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Édition du 15 novembre au 1er décembre 2024

Colonisation de l’Afrique

Belgique

La Belgique se confronte
à son histoire coloniale

La « Commission spéciale Congo-passé colonial » a produit 600 pages de contributions serrées, étayées par des bibliographies et des témoignages nombreux. Elles représentent une bombe qui bouscule aujourd’hui encore les certitudes de nombreux Belges

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Musées et créations contemporaines

Eric Manigaud, le travail d’un artiste
sur des angles morts de l’histoire coloniale

Le travail d’Eric Manigaud est caractérisé par ses dessins réalisés à partir de photographies d’archives. Travaillant par séries, il s’est consacré à des sujets tels que les gueules cassées de la Première Guerre mondiale, les villes bombardées de la Seconde Guerre mondiale, l’anthropométrie judiciaire au début du XXe siècle. Il a aussi travaillé sur l’histoire coloniale, avec une série sur le massacre de manifestants algériens à Paris le 17 octobre 1961 et une autre sur l’histoire des Congo belge et français. Nous publions ici un texte de Guillaume Lasserre paru dans Mediapart à propos d’une exposition en juillet 2023 à la galerie Sator à Paris, ainsi qu’un extrait de sa série sur le 17 octobre 1961 conservée au Musée d’histoire de l’immigration.

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La restitution des objets et restes mortuaires coloniaux

« Les otages, contre-histoire
d’un butin colonial »,
par Taina Tervonen

« Derrière les objets issus des guerres coloniales que nous admirons dans les musées se trouve une histoire violente, il est temps de l’écouter. » Dans Les otages, contre-histoire d’un butin colonial, publié en août 2022 par les éditions Marchialy, la journaliste franco-finlandaise née au Sénégal Taina Tervonen raconte, à la première personne, une passionnante enquête menée en France, au Sénégal et au Mali pour reconstituer l’histoire d’objets pillés par l’armée française lors de la prise de Ségou en 1890, au « Soudan français », aujourd’hui le Mali. Nous publions une recension de ce livre par Le Monde Afrique, ainsi qu’un entretien avec l’autrice publié dans Streetpress.

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Niger

Le moment de l’occupation coloniale
du Sahara et du Sahel
par Camille Lefèbvre

« Au cœur du Sahara, des soldats français mènent depuis 2013 des opérations armées dans le désert à partir des bases de Niamey ou de Gao ». Dès les premières lignes d’un livre qui porte sur le moment de l’occupation coloniale par la France de cette même région, à la fin du XIXe et au début du XXe siècle, l’historienne Camille Lefèbre rappelle cette actualité. Grace à l’exploitation d’une documentation très variée, notamment en arabe et haoussa, l’autrice cherche à comprendre la séquence peu étudiée de l’installation de la domination coloniale. Nous renvoyons à l’introduction et au premier chapitre du livre, disponibles en ligne, à un entretien audio avec Camille Lefèbvre, publié par Chemins d’histoire, à un numéro de l’émission de France Inter, Le vif de l’histoire, ainsi qu’à une recension dans Libération.

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Italie

La mémoire coloniale en Italie,
un passé refoulé qui resurgit aujourd’hui

Libye, Somalie, Ethiopie : commencée peu après l’unification de l’Italie (1861), devenue centrale dès 1929 pour le régime fasciste de Mussolini, la colonisation par l’Italie de ces trois pays d’Afrique fut marquée par de nombreuses atrocités, loin du mythe d’une occupation douce qui a chercé à s’imposer. Longtemps refoulés, ces souvenirs commencent à ressurgir. C’est l’objet d’une enquête de Jérôme Gautheret publiée dans Le Monde, que nous faisons suivre d’une recension du roman traduit de l’italien de Francesca Melandri, Tous sauf moi, publié chez Gallimard, ainsi qu’un entretien en vidéo avec cette écrivaine qui explore de façon passionnante les liens entre la colonisation italienne en Afrique et les migrations actuelles en Méditerranée orientale.

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Afrique subsaharienne et océan Indien

Lancement sur internet
de la « Revue d’histoire contemporaine
de l’Afrique »

La Revue d’Histoire Contemporaine de l’Afrique, librement et entièrement accessible en ligne, est née. Son premier numéro est consacré à plusieurs médias (presse, cinéma, radio, télévision) dans des pays d’Afrique francophone à l’époque du colonialisme tardif et dans les premières décennies après les indépendances. À travers différents cas nationaux (Congo belge, Sénégal, Togo, Haute-Volta, Côte d’Ivoire, entre autres) et à partir d’entretiens et d’archives inédites, les auteurs reviennent sur la formation, le parcours et le rôle des acteurs de ces médias (journalistes, coopérants, missionnaires, distributeurs de films) et interrogent la rupture et les continuités qui ont enjambé la césure politique des indépendances. Les sept articles révèlent la nécessité de varier les échelles d’analyse, du local au global en passant par l’impérial, pour contribuer à l’histoire culturelle de ces pays. Ci-dessous le texte du comité de rédaction qui présente la ligne éditoriale de cette revue.

