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Édition du 15 novembre au 1er décembre 2024

Enfumades des grottes du Dahra (19 juin 1845)

La reconnaissance des crimes coloniaux 1830-1962

A propos de la statue de Bugeaud
sur la façade du Louvre
et de l’avenue portant son nom à Paris,
la bataille s’invite aux élections régionales

Le 18 juin 1845, le colonel Pélissier, appliquant les instructions données à ses officiers par le général Bugeaud, a asphyxié délibérément les populations civiles des Ouled Riah. Hommes, femmes, enfants et vieillards s’étaient réfugiés dans les grottes de Dahra, non loin de Mostaganem. La France doit-elle continuer à présenter une statue de Bugeaud sur la façade du musée du Louvre qui reçoit des millions de visiteurs venus du monde entier ? D’autant que cet adversaire de la République a commandé des répressions contre le peuple de Paris. Lors de l’insurrection parisienne d’avril 1834, il commandait la brigade dont les soldats se sont livrés au massacre de la rue Transnonain. Julien Bayou, candidat d’union au second tour à l’élection régionale du 27 juin 2021 en Ile-de-France, a répondu clairement par la négative.

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Les crânes d'Algériens au Musée de l'homme

Le retour attendu des martyrs des Zaatcha

L’universitaire, chroniqueur et écrivain algérien Brahim Senouci avait lancé en 2016 une pétition pour la restitution par la France des crânes des résistants algériens du XIXe siècle conservés honteusement dans les réserves du Musée de l’homme, à Paris. Il se félicite de ce que le président français Emmanuel Macron ait annoncé le 6 décembre 2017, à l’occasion d’un bref voyage en Algérie, qu’ils allaient être restitués. Tout en regrettant que les autorités algériennes aient peu fait pour faire avancer ce dossier : sur les 30 000 signatures recueillies, la majorité sont venues de France. Ce qui souligne selon lui la gravité de la crise morale que traverse son pays.

Brahim Senouci est professeur de sciences physiques à l’université de Cergy-Pontoise.

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Ces ossements humains gisent sous terre depuis exactement 166 ans (© Aziz)
De 2007 à 2012

Alain Juppé et les grottes du Dahra

«Il faut regarder notre passé commun en face» a déclaré Alain Juppé lors de sa visite à Oran le 17 juin dernier. Et notre ministre des Affaires étrangères, citant le discours de Nicolas Sarkozy à Alger le 3 décembre 2007, a poursuivi en évoquant «le caractère injuste de la colonisation et les maux qu’il a engendrés1». Comme on aimerait que de telles déclarations ne soient pas réservées à un public algérien …

Il s’en est fallu de peu que cette déclaration soit faite le jour même de l’annonce de la découverte de restes humains des victimes des enfumades des grottes du Dahra organisées par le colonel Pélissier les 18 et 19 juin 1845.

Il est peu probable qu’Alain Juppé ait eu présent à l’esprit ce sinistre épisode du temps de la conquête, quand il a déclaré à Oran « nous ne sommes pas près d’aller à la repentance2». Effectivement, le mot “repentance” a une connotation religieuse qui le rend impropre. Mais un geste, une déclaration forte s’imposeraient pour mettre enfin à distance cet héritage colonial qui empoisonne encore, cinquante ans après, les relations entre la France et l’Algérie. Combien de temps faudra-t-il encore attendre pour que les plus hautes autorités de la République française reconnaissent publiquement l’implication première et essentielle de la France dans les traumatismes engendrés par la colonisation en Algérie ? Et pour mettre un terme au contentieux historique qui continue à opposer les deux pays ?

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