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Édition du 1er au 15 décembre 2024

Livre

La société française au temps des colonies

« Batouala » de René Maran (1921),
le premier Prix Goncourt critique de la colonisation

Au moment où le Prix Goncourt a été décerné en 2021 au jeune écrivain sénégalais Mohamed Mbougar Sarr, il convient de rappeler qu’un siècle plus tôt, c’est à l’écrivain Guyanais né à Fort-de-France, René Maran, qu’il est revenu en 1921, pour son roman Batouala, sous-titré « véritable roman nègre ». C’est la préface du livre qui est la plus accusatrice du colonialisme en Afrique : « Civilisation, civilisation, orgueil des Européens, et leur charnier d’innocents […], tu es la force qui prime le droit. Tu n’es pas un flambeau, mais un incendie. Tout ce à quoi tu touches, tu le consumes. […] C’est à redresser tout ce que l’administration désigne sous l’euphémisme d’“errements“ que je vous convie. La lutte sera serrée. Vous allez affronter des négriers. […] À l’œuvre donc, et sans plus attendre. La France le veut ! ».

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Histoire et mémoire des anticolonialismes

Un livre restitue le rôle du PSU,
le seul parti qui a organisé
une manifestation après le 17 octobre 1961

La désinformation et l’oubli du 17 octobre 1961 a abouti à ce que les quelques rassemblements de protestation qui ont été organisés peu après dans les rues de Paris ont été chassés de la mémoire collective. Les organisateurs d’un colloque pour le 40ème anniversaire, en 2001, ont même affirmé qu’il n’y en avait eu aucune. Ce qui avait provoqué les protestations du président de la Ligue des droits de l’homme à l’époque, Henri Leclerc, qui, en 1961, avait participé à la principale d’entre elles, la manifestation organisée par le PSU dont il était membre. A l’initiative de l’Institut Tribune socialiste, un ouvrage est paru en 2021 pour tenter de réparer cet oubli tenace.

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Ecrire et enseigner l'histoire coloniale

En retraçant son parcours,
Catherine Coquery-Vidrovitch
souligne l’importance d’enseigner l’histoire
de l’Afrique

Catherine Coquery-Vidrovitch est une pionnière dans le domaine de l’histoire de l’Afrique. Elle n’avait aucune connaissance de ce continent quand, passionnée par l’histoire, elle s’est orientée vers cet objet d’étude. Mais son enfance clandestine de fillette juive née dans une famille assimilée de longue date dans la société française, qu’elle relate d’abord, avec pudeur et émotion, dans ce livre, l’a conduite a éprouver de l’empathie pour un continent dont les habitants sont l’objet eux aussi de racisme dans le regard des Européens. A partir des années 1960, elle a publié de nombreux livres décrivant la dure réalité de la colonisation française et ses effets toujours actuels.

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Le 17 octobre 1961

Un roman inédit,
« Le visage de pierre » de William Gardner Smith,
par un Afro-américain présent à Paris
lors du 17 octobre 1961

Comme les écrivains Chester Himes, James Baldwin et Richard Wright, ou les artistes Josephine Baker, Sidney Bechet et Beauford Delaney qui se sont installés à Paris entre les deux guerres mondiales, le journaliste et romancier William Gardner Smith a choisi de vivre à Paris en 1951. La ville offrait un refuge pour les Afro-américains qui fuyaient la ségrégation et les discriminations dans la société américaine. Après avoir été témoin de la situation des Algériens en France et de la répression du 17 octobre 1961, Il a écrit le roman The Stone face, son seul roman se déroulant à Paris, Mais, contrairement à ses autres livres, The Stone Face n’avait jamais été traduit en français. Réédité aux Etats-Unis en 2020 avec une préface d’Adam Shatz dont nous reproduisons la traduction, il est publié pour la première fois en français en 2021 par les éditions Christian Bourgois.

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La société française au temps des colonies

Hommage à Paray-le-Monial
à un dénonciateur de la colonisation
et de l’esclavage au XVIIème siècle

La section de la Ligue des droits de l’homme de Paray-le-Monial, en Bourgogne, est née en 2014 de la volonté d’une dizaine de citoyens de défendre localement les principes de la République mis à mal par les activités d’intégristes catholiques qui déforment l’histoire locale et tournent le dos à l’univers humaniste qui a marqué la vie de la cité pendant une partie du XVIIème siècle. Elle a organisé une commémoration de Pierre Moreau (1621-1661) qui avait dénoncé la colonisation et l’esclavage au milieu du XVIIème siècle. L’oubli de cet humaniste précurseur des droits de l’homme est lié au fait qu’un récit catholique intégriste a exclu de la mémoire de la ville à la fois la présence protestante, les moments de paix entre les religions du XVIème au XVIIIème siècle et la violence des persécutions qui y ont mis fin.

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Immigrations

« Un rêve, deux rives »
par Nadia Henni-Moulaï

Dans son nouveau livre, Un rêve, deux rives, la journaliste et écrivaine Nadia Henni-Moulaï revient sur la trajectoire de son père, engagé dans les groupes de choc de la Fédération de France du Front de libération nationale (FLN) durant la guerre d’indépendance algérienne, mais qui lui a peu parlé de cette époque de sa vie. Elle a dû mener ses propres recherches pour essayer de la reconstituer. Elle évoque aussi dans ce roman ce que fut sa propre enfance dans une cité française. Comme l’écrit l’autrice de ce récit aux évidentes qualités littéraires, « ce roman d’un homme de main du FLN, Algérien libre, violent, ouvrier ordinaire, père torturé et époux coriace, charrie toute la complexité de l’Histoire ».

