Perpignan, Toul, un déni des crimes coloniaux
A Perpignan, le maire répète la propagande colonialiste. Celui de Toul projette d’honorer un symbole de la torture en Algérie. Un Appel interpelle le président de la République.
A Perpignan, le maire répète la propagande colonialiste. Celui de Toul projette d’honorer un symbole de la torture en Algérie. Un Appel interpelle le président de la République.
« Je révise avec toi » : c’est l’intitulé d’une de ces chaînes Youtube qui prétendent aider les élèves dans l’apprentissage de l’histoire. Celle-ci, destinée aux écoliers et collégiens, est particulièrement problématique. Réviser l’histoire avec elle peut s’entendre ici dans le sens de révisionnisme. Le Comité de vigilance sur les usages publics de l’histoire (CVUH) analyse ici deux de ses nombreuses vidéos, consacrées l’une à l’histoire coloniale de la France, l’autre aux Croisades. Dans les deux cas, s’étale un roman national digne des manuels scolaires du XIXe siècle, à mille lieux de la connaissance historique contemporaine, bourré d’erreurs factuelles, d’anachronismes et de biais politiques nationalistes et islamophobes. L’association PHDN (Pratique de l’Histoire et Dévoiements Négationnistes) a également dénoncé sur son compte Twitter une vidéo de la même chaîne sur la Seconde Guerre Mondiale, qu’elle qualifie de négationniste. Une enquête de Libération a montré les liens étroits entre l’association productrice de ces vidéos et l’extrême droite la plus radicale.
En bonne place dans les kiosques à journaux, on trouve depuis peu un nouveau titre de revue, « Spécial Histoire », dont la couverture est remplie de couleurs et de titres tapageurs. Les partisans de la réhabilitation des politiques coloniales doivent être bien à la peine pour publier sur papier glacé un document si affligeant, qui collectionne les erreurs les plus grossières dans des articles dont aucun auteur n’assume la paternité. Une « fake news » ? Non, ceux qui ont du temps à perdre pourront le vérifier. Alain Ruscio, historien spécialiste de l’histoire coloniale, ne résiste pas à dire quelques vérités à son sujet.
L’historien Jean-Pierre Chrétien, directeur de recherche émérite, après une carrière universitaire d’enseignant-chercheur, est un spécialiste de l’Afrique orientale, en particulier la région des Grands Lacs. Parmi ses nombreuses publications – voir la bibliographie – citons le livre L’Afrique des Grands Lacs. Deux mille ans d’histoire (éditions Aubier/Flammarion). Il a édité des ouvrages collectifs sur l’ethnicité, les religions, les rapports entre mémoire et histoire en Afrique, et il publie régulièrement des articles sur les problèmes de l’Afrique contemporaine dans les revues Esprit et Politique africaine. Il été témoin-expert à Arusha auprès du parquet du Tribunal pénal international pour le Rwanda dans le « procès des médias » en 2002.
Cet article est la version développée d’un texte qui paraîtra fin septembre 2010 dans le n° 151 de Hommes & Libertés, revue trimestrielle de la Ligue des droits de l’Homme (ce numéro comportera notamment un dossier sur la santé). 1
La LDH apporte son soutien à Karoline Postel-Vinay chercheuse du CERI, qui a “osé” mettre en cause le soutien apporté par le Quai d’Orsay à une fondation franco-japonaise, compte tenu de ses positions douteuses. Où le dépôt d’une plainte apparemment abusive pour “diffamation” semble instrumentalisé pour détourner l’attention du fond du problème soulevé.
Alors que le débat se développe en France sur le « négationnisme colonial » 2,
des articles récents attirent l’attention sur quelques autres exemples de « négationnisme historique ».
[Page mise à jour le 15 mai 2005]
POINT DE VUE paru dans Le Monde daté du 2 février 2005.
Olivier Le Cour Grandmaison enseigne à l’université d’Evry-Val-d’Essonne et au Collège international de philosophie.
Vous trouverez ci-dessous, à la suite de son article, une présentation de son dernier ouvrage Coloniser – Exterminer -Sur la guerre et l’État colonial.