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Édition du 15 novembre au 1er décembre 2024

Livres, films, spectacles pour la reconnaissance

Cannes, le 21 mai 2010.
“Hors-la-loi” de Rachid Bouchareb (2010)

De la campagne de dénigrement du film « Hors-la-loi » à la « Fondation pour la mémoire de la guerre d’Algérie »

La campagne contre le film Hors-la-loi a été orchestrée par quelques députés UMP, élus de départements où la présence de nombreux rapatriés d’Afrique du Nord et de leurs descendants laisse croire à l’existence d’un “vote pied-noir”. Cela augure mal de l’indépendance de la Fondation pour la mémoire de la guerre d’Algérie, prévue à l’article 3 de la loi du 23 février 2005, qui sera soumise aux pressions de ces ultras. D’autant que la confusion entre mémoire(s) et histoire ne fait qu’entretenir l’inquiétude provoquée par l’ambiguïté du projet d’Hubert Falco. Ci-dessous, une tentative de faire le point sur ces questions en s’appuyant sur une documentation rassemblée depuis plusieurs années — les liens pointent tous vers des pages de ce site.

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La polémique injustifiable autour du film “Hors-la-loi” : une instrumentalisation politique de l’histoire

Vendredi 21 mai 2010, Rachid Bouchareb a présenté à Cannes son film, Hors-la-loi, qui raconte le parcours de trois frères dont la famille a survécu aux massacres de mai 1945 à Sétif. Le matin même, entre 1000 et 1500 personnes se sont réunies devant le monument aux morts de Cannes. D’après nicematin.com, ces manifestants, âgés en moyenne de 70 ans, s’étaient mobilisés en réaction au film, pour un hommage aux « victimes françaises » de la guerre d’Algérie et des évènements de Sétif. Ils répondaient à l’appel du député UMP des Alpes-Maritimes Lionnel Luca qui, sans avoir vu le film, avait accusé Rachid Bouchareb de « falsifier » l’histoire et de « raviver les blessures » de manière « irresponsable ». Un rassemblement auquel participaient d’autres députés UMP – Bernard Brochand, maire de Cannes, Michèle Tabarot, Jean-Claude Guibal, Jean Leonetti (Alpes-Maritimes), Elie Aboud (Hérault, président du Groupe d’études parlementaire sur les rapatriés), Richard Mallié (Bouches-du-Rhône) –, Colette Giudicelli, sénatrice UMP des Alpes-Maritimes1, ainsi que des anciens combattants, des associations de harkis et des membres du Front national. Les manifestants arboraient des pancartes où l’on pouvait notamment lire « Non à ce film anti-français » et ils ont entonné la Marseillaise et le Chant des Africains. Ci-dessous, le dossier publié dans Le Monde sur ce nouvel épisode de la “guerre des mémoires”.

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Hubert Falco veut voir des uniformes pour se sentir bien (© Jacques Robert)
“Hors-la-loi” de Rachid Bouchareb (2010)

Hubert Falco dénonce un film qu’il n’a pas vu

Hubert Falco a été nommé, le 23 juin 2009, secrétaire d’Etat à la Défense et aux anciens combattants (SEDAC), où il a succédé à Jean-Marie Bockel. Dans ces nouvelles fonctions, il a hérité d’un dossier : le film Hors-la-loi de Rachid Bouchared. En effet, le SEDAC avait saisi le Service historique de la défense (SHD) dès le 18 juin 2009, en lui demandant un « avis historique sur un projet de film réalisé par Rachid Bouchared »2.

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“Hors-la-loi” : le retour des guerres de mémoires

Devant la polémique qui s’est développée en France après l’annonce de la prochaine présentation au Festival de Cannes du film Hors-la-loi de Rachid Bouchareb, une douzaine de personnalités, historiens et créateurs, rappellent que « Le pire est à craindre quand le pouvoir politique veut écrire l’histoire que nos concitoyens iront voir demain sur nos écrans ». De son côté, l’Observatoire de la liberté de création de la Ligue des droits de l’Homme dénonce les pressions contre ce film.

[Mise en ligne le 5 mai 2010, mise à jour le 10]

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Dans le stade municipal de Philippeville – Skikda –, le 21 ou 22 août 1955 (© El Watan).
“Hors-la-loi” de Rachid Bouchareb (2010)

Benjamin Stora : il faut mettre fin au refus en France d’assumer la guerre d’Algérie

Benjamin Stora a dénoncé la campagne menée contre le film Hors-la-loi de Rachid Bouchareb dans un entretien à l’AFP où il estime que « le refus d’assumer la guerre d’Algérie est très mal vécu par une part importante de la société française, aujourd’hui : il faut donc l’affronter3 ». Pour l’historien, « il y a toujours eu une très grande difficulté à faire figurer l’Autre, l’ancien indigène du temps colonial, dans le cinéma français ». Il rappelle que l’Algérie formait trois départements et « était considérée comme la France ». « De ce fait, la séparation « n’a quasiment pas été représentée à l’écran comme la résultante de la volonté d’indépendance des Algériens. Elle a plutôt été vue comme le produit d’une trahison ou d’un abandon par les Français4 ». Du côté algérien, le gouvernement n’ayant pas répondu à l’initiative du FLN, le projet de loi sur la criminalisation de la colonisation semble abandonné.