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Le 17 octobre 1961

« Paris 1961. Les Algériens,
la terreur d’Etat et la mémoire »,
par Jim House et Neil MacMaster

Paris 1961. Les Algériens, la terreur d’Etat et la mémoire est une somme historique de référence sur la répression meurtrière du 17 octobre 1961. Publié en anglais en 2006, traduit en français en 2008, ce livre des historiens britanniques Jim House et Neil MacMaster est réédité en livre de poche le 16 septembre 2021, à l’occasion du 60eme anniversaire du massacre. Il comprend une nouvelle introduction et une postface inédite de l’historien algérien Mohammed Harbi. Ci-dessous un texte des deux auteurs à l’occasion de la première édition de leur livre lors d’un colloque à l’ENS de Lyon où ils font le point, en 2006, sur la recherche au sujet de cet événement majeur et qui n’est pas encore complètement analysé.

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Le 17 octobre 1961

Publication de « Ici on noya les Algériens »
par Fabrice Riceputi

Ici on noya les Algériens de Fabrice Riceputi, paru le 2 septembre 2021, est la première d’une série de publications annoncées à l’occasion du soixantième anniversaire du massacre des Algériens à Paris le 17 octobre 1961. Ce livre est la réédition revue et corrigée de La bataille d’Einaudi. Comment la mémoire du 17 octobre 1961 revint à la République (préface de Gilles Manceron) paru en 2015. Il raconte le combat mené par le « citoyen chercheur » Jean-Luc Einaudi pour la connaissance historique et la reconnaissance politique de cet événement majeur de l’histoire de l’immigration et de la France. Ci-dessous un extrait de la préface inédite d’Edwy Plene, une recension par la romancière Dominique Manotti, ainsi qu’un entretien avec Fabrice Riceputi réalisé par Hassina Mechaï pour le site MiddleEastEye.

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La société française face à l'héritage de son passé colonial

« Comme nous existons»,
un livre de Kaoutar Harchi

Comme nous existons (Actes Sud) est le récit poétique et littéraire très fort d’une jeunesse postcoloniale en France dans les années 1990 et 2000. D’une enfance dans le quartier de l’Elsau à Strasbourg jusqu’à la révolte des quartiers populaires de 2005 consécutive à la mort de Zyed et Bouna, la sociologue et romancière Kaoutar Harchi conte la prise de conscience par une enfant d’immigrés marocains du processus de racialisation dont elle est l’objet. Et comment « les jeunes filles et jeunes garçons identifiés comme musulmans, que nous le soyons ou pas d’ailleurs – étions perçus à l’aube des années 2000 comme un problème ». Ci-dessous un extrait proposé par l’éditeur, deux des nombreux entretiens que l’autrice a donnés sur ce livre, ainsi qu’une tribune dans laquelle elle défend une approche intersectionnelle pour un vrai universalisme.

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La société française au temps des colonies

La Rochelle : une exposition sur
l’esclavage, illustrations et caricatures,
1750-1850

En montrant une centaine de gravures réalisées et diffusées à l’époque de l’esclavage colonial, cette exposition réalisée sous la direction de Marcel Dorigny, spécialiste de l’histoire de l’esclavage dans les colonies françaises au 18e siècle, offre un panorama des regards sur l’esclavage qui témoignent de la diffusion et de la persistance en Europe des stéréotypes raciaux à une période où l’esclavage de masse s’est développé dans les « îles à sucre » et en Amérique. Elle donne aussi à voir les violentes controverses qui ont profondément divisé les opinions publiques face à cette pratique de l’esclavage des populations africaines dans les colonies européennes. A partir des collections de gravures, souvent inédites, conservées dans plusieurs pays.

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Musées et créations contemporaines

“Des hommes »
un film de Lucas Belvaux
inspiré du livre de Laurent Mauvignier

Comme le montre l’interview croisé – dont nous reprenons des extraits – réalisé par le journaliste de Politis Christophe Kantcheff réunissant l’historienne Raphaëlle Branche, autrice du livre Papa, qu’as-tu fait en Algérie ?, et le cinéaste Lucas Belvaux, qui a adapté le roman Des hommes de Laurent Mauvignier, ce film tout en faisant apparaître les traumatismes laissés chez les appelés par les horreurs de la guerre d’Algérie, montre aussi qu’ils y ont survécu différemment selon leurs personnalités et aussi leurs relations familiales. Plutôt que de parler du silence des appelés après la fin du conflit, l’historienne comme le cinéaste préfèrent souligner les « demi-dire » d’hommes que, bien souvent, leur environnement n’a pas souhaité entendre.

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La reconnaissance du passé colonial

“L’invention de l’Afrique”,
par Valentin-Yves Mudimbe
un classique enfin traduit en français

C’est un ouvrage pionnier lors de sa parution 1988 aux Etats-Unis, devenu un classique des études africaines et décoloniales. L’Invention de l’Afrique est souvent comparé à L’Orientalisme, l’Orient créé par l’Occident (1978) d’Eward Saïd. Philosophe, poète et romancier congolais exilé aux Etats-Unis, Valentin-Yves Mudimbe y enquête sur les fondements du discours colonial présentant l’Afrique comme un monde primitif et hors de l’histoire. Comme le souligne un article du Monde que nous publions ici, cette traduction parait aux éditions Présence africaine alors qu’est engagé en France un débat sur ce qu’est ou ce que peut être une « pensée décoloniale». Ci dessous aussi, une émission que lui a consacré « La grande table » de France Culture.

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