4 000 articles et documents

Édition du 1er au 15 avril 2025

Séquelles politiques postcoloniales

La Françafrique

Une somme incontournable
sur la construction de la Françafrique,
par François Gèze

L’Empire qui ne veut pas mourir. Une histoire de la Françafrique : ce livre collectif monumental a été dirigé par Thomas Borrel, Amzat Boukari-Yabara, Benoît Collombat et Thomas Deltombe. Publié en octobre 2021 par les éditions du Seuil, il propose au grand public une vision passionnante de l’histoire coloniale et postcoloniale de la France en Afrique, extrêmement bien documentée. Il montre en particulier comment Jacques Foccart, secrétaire général aux affaires africaines et malgaches de 1960 à 1974, a exercé la mission reçue de De Gaulle d’« assurer, en Afrique subsaharienne, une transition vers des “indépendances” favorables aux intérêts français ». De ce livre qui marque un saut d’envergure dans nos connaissances de ce passé trop méconnu et des traces profondes qui en subsistent aujourd’hui, François Gèze propose ici une recension détaillée.

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Séquelles politiques postcoloniales

Une émission à voir
sur la mobilisation contre un « zoo humain »
en Loire-atlantique

Pour faire la publicité d’un produit nommé « Bamboula », les biscuits Saint-Michel, sponsor de la zone commerciale d’un parc animalier près de Nantes, n’a pas hésité, en 1994, à ouvrir sous le nom de « village de Bamboula » un équivalent des « zoos humains » des débuts de la période coloniale. Des femmes et des hommes ivoiriens, enfants et adultes, y ont été retenus pour les offrir en spectacle aux visiteurs. Un documentaire reconstitue l’histoire de cette invraisemblable réalisation et interroge notre histoire et nos représentations. Il montre les mobilisations qu’elle a provoquées, notamment de la part de la section de Nantes de la Ligue des droits de l’Homme et du SNAM-CGT (Union nationale des syndicats d’artistes-musiciens de France). Après France 3 Pays de la Loire, France 2 le diffuse le 18 janvier… à 23h55. Mais il est visible aussi en replay. Ci-dessous le communiqué de presse de France télévision et un article publié par Mediapart.

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Séquelles politiques postcoloniales

Le ministre Blanquer a soutenu et financé
une réunion politique déguisée en colloque
pour faire le procès de recherches universitaires

Les 7 et 8 janvier 2022, s’est tenu à la Sorbonne un vrai-faux colloque patronné et soutenu par le ministre de l’éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, pour faire le procès de la « pensée décoloniale », aussi nommée le « woke » ou la « cancel culture » par ceux qui la désignent comme un péril mondial. Ci-dessous l’article publié par Mediapart, « Un vrai-faux colloque à la Sorbonne pour mener le procès du “wokisme” » dont les autrices montrent qu’il fut une dénonciation permanente de la manière dont le « décolonialisme » et les « études intersectionnelles » martyriseraient l’université française. On a connu des détournements de mots comme celui de « socialisme » employé au profit de la barbarie. Les termes de « woke » et de « cancel culture » sont brandis aujourd’hui pour qualifier de « racistes » les antiracistes qui travaillent sur les formes spécifiques de discriminations persistant dans les sociétés postcoloniales.

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Séquelles politiques postcoloniales

Achille Mbembe :
notes sur l’idéologie mensongère
de « l’eurocentrisme tardif »

Pour le philosophe et historien camerounais Achille Mbembe, l’illusion eurocentriste a fait long feu avec la fin de l’ère des empires coloniaux. Mais apparaît un « eurocentrisme tardif », plus virulent, qui est une forme d’égarement plus dangereux encore, une idéologie mensongère qui prétend défendre la science, la laïcité, la République, les Lumières, voire l’universalisme, mais ne sait presque rien de l’univers, des mondes et des histoires autres. Ci-dessous le texte de la conférence qu’il a prononcée à distance à l’occasion du « Sommet de septembre » de la Saison Africa 2020 organisé à Paris au Musée du Quai Branly–Jacques Chirac, publié pour la première fois le 17 mars 2021 par le quotidien en ligne AOC qui l’a diffusé de nouveau en juillet 2021.

