4 000 articles et documents

Édition du 15 décembre 2024 au 1er janvier 2025

Françafrique

La Françafrique

« Les faux-semblants
du duo Mbembe-Macron »,
par le journaliste camerounais Roger Esso-Evina

Le récent ralliement de l’historien et politologue camerounais Achille Mbembé aux initiatives africaines du président Macron a surpris, venant d’un intellectuel connu jusqu’alors pour être des plus sévères à l’égard de ce dernier et de la Françafrique. Il déclarait par exemple en 2017 : « Africains, il n’y a rien à attendre de la France que nous ne puissions nous offrir à nous-mêmes. » En 2020, dans une tribune publiée par Le Monde, il annoncait prôner à présent « un nouveau réalisme » pour « une nouvelle transition » à l’exemple de « celle engagée par le général de Gaulle en 1944 ». La revue en ligne Afrique XXI publie une tribune en trois volets du Camerounais Roger Esso-Evina, dans laquelle ce dernier analyse de ce qui apparaît comme un revirement. Nous en publions ici la première partie.

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Sénégal

Léopold Sédar Senghor,
un personnage ambivalent
de l’histoire coloniale et postcoloniale

L’homme politique et écrivain Léopold Sédar Senghor (1906 – 2001), figure ambivalente de l’histoire coloniale et postcoloniale, est l’objet en 2023 d’une exposition au Musée du Quai Branly (Senghor et les arts. Réinventer l’universel, jusqu’au 19 novembre), ainsi que d’une biographie par Elara Bertho (Senghor, PUF, 2023). La revue Afrique XXI lui a consacré en 2021 une série de deux articles, intitulée Senghor, derrière le mythe. Dans le premier, que nous publions ici, Khadim Ndiaye montre qu’il fut un ardent défenseur du système imaginé à Paris dans les années 1950 pour perpétuer la domination coloniale. Dans le second, à lire sur Afrique XXI, Florian Bobin rappelle qu’il est devenu après 1960 un président autoritaire dont la police pratiquait la torture.

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La Françafrique

La francophonie, un dispositif néocolonial,
par Khadim Ndiaye

En marge du 38e Sommet de la francophonie à Djerba, Tunisie, les 19 et 20 novembre 2022, Emmanuel Macron a déclaré que le français était « la vraie langue universelle du continent africain ». Il eut aussi cette autre phrase étonnante : « La francophonie, c’est la langue du panafricanisme ». Après la revue Afrique XXI, nous publions ici un chapitre de l’ouvrage collectif L’Empire qui ne veut pas mourir. Une histoire de la Françafrique (2021), déjà présenté sur notre site. L’historien Khadim Ndiaye y raconte l’histoire d’une francophonie dont De Gaulle prévoyait qu’elle serait « le relais de la colonisation » et qui est effectivement conçue, depuis le lendemain des indépendances, comme l’élément clé d’un soft power néocolonial français en Afrique.

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Afrique subsaharienne et océan Indien

« Le mirage sahélien »,
par Rémi Carayol

En 2013, François Hollande a lancé au Mali une opération qui s’achève en fiasco militaire et politique. Le journaliste indépendant et spécialiste du Sahel Rémi Carayol publie en janvier 2022 à La Découverte Le mirage sahélien. La France en guerre en Afrique. Serval, Barkhane et après ?. Il conclut que « sous couvert de la lutte contre la “barbarie”, la France a renié les principes qu’elle prétend défendre sur la scène internationale ». Nous publions la présentation de l’éditeur, un extrait du premier chapitre et l’émission « A l’air libre » de Mediapart avec l’auteur et la politiste Niagalé Bagayoko.

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Emmanuel Macron et les crimes du colonialisme

La France va-t-elle enfin reconnaître
la guerre coloniale du Cameroun ?

En visite officielle au Cameroun les 25 et 26 juillet 2022, Emmanuel Macron a rencontré Paul Biya, au pouvoir depuis quarante ans. La veille, il avait été interpellé par un collectif international afin qu’il reconnaisse officiellement la guerre coloniale menée par la France au Cameroun dans les années 1950 et 1960. Le président français a évoqué cet épisode tout en évitant de se prononcer, préférant annoncer la constitution d’une commission d’historiens destinée à « faire la lumière », à laquelle seraient ouvertes « toutes les archives ». Ci-dessous la tribune collective publiée par Le Monde réclamant une reconnaissance officielle, ainsi qu’une vidéo de TV5 Monde dans laquelle Thomas Deltombe souligne que les faits sont déjà solidement établis et regrette que les archives ne soient pas ouvertes à tous.

