Commémoration à Paris du massacre commis par l’armée française lors de la prise de Laghouat en 1852
Que s’est-il passé en 1852 à Laghouat, dans le sud de l’Algérie et pourquoi pose-t-on une plaque commémorative de ce massacre à Paris ?
Que s’est-il passé en 1852 à Laghouat, dans le sud de l’Algérie et pourquoi pose-t-on une plaque commémorative de ce massacre à Paris ?
L’émission de Xavier Mauduit sur France Culture a, à l’occasion du 70e anniversaire de l’insurrection indépendantiste en Algérie, programmé une série en 4 épisodes intitulée « Algérie en résistance, une histoire
Dans « La première guerre d’Algérie », Alain Ruscio fait l’histoire des deux décennies (1830-1852) au cours desquelles l’Algérie fut conquise malgré la résistance acharnée des Algériens. Nous en publions la conclusion.
Les livres de Mathieu Belezi disent la violence du système colonial français, cette main de fer qui tenait jusqu’à l’étouffement la gorge de l’Algérie. La rage antisémite de la fin du XIXe siècle, le racisme déployé à l’occasion des fêtes du centenaire.
Réalisé en 2022 par Franssou Prenant, « De la conquête » est un film documentaire, montage de citations d’auteurs de l’époque, militaires ou non, qui disent l’extrême violence de la conquête de l’Algérie de 1830 à 1848, et d’images tournées en Algérie. Pour Claire Lassolle, du FID Festival international du film de Marseille : « Nous voilà plongés dans un mouvement réflexif sur la nature de cette extraordinaire violence, soutenu par une dérive imagée dans l’Algérie contemporaine. L’empilement des textes met à jour tout autant l’imaginaire ethnocentriste et raciste que la logique froide d’exploitation économique qui ont présidé à la colonisation de l’Algérie et leurs irréversibles conséquences, que la société algérienne subit encore aujourd’hui.» Ce film sort en salles le 11 octobre 2023 à Amiens, Ivry-sur-Seine et à Paris accompagné d’un débat organisé par le Maghreb des films.
A Marseille, l’école Bugeaud a été renommée « Ahmed Litim », du nom d’un tirailleur algérien qui a donné sa vie le 25 août 1944 pour libérer la ville. Selon les mots du maire, Benoît Payan, « l’Histoire de la France, c’est aussi celle de Bugeaud, de la colonisation ou de la collaboration. Nous continuerons de l’enseigner à nos enfants. Mais la ville a choisi de donner aux enfants de Marseille l’exemple d’un héros plutôt que celui d’un bourreau ». Samia Chabani, de l’association Ancrages, centre de ressources sur l’histoire des migrations à Marseille, a salué cette décision. Elle demande que les auteurs de violences dans les guerres coloniales ne soient plus honorés dans l’espace public et que les associations valorisant les mémoires des migrations postcoloniales soient représentées à la commission des noms de rues.
Emmanuel Macron a déclaré le 26 août 2022, lors de son voyage en Algérie, qu’entre la France et l’Algérie, « c’est une histoire d’amour qui a sa part de tragique ». Le politiste Paul Max Morin, dans une tribune publiée par le quotidien Le Monde le 2 septembre 2022, a estimé que cette « réduction de la colonisation à une “histoire d’amour” parachève la droitisation d’Emmanuel Macron sur la question mémorielle ». Après des protestations provenant de l’Élysée, la tribune a été supprimée par le journal de son édition en ligne. Notre site l’a publiée tout en rappelant quelques faits relatifs à la violence de la colonisation de l’Algérie. A son tour, un collectif d’universitaires, dans une tribune parue dans Le Monde le 20 septembre 2022 qu’on retrouvera ci-dessous, écrit que l’analyse de Paul Max Morin ne pouvait être qualifiée d’erronée, qu’elle pouvait être contestée mais ne méritait pas d’être retirée, et ils ont exprimé à ce chercheur leur respect et leur soutien.
