Les faux-semblants du duo Mbembe-Macron
Tribune (1/3)
par Roger Esso-Evina, publié dans Afrique XXI, le 28 juin 2023.
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Comment Achille Mbembe, qui clamait en 2017 que les Africains n’avaient « rien à attendre de la France », a-t-il pu devenir, quatre ans plus tard, l’ambassadeur de la politique africaine d’Emmanuel Macron ? Dans une tribune déclinée en trois parties, Roger Esso-Evina propose de décrypter les faux-semblants de cette collaboration inattendue.
En 2010, alors que la célébration du cinquantenaire des « indépendances chacha » bat son plein sur le continent, Achille Mbembe, qui vient de publier aux éditions La Découverte Sortir de la grande nuit, essai sur l’Afrique décolonisée, tient ce langage : « L’Europe n’est plus notre obsession, oublier la France peut être un point de départ pour imaginer quelque chose de différent. Pourquoi restons-nous enfermés dans cette impasse ? »1 En novembre 2017, quelques heures avant le fameux « discours de Ouagadougou » du président Emmanuel Macron, il persiste et signe avec Felwine Sarr une tribune au vitriol dont le titre retentissant résonne encore aujourd’hui comme un mot d’ordre : « Africains, il n’y a rien à attendre de la France que nous ne puissions nous offrir à nous-mêmes. »2 C’est donc fort logiquement que l’on a été sidéré de découvrir plus tard dans une chronique de sa plume qui fera polémique au Cameroun3, le « nouveau réalisme » qu’il prêche dorénavant et qui consiste, « pour la France comme pour ses alliés occidentaux », « …[à] organiser une nouvelle “grande transition” », « à l’exemple du général de Gaulle en 1944 ».
Comment comprendre ce retournement spectaculaire du discours de l’un des penseurs les plus brillants et les plus féconds de notre temps ? Comment comprendre qu’une pensée de l’émancipation puisse déboucher sur l’apologie de la domination ? Comment comprendre que l’ambition visant à libérer les esprits de l’emprise de la « Bête » se solde par la décision de servir « la République et sa Bête »4 ?
L’heure des propositions
Achille Mbembe s’en est expliqué à plusieurs reprises et de plusieurs manières à travers la médiasphère. Une des raisons qu’il a avancées est la suivante : « Pour accompagner ce processus, […] le président voulait quelqu’un […] capable de dresser des constats nouveaux parce qu’il en faut, mais aussi de passer de la critique à des propositions, car c’est de cela que nous avons le plus besoin en ce moment »5. La critique ne serait donc plus à l’ordre du jour ; l’heure, désormais, est aux propositions.
Des treize propositions que contient le rapport au titre programmatique : Les nouvelles relations Afrique-France : relever ensemble les défis de demain (désormais NRAF), qu’il a remis au président Macron en réponse à la lettre de mission que ce dernier lui avait adressée le 8 février 2021, la plus forte et la plus emblématique est sans doute la toute première, qui porte sur la création d’un « Fonds d’innovation pour la démocratie »6. Un an après l’annonce de sa création, à Montpellier, le « Fonds », qui s’est mué entre-temps en « Fondation de l’innovation pour la démocratie », a été lancé le 6 octobre 2022 à Johannesburg (Afrique du Sud) ; lancement aussitôt suivi par un cycle de forums organisés successivement à Johannesburg, à Yaoundé (Cameroun) et récemment à Alger (Algérie), autour du projet « Notre Futur – Dialogues Afrique-Europe ».
Le moment nous paraît donc opportun de revenir, à l’effet de la réévaluer, sur cette offre particulièrement clivante. L’arraisonnement auquel nous la soumettons ici vise, autant que faire se peut, à mieux cerner le repositionnement d’Achille Mbembe dans son rapport à l’ancienne puissance coloniale.
Confusion des genres
La « démocratie », en Afrique, est un véritable serpent de mer ; ou, si l’on veut, une sorte d’arlésienne qui, au moins depuis le simulacre des « indépendances », n’a pas fini de troubler le sommeil de ces « hommes forts » qui trônent ad vitam aeternam à la tête des « États fragiles ». Signe, d’une part, d’une réelle « demande de démocratie », et, d’autre part, d’une forte résistance de l’autocratie. Cette situation paradoxale a conduit des responsables politiques et militaires, des diplomates et des observateurs à penser qu’il y aurait chez les Africains comme une sorte d’addiction à un autoritarisme atavique qui rendrait impossible la « greffe » de la démocratie en Afrique. L’échec répété des expériences qui, à travers le continent, s’essaient à importer le modèle de la démocratie libérale occidentale a achevé d’assigner les Africains dans le camp des peuples voués à la « servitude volontaire », incapables de se gouverner par et pour eux-mêmes.
