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Édition du 15 juin au 1er juillet 2025

Le racisme postcolonial

Le racisme postcolonial

Le « Grand remplacement » :
une peur qui vient de loin,
par Alain Ruscio

Les références au « grand remplacement » qui ont surgi à l’extrême droite lors de l’élection présidentielle de 2022 ne sont que la reprise d’un fantasme qui date de l’époque coloniale. Alain Ruscio montre dans un article publié par Mediapart que nous reproduisons ici que ce fantasme fut un filon politique abondamment exploité du XIXe siècle à nos jours. Dès que la colonisation a provoqué une immigration de travailleurs coloniaux en métropole est apparue la peur d’un « grand remplacement » en France des Blancs chrétiens par des non-blancs, souvent musulmans. Ce sentiment d’encerclement est antérieur à la guerre d’Algérie, mais celle-ci a accentué encore ce sentiment de crainte puisque les Algériens qui étaient nombreux sur le territoire de la métropole étaient désormais devenus des ennemis de l’intérieur.

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Le racisme postcolonial

La vie psychique du racisme,
par Livio Boni et Sophie Mendelsohn

S’il n’est plus cautionné par la biologie ou l’anthropologie, comme il l’était à l’apogée de la période coloniale, le racisme est loin d’avoir disparu. La vie psychique du racisme revient sur l’apport sous-estimé du psychanalyste Octave Mannoni (1899-1989), auteur notamment de Psychologie de la colonisation (1950). Celui-ci a évolué pendant un quart de siècle dans les colonies avant d’entamer un processus de « décolonisation de soi » coïncidant avec une tentative de décrire l’envers inconscient de la scène coloniale. En redonnant une visibilité à la réflexion pionnière de Mannoni, les auteurs explorent à partir de la mécanique du « démenti » les ressorts inconscients du racisme. Se dessine ainsi une histoire mineure de la psychanalyse française, qui avait affaire à la question raciale avant même que Fanon s’en saisisse ouvertement, et avant que Lacan annonce, une fois le cycle des décolonisations achevé, que « le racisme a bien de l’avenir ».

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Le racisme postcolonial

En quoi le Comité
« Vérité et justice pour Adama »
modifie le paysage antiraciste en France

La mort aux Etats-Unis de l’Afro-américain George Floyd, le 25 mai 2020, lors de son arrestation par un policier blanc, a suscité une vague d’indignation dans le monde. Le Comité Vérité et justice pour Adama Traoré, mort à 24 ans, en juillet 2016, sur le sol de la caserne de Persan (Val-d’Oise) à la suite d’une interpellation, a appelé le 2 juin à un rassemblement devant le tribunal de Paris auquel ont participé 20 000 personnes selon la Préfecture. Puis un autre le samedi 13 juin, place de la République à Paris, auquel se sont joints d’autres collectifs de familles de victimes de violences policières. Ci-dessous deux articles publiés peu après par le site Slate et le magazine Regards. Et l’annonce d’une rencontre avec le porte-parole de ce comité, Youcef Brakni, le 14 janvier 2021, par une section parisienne de la Ligue des droits de l’Homme pour s’interroger sur ce que ces mobilisations ont modifié dans le paysage antiraciste en France.

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Le racisme postcolonial

L’histoire des immigrations postcoloniales
et de leurs luttes
éclairée par d’importants travaux

Le mouvement antiraciste du printemps 2020, avec l’irruption de ce qu’on a appelé « la génération Adama », a suscité de nombreux articles de chercheurs et chercheuses montrant que ce mouvement populaire, loin d’être une « importation américaine », est l’héritier direct d’une histoire importante mais largement ignorée. L’histoire et la sociologie des immigrations postcoloniales en France, particulièrement celles des luttes antiracistes menées en leur sein, longtemps quasi inexistantes ou bien faites uniquement du point de vue des politiques migratoires et toujours très peu enseignées, ont pourtant fait l’objet, depuis la révolte des quartiers populaires de 2005, de travaux importants. Nous présentons ici quelques unes de ces publications, toutes disponibles en ligne, qui mettent en lumières trois temps forts principaux : 1973, 1983 et 2005.

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Le racisme postcolonial

La race tue deux fois,
par Rachida Brahim

La race tue deux fois, à paraître en janvier 2021 aux éditions Syllepse, fait l’histoire des crimes racistes postcoloniaux en France jusqu’en 2000. Il met au jour ce « long désastre qui sait taire sa source » et dont l’occultation à peu près complète permet un déni officiel persistant, comme l’actualité récente l’a montré. De la grande vague de violence de 1973 dans le sud de la France aux crimes policiers des années 1990 en passant par les crimes racistes jalonnant les années 1980, l’ouvrage de Rachida Brahim, issu d’une base de données de plus de 700 cas, nous invite à prendre la mesure de cette histoire à l’heure où le racisme institutionnel et l’action de la police continuent chaque année à être à l’origine de nombreux morts. Nous en publions ici l’introduction, la table des matières ainsi que le film de trois minutes où elle présente sa thèse.