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Le « maintien de l'ordre » en France

Cinq ans après la mort d’Adama Traoré,
une marche a demandé justice

Un millier de personnes ont défilé le 17 juillet 2021, entre la gare de Persan-Beaumont et Beaumont-sur-Oise, à l’appel du collectif « Vérité pour Adama », afin de demander justice pour le jeune Adama Traoré tué cinq ans plus tôt, en juillet 2016, à la suite de son interpellation par des gendarmes. Elles ont défilé jusqu’aux quartiers périphériques de cette petite ville de l’Oise où, comme beaucoup d’autres habitants issus des immigrations, vit la famille d’Adama Traoré et où d’autres jeunes ont grossi la foule. Le défilé a dénoncé, avec Assa Traoré, la sœur d’Adama, les mensonges de la police et de la justice qui ont couvert les comportements illégitimes de certains membres des forces de l’ordre à l’encontre de jeunes vis-à-vis desquels ils n’hésitent pas, comme certains policiers aux Etats-Unis, à recourir à des gestes mortels.

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Séquelles politiques postcoloniales

Nombreuses réactions à la chasse aux sorcières lancée par Frédérique Vidal
contre l’épouvantail de l’« islamo-gauchisme »

La ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche Frédérique Vidal a lancé une chasse à l’« islamo-gauchisme » dans les universités. Ci-dessous un entretien donné à la revue Regards par Eric Fassin, sociologue et professeur à l’université Paris-8, qui montre qu’elle s’approprie le vocabulaire de l’extrême droite ; un article d’André Gunthert, publié par Mediapart, qui explique que ce terme en dit plus long sur l’idéologie de ceux qui l’emploient que sur le monde de la recherche ; et un appel publié par Le Monde qui demande la démission de la ministre. Enfin, une analyse par Stéphane Dufoix, professeur de sociologie à l’Institut Universitaire de France, publiée dans le Journal du dimanche, qui décrypte ces accusations d’« islamo-gauchisme » dont fait l’objet l’université française.

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Séquelles politiques postcoloniales

Des accusations inadmissibles
contre l’université française

Le gouvernement français lance depuis quelques mois de graves accusations contre la recherche et l’enseignement universitaires. En juin 2020, le président de la République avait jugé le « monde universitaire coupable » d’avoir « cassé la République en deux ». Le 22 octobre, au lendemain de terribles attentats djihadistes, le ministre de l’Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, sur Europe 1 et devant le Sénat, a mis en cause l’université, qui serait « ravagée » par des « islamo-gauchistes » et « des théories indigénistes », propos qu’il a répétés dans le Journal du dimanche le 25 octobre. Le 1er novembre 2020, c’est le Premier ministre Jean Castex qui déclarait sur une chaine de télévision : « Je veux ici dénoncer toutes les compromissions qu’il y a eues pendant trop d’années, les justifications à cet islamisme radical : nous devrions nous autoflageller, regretter la colonisation, je ne sais quoi encore ». Ci-dessous une tribune signée par 2000 chercheurs et chercheuses et un appel international contre cette forme de maccarthysme contre l’université française.

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Séquelles politiques postcoloniales

Des chercheuses et chercheurs contestent
le mésusage du concept de « séparatisme »
Des citoyennes et des citoyens appellent
à vivre à égalité et en fraternité

Le crime odieux qui a frappé l’enseignant Samuel Paty le 16 octobre 2020 a suscité l’indignation de toute la nation. On constate cependant, profitant de l’émotion générale, la multiplication de discours d’exclusion au sein de la société française. Nous reprenons le texte qu’un ensemble de chercheuses et chercheurs travaillant sur les sociétés musulmanes ont publié dans Mediapart au moment où le président de la République a annoncé un projet de loi pour combattre le « séparatisme islamique ». Ils considèrent que cela « rejette continuellement [les musulmans] dans une position de mineurs, de citoyens de seconde zone, les désigne comme troublant l’ordre public ». Peu auparavant, plus d’une centaine de citoyens issus de la société civile ont dit : « Sereinement, calmement, dignement, librement. Nous tendons la main à la collectivité : nous n’aspirons qu’à vivre à égalité — réelle et non décrétée —, plus encore, en fraternité ». Les discours d’exclusion qui se sont multipliés depuis l’assassinat horrible de Conflans-Sainte-Honorine rendent ces appels plus que jamais d’actualité.