Dans ce contexte dominé par le paradigme de l’importation et/ou reproduction d’un modèle à l’horizon asymptotique, référer la démocratie à l’innovation, tel que s’y attelle Achille Mbembe à travers sa proposition phare, constitue tout à la fois une rupture dans l’approche du concept et une avancée considérable dans le combat pour l’émergence de la démocratie en Afrique. Car se trouve ainsi inversé, sinon renversé, le processus de démocratisation qui ne se réalise plus selon le schéma « top-down », mais « bottom-up » : la démocratie, sous ce prisme, ne se construit plus à partir du haut, mais depuis le bas ; elle ne se décrète plus au sein des institutions qui ne fonctionnent que pour elles-mêmes, elle se sécrète, selon une dynamique écosystémique, dans le quotidien des populations.
Par contre, lier « l’innovation démocratique » en Afrique à un « Fonds » à la provenance questionnable a de quoi éveiller le soupçon quant à l’agenda qui se cacherait derrière cette proposition. Il y est clairement énoncé que : « Pour éviter la “confusion des genres”, la gestion de ce Fonds ne devrait pas être confiée au ministère de l’Europe et des Affaires étrangères. Il devra avoir une gouvernance autonome et pourra être hébergé au sein de l’Agence française de développement. » Si mobiliser des fonds pour promouvoir la démocratie en Afrique peut s’avérer nécessaire – encore que la France n’a pas eu besoin d’un « fonds grec » par exemple, ou d’une quelconque aide pour construire sa démocratie –, l’hébergement de ce fonds « au sein de l’Agence française de développement », ainsi que l’a proposé Achille Mbembe7 est à tout le moins problématique : on ne résout pas, loin s’en faut, le problème de la « confusion des genres » que l’on voudrait éviter simplement en transférant la gestion des fonds du ministère vers l’agence : on ne fait que le déplacer. Car, en l’espèce, on ne fait, ni plus ni moins, qu’appliquer le principe de subsidiarité.
« Je t’aide, moi non plus »
Qu’est-ce, en effet, que l’Agence française de développement ? Il n’est nullement fait mystère de sa mission qui est celle d’un établissement public national, consistant, dans le cas d’espèce, en la mise en œuvre de la politique française en matière d’aide publique au développement. Placée sous la double tutelle du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères et de celui de l’Économie et des Finances, qui, conjointement, en assurent l’encadrement stratégique, elle est un instrument privilégié par lequel s’exerce l’influence française à travers le monde et singulièrement en Afrique. À cet égard, « une gouvernance autonome » en ce qui concerne la gestion de ce Fonds semble illusoire.
Illusoire de jure, cela l’est aussi de facto. En effet, pendant qu’Achille Mbembe, dans sa mission de bons offices pour renouer le fil du dialogue entre l’Afrique et la France, milite, aux côtés de Rémy Rioux, le directeur général de l’Agence française de développement, « pour une diplomatie des vivants »8 qui, tout à l’opposé de la diplomatie économique axée sur l’influence et l’intérêt, cherche à « construire ensemble […] des formes de relation entre toutes les unités du vivant », Emmanuel Macron, lui, président « jupitérien » de la République française, hausse et durcit le ton, exaspéré par le « sentiment antifrançais » qui grandit à mesure que se réduit comme peau de chagrin l’influence française en Afrique. Sans ambages, il a engagé les ambassadeurs de France, réunis en conférence début septembre 2022 à Paris, à « assumer une stratégie d’influence et de rayonnement de la France ».
Peut-être va-t-il falloir ressusciter Esope pour qu’il nous conte la fable de l’agneau qui croit pouvoir faire entendre raison à un loup tout entier « ventre affamé » et aux abois, qui fait feu de tout bois, pour parvenir à ses fins. « Je t’aide, moi non plus » semble être le registre dans lequel évoluerait le duo Mbembe-Macron. Plus sérieusement, c’est le sous-titre de l’ouvrage de Philippe Marchesin intitulé La politique française de coopération9, dans lequel, faisant œuvre de déconstruction de ladite politique, il pointe la « schizophrénie » qui la caractérise, et qui consiste à vouloir faire cohabiter comme chien et chat, « solidarité » et « intérêt ».