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Le racisme postcolonial

« Pour lutter contre le racisme,
il ne faut pas invisibiliser
la question de la “race” »,
par Patrick Simon

Le démographe Patrick Simon estime, dans un entretien au « Monde », que malgré l’invalidation scientifique de la notion de « race », cette dernière continue à avoir une influence sur la vie de millions de personnes. Les discriminations ethniques et raciales ont paradoxalement gagné en importance. Selon lui, pour renverser les préjugés fondés sur la couleur de la peau et lutter contre le racisme, il ne faut pas invisibiliser la question de la « race ». Au contraire, il est urgent d’introduire la diversité dans nos représentations collectives.

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Le racisme postcolonial

La nécessité d’un féminisme décolonial,
par Françoise Vergès

Dans son ouvrage, « Un féminisme décolonial », publié en février 2019 aux éditions la Fabrique, la politologue Françoise Vergès, militante antiraciste et féministe, apporte une contribution aux débats qui divisent les mouvements féministes. Refusant la dérive d’un féminisme qui ignorerait les enjeux de l’antiracisme et pourrait inclure de l’islamophobie, elle déploie, à partir des luttes des femmes du Sud global, une critique radicale du « capitalisme racial ». Nous publions sa présentation par l’éditeur ainsi qu’un entretien réalisé par Rosa Moussaoui et publié par « l’Humanité ».

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Pour Adama Traoré, une Marche à Beaumont-sur-Oise, le 21 juillet 2018

Deux ans après la mort d’Adama Traoré, âgé de 24 ans, le 19 juillet 2016, lors de son interpellation à Beaumont-sur-Oise, sa sœur, Assa Traoré, continue le combat pour que la Justice établisse les responsabilités dans la mort de son frère. Adama est mort par asphyxie après avoir subi un plaquage ventral lors de son arrestation, écrasé par trois gendarmes, et pour n’avoir reçu ensuite aucune assistance médicale. Elle a écrit au président de la République.

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Le racisme postcolonial

Barbares disent-ils

Manchester, Paris, Nice, mais également Istanbul, Bagdad, Kaboul … les attentats terroristes aveugles soulèvent une émotion légitime considérable et sont à peu près unanimement condamnés. On peut se demander si cette violence ne répond pas à la violence inhérente au colonialisme ? Dans le texte ci-dessous, écrit en septembre 2014, en réaction aux décapitations médiatisées d’otages occidentaux par de soi-disant djihadistes, la fondation Frantz Fanon propose des éléments de réflexion sur cette question.

Quoi qu’il en soit, il ne faut pas que «chacun s’autorise du crime de l’autre pour aller plus avant». Comme l’a écrit Albert Camus, « à cette logique, il n’est pas d’autre terme qu’une interminable destruction. 1»

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À quand la fin des contrôles d’identité au faciès ?

Lors de sa campagne présidentielle, François Hollande s’était engagé à lutter « contre le “délit de faciès” lors des contrôles d’identité, avec une nouvelle procédure respectueuse des citoyens » ; c’était une de ses 60 promesses – elle porte le numéro 30.1 . Mais l’expression “délit de faciès” ne figure pas dans le nouveau code de déontologie commun à la police et à la gendarmerie, en vigueur depuis le 1er janvier 2014.

Certes, le début de l’Article R. 434-16 du code de déontologie concernant les contrôles d’identité est une mise en garde :

Lorsque la loi l’autorise à procéder à un contrôle d’identité, le policier ou le gendarme ne se fonde sur aucune caractéristique physique ou aucun signe distinctif pour déterminer les personnes à contrôler, sauf s’il dispose d’un s1ignalement précis motivant le contrôle.

Le contrôle d’identité se déroule sans qu’il soit porté atteinte à la dignité de la personne qui en fait l’objet
. 2

Mais cela ne constitue pas une véritable interdiction du recours aux contrôles d’identité au faciès !

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Le gouvernement ne veut pas entendre parler de délit de faciès

On s »était réjoui trop vite de la décision de la cour d’appel de Paris qui, le 24 juin 2015, avait condamné l’État dans une affaire de « contrôles au faciès» : on pensait y voir le début de la réalisation
de l’engagement présidentiel N° 30 de François Hollande.

Hélas ! … il faut aujourd’hui déchanter : le gouvernement a décidé de se pourvoir en cassation contre les condamnations alors prononcées contre l’État.

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