« Paroles d’immigré.e.s », un podcast du Bondy Blog
Dans ce podcast, Ayoub Simour, journaliste au Bondy Blog, va discuter des hommes et des femmes âgé•e.s et issu•e•s de l’immigration.
Dans ce podcast, Ayoub Simour, journaliste au Bondy Blog, va discuter des hommes et des femmes âgé•e.s et issu•e•s de l’immigration.
En 2023 seront à commémorer et à mieux faire connaître deux moments importants dans l’histoire de l’immigration postcoloniale et dans celle des luttes antiracistes en France : d’une part la vague de crimes racistes impunis de 1973 et la réaction antiraciste à ces crimes, et de l’autre, dix ans plus tard, la Marche contre le racisme et pour l’égalité de 1983, première mobilisation de masse réussie lancée par les racisés eux-mêmes. Notre site y reviendra. Nous publions ici un entretien publié par Mediapart avec la sociologue Rachida Brahim, autrice de La race tue deux fois, et la romancière Dominique Manotti, autrice de Marseille 73. Toutes deux reviennent sur l’année 1973 et sur la permanence de l’impunité.
Les chibanis, — « cheveux blancs » en arabe — sont aujourd’hui de vieux travailleurs recrutés au cours des années 60, bien souvent pour les charger des travaux les plus pénibles : métiers du bâtiment, viticulture, horticulture, chantiers amiantés etc …
La SNCF avait embauché environ 2 000 Marocains dans les années 1970 dans le cadre d’une convention signée entre la France et le Maroc devant garantir « l’égalité des droits et de traitement avec les nationaux ». Aujourd’hui, 800 chibanis poursuivent la SNCF pour discrimination durant leur carrière. En première instance, le conseil de prud’hommes de Paris avait condamné la SNCF — voir 800 indigènes du rail — mais celle-ci ayant fait appel, l’affaire a été rejugée les 15 et 16 mai 2017. La cour rendra ses jugements fin janvier 2018.
Venus travailler pour reconstruire un pays en ruine après la guerre, ou simplement pour participer à une économie en relance, de nombreux étrangers ont traversé la Méditerranée dans les années 60. Et sont finalement restés, continuant leur activité professionnelle. Aujourd’hui, ils sont à la retraite, un repos bien mérité après une vie de contribution à la production de richesses en France. Car bien souvent, ce sont les travaux les plus pénibles qui étaient attribués à ces immigrés : métiers du bâtiment, viticulture, horticulture, chantiers amiantés etc.
Aujourd’hui, ils pensaient pouvoir jouir d’une pension de retraite acquise tout au long de leur carrière. Comme ils le souhaitent. Sans condition. Et pourtant, si, il existe une clause qui permet à la CARSAT (branche retraite) de refuser de distribuer les montants mérités : les Chibanis (« Anciens », en arabe) ont l’obligation de résider au moins 6 mois sur le territoire français pour obtenir ce qu’ils ont mis de côté au fil des prélèvements retenus sur leurs salaires. (Romain Alcaraz, La Marseillaise, 8 juillet 2011)
Alors qu’un rapport parlementaire insiste sur les fraudes sociales, n’y a-t-il pas quelque chose de véritablement indécent dans le comportement de certaines caisses de sécurité sociale vis-à-vis de ces vieux travailleurs ?
Après certains responsables du football français, c’est au tour d’un élu de droite de s’en prendre aux binationaux, c’est-à-dire aux ressortissants français qui possèdent la double nationalité.
Claude Goasguen, député de Paris (UMP) et ancien membre du mouvement d’extrême droite Occident, a ainsi avancé l’idée d’une limitation «des droits politiques» des binationaux, jugeant «gênant qu’une personne puisse voter en France et dans un autre Etat». Celui qui est aussi maire du 16° arrondissement a également évoqué la création d’un «registre des binationaux ». Des propos qui ont provoqué la colère de nombreux élus de gauche et qui ont même créé le trouble au sein de la majorité. Retour sur cette affaire avec Séverine Labat, politologue et chercheuse au CNRS.
