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Édition du 15 mars au 1er avril 2025

Les nostalgiques de la colonisation

Perpignan : la condamnation de nostalgériques pour injure envers Roger Hillel est définitive

Roger Hillel, journaliste au Travailleur catalan avait assigné le cercle algérianiste des Pyrénées-orientales, le centre de documentation des Français d’Algérie et Mme Suzy Simon Nicaise, pour des propos offensants tenus à son sujet. L’affaire avait été examinée par la justice le 22 mars. Dans sa décision rendue le 3 mai, le tribunal condamne les prévenus pour les propos qu’il estime outrageants ou injurieux. Faute d’appel les condamnations sont devenues définitives.

Ci-dessous, deux lettres que Roger Hillel nous a adressées.

[Première mise en ligne le 9 mai 2016 — mise à jour le 8 juillet]

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Le projet de monument
Toulon

de la nostalgie de l’empire à la glorification de l’OAS

A Toulon en juin 1980, une stèle était plastiquée avant d’avoir été inaugurée : elle honorait Roger Degueldre, ancien chef des commandos de la mort, communément appelés “commandos Delta”, sous les ordres du général Raoul Salan, chef suprême de l’OAS. L’hommage à d’anciens tueurs de l’OAS avait dû être inacceptable à certains.

En effet, si le monument funéraire inauguré le 14 février 1971 dans le cimetière de Lagoubran à Toulon était un hommage empreint de nostalgie à la grandeur perdue de l’empire colonial français, il n’en est pas de même pour l’autre monument érigé Porte d’Italie à Toulon également en 1980 qui s’est voulu hommage à la violence de l’OAS pour défendre l’Algérie française.

La destruction partielle de ce second monument le rend aujourd’hui illisible pour les générations à venir : la stèle de la porte d’Italie est la première d’une série de stèles-monuments – Marignane, Aix-en-Provence, Perpignan, Béziers … – qui rendent hommage aux condamnés de l’OAS, et notamment aux quatre fusillés de l’organisation. Ne pas fournir d’explications aux Toulonnais et aux visiteurs étrangers, c’est tricher avec la vérité historique. Il n’est pas pire moyen pour perpétuer les conflits de mémoire liés au passé colonial de la France en Algérie.

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Toulon

Lagoubran : la stèle de la fin de l’empire

Plus d’un demi-siècle après l’arrêt des combats, les batailles mémorielles se poursuivent au sujet de la guerre d’Algérie. Des « stèles du souvenir » apparaissent …
Le plus ancien de ces monuments semble être celui de Narbonne 1. Réalisé en 1969, il a été inauguré le 30 mai 1970 par le général Edmond Jouhaud avec la complicité du maire Francis Vals (SFIO).

Il s’agit bien de l’ex-général putschiste, ancien adjoint du général Salan à la tête de l’OAS et responsable de la région d’Oran. Arrêté le 25 mars 1962, il est condamné à mort le 13 avril 1962 par le Haut tribunal militaire. Sa peine de mort est commuée en peine de détention criminelle à perpétuité le 28 novembre 1962. Il a été libéré de la prison de Tulle en décembre 1967, et une succession d’amnisties lui a permis de retrouver tous ses droits et prérogatives 2.

Érigé par l’Amicale des rapatriés d’outre mer de Narbonne et sa région et par un “comité de la stèle”, le monument de Narbonne n’est pas représentatif des stèles qui ont été mises en place ici ou là : tout d’abord, il est dépourvu du caractère violent que l’on retrouve chez beaucoup de celles-ci. D’autre part, il s’agit d’un véritable monument funéraire encastré parmi d’autres, au sein d’un cimetière (le Cimetière de la Cité). La stèle de Lagoubran est également située dans un cimetière de Toulon, mais on devrait plutôt la qualifier de mausolée de l’empire …

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le discours historique du préfet Deleplanque

La carrière de Jean Deleplanque a débuté comme sous-préfet dans la Marne en mars 1945 ; elle s’est poursuivie à Batna (Algérie) et à Grasse.
Promu préfet, il a été en poste successivement dans le Gers, en Guadeloupe puis dans le Var. C’est en tant que préfet du Var qu’il a prononcé le discours d’inauguration de la stèle de Lagoubran le 14 février 1971, discours que nous reprenons intégralement ci-dessous 3.

Sa carrière préfectorale poursuit sa progression : préfet de la région Bourgogne puis de la région Lorraine. En novembre 1971, il est entré comme chargé de mission au cabinet du ministre de l’intérieur, M. Raymond Marcellin, fonction qu’il conserve jusqu’en novembre 1973, date de sa nomination comme préfet de la région Bourgogne
4.

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Béziers

Pas de “garde biterroise” pour Ménard

Saisi par la préfecture, le juge des référés du tribunal administratif de l’Hérault a suspendu, le 19 janvier, l’exécution de la délibération du conseil municipal de Béziers datée du 15 décembre qui créait
une « garde biterroise ». Qualifiée de « milice » par les opposants de Robert Ménard, cette garde était censée regrouper des volontaires patrouillant dans les rues de Béziers dans un « contexte marqué par l’état d’urgence ».
Selon le juge, «la police administrative constitue un service public qui, par sa nature, ne saurait être délégué ».

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Ouest France, 27/09/2013
Hommages aux victimes de l'OAS

La mémoire d’Alfred Locussol, militant anticolonialiste

Pour l’anniversaire de son assassinat début janvier 1962, une cérémonie s’est déroulée le 4 janvier 2016 pour honorer la mémoire d’Alfred Locussol. Cet assassinat était le premier commis sur le territoire métropolitain, commandité et organisé par l’OAS depuis l’Algérie.