La contrepartie de l’aide publique
Sauf à changer de République, sous la Ve, la politique africaine de la France, ou plus exactement la « politique françafricaine », ne peut se faire autrement que ne l’a voulu le général de Gaulle, qui en a défini la doctrine discernable dans ces mots que lui attribue Philippe Marchesin dans son ouvrage déjà cité : « Tous les pays sous-développés qui hier dépendaient de nous et qui sont aujourd’hui nos amis préférés demandent notre aide et notre concours. Mais cette aide et ce concours, pourquoi les donnerions-nous si cela ne vaut pas la peine ? » Et, comme pour bien se faire entendre, il dira encore ceci : « Il n’y a pas de coopération si ce que nous apportons ne comporte aucune contrepartie. »
Tous ceux des présidents de la Ve République qui ont cru, si l’on s’en tient à leurs déclarations d’intention, pouvoir changer ce paradigme ont dû manger leur chapeau. Dans l’euphorie de leur élection, chacun y est allé de son discours sur la « rupture » avec la politique françafricaine : en 2007, à Dakar, Nicolas Sarkozy déclarait vouloir « en finir avec 50 ans de Françafrique » ; plus péremptoire, François Hollande, en 2012, ira jusqu’à affirmer que « le temps de la Françafrique est révolu » ; en 2017, à Ouagadougou, dans un numéro d’illusionnisme, Emmanuel Macron va déclarer : « Il n’y a plus de politique africaine de la France. » Et, comme il fallait s’y attendre, à tous les coups et très rapidement, tout cela a « fait pschitt ! »
Plus que tout autre, le cas d’Emmanuel Macron, qui s’est illustré dans l’antiphrase, est symptomatique de la résilience de la politique françafricaine. Un moment de vérité a été celui du syndrome du « troisième mandat » – cette floraison des « coups d’État constitutionnels » consistant à lever le « verrou des mandats ». La géométrie variable du positionnement du président français a trouvé là matière à s’appliquer : si en Guinée-Conakry la fourberie d’Alpha Condé a provoqué l’ire de Paris, en Côte d’Ivoire, la forfaiture d’Alassane Ouattara est passée comme une lettre à la poste : le soutien très appuyé de l’ex-directeur général adjoint du FMI à la volonté élyséenne de tout changer dans le franc CFA pour que rien ne change était sur la balance et valait bien son pesant d’or.
Un autre moment de vérité aura été la résurgence des coups d’État militaires. Si au Mali le colonel Assimi Goita s’est attiré les foudres du président « jupitérien », au Tchad, Mahamat Idriss Déby, le fils du défunt président-maréchal, a lui reçu l’onction de l’Élysée : la sécurisation de l’accès aux ressources énergétiques et stratégiques, ainsi que la sécurité de la France et de l’Europe terrorisées à l’idée que la vague djihadiste qui monte au Sahel ne vienne échouer à leur porte, priment sur le droit des peuples africains à choisir librement leurs dirigeants. Aussi ne fallait-il surtout pas contrarier l’opération Barkhane dont le Tchad servait alors de base, et qui, de surcroît, contribue au maintien du statut de la France comme « la plus grande des puissances moyennes ».
Cibler les esprits
Le prix qu’Emmanuel Macron attache ainsi à la « stratégie d’influence et du rayonnement de la France » – trop souvent au mépris des valeurs que prône la « patrie des droits de l’homme » – n’est en fait qu’un indicateur de la tendance actuelle de la projection de la puissance. En effet, la grammaire de la puissance a changé, et l’influence en est le mot clé et la « règle d’or » ; elle est la nouvelle « norme géopolitique », la nouvelle forme que revêtent les guerres de ce XXIe siècle ; et, n’étant pas suffisamment armées pour mener à bien cette guerre d’un autre type, l’Europe et singulièrement la France accusent un retard préjudiciable.
C’est du moins la thèse que soutient Frédéric Charillon dans son livre Guerres d’influence. Les États à la conquête des esprits, publié en janvier 2022 aux éditions Odile Jacob. La nouveauté dans la conduite de cette guerre réside dans le ciblage des esprits – ceux des jeunes notamment –, qui, pour l’occasion, tiennent lieu de théâtre des opérations. En dépit des efforts de Frédéric Charillon pour ennoblir et légitimer le concept, l’influence reste et demeure un exercice de domination qui, pour atteindre son objectif, doit cacher son agenda. Elle consiste, sans coercition, à « faire faire ou faire ne pas faire », à amener insidieusement un acteur à changer de comportement ou d’opinion. Elle est, en somme, l’autre nom de la manipulation.
Pour bien entrer dans l’intelligence de la « stratégie d’influence et du rayonnement de la France » si chère à Emmanuel Macron, il faut s’immerger dans un document particulièrement édifiant, publié en décembre 2021 par le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères sous le titre : « Feuille de route de l’influence ». Ce document, est-il précisé dans l’avant-propos que signe l’ex-ministre Jean-Yves Le Drian, « trace un plan d’action pour les années à venir. Il décline, en dix lignes de force, l’aggiornamento auquel nous [la France] devons procéder afin de ne pas nous laisser distancer et de gagner des positions nouvelles ». En quoi consiste précisément cet « aggiornamento » ? Nous proposons ci-après, en guise de morceaux choisis, deux extraits de ce document-programme susceptibles d’éclairer notre lanterne.
