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Édition du 15 novembre au 1er décembre 2024

Cameroun

Emmanuel Macron et les crimes du colonialisme

Guerre du Cameroun :
une commission, pour quoi faire ?

Annoncée en juillet 2022 à Yaoundé au côté de Paul Biya par Emmanuel Macron, la commission franco-camerounaise chargée de travailler sur l’action de la France au Cameroun dans les années 1950 et 1960 sera codirigée par l’artiste camerounais Blick Bassy et l’historienne française Karine Ramondy, qui se sont exprimés dans Jeune Afrique. On n’en connait pas pour l’heure les autres membres. Dans un article de la revue Afrique XXI, trois des meilleurs spécialistes de l’histoire coloniale et postcoloniale du Cameroun, Thomas Deltombe, Manuel Domergue et Jacob Tatsitsa, mettaient en perspective cette initiative en septembre 2022. Ils voyaient dans la création d’une commission « un pas en avant sur un sujet qui a été longtemps occulté, en France comme au Cameroun », tout en rappelant que les crimes de répression commis par la France au Cameroun sont déjà solidement établis, et s’interrogeaient sur les finalités de cette commission.

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La reconnaissance des crimes coloniaux 1830-1962

Pour l’historien Jacob Tatsitsa,
la reconnaissance de la guerre du Cameroun
n’a pas besoin d’une commission d’historiens
qui peut conduire à une historiographie sous contrôle étatique

Dans un entretien au « Monde », l’historien Jacob Tatsitsa, co-auteur, avec Thomas Deltombe et Manuel Domergue, de deux ouvrages essentiels sur la répression coloniale au Cameroun — Kamerun ! Une guerre cachée aux origines de la Françafrique, 1948-1971 (éd. La Découverte, 2019) et La Guerre du Cameroun, L’Invention de la Françafrique (La Découverte, 2016) — estime que la création d’une commission d’historiens annoncée le 26 juillet 2022 à Yaoundé par le président Emmanuel Macron destinée à « faire la lumière » au sujet de la guerre du Cameroun, à laquelle seraient ouvertes « toutes les archives », est un stratagème pour contourner la reconnaissance des massacres qui l’ont marquée, et qui sont déjà l’objet d’études historiques documentées.

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Emmanuel Macron et les crimes du colonialisme

La France va-t-elle enfin reconnaître
la guerre coloniale du Cameroun ?

En visite officielle au Cameroun les 25 et 26 juillet 2022, Emmanuel Macron a rencontré Paul Biya, au pouvoir depuis quarante ans. La veille, il avait été interpellé par un collectif international afin qu’il reconnaisse officiellement la guerre coloniale menée par la France au Cameroun dans les années 1950 et 1960. Le président français a évoqué cet épisode tout en évitant de se prononcer, préférant annoncer la constitution d’une commission d’historiens destinée à « faire la lumière », à laquelle seraient ouvertes « toutes les archives ». Ci-dessous la tribune collective publiée par Le Monde réclamant une reconnaissance officielle, ainsi qu’une vidéo de TV5 Monde dans laquelle Thomas Deltombe souligne que les faits sont déjà solidement établis et regrette que les archives ne soient pas ouvertes à tous.

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Musées et créations contemporaines

Artistes et écrivains peuvent-ils aider à penser le fait colonial ?

Le rédacteur en chef de la rubrique « idées » de l’hebdomadaire « Les Inrockuptibles », Jean-Marie Durand, a donné la parole à l’artiste plasticienne Sylvie Blocher autour de la question de la violence coloniale, en particulier des exactions commises par la France au Cameroun. Elles ont été la raison de son installation « Bien que je n’en ai pas le droit, je vous présente mes excuses » sur le carrefour de Bonakouamouang à Douala, pour la triennale SUD2017. Le jeune écrivain camerounais Max Lobé, qui vit en Suisse, s’est entretenu avec elle.

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Cameroun

Faire la lumière sur la guerre du Cameroun

Dans les années 1950 et 1960, la France écrasa de façon particulièrement meurtrière le mouvement indépendantiste camerounais et imposa à ce le pays un régime à sa solde. Cette « guerre du Cameroun » est l’un des crimes coloniaux français majeurs longtemps niés par la France et encore très loin, à ce jour, d’être reconnu. Nous publions ici l’entretien accordé à la revue Contretemps par Thomas Deltombe, co-auteur avec Manuel Domergue et Jacob Tatsitsa de « La guerre du Cameroun. L’invention de la Françafrique (1948-1971) », préface d’Achille Mbembe.

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Cameroun : une guerre toujours niée

Lors d’une conférence de presse tenue le 21 mai 2009 à Yaoundé, François Fillon, alors premier ministre, avait qualifié de « pures inventions» l’évocation d’une guerre menée par la France au Cameroun de 1957 à 1963.

Le point de vue officiel sur cette guerre coloniale semble ne pas avoir changé depuis lors. En effet, Laurent Fabius, ministre des Affaires étrangères, a répondu le 23 juillet 2013 à une question écrite portant sur ce sujet en invoquant «la responsabilité de la sécurité intérieure de ce territoire» que «les autorités françaises de l’époque ont eu à assumer» dans le cadre du mandat reçu de la Société des nations. Il s’est contenté d’ajouter que « la période évoquée appartient à l’Histoire et aux historiens à qui il appartient désormais d’exploiter les archives rendues disponibles pour apporter leur éclairage sur la période».

Ci-dessous la réaction de l’association Survie.

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La guerre coloniale du Cameroun a bien eu lieu

Sans surprise, Paul Biya, 78 ans, a été « réélu » le 9 octobre dernier pour un sixième mandat avec près de 78% des voix… Le conseil électoral (Elecam) a annoncé un taux d’abstention de 34%, alors que Transparency International l’a évalué à 70%1, mais, selon Alain Juppé, l’élection s’est déroulée « dans des conditions acceptables2».