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Séquelles politiques postcoloniales

Non au projet de loi sur le « séparatisme »

Dans la lettre ouverte au président de la République qui a été publiée le 25 septembre 2020 par Mediapart, le président de la Ligue des droits de l’Homme, Malik Salemkour, rejette l’idée d’une loi « contre le séparatisme ». Il affirme : « Le fameux “séparatisme” que vous ne définissez jamais, en l’agitant sans cesse, c’est le nouveau bouc émissaire contemporain, pour l’essentiel l’islam et les musulmans ». Et ajoute : « La République n’est ni votre propriété, ni un terrain de jeu ! Ses principes et les valeurs qu’elle porte ne sauraient dépendre des intérêts électoraux de quiconque ». S’en prendre au « séparatisme » est une opération politicienne porteuse du rejet d’une partie de la nation. Nous reproduisons ci-dessous cette lettre ouverte, ainsi que le communiqué commun publié à ce sujet par les syndicats CGT, FSU, Solidaires, UNEF et UNL.

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Séquelles politiques postcoloniales

Alain Ruscio : le « séparatisme » ? Il est surtout dans la morgue des élites !

Afin d’exploiter à son profit les idées discriminatoires à l’égard des musulmans de France répandues dans une partie de l’opinion, Emmanuel Macron s’en est d’abord pris au « communautarisme ». Puis, a préféré cibler le « séparatisme » et demandé à son premier ministre de présenter une loi pour le combattre. Le séparatisme, voilà l’ennemi ! Mais c’est un terme flou qui peut conduire à des dispositions attentatoires aux libertés publiques renforçant les inégalités à l’égard de ces personnes. Dans un « billet d’humeur », l’historien Alain Ruscio explique que c’est un moyen pour le président de reprendre à son compte les idées islamophobes diffusées depuis longtemps par l’extrême droite et d’autres courants politiques. Sans récuser que certains phénomènes méritent vigilance, il considère que ce genre de stigmatisation vague ne peut qu’avoir un effet délétère — à l’image de l’idée de « déchéance de nationalité » que Manuel Valls avait voulu brandir en 2015 contre le terrorisme — et accentuer la marginalisation d’une partie de nos concitoyens.

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Séquelles politiques postcoloniales

L’accès aux archives doit être ouvert conformément à la loi

A la suite d’un arrêt du Conseil d’Etat lui donnant accès aux archives de la présidence de la République sur la France au Rwanda, au cours du génocide des Tutsis, le chercheur François Graner a pu commencer à les étudier. Comme le souligne Sonia Combe, auteure de Archives interdites. L’histoire confisquée (2001), on peut douter de la pertinence des commissions comme celle installée en avril 2019 par Emmanuel Macron sur ce sujet, comme de toutes celles concernant des événements historiques sur lesquels, avant tout, les historiens doivent pouvoir faire simplement leur travail. Les gouvernants doivent cesser les faux-semblants comme les gestes de « remises d’archives » sur certaines affaires ou la création par l’Etat de ce type de commissions. Les archives, en particulier celles de la guerre d’Algérie, doivent être accessibles aux citoyens conformément à la loi.

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Séquelles politiques postcoloniales

« Ethnicisation de la question sociale » :
sortez de votre ignorance, monsieur le Président !

Lors de son allocution du 14 juin, Emmanuel Macron a déclaré à propos du refus du racisme : « ce combat noble est dévoyé lorsqu’il se transforme en communautarisme, en réécriture haineuse ou fausse du passé. Ce combat est inacceptable lorsqu’il est récupéré par les séparatistes ». Il a aussi, quelques jours plus tôt, dans des propos rapportés par le quotidien Le Monde, accusé le monde universitaire d’avoir « encouragé l’ethnicisation de la question sociale ». Nous publions ci-dessous la réponse que lui a faite la sociologue Alizée Delpierre dans les colonnes de l’hebdomadaire Alternatives économiques.

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