En effet, il ne s’agit plus seulement d’être craint, ni même seulement d’être crédible. Il s’agit aussi d’être aimé et d’attirer à soi. Et ce, quel que soit le chemin pour y parvenir : cinéma, musique, bourses pour les étudiants, prêts aux pays en développement, expertise technique, etc.
« Etc. » ? C’est justement à cette enseigne qu’est logée la « Fondation de l’innovation pour la démocratie ». Car, n’en déplaise à Achille Mbembe, elle entre de plain-pied dans la « stratégie d’influence et du rayonnement de la France ». On passera toujours à côté de ce que la « Fondation de l’innovation pour la démocratie » veut dire si on ne l’articule pas au contexte qui lui donne sens et à la genèse qui l’institue. En effet, au commencement était la parole jupitérienne d’Emmanuel Macron déclinée et déclamée sous les espèces du « discours de Ouagadougou » ; lequel discours était dicté par la « perte de l’influence française » sur le continent noir corrélée à la montée du « sentiment antifrançais ». Partant de là, tout un dispositif s’est mis en place, dont la « Fondation de l’innovation pour la démocratie » n’est qu’un élément parmi d’autres : la « Saison Africa2020 », la restitution du patrimoine culturel africain, le rapport Duclert, le Sommet Afrique-France de Montpellier, le cycle de forums « Notre Futur – Dialogues Afrique-Europe », etc.10.
Autre morceau choisi de la « Feuille de route de l’influence », plus explicite encore :
L’expression de la puissance n’a plus aujourd’hui de bornes, et tout est bon à prendre et à faire valoir, dès lors qu’il peut en résulter un surcroît d’influence. Là où l’exercice de la contrainte par la force n’est pas (plus ?) toujours la seule voie, la diplomatie d’influence prend le relais, par la conviction, la séduction, voire la manipulation.
Tout commentaire, après ce que nous venons de lire, est superflu.
« Il n’y a plus de soft power, il n’y a plus que du hard »11. Telle est de nos jours la dure réalité des relations internationales que décrit la « Feuille de route de l’influence ». Y est également et très clairement affichée la détermination de la diplomatie française à se réapproprier les armes d’intoxication massive et les méthodes très peu ragoûtantes qu’elle a toujours décriées chez l’ennemi. Le verrou du scrupule et de la norme qui ont souvent inhibé les démocraties libérales est désormais levé. Les « guerres d’influence » marquent aussi l’entrée dans l’ère de la « post-vérité » où tous les « coups » sont permis.
- Valérie Marin la Meslée, « Achille Mbembé : “Oublier la France peut être un point de départ pour imaginer quelque chose de différent” », Le Point, 25/10/2010.
- Le Monde, 27/11/2017.
- « Les États voyous d’Afrique centrale sont les derniers avatars de la Françafrique », Le Monde, 04/03/2020.
- « La République et sa Bête : à propos des émeutes dans les banlieues de France » est le titre complet d’un article d’Achille Mbembe publié en 2005 et disponible dans la revue en ligne africultures.com.
- Malick Diawara, « Achille Mbembe : “Le système est condamné pour de bon, il faut en sortir” », Le Point, 27/04/2021.
- Toutes les fois que sera évoqué le « Fonds » ou la « Fondation de l’innovation pour la démocratie » en tant que proposition, se référer aux NRAF, p. 114.
- NDLR : La proposition de Mbembe n’a pas été suivie puisque l’AFD n’héberge pas ce fonds, dont le siège se situe à l’Université du Witwatersrand, en Afrique du Sud.
- Dialogue entre Achille Mbembe et Rémy Rioux publié le 28 mars 2022 sur le site de l’AFP à l’occasion de la parution aux éditions Actes Sud de Pour un monde en commun. Regards croisés entre l’Afrique et l’Europe, livre à trois voix dans lequel les deux hommes s’entretiennent avec
- Philippe Marchesin, La politique française de coopération. Je t’aide, moi non plus, L’Harmattan, 2021.
- Le dispositif, au sens foucaldien du terme, est, en substance, un ensemble hétérogène de dits aussi bien que de non-dits, mis en réseau et déclinés en discours, institutions, aménagements architecturaux, lois et règlements, in Michel Foucault, Dits et écrits, vol. III, Gallimard, 1977, p. 299. Poursuivant la réflexion initiée par Michel Foucault, le philosophe italien Giorgio Agamben renchérit en des termes on ne peut plus clairs : « J’appelle dispositif tout ce qui a, d’une manière ou d’une autre, la capacité de capturer, d’orienter, de déterminer, d’intercepter, de modeler, de contrôler, et d’assurer les gestes, les conduites, les opinions et les discours des êtres vivants », in Giorgio Agamben, Qu’est-ce qu’un dispositif ?, Payot-Rivages, 2007, p. 31.
- Jean-Yves Le Drian, « Discours à la Conférence des ambassadeurs et des ambassadrices », août 2019.