La stèle qui rend hommage à son engagement contre le colonialisme, inaugurée le 6 octobre 2012, a été brisée une semaine plus tard. Remise en état, elle était à nouveau vandalisée le 2 janvier 2013. La dernière dégradation, la quatrième, date du 1er novembre dernier. « Nous ne savons rien des motivations des vandales, déplore Pierre Frénée, coordonnateur de cet hommage. Cinquante ans après, c’est toujours un acte militant de dire qu’il a été assassiné par l’OAS 5 et déposer une gerbe au pied de sa stèle », souligne-t-il.

Ci-dessous, le message de voeux pour 2016, prononcé à Alençon, le 4 janvier 2016 par Jean-François Gavoury, président de l’ANPROMEVO, dans le cadre de l’hommage à la mémoire d’Alfred Locussol.

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Régionales 2015 en PACA : les clins d’œil aux pieds-noirs

Il est établi que le « vote pied-noir » est un mythe, mais les politiques sont persuadés qu’il existe bien et ils essaient de capter cet électorat.

Difficile de mesurer l’importance de cette population dans l’ensemble de la population française. C’est ainsi qu’une étude publiée en 2012 par le Centre de recherches politiques de Sciences Po (Cevipof) écrit que « la communauté pied-noir pèse 15,3% du corps électoral en Languedoc-Roussillon, 13,7% en Provence-Alpes-Côte d’Azur» 6. Cette étude désigne par l’expression «communauté pied-noir» l’ensemble des Français « qui revendiquent une ascendance pied-noire (c’est-à-dire ayant au moins un parent ou un grand-parent pied-noir)» 7. Une définition que l’on peut discuter.

Quoi qu’il en soit, les pieds-noirs constituent un groupe que l’on ne peut ignorer lors de l’élection qui s’annonce serrée entre la droite et le Front national.

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Beaucaire : débaptisation d’une rue du 19 mars 1962

Suivant l’exemple de Robert Ménard à Béziers, Julien Sanchez, maire Front national de Beaucaire (Gard), a décidé de débaptiser la « rue du 19 mars 1962. Fin de la guerre d’Algérie » pour la renommer « rue du 5 juillet 1962. Massacre d’Oran ». La pose de la nouvelle plaque sera effectuée le 29 novembre au matin au cours d’un “pèlerinage de Santa Cruz” 8

Le Front national est un enfant de Vichy et de la guerre d’Algérie. Des anciens de l’OAS et des partisans de l’Algérie française y ont trouvé toute leur place. Les rapports qu’il entretient avec la “communauté” des Pieds noirs ont évolué ; l’historienne Valérie Igounet l’expose ci-dessous.

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La Une du Journal de Béziers
Béziers

Béziers : des manifestants demandent le départ de Ménard

Des réfugiés, par dizaines, devant un train. La scène se déroule sur le quai d’une gare macédonienne, au mois de juin dernier. Et trois mois plus tard, elle se retrouve en Une du Journal de Béziers, agrémentée d’un panneau « Béziers 3.865km » et d’un « scolarité gratuite, hébergements et allocations pour tous ». « Ils l’ont maquillée à la nord-coréenne », fustige Eric Baradat, rédacteur en chef du service photo de l’AFP, sur les ondes de France Info.

Les propos du maire de Béziers ont provoqué la colère d’une partie des habitants de la ville. Ils étaient entre 500 et 700 — plus d’un millier suivant certains observateurs — à manifester ce samedi pour afficher leur soutien aux réfugiés, que Robert Ménard refuse d’accueillir.

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L'OAS et ses nostalgiques

Un livre d’Alain Ruscio : “Nostalgérie. L’interminable histoire de l’OAS »

Pour des centaines de milliers d’Européens qui ont naguère vécu en Algérie, l’idéalisation du passé s’est transformée en « nostalgérie », beau mot chargé de mélancolie. Mais le drame commence lorsqu’on constate qu’une seule famille politique française, celle des anciens de l’Organisation armée secrète (OAS) et de leurs héritiers, l’a durablement instrumentalisée. Les « ultras » de l’Algérie française, ces hommes qui avaient fait le choix, à partir de février 1961, d’enclencher, en Algérie et en France, une incroyable spirale de violence terroriste, menant toute une communauté à l’impasse puis à l’exil, ces hommes sont en partie parvenus à en accaparer la mémoire.

Alain Ruscio 9propose dans ce livre un récit synthétique des racines et de l’histoire de ce tragique épisode, ainsi que de ses séquelles contemporaines. Mobilisant un important corpus documentaire – dont beaucoup de Mémoires d’anciens de l’OAS –, l’auteur retrace la dérive de ces officiers à l’idéal patriotique dévoyé. Enfin, Alain Ruscio explique comment et pourquoi la mémoire brûlante de ces années de folie meurtrière travaille toujours, de façon souterraine, la société française.

Ce livre est une réponse à l’un des derniers négationnismes que véhicule encore une certaine histoire coloniale « à la française ».

Complément — Un débat a été organisé le 18 juin 2015, autour du livre Nostalgérie, animé par deux historiens, Alain Ruscio et Gilles Manceron. Les débats ont été enregistrés et mis en ligne à l’adresse Rosa-Lux.

[Mis en ligne le 15 avril 2015, mis à jour le 17 septembre]

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