tragique de la Guadeloupe.
»

A l’anse Sainte-Marguerite, les morts ne reposent pas en paix. Chaque
week-end, les Guadeloupéens viennent ici pique-niquer et camper, face
au tablier de l’île de la Désirade. L’anse s’en retrouve jonchée de
sacs en plastique, de bouteilles vides et de poubelles dispersées la
nuit par les mangoustes. Informée par Marie-Louise Danchet qu’un
cimetière se trouve sous ses pieds, une femme s’effraie et rameute ses
enfants. «Je ne savais, je suis désolée. Qu’est-ce que je peux faire ?, demande-t-elle. Avoir une pensée pour eux», répond simplement Marie-Louise.

Benoît Hopquin

Louis Delgrès (1766 – 1802)

delgres.jpgEn 1801, cet officier mulatre se rebelle contre Bonaparte, qu’il soupçonne de vouloir rétablir l’esclavage aboli par la Révolution. Pendant plusieurs mois, du côté de Basse-Terre, il mène combat contre des troupes venues de France. Le 28 mai 1802, replié avec deux cents de ses hommes à Matouba, sur les pentes de la Soufrière, il préfère le suicide collectif à la réddition. Il faut lire la déclaration qu’il fit à cette occasion :

«Osons le dire, les maximes de la tyrannie la plus atroce sont surpassées aujourd’hui. Nos anciens tyrans permettaient à un maître d’affranchir son esclave, et tout nous annonce que, dans le siècle de la philosophie, il existe des hommes, malheureusement trop puissants par leur éloignement de l’autorité dont ils émanent, qui ne veulent voir d’hommes noirs ou tirant leur origine de cette couleur, que dans les fers de l’esclavage.»
1

La véritable abolition de l’esclavage attendra 1848.

  1. Extrait de la Proclamation de Louis Delgrès, le 10 mai 1802.
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