L’hommage contestable rendu au commandant Hélie de Saint Marc
Le commandant Hélie Denoix de Saint Marc, 89 ans, a été élevé à la dignité de grand-croix de la Légion d’honneur par un décret du Président de la République paru samedi 26 novembre 2011 au Journal officiel1. Les insignes de la plus haute distinction française lui seront remis lundi 28 novembre en fin de matinée par Nicolas Sarkozy dans la cour d’honneur de l’Hôtel national des Invalides.
Entré dans la Résistance en février 1941, puis déporté en 1943 au camp de Buchenwald, Hélie Denoix de Saint Marc commandait par intérim le 1er régiment étranger de parachutistes (REP, Légion étrangère) qui a été le fer de lance du putsch manqué d’avril 1961. Le 1er REP ayant été dissous le 30 avril 1961, une partie de l’effectif déserte et rejoint l’OAS. Denoix de Saint Marc qui s’était constitué prisonnier, a été condamné le 5 juin 1961 à dix ans de détention criminelle – voir sa déclaration devant le Haut tribunal militaire. Libéré en décembre 1965, il avait été ensuite réintégré dans son grade de chef de bataillon (commandant) par l’amnistie de 19682. Il avait été élevé à la dignité de grand officier de la Légion d’honneur le 29 mars 20033.
Nous reprenons ci-dessous un large extrait de l’allocution prononcée le 29 mars 2003 par le général Michel Guignon, lors de son élévation à la dignité de grand officier. Sa lecture permet de comprendre le sens qu’il faut attribuer à cette nouvelle élévation : « aujourd’hui nous pouvons dire avec la plus grande conviction [que] votre récompense, c’est aussi notre récompense […] car elle vous a été attribuée au titre de la guerre d’Algérie. » Pendant la bataille d’Alger, en 1957, Hélie Denoix de Saint Marc était chef de cabinet du général Massu, chargé à partir de mai 1957 des relations avec la presse ; il était donc parfaitement au courant des pratiques mises en oeuvre durant la Bataille d’Alger – voir l’article de Gilles Manceron « Hélie Denoix de Saint-Marc ou la fabrication d’un mythe».