Cette déclaration illustre la persistance de «relations spéciales» entre la France et son ancienne colonie d’Afrique centrale. D’ailleurs, interrogé en 2009 à Yaoundé au sujet de la participation des forces françaises à la répression contre les indépendantistes au cours des années 50 et 60, le premier ministre François Fillon avait évoqué à ce propos de « pures inventions».

Dans une question écrite posée le 12 juillet 2011, un député a demandé au ministre des Affaires étrangères «s’il confirme que la France a bien mené une guerre au Cameroun entre 1957 et 1963, comme l’écrivent les responsables militaires français de l’époque eux-mêmes».
Dans l’attente d’une réponse du ministre, vous pourrez prendre connaissance d’une réaction à cette interrogation.

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Cameroun

La France et la guerre au Cameroun (1957-1963)

Noël Mamère, député EELV de Gironde, vient de demander au ministre des Affaires étrangères, « s’il confirme que la France a bien mené une guerre au Cameroun entre 1957 et 1963, comme l’écrivent les responsables militaires français de l’époque eux-mêmes ».

Nous saurons dans les semaines qui viennent si Alain Juppé adopte une attitude un peu plus ouverte à la recherche de la vérité historique que celle exprimée par François Fillon. Lors de son séjour à Yaoundé en 2009, le Premier ministre français avait balayé d’un revers de main la question de la responsabilité française dans la mort de nationalistes Camerounais, préférant n’y voir qu’une « pure invention ».

Le pouvoir en France et au Cameroun, où l’héritier de l’indépendance confisquée, Paul Biya, postule pour un nouveau septennat en octobre prochain, semble toujours refuser de voir cette histoire en face. La vérité autour de cette guerre secrète, menée par la France pendant des années contre les indépendantistes camerounais de l’Union des populations du Cameroun, sera-t-elle un jour officiellement reconnue ?

Pour Gilles Manceron, «plus de cinquante ans après la pseudo-indépendance accordée au Cameroun, cette histoire [doit] être revisitée».

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Cameroun

“Kamerun ! une guerre cachée aux origines de la Françafrique, 1948-1971”

De 1955 à 1962, la France a livré une guerre totale aux indépendantistes camerounais. Une véritable guerre qui a fait des dizaines de milliers de morts, à 5 000 km de la métropole, loin des regards d’une opinion fascinée par les événements d’Algérie. Une guerre qui s’inscrit dans la lignée des pires conflits coloniaux3.

Aujourd’hui encore, peu de Français savent que leur armée fut engagée pendant sept ans au Cameroun, pour éradiquer l’UPC, un mouvement rebelle. Une guerre que les autorités françaises persistent à nier, envers et contre tout. En visite à Yaoundé le 22 mai 2009, François Fillon, interrogé sur cette guerre, avait même osé affirmer : « Je dénie absolument que des forces françaises aient participé en quoi que ce soit à des assassinats au Cameroun, tout cela c’est de la pure invention »4. En 750 pages, les trois auteurs mettent en pièce ce déni d’histoire. Le site associé au livre publiera progressivement des documents d’archives inédits, des extraits d’interviews de témoins et de responsables, politiques et militaires, camerounais et français, de cette guerre.

A la suite de la présentation du livre, vous trouverez ci-dessous deux des sept parties constituant l’introduction : «Aux origines du système néocolonial français en Afrique» et «La France contre le
Kamerun».

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Cameroun

13 septembre 1958, Ruben Um Nyobè assassiné

Les Français ignorent souvent les circonstances dans lesquelles le Cameroun est devenu indépendant en 1960.

Dans les années 1950, l’UPC (Union des populations du Cameroun), dirigée par Ruben Um Nyobé, bénéficiait d’un fort soutien populaire. Um Nyobé ira jusqu’à la tribune des Nations unies exprimer l’aspiration à l’indépendance de son pays. Mais la France dissout son parti en 1955 et en pourchasse les militants. En 1958, il est assassiné. La répression contre l’UPC est d’une extrême violence : torture, assassinats, exposition des têtes coupées des victimes, bombardements.

Le 1er janvier 1960, le pays accède à l’indépendance sous la férule du président Ahmadou Ahidjo (1960-1982). Malgré les persécutions, l’UPC poursuit son combat — contre le régime Ahidjo. Epaulées par l’armée française, les forces camerounaises appliquent ses méthodes. Dix années de terreur et des dizaines de milliers de victimes seront nécessaires pour venir à bout de l’opposition. Depuis 1982, un autre dictateur, Paul Biya, règne sur le Cameroun… avec le soutien de la France.

Deux journalistes, Thomas Deltombe et Fanny Pigeaud, évoquent ce « trou de mémoire » de la décolonisation, devenu un véritable enjeu de mémoire pour les Camerounais.

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Pierre Messmer
Cameroun

Pierre Messmer grand commis de la République coloniale

Avant de devenir un homme politique de premier plan, Pierre Messmer avait été acteur et témoin d’un chapitre de l’empire colonial français en Afrique. Une brillante carrière d’administrateur colonial lui avait permis d’être le dernier Haut-Commissaire en Afrique occidentale française de juillet 1958 à décembre 1959. David Servenay le rappelle dans un article que nous reprenons partiellement ci-dessous.

Mais au Cameroun, c’est la “pacification” du pays, à l’époque où Pierre Messmer était Haut-Commissaire — du 17 avril 1956 au 29 janvier 1958 — qui est restée présente dans la mémoire des Camerounais. Une page sanglante et souvent méconnue de l’histoire coloniale qu’entend exhumer l’Association des vétérans du Cameroun.

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