Perpignan, Toul, un déni des crimes coloniaux
A Perpignan, le maire répète la propagande colonialiste. Celui de Toul projette d’honorer un symbole de la torture en Algérie. Un Appel interpelle le président de la République.
A Perpignan, le maire répète la propagande colonialiste. Celui de Toul projette d’honorer un symbole de la torture en Algérie. Un Appel interpelle le président de la République.
L’Association des Pieds Noirs Progressistes et leurs Amis (ANPNA) tient les 14 et 15 octobre 2023 son assemblée générale à Perpignan, où, à l’opposé, la mairie RN célèbre l’Algérie française et les criminels de l’OAS. Dans le texte ci-dessous, l’un de ses animateurs, Jacques Pradel, rappelle que c’est dans cette même ville qu’en 2008 cette association fut créée, dans le but de s’opposer aux organisations de Pieds Noirs nostalgériques fondées par les chefs de l’OAS après leur amnistie dans les années 1960 et qui s’étaient imposées comme la voix unique des « rapatriés d’Algérie ». Il présente également les activités de l’ANPNA, dans les sphères de la culture, de l’histoire et de la mémoire et de l’éducation.
Le 29 octobre 2022 se sont rassemblés à Perpignan des opposants à la décision du conseil municipal d’extrême droite d’attribuer le nom de Pierre Sergent à une esplanade de la ville. Celui-ci a été l’un des organisateurs du putsch militaire d’avril 1961 à Alger, puis s’est embarqué pour Marseille le 1er juin 1961 pour installer en France l’OAS-Métropole, une branche de l’Organisation armée secrète, mouvement terroriste qui, au nom de la lutte contre l’indépendance de l’Algérie, tourna contre la République les armes qu’il en avait reçues et commit des milliers d’attentats causant quelque 2 700 morts en Algérie et en France. Sergent a été condamné à mort en 1962 par la justice d’un pays qu’il a combattu. Les manifestants ont inauguré symboliquement une esplanade Maurice Audin, membre du parti communiste algérien qui avait rejoint en 1955 la guerre d’indépendance algérienne, assassiné en 1957 par des militaires français.
Depuis plusieurs années, le 7 juin, anniversaire de l’exécution en 1962, de deux des quatre membres de l’OAS condamnés à mort et exécutés, des nostalgiques de l’ancienne entreprise terroriste appellent à leur rendre hommage dans les cimetières de Perpignan et du Touvet. Cette année encore, cet hommage a été interdit par le préfet des Pyrénées-Orientales qui a accédé à la demande du Collectif pour une histoire franco-algérienne non falsifiée, en interdisant « tout rassemblement aux abords du cimetière » de Perpignan.
Il n’en a pas été de même le 9 juin dernier au Touvet (Isère), où la maire (PS), en l’absence d’arrêté préfectoral, s’est contentée de fermer l’accès au cimetière et d’en confier la clé à un responsable du groupement de gendarmerie de Meylan ; ce dernier a filtré les entrées, ne laissant passer que des soutiens de l’OAS. Un hommage a ainsi pu être rendu, sous la protection des forces de l’ordre, à Claude Piegts l’un des assassins du commissaire central d’Alger, Roger Gavoury.
Les valeurs de la République ont été plus gravement bafouées le 7 juin avec l’inauguration à Aix-en-Provence d’une nouvelle stèle sur le modèle de celles de Perpignan et de Marignane, par la maire (UMP – Droite populaire) Maryse Joissains, par René Andrès président du Collectif aixois des rapatriés, et par l’ancien maire PS Jean-François Picheral. Cette cérémonie scandaleuse a provoqué l’indignation de nombreux Aixois.
Quand donc ces sortes de tumeurs cesseront-elles de se multiplier dans le Midi méditerranéen ? Les responsables politiques vont-ils enfin prendre conscience des dégâts commis dans la société française par la complaisance qu’ils continuent à manifester envers ces nostalgiques de la France coloniale dans ses aspects les plus violents ?
Les monuments les plus significatifs rendant hommage à l’OAS … sans oublier le rond-point Bigeard d’Aix en Provence et, bientôt, celui de Banyuls.