Christophe Lafaye, enseignant chercheur à l’université de Bourgogne, est docteur en histoire contemporaine et archiviste. Il a travaillé sur l’utilisation des armes spéciales, nucléaires, bactériologiques et chimiques, pendant la guerre d’indépendance algérienne et en particulier sur les « sections de grottes » mises en place par l’armée française et qui ont fait un grand nombre de victimes entre 1956 et 1962. Répondant aux questions de Kamel Lakhdar Chaouche pour le quotidien algérien L’Expression, il revient sur le projet annoncé le 26 août 2022 lors de son voyage en Algérie par le président Macron en présence du président Tebboune de création d’une commission d’historiens franco-algérienne. Il souligne que les historiens des deux pays doivent pouvoir travailler sereinement et accéder aux archives, et aussi que la France accepte mal de regarder en face son passé colonial.
Dans une tribune publiée par Le Monde, le politiste Paul Max Morin a mis en cause les déclarations du président de la République lors de son voyage en Algérie du 25 au 28 août 2022, en particulier celle selon laquelle, entre la France et l’Algérie, « c’est une histoire d’amour qui a sa part de tragique ». Selon lui, cette « réduction de la colonisation à une “histoire d’amour” parachève la droitisation d’Emmanuel Macron sur la question mémorielle ». Il l’a écrit dans une tribune que Le Monde a publiée dans son édition du 2 septembre 2022, mais que, après des protestations de l’Élysée, le journal a supprimée peu après de son édition en ligne. Ci-dessous, le texte de cette tribune et le rappel de quelques faits.
Au soir de son arrivée à Alger, le 25 août 2022, Emmanuel Macron a, aux côtés de son homologue algérien, annoncé leur décision de créer une « commission d’historiens » commune à laquelle seraient « ouvertes toutes les archives algériennes et françaises ». Pour Fabrice Riceputi, l’essentiel sur la domination coloniale et la guerre d’Algérie est largement décrit par les historiens et cette annonce n’est autre chose que la dernière manifestation du refus de la France de reconnaître sa responsabilité première et essentielle de puissance colonisatrice. Benjamin Stora appelle à enseigner plus largement cette page d’histoire dans les écoles françaises. L’historien algérien et chercheur au Crasc d’Oran, Amar Mohand-Amer, attend de voir ; il met en garde contre l’instrumentalisation idéologique de l’histoire et plaide pour l’autonomie de l’historien.
Le président de la République française, Emmanuel Macron, s’est rendu en voyage officiel en Algérie le 25 août 2022 et, parmi les questions abordées, figure la reconnaissance par la France de l’injustice de sa conquête et de sa guerre coloniale. Ci-dessous l’article qu’a publié Amar Assas, issu de la communauté des harkis de Rosans (05), dans Le Monde le 26 août 2022, demandant au président de la République de faire de nouveaux gestes en faveur d’une telle reconnaissance. Il soutient en particulier, en raison de ses engagements anticolonialistes et pour les droits des femmes, la panthéonisation de Gisèle Halimi, qui a été préconisée dans le rapport de Benjamin Stora, est soutenue par une grande partie de l’opinion publique française, mais n’a toujours pas été décidée par Emmanuel Macron.
La fonction de lieu de détention de l’île Sainte Marguerite, en face de Cannes, a déjà été évoquée par notre site avec la reprise de l’article de Sylvie Thénault issu de son livre Violence ordinaire dans l’Algérie coloniale. Camps, internements, assignations à résidence (2012). L’historien irlandais Dónal Hassett, après avoir visité les lieux, apporte ses propres réflexions dans l’article ci-dessous, traduit de l’anglais par nos soins, en particulier sur les peintures murales réalisées en 1992 au Fort Royal par un artiste contemporain en souvenir de ces détenus dont beaucoup y ont laissé la vie. Il souligne qu’il reste à la recherche historique encore un travail important à faire pour éclairer le sort des personnes incarcérées par l’État colonial français, notamment en Méditerranée, en Kanaky-Nouvelle Calédonie et en Guyanne.