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Séquelles politiques postcoloniales

Des déclarations scandaleuses sur l’expérimentation en Afrique d’un vaccin contre le coronavirus rappellent les expériences sur les « indigènes coloniaux »

Le 1er avril 2020, sur LCI, deux médecins ont évoqué des tests en Afrique pour essayer contre le coronavirus le vaccin BCG contre la tuberculose. Cette idée de prendre les Africains comme cobayes a suscité une vive indignation. Elle rappelle les nombreuses expériences faites tout au long de la période coloniale. Ci-dessous des extraits des travaux à ce sujet des historiens Grégoire Chamayou et Guillaume Lachenal, ainsi qu’un article d’Alain Ruscio sur les vaccins expérimentés durant la Première Guerre mondiale sur les soldats africains au camp du Courneau, près d’Arcachon. Gilles Manceron relève qu’à Fréjus et dans les camps du Midi méditerranéen, leur mortalité a été bien supérieure encore et se demande si ce n’est pas en rapport avec de telles expérimentations.

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Rodolfo Graziani
Italie

Scandale en Italie : un mausolée en hommage à un criminel de guerre fasciste

La colonisation italienne en Afrique s’est déroulée de façon particulièrement brutale – voir l’article que Gilbert Meynier a consacré à l’ouvrage Italiani, brava gente ? d’Angelo del Boca. Le général Rodolfo Graziani (1882 – 1955) en a été l’un des acteurs les plus sanguinaires. Ce criminel de guerre, qualifié de “boucher” pour ses campagnes en Libye et en Éthiopie, a terminé sa carrière publique comme ministre de la Défense de la république fasciste de Salò.

En août dernier, dans la petite ville d’Affile où Graziani a vu le jour, un monument du plus pur style fasciste, financé par la région du Latium, a été érigé à sa mémoire, déclenchant une violente polémique …

[Mise à jour, le 6 mai 2013] – Suspension de la construction.

Nicola Zingaretti, nouveau président de la région du Latium, a décidé de suspendre le financement (180 000 euros) du mausolée en l’honneur de Rodolfo Graziani qui avait provoqué l’indignation en Italie, notamment au sein de la communauté juive et parmi les anciens résistants, et jusqu’en Éthiopie. Pour le président de la région, la commune d’Affile avait détourné le projet d’érection d’un monument initialement destiné à honorer un “soldat inconnu”.
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[Mis en ligne le décembre 2012, mis à jour le 6 mai 2013]

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Italie

Gilbert Meynier : Angelo Del Boca, “Italiani, brava gente ?”

Comme l’actualité le montre – voir la polémique autour du monument d’hommage à Rodolfo Graziani – l’Italie n’a toujours pas affronté son passé colonial. Longtemps occultée par l’idée que les Italiens s’étaient dans l’ensemble comportés comme des « gens bien » (brava gente)2, l’histoire des guerres de conquête italiennes en Afrique montre la brutalité avec laquelle elles furent conduites, leur lien étroit avec l’expansion de l’État national fondé par Cavour suivi du fascisme, et leur inscription dans la longue durée du rapport au Mezzogiorno.

Gilbert Meynier, professeur émérite à l’Université Nancy II, est un historien spécialiste de l’histoire de l’Algérie sous la domination française. À l’occasion de la parution du livre d’Angelo del Boca, Gilbert Meynier a écrit en mai 2006 l’article suivant qui fait une synthèse du passé colonial et fasciste de l’Italie3.

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Italie

Il y a un siècle, des bombardements aériens “ouvraient” la Tripolitaine à “la civilisation”

La Cyrénaïque et la Tripolitaine étaient sous domination turque lorsque l’Italie en entreprit la conquête en octobre 1911. A cette occasion, l’historien Alain Ruscio nous le rappelle, pour la première fois dans l’histoire, l’aviation – l’aviation italienne en l’occurrence – a été utilisée pour bombarder des positions ennemies.

L’Empire ottoman renonça à ses droits dès 1912, mais la conquête italienne ne se termina qu’en 1932. Les Italiens fusionnèrent les trois régions historiques (Tripolitaine, Cyrénaïque et Fezzan) en une colonie libyenne, laquelle devint une «province italienne» en 1939. La colonisation italienne fut très dure : entre 1911 et 1945, les Italiens exterminèrent ou forcèrent à l’exil la moitié de la population locale.

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Gouvernée par le roi Idris 1er de la confrérie des Senoussis qui avait symbolisé la résistance aux Italiens, la Libye fut la première colonie d’Afrique à accéder à l’indépendance en 1951. Le pays comptait alors parmi les plus pauvres… jusqu’à la découverte de gisements pétroliers, en 1958 et 1959. Le 1er septembre 1969, un coup d’État militaire dirigé par le capitaine Mouammar Kadhafi, alors âgé de 27 ans, renversa la royauté…

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