
Un roman important : « Le pain des Français » de Xavier Le Clerc
Nous avons déja signalé dans notre précédente édition la parution chez Gallimard en mars 2025 du roman de Xavier Le Clerc, Le pain des Français. Nous revenons sur ce livre important
Nous avons déja signalé dans notre précédente édition la parution chez Gallimard en mars 2025 du roman de Xavier Le Clerc, Le pain des Français. Nous revenons sur ce livre important
Présentation de l’éditeur Vous apprendrez ainsi… comment a été financée la construction de l’actuel palais de l’Élysée en 1720 ; qu’une statue inaugurée en 2022 évoque les exactions commises aux
Les Cahiers d’histoire. Revue d’histoire critique a publié en ligne en 2023, dans son numéro 157, un dossier intitulé « La Françafrique, un colonialisme français ». On peut y lire les contributions de Tiémoko Diallo, Catherine Coquery-Vidrovitch, François Graner, Armelle Mabon, Alain Gabet et Sébastien Jahan. De ce dossier entièrement en libre accès, nous publions ici le sommaire et le texte introductif. Celui-ci revient notamment sur l’histoire du concept de Françafrique comme système de domination postcoloniale spécifiquement français, popularisé en 1998 par François-Xavier Verschave, et sur son insertion dans le champ académique et dans le débat public. Question pertinente, alors que les relations entre la France et ses anciennes colonies d’Afrique sont au centre de l’actualité.
Publié il y a deux ans, L’Empire qui ne veut pas mourir. Une histoire de la Françafrique, le livre référence sur les relations entre la France et le continent africain depuis la Seconde Guerre mondiale, sort en version poche aux éditions Points. François Gèze avait fait pour notre site une recension minutieuse et enthousiaste « de ce livre qui marque un saut d’envergure dans nos connaissances de ce passé trop méconnu et des traces profondes qui en subsistent aujourd’hui ». Afrique XXI publie des extraits de la postface de cette nouvelle édition, ainsi s’un encadré ajouté par les auteurs visant à actualiser leur réflexion après le coup d’État du 26 juillet 2023 au Niger. Celle-ci tord le cou à certaines idées reçues qui ont récemment ressurgi dans la classe politique et les media français à la suite des coups d’Etat au Mali, au Burkina-Fasso, au Niger et au Gabon.
Dans un essai issu de sa thèse, publié en septembre 2023 aux éditions du CNRS et intitulé « Races guerrières. Enquête sur une catégorie impériale (1850-1918) », l’historienne Stéphanie Soubrier déconstruit le mythe tenace selon lequel auraient existé chez les colonisés des « races » biologiquement et culturellement plus aptes que d’autres à faire la guerre. Elle y montre que « les officiers français, qui s’improvisaient ethnologues pour souligner la vigueur physique des Toucouleurs ou la docilité des Bambaras recrutés au Sénégal depuis la fin des années 1850, étaient en réalité parfaitement incapables de distinguer des populations qui, au vrai, ne répondaient à aucun critère univoque de délimitation ». Comme le résume André Loez dans sa recension dans Le Monde, en réalité les « races guerrières » étaient celles qui faisaient la guerre sous l’uniforme français. A son article, nous ajoutons un lien vers un riche entretien avec l’autrice dans le podcast Paroles d’histoire.
Le Centre tricontinental (Cetri), fondé en 1976 et basé en Belgique, est un centre d’étude, de publication et de formation sur le développement, les rapports Nord-Sud et les enjeux de la mondialisation en Afrique, en Asie et en Amérique latine. Il publie notamment aux éditions Syllepse la revue « Alternative Sud » qui vise « à faire connaître des points de vue critiques de chercheurs militants du Sud sur les enjeux du développement et de la mondialisation ». Son dernier numéro, intitulé « Anticolonialisme(s). Points de vue du Sud » est consacré à l’histoire et à l’actualité des luttes anticoloniales dans la monde. Nous en publions la présentation, le sommaire, ainsi qu’une présentation du Cetri.
