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Jean-Pierre Chrétien

Les Archives coloniales belges en danger

Des motivations peut-être financières, des calculs administratifs liés aux subtilités de la politique fédérale en Belgique et, au final, un certain mépris pour l’histoire de l’Afrique, risquent de conduire à une disparition de fait des Archives africaines de Bruxelles, qui, avec un personnel limité, mais très compétent, ont réservé, depuis des années, un accueil efficace à de nombreux chercheurs belges, européens, américains et africains.

Si ces fonds sont intégrés aux Archives générales du royaume, comme il en est question, le risque est grand de voir fortement diminuer leur accessibilité. A une époque où les débats sur l’histoire coloniale restent vifs, le recours aux archives reste un garant de rigueur, de sérieux et d’approfondissement. C’est pourquoi des historiens du monde entier se sont émus de cette information et appuient l’initiative prise par leur collègue belge Léon Saur et leur collègue française Christine Deslaurier, qui, en liaison avec d’autres habitués de ce remarquable centre d’archives, diffusent le texte ci-joint.

Jean-Pierre Chrétien

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Rwanda, cette histoire qu’on ne veut pas voir

Dans une tribune publiée dans Libération le 27 juillet dernier, un collectif d’historiens, dont les travaux sur les grandes crises du XXe siècle sont internationalement reconnus, stigmatise la persistance d’une « véritable entreprise de dissimulation des faits » concernant le génocide des Tutsi du Rwanda en 1994. « Tout se passe comme si, en haut lieu, certains s’acharnaient à cautionner et à prolonger les erreurs politiques et militaires de 1994, en relativisant la nature du génocide », contredisant le nécessaire « travail de vérité sur la logique qui a produit ces tueries de masse. » Ils déplorent à la fois l’absence de fait de la France lors des commémorations du 20e anniversaire et le manque de respect à l’égard de la recherche scientifique en ce domaine.

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Rwanda

Rwanda : la commémoration doit se prolonger dans un travail de vérité

À la suite de son intervention, lors de la commémoration à l’UNESCO du 20e anniversaire du génocide des Tutsi du Rwanda (Paris, 7 avril 2014), nous reprenons un entretien avec Jean-Pierre Chrétien au cours duquel l’historien évoque le livre qu’il vient de publier avec Marcel Kabanda, Rwanda, Racisme et Génocide, l’idéologie hamitique.

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France-Rwanda : ouvrir les archives pour établir la vérité

La France et le Rwanda restent séparés par l’un des pires drames du XXe siècle : le massacre de plus de 800 000 personnes, en très grande majorité des Tutsis mais également des Hutus modérés, par leurs voisins Hutus. Le 5 avril dernier, le président rwandais, Paul Kagamé, a formulé des accusations très graves : dans une interview à l’hebdomadaire Jeune Afrique, il a dénoncé un rôle direct de la France « dans la préparation politique du génocide » et dans « son exécution ».

La France doit se montrer capable d’affronter cette page sombre de son histoire. Depuis vingt ans, un effort de vérité a déjà été réalisé mais il reste insuffisant. Il faut permettre aux chercheurs d’éclairer les zones d’ombre et à la justice de poursuivre d’éventuels coupables. C’est au nom des droits de l’Homme et de la vision qu’elle a d’elle-même que la France doit participer à cette œuvre de réconciliation.

À la suite de l’éditorial du Monde de ce jour, nous reprenons deux documents de l’époque.

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Rwanda

Rwanda, racisme et génocide, l’idéologie hamitique, par J.-P. Chrétien et M. Kabanda

Le génocide des Tutsi du Rwanda en 1994 est emblématique de la catastrophe qui a frappé toute l’Afrique des Grands Lacs depuis une vingtaine d’années. Il n’a été le fruit ni d’une fureur conjoncturelle, ni d’une fatalité ethnographique ou biologique, mais il est le produit très moderne d’une option extrémiste, jouant du racisme comme arme de contrôle du pouvoir. En effet, cette mise en condition de tout un pays aurait été impossible sans l’inscription durable dans la culture de cette région d’Afrique d’une idéologie racialiste, discriminant, sous les étiquettes hutu et tutsi, des autochtones et des envahisseurs, le «vrai peuple» rwandais majoritaire et une «race de féodaux ».

Ce livre décrypte la construction de cette idéologie, trop méconnue, qui oppose les «vrais Africains» à des «faux nègres », ceux qu’on a appelés les Hamites depuis les années 1860 dans la littérature africaniste. Cette maturation se situe à la fois en Europe, dans l’histoire de l’anthropologie, et en Afrique, dans la logique des politiques coloniales, et elle se joue sur deux siècles, donc bien en amont de la crise des années 1990, et jusqu’à aujourd’hui. Le schéma racial dit « hamitique » est né de la même matrice intellectuelle que celui opposant Aryens et Sémites, qui a embrasé l’Europe dans les années 1930-19401.

