Le récit d’Yves Courrière
Cet article, consacré aux événements du 26 mars 1962 à Alger, fait suite à celui qui évoque la situation dans cette ville pendant la semaine qui a suivi les accords d’Evian du 18 mars 1962. Il reprend les pages 572 à 581 du quatrième tome, intitulé Les feux du désespoir, de La Guerre d’Algérie d’Yves Courrière (éd Fayard, 1971). Nous avons également repris les trois photos localisant des fusils mitrailleurs OAS, extraites du rapport secret “Renseignements judiciaires et militaires” établi au lendemain du 26 mars 1962, et la Une de La Dépêche d’Algérie du lendemain faisant état d’un premier bilan des victimes.
Dans un point de vue publié sur ce site, Jean-Pierre Gonon, avocat algérois qui avait dû quitter l’Algérie en 1959 pour se réfugier à Paris, confirme le récit d’Yves Courrière en rapportant le témoignage de son père. Celui-ci a vu distinctement, depuis l’appartement familial situé au 59 de la rue d’Isly, sur le toit de l’immeuble d’en face, au 64 de la rue d’Isly, sur lequel se trouvait le « journal lumineux » bien connu des Algérois, un fusil mitrailleur ouvrir le feu. Pour lui, les civils tués le 26 mars 1962 à Alger suite aux tirs de l’armée française sont des victimes de l’OAS.
«Les organisateurs de la manifestation avaient voulu l’épreuve de force. En lançant délibérément la foule contre les barrages militaires, ils couraient le risque de les voir balayés et de pouvoir gagner Bab-el-Oued, victorieux. Ils couraient également celui de voir la troupe réagir et, sachant la présence de leurs partisans armés dans les immeubles avoisinants, de provoquer le drame. Ils avaient acculé l’armée “à prendre ses responsabilités”, espérant jusqu’au bout la voir basculer. Ils étaient fixés. Plus de cinquante morts innocents payaient leur aveuglement.»
(Yves Courrière)