Ils sont venus pour travailler et sont finalement restés. Des migrants des années 1960 vieillissent aujourd’hui dans les villes d’Europe occidentale, souvent dans l’isolement et la précarité.
Des associations dénoncent l’acharnement croissant de certaines caisses de retraite, caisses d’allocations familiales et administrations fiscales vis-à-vis des vieux migrants démunis1. Des contrôles discriminatoires et des demandes abusives de certaines caisses de sécurité sociale (CRAM, CAF, MSA) aboutissent à des redressements et des suppressions de prestations insupportables pour des personnes en situation de précarité.
Certes, des dispositions légales prévoient de contrôler la résidence en France des bénéficiaires de la quasi-totalité des prestations sociales. Mais cette condition de résidence ne peut remettre en cause la liberté fondamentale d’aller et venir, qui passe nécessairement par le maintien du droit au séjour et des droits sociaux (protection maladie, minimum vieillesse, logement). Dans ces conditions, les pratiques discriminatoires de contrôle de la résidence et de suspension des prestations pour les vieux migrants n’en apparaissent que plus indécentes.
Sous prétexte de lutte contre la fraude, la chasse aux vieux immigrés pauvres habitant les foyers semble avoir commencé. Un dossier de Nadjia Bouzeghrane, publié dans l’édition du 23 décembre 2010 du quotidien El Watan.
Les éditions Hachette Littérature ont réédité, en août 2009, sous le titre : Les immigrés algériens en France. Une histoire politique, l’ouvrage de Benjamin Stora paru en 1992 chez Fayard, Ils venaient d’Algérie2, version condensée d’une thèse de doctorat d’Etat, soutenue par l’auteur en 1991, sous la direction de Charles Robert Ageron. Nous reprenons un entretien de Benjamin Stora à propos de cet ouvrage suivi du compte rendu, publiés dans Le Soir d’Algérie, le 21 janvier 2010.
Benjamin Stora est professeur des universités à Paris XIII et à l’Inalco. Il a publié une trentaine d’ouvrages qui portent principalement sur l’histoire du nationalisme algérien, l’immigration et la guerre d’indépendance. Ses deux ouvrages récemment publiés en 2009 sont : Le Mystère de Gaulle, son projet pour l’Algérie (Ed Robert Laffont), et Les Immigrés algériens en France, une histoire politique (1912-1962).
Texte extrait des actes des journées de Larrazet (Tarn et Garonne) des 10 et 11 novembre 2006, consacrées à “La France et l’Algérie, l’histoire et l’avenir en partage”.
«À l’interface de la mémoire et de l’histoire, les journées de Larrazet ont démontré avec éclat qu’il était aujourd’hui possible de regarder le passé en face et de le faire respirer avec bonheur.
«La publication des actes, qui est le prolongement naturel des journées, a pour vocation de présenter le savoir historique actualisé de deux siècles d’une relation profonde. […]
«Qu’un village de 600 habitants s’y emploie pleinement contient toute la symbolique d’un nouvel âge du lien qui se tisse sous nos yeux.»
Dans l’ouvrage qu’ils viennent de publier, «Marianne et Allah –
Les politiques français face à la “ question musulmane ”»3,Vincent Geisser et Aziz Zemouri montrent que le « communautarisme musulman », unanimement dénoncé aujourd’hui en France, est moins le produit d’un supposé activisme islamique que celui des responsables politiques français.
Retraçant la longue gestation républicaine du Conseil français du culte musulman (CFCM), ils révèlent tout ce qu’elle doit à l’héritage de l’Algérie coloniale. Vous trouverez ci-dessous deux extraits du chapitre 9, intitulé Kabyles démocrates contre musulmans fanatiques, où ils mettent en évidence la renaissance du mythe kabyle.
Ils viennent de l’autre côté de la Méditerranée, de l’Algérie. De tout temps, ils ont fait figure d’« étrangers », d’« immigrés », de « musulmans » aux yeux des Français de métropole. Toujours à part, inassimilables. Indispensables, aussi. Que serait la France d’aujourd’hui sans ces immigrés qui l’ont aidée à bâtir sa croissance, après guerre et au-delà ?