Les éditions La Fabrique publient le 15 septembre 2023 Oublier Camus, par Olivier Gloag. Ce dernier y relève « l’attachement viscéral de Camus au colonialisme et au mode de vie des colons qui traverse ses trois romans majeurs, L’Étranger, La Peste et Le Premier Homme » et analyse les « récupérations » d’un auteur mythifié, autant « attaché aux acquis sociaux du Front populaire qu’à la présence française en Algérie ». Dans un article publié en juillet 2023 par Orient XXI, la journaliste et chercheuse en littérature Sarra Grira voit dans son dernier roman inachevé, Le Premier homme, « une vision mythologique de la conquête coloniale, qui relève de l’imaginaire réactionnaire ». Après d’autres lectures de certaines œuvres de cet écrivain, nous reviendrons sur les débats qu’elles suscitent.
Pierre Bourdieu fit son service militaire dans l’Algérie en guerre, notamment dans le service de propagande de Robert Lacoste, en pleine « bataille d’Alger », puis y enseigna à Alger. L’importance de ce séjour de 1955 à 1958 dans son œuvre – on a pu parler d’une « matrice algérienne » de celle-ci – est l’objet d’une « enquête » dans un très riche récit graphique de Pascal Génot et Olivier Thomas, publié en septembre 2023 aux éditions Steinkis. Nous présentons également deux autres livres publiés sur la question en 2022 : Pierre Bourdieu en Algérie (1956-1961). Témoignages, par Tassadit Yacine, aux éditions du Croquant, et Combattre en sociologue. Pierre Bourdieu et Abdelmalek Sayad dans une guerre de libération (Algérie, 1958-1964), par Amin Perez, aux éditions Agone.
Les éditions du Seuil publient le 15 septembre 2023 un volumineux ouvrage collectif qui réunit plus de 250 chercheurs et chercheuses issus du monde entier pour un état actuel des connaissances sur notre histoire coloniale. Dirigé par Pierre Singaravélou et intitulé Colonisations. Notre histoire, il met « à notre disposition une connaissance profondément renouvelée de la domination coloniale, de ses formes parfois surprenantes, de ses effets dévastateurs, de ses limites longtemps ignorées, ainsi que de ses rémanences actuelles ». On lira ici, d’ores et déjà, la présentation de l’éditeur que nous compléterons par d’autres réactions.
Que dire de plus sur L’Étranger d’Albert Camus sinon paraphrase ou commentaire de commentaire ? Bon connaisseur de la vie et l’œuvre de Camus, Christian Phéline relève le défi dans son récent essai, « L’Étranger en trois questions restées obscures » (Pézenas, Éditions Domens, 2023). Il questionne trois angles morts de ce récit, autour du personnage de Meursault, l’assassin. Pour reprendre ses mots, il aborde « ce qui touche, tour à tour, au lieu du meurtre, au mouvement intérieur qui y mène son auteur, et à la sanction qui lui est apportée ». Dans un dialogue avec le journaliste algérien Faris Lounis, dont nous avons déjà publié une tribune réfutant l’idée que Camus fut un partisan de l’Algérie française suivie d’un texte de Christian Phéline sur ce point.
Dans L’invention du colonialisme vert. Pour en finir avec le mythe de l’Éden africain, paru chez Flammarion en 2020 et réédité en poche en 2022, l’historien Guillaume Blanc rappelle les origines coloniales du mythe d’une nature africaine vierge. Il montre comment ce dernier se perpétue à travers l’Afrique aujourd’hui, à l’initiative de l’Unesco et de puissantes ONG, dans une politique qui exclut et criminalise les populations autochtones des parcs naturels. Il pointe ainsi « les contradictions des pays développés qui détruisent chez eux la nature qu’ils croient protéger là-bas ». On trouvera ci-dessous la présentation de l’éditeur, la vidéo d’un entretien avec l’auteur ainsi qu’une recension de son livre publiée par En attendant Nadeau
Le chercheur Alain Policar, spécialiste des réflexions sur le racisme, a publié en mars 2023 chez Textuel La haine de l’antiracisme. Il y montre comment un marqueur classique de l’extrême droite raciste, l’hostilité à l’antiracisme, a été recyclé à la fin des années 1990 par des personnalités venues de la gauche et passées au national-républicanisme, et qui occupent aujourd’hui une position dominante dans les media où ils manient des concepts inventés comme repoussoirs tels « wokisme » ou « islamo-gauchisme ». Nous publions la présentation de cet ouvrage par l’éditeur, le lien vers le « grand entretien » qu’il a donné à Edwy Plenel pour Mediapart, ainsi que l’interview qu’il a accordé à L’Humanité, tout en signalant ci-dessous que nous n’en partageons pas une phrase contenant une accusation inexacte et en précisant notre position à ce sujet.