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Afrique subsaharienne et océan Indien

Lourdes condamnations
dans le procès de l’assassinat
de Thomas Sankara
et de ses compagnons

Trente-quatre ans après l’assassinat de Thomas Sankara, ancien président du Burkina Faso, tué avec douze de ses compagnons lors d’un coup d’Etat en 1987, le tribunal militaire de Ouagadougou a condamné, par contumace, le 6 avril 2022, Blaise Compaoré, son successeur et ancien ami, exilé en Côte d’Ivoire depuis sa chute en 2014, à la prison à perpétuité pour avoir commandité le meurtre de Sankara, alors âgé de 37 ans. Bruno Jaffré, historien de la révolution du Burkina Faso (1983-1987), militant associatif, membre de Survie, ingénieur de recherche dans une grande entreprise, ancien professeur de mathématiques, revient sur ce procès qui s’est terminé par un lourd verdict pour les principaux accusés, un procès exemplaire compte tenu des nombreux obstacles pour en éviter la tenue. Mais l’affaire n’est pas terminée. L’enquête sur le volet international se poursuit qui va se heurter en France au secret défense.

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La guerre du Mali (depuis 2013)

Aux origines de Barkhane
Maréchal (Lyautey), nous voilà !

La nouvelle revue d’information indépendante en ligne Afrique XXI, au contenu déjà très riche, a récemment publié une série d’articles intitulés « Aux origines coloniales de Barkhane ». Elle montre que cette opération militaire française dans le Sahel a réveillé « de vieux fantasmes que l’on pensait enterrés depuis la fin de l’ère coloniale. L’armée de Terre, qui a façonné une partie de sa légende dans cette bande aride à la fin du XIXe siècle et au début du XXe, a convoqué ses anciennes gloires, dépoussiéré ses vieilles cartes et recyclé certaines de ses méthodes passées. » Nous publions ci-dessous le quatrième et dernier épisode de cette série, consacré à une référence coloniale majeure des stratèges militaires français aujourd’hui : Hubert Lyautey (1854-1934).

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La Françafrique

Une somme incontournable
sur la construction de la Françafrique,
par François Gèze

L’Empire qui ne veut pas mourir. Une histoire de la Françafrique : ce livre collectif monumental a été dirigé par Thomas Borrel, Amzat Boukari-Yabara, Benoît Collombat et Thomas Deltombe. Publié en octobre 2021 par les éditions du Seuil, il propose au grand public une vision passionnante de l’histoire coloniale et postcoloniale de la France en Afrique, extrêmement bien documentée. Il montre en particulier comment Jacques Foccart, secrétaire général aux affaires africaines et malgaches de 1960 à 1974, a exercé la mission reçue de De Gaulle d’« assurer, en Afrique subsaharienne, une transition vers des “indépendances” favorables aux intérêts français ». De ce livre qui marque un saut d’envergure dans nos connaissances de ce passé trop méconnu et des traces profondes qui en subsistent aujourd’hui, François Gèze propose ici une recension détaillée.

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Cameroun

La France et la guerre au Cameroun (1957-1963)

Noël Mamère, député EELV de Gironde, vient de demander au ministre des Affaires étrangères, « s’il confirme que la France a bien mené une guerre au Cameroun entre 1957 et 1963, comme l’écrivent les responsables militaires français de l’époque eux-mêmes ».

Nous saurons dans les semaines qui viennent si Alain Juppé adopte une attitude un peu plus ouverte à la recherche de la vérité historique que celle exprimée par François Fillon. Lors de son séjour à Yaoundé en 2009, le Premier ministre français avait balayé d’un revers de main la question de la responsabilité française dans la mort de nationalistes Camerounais, préférant n’y voir qu’une « pure invention ».

Le pouvoir en France et au Cameroun, où l’héritier de l’indépendance confisquée, Paul Biya, postule pour un nouveau septennat en octobre prochain, semble toujours refuser de voir cette histoire en face. La vérité autour de cette guerre secrète, menée par la France pendant des années contre les indépendantistes camerounais de l’Union des populations du Cameroun, sera-t-elle un jour officiellement reconnue ?

Pour Gilles Manceron, «plus de cinquante ans après la pseudo-indépendance accordée au Cameroun, cette histoire [doit] être revisitée».

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Cameroun

“Kamerun ! une guerre cachée aux origines de la Françafrique, 1948-1971”

De 1955 à 1962, la France a livré une guerre totale aux indépendantistes camerounais. Une véritable guerre qui a fait des dizaines de milliers de morts, à 5 000 km de la métropole, loin des regards d’une opinion fascinée par les événements d’Algérie. Une guerre qui s’inscrit dans la lignée des pires conflits coloniaux1.

Aujourd’hui encore, peu de Français savent que leur armée fut engagée pendant sept ans au Cameroun, pour éradiquer l’UPC, un mouvement rebelle. Une guerre que les autorités françaises persistent à nier, envers et contre tout. En visite à Yaoundé le 22 mai 2009, François Fillon, interrogé sur cette guerre, avait même osé affirmer : « Je dénie absolument que des forces françaises aient participé en quoi que ce soit à des assassinats au Cameroun, tout cela c’est de la pure invention »2. En 750 pages, les trois auteurs mettent en pièce ce déni d’histoire. Le site associé au livre publiera progressivement des documents d’archives inédits, des extraits d’interviews de témoins et de responsables, politiques et militaires, camerounais et français, de cette guerre.

A la suite de la présentation du livre, vous trouverez ci-dessous deux des sept parties constituant l’introduction : «Aux origines du système néocolonial français en Afrique» et «La France contre le
Kamerun».

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