[Mis en ligne le 2 octobre 2013, mis à jour le 12 février 2014]

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Une victoire pour la liberté d’expression des chercheurs : confirmation de la relaxe de J.-P. Chrétien et J.-F. Dupaquier

Deux spécialistes reconnus de l’histoire rwandaise, l’historien Jean-Pierre Chrétien et Jean-François Dupaquier, journaliste et écrivain, témoins-experts auprès du Tribunal pénal international pour le Rwanda en 2002, étaient poursuivis pour diffamation par un ancien ambassadeur du Rwanda en France de 1990 à 1994, qui leur reprochait d’avoir critiqué, dans un courrier privé, ses propos et écrits sur le génocide des Tutsi en 1994, en particulier sa thèse d’un « double génocide ». La Cour d’appel de Rouen a confirmé le 2 mai 2013 la relaxe prononcée en février 2012 par le tribunal correctionnel.

Plusieurs associations dont la Ligue des droits de l’Homme avaient dénoncé ce qu’elles considèrent comme une tentative d’intimidation et apporté leur soutien aux deux chercheurs. Cette victoire est celle de la vérité, de la justice et de la liberté.

Vous trouverez sur ce site :

[Première mise en ligne le 25 octobre 2011, mise à jour le 30 mai 2013]

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Photos de disparus au mémorial Gisozi de Kigali [source : Reuters]
Légiférer sur l'histoire ?

Le droit à la recherche sur les génocides et sur les négationnismes, par Jean-Pierre Chrétien

L’adoption, le 23 janvier dernier, de la loi “visant à réprimer la contestation de l’existence des génocides reconnus par la loi” ne met pas un terme aux controverses sur ce sujet. Dans le texte repris ci-dessous, publié le 17 janvier sur le site du Comité de vigilance face aux usages publics de l’Histoire (CVUH), Jean-Pierre Chrétien, historien spécialiste reconnu de l’histoire de l’Afrique des Grands lacs, inquiet du caractère superficiel de nombreux commentaires suscités par cette loi, rappelle la gravité spécifique de la question des génocides, souligne la virulence en France d’un courant déniant la réalité du génocide des Tutsi rwandais en 1994 et demande que soit garanti « le droit de qualifier un négationnisme contre les harcèlements judiciaires, tout en refusant la pénalisation juridique de celui-ci. » Il conclut : « Ces débats ne doivent pas se régler dans des prétoires. »

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“La guerre civile au Rwanda : enjeux politiques et imaginaires ethniques”, par Jean-Pierre Chrétien

L’historien Jean-Pierre Chrétien et Jean-François Dupaquier, journaliste et écrivain, auteurs de Rwanda. Les médias du génocide et témoins-experts auprès du Tribunal pénal international pour le Rwanda en 2002, sont l’objet de poursuite pour diffamation de la part d’un ancien ambassadeur du Rwanda en France.
La lecture du texte de la conférence donnée par Jean-Pierre Chrétien le 10 janvier 2006 à la Bibliothèque nationale de France, dans un cycle consacré aux « Guerres civiles », permettra de mesurer la distance qui sépare le travail des historiens des calculs politiciens et d’apprécier à sa juste valeur cette “tentative d’intimidation”.

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Jean-Pierre Chrétien : «Le génocide du Rwanda : un négationnisme structurel»

L’historien Jean-Pierre Chrétien, directeur de recherche émérite, après une carrière universitaire d’enseignant-chercheur, est un spécialiste de l’Afrique orientale, en particulier la région des Grands Lacs. Parmi ses nombreuses publications – voir la bibliographie – citons le livre L’Afrique des Grands Lacs. Deux mille ans d’histoire (éditions Aubier/Flammarion). Il a édité des ouvrages collectifs sur l’ethnicité, les religions, les rapports entre mémoire et histoire en Afrique, et il publie régulièrement des articles sur les problèmes de l’Afrique contemporaine dans les revues Esprit et Politique africaine. Il été témoin-expert à Arusha auprès du parquet du Tribunal pénal international pour le Rwanda dans le « procès des médias » en 2002.

Cet article est la version développée d’un texte qui paraîtra fin septembre 2010 dans le n° 151 de Hommes & Libertés, revue trimestrielle de la Ligue des droits de l’Homme (ce numéro comportera notamment un dossier sur la santé). 2

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Rwanda

Décès d’Alison Des Forges, historienne et militante

Alison Des Forges est décédée le 12 février 2009 dans le crash d’un avion à Buffalo. Un coup très dur pour la cause des droits de l’Homme dans la région des Grands Lacs, en particulier au Burundi et au Rwanda.

«Triste fin de journée. C’était la militante rigoureuse et déterminée que tout le monde connaît. Elle n’a jamais mégoté sur la réalité du génocide de 1994, tout en étant toujours soucieuse de cerner la vérité. Elle est le contraire d’une idéologue. […]

«J’ajouterai surtout que c’est une grande historienne du Rwanda. Il faudrait éditer sa thèse sur Musinga en hommage à ce travail remarquable. Elle a sacrifié son travail de recherche pour la défense des droits humains. Qui le regrettera ? »

Jean-Pierre Chrétien
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Génocide au Rwanda en 1994 : l’impardonnable retard des poursuites judiciaires

« Avant de parler de “repentance ”, il s’agit tout simplement de reconnaître des faits, de réfléchir sans langue de bois, d’accepter les questions et les enquêtes transparentes, au lieu de répéter, la main sur le cœur, qu’on avait fait le meilleur choix possible, celui d’une politique préventive qui aurait échoué face à une barbarie africaine et que, si c’était à refaire, on recommencerait. »

Jean- Pierre Chrétien & Jean-François Dupaquier

[Mise en ligne le 6 avril 07, mise à jour le
28 mars 2008]

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