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La polémique autour de “Hors-la-loi” tente de prolonger «le temps de la dénégation»

La France a décidément bien du mal avec certains épisodes de son histoire. Après les heures sombres du régime de Vichy, c’est le passé colonial français en Algérie qui se trouve aujourd’hui au centre d’une polémique à l’occasion de la prochaine présentation au Festival de Cannes du film Hors la loi de Rachid Bouchareb. Deux ans après que Bernard Bajolet, ambassadeur de France en Algérie, ait déclaré lors de son passage à l’Université du 8 mai 1945 de Guelma, le 27 avril 2008 : « aussi durs que soient les faits […] la France n’entend pas, n’entend plus, les occulter. Le temps de la dénégation est terminé »5, quelques élus de la droite extrême du midi méditerranéen lancent une polémique quelque peu artificielle. Derrière le dénigrement du film, qui « s’appuie sur de mauvaises raisons », comme le montre ci-dessous l’historien Gilles Manceron dans un entretien au quotidien El Watan, il faut voir une nouvelle tentative pour refuser de regarder en face les réalités de l’Histoire.

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Les œuvres sur la guerre d’Algérie devront-elles être soumises à une « précensure »?

« On pensait la censure coloniale supprimée, mais non », déplorait El Watan le 24 avril 20106. Le quotidien algérien commentait ainsi l’accusation de « falsification de l’histoire » formulée par Lionnel Luca, député UMP des Alpes-Maritimes, à propos de l’évocation des massacres de Sétif dans le film Hors-la-loi de Rachid Bouchareb. Lionnel Luca, craignant que le film ne soit sélectionné sous les « couleurs françaises » à Cannes, avait saisi courant 2009 le secrétaire d’Etat à la Défense et aux anciens combattants, Hubert Falco, lequel a demandé au Service historique de la Défense (SHD) un « avis historique » sur le projet de M. Bouchareb7. Ces péripéties dignes d’une époque que l’on pensait révolue posent question. En particulier : le versement d’une aide technique du CNC pour les œuvres touchant à la guerre d’Algérie sera-t-il désormais conditionné par le respect d’une vérité « officielle » ? D’autre part, le fait que Lionnel Luca ait évoqué la future Fondation pour la mémoire de la guerre d’Algérie8 n’est pas fait pour rassurer tous ceux que les finalités de ce nouvel organisme inquiètent.

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“Un siècle d’immigration des Suds en France”, par l’Achac

Le coffret « Un siècle d’immigration des suds en France » paraît en 2010, aux éditions La Découverte. Il rassemble une série de huit livres maintenant réunis en seul coffret. L’Achac a publié ces ouvrages au cours de dix ans d’un travail visant à décrypter le regard d’un pays sur ses nouveaux habitants, entre images et imaginaire colonial. Des milliers de photos ont été rassemblées et une exposition en plein air autour de l’Hôtel de Ville de Paris a été réalisée sur le thème, « Paris, 150 ans d’immigration ». Nous publions l’article de Stéphanie Binet publié par Libération le 26 février 2010 à propos de ce livre.

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Réflexion sur les récits de l’Algérie coloniale dont les colonisés sont absents, par Eric Savarese

Un collectif d’universitaires s’est réuni à Narbonne le 19 avril 2007 à l’initiative d’Eric Savarese9 pour réfléchir à la contribution qu’ils pourraient apporter au dépassement de la guerre des mémoires algériennes en France. Les contributions individuelles ainsi que le rapport de synthèse ont fait l’objet d’une publication : Eric Savarese (dir.), L’Algérie dépassionnée. Au delà du tumulte des mémoires, Paris, Syllepse, 200810. Nous reprenons ci-dessous de larges extraits du troisième chapitre de cet ouvrage, dû à Eric Savarese et intitulé « Des récits à l’histoire. Penser la relation coloniale », qui permet de réfléchir aux récits de l’Algérie coloniale dont les colonisés sont absents.

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“Les enjeux politiques de l’histoire coloniale”, par Catherine Coquery-Vidrovitch

Dans son livre Les enjeux politiques de l’histoire coloniale, l’historienne Catherine Coquery-Vidrovitch, professeure émérite d’histoire contemporaine de l’Afrique à l’université Paris-Diderot, fait le point du sursaut à la fois savant et politique qui a suscité l’émergence d’une vision de l’histoire, non pas refermée sur elle-même, mais replaçant l’histoire de la France dans l’histoire de l’ensemble du monde. A la suite du sommaire, nous en publions le début de l’introduction, puis sa présentation par Alain Ruscio.

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“La République impériale”, par Olivier Le Cour Grandmaison

Au tournant du XIXe siècle, les républicains favorables aux conquêtes coloniales ont réussi là où leurs prédécesseurs avaient échoué. Entre 1871 et 1913, les possessions françaises outre-mer sont passées de moins d’un million de kilomètres carrés à 13 millions, le nombre d’ « indigènes » progressant de 7 à 70 millions en 1938. Comment diriger un empire aussi vaste ? Quelles orientations – assimilation ou association – mettre en œuvre dans les territoires de la « Plus Grande France » ? Telles sont quelques-unes des questions auxquelles Olivier Le Cour Grandmaison tente de répondre dans La République impériale – Politique et racisme d’Etat11. Nous reprenons ci-dessous la présentation de son livre par l’historienne Catherine Coquery-Vidrovitch, suivi d’un un extrait de celui-ci.

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Suzanne Citron : “Nos ancêtres les Gaulois…” ? Ils sont fous ces historiens!

Pour l’historienne Suzanne Citron, qui s’intéresse notamment à l’historiographie scolaire et a publié Le Mythe national, l’histoire de la France revisitée, (éd. de l’Atelier, 2008), les ancêtres gaulois sont une fiction récente et la question des origines et de l’histoire doit être posée autrement. Nous reprenons un article d’elle initialement publié le 23 juin 2008 sur le site Rue89.

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