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Édition du 1er au 15 décembre 2025

Le 17 octobre 1961

Des manifestants algériens arrêtés à Puteaux le 17 octobre 1961. AFP/Fernand Parizot
Le 17 octobre 1961

remise des 10 000 premières signatures de l’appel à la reconnaissance des massacres du 17 octobre 61

Des manifestants algériens arrêtés à Puteaux le 17 octobre 1961. AFP/Fernand Parizot
Des manifestants algériens arrêtés à Puteaux le 17 octobre 1961. AFP/Fernand Parizot

C’est un massacre colonial dont la France officielle a jusqu’à présent refusé d’admettre l’existence. Il ne s’est pas déroulé en Algérie, au Cameroun ni à Madagascar, mais à Paris, ville-lumière, ville des Lumières… Le 17 octobre 1961, des dizaines d’Algériens et d’Algériennes ont été tués, certains en étant jetés à la Seine, alors qu’ils ne savaient pas nager, pour avoir osé braver le couvre-feu qui leur était imposé. D’autres ont été battus à mort dans la cour de la Préfecture de police ou dans ses annexes, cette même Préfecture où, l’on va, aujourd’hui, retirer son permis de conduire ou une carte de séjour, sans oublier celles et ceux qui y célèbrent leur naturalisation.

Il n’y eut aucune enquête officielle, aucune inculpation ou mise en cause … mais, aujourd’hui, le 17 octobre est lourd d’enseignements : il nous rappelle le rôle ambigu de la gauche française pendant la Guerre d’Algérie, mais également que la France officielle a toujours aussi mal à sa mémoire coloniale – cette France qui s’en va donner des leçons mémorielles à la planète entière.
Il nous rappelle aussi que, finalement, l’idéologie raciste et coloniale perdure en France.

C’est tout cela qu’ont compris nombre de ceux qui ont manifesté le 17 octobre 2011 ou qui ont signé l’appel de Mediapart demandant une reconnaissance officielle de ce massacre1 – appel qui sera prochainement remis aux plus hautes autorités françaises avec l’espoir des 10 000 premiers signataires d’être entendu.

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le massacre du 17 octobre 1961 : vers une reconnaissance politique ?

Plus personne ne conteste la réalité du massacre des Algériens d’octobre 1961, et, en février 1999, un substitut a reconnu ce « massacre », mais, jusqu’à présent, il ne s’est pas trouvé un seul représentant des plus hautes autorités de l’État pour évoquer publiquement la responsabilité de l’État dans ce sinistre épisode de la guerre d’Algérie.

Aujourd’hui, alors que la pétition lancée par Mediapart a reçu près de 9 000 signatures en une semaine, la droite continue à s’en tenir à un refus hautain, tandis que la gauche semble prête à voter une loi reconnaissant le massacre des Algériens.

Pierre Tartakowsky, président de la Ligue des droits de l’Homme, déclare n’avoir « qu’un seul regret, c’est de constater que le gouvernement ne dit mot, et n’éclaire pas ce qui doit être éclairé ». Il poursuit : « On ne construit pas la démocratie […] sur l’oubli ou sur le mensonge ». 2

[Mise en ligne le 19 octobre 2011, mis à jour le 21]

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Un bidonville parisien en 1960
Le 17 octobre 1961

la LDH de Toulon, le 17 octobre 2011 : “indignons-nous … engageons-nous !”

Un ancien habitant d’un bidonville de Bezons – il avait 8 ans en 1961 – a écrit son témoignage dont voici un large extrait3 :

«Le 17 octobre 1961, les Algériens ont voulu exprimer pacifiquement pour dire halte aux discriminations, aux rafles, aux ratonnades, mais aussi à la misère subie.

«50 ans après, je n’arrive pas à comprendre pourquoi la France et l’Algérie n’arrivent toujours pas à se réconcilier et à construire un avenir commun, sans pour autant oublier ce qui s’est passé. Après d’énormes déchirures, d’autres peuples ont réussi à marcher ensemble, alors pourquoi ne pas y parvenir nous aussi ?

«Pour moi, il y a des points communs entre le 17 octobre 1961 et la Journée mondiale du refus de la misère. En effet, il s’agit de deux combats pour la liberté, le bien-être, la volonté de vivre décemment et le refus de la violence subie. La misère génère aussi une violence. Par exemple quand après une vie de travail, on se retrouve sans emploi et pas assez d’argent pour manger, payer son loyer et faire vivre sa famille.

«Par ailleurs, le 17 octobre 1961 et la Journée mondiale du refus de la misère sont deux manifestations pacifiques, mais il n’empêche que tout en étant pacifiques, elles portent en elles une forme de violence car en exprimant son refus, quelque part, cela est perçu comme une provocation par les personnes qui nous contraignent à vivre dans de telles conditions.»

Voila pourquoi la section de Toulon de la Ligue des droits de l’Homme s’est associée au Comité du refus de la misère pour commémorer ensemble les massacres du 17 octobre 1961, et voici le texte de son intervention, le 17 octobre 2011, sur le parvis des droits de l’Homme à Toulon.

[Mis en ligne le 17 octobre 2011, mis à jour le 19]

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reconnaître le crime d’État du 17 octobre 1961 et permettre l’accès aux archives

Afin que la lumière puisse être faite sur le massacre des Algériens par la police parisienne le 17 octobre 1961, la Ligue des droits de l’Homme demande dans un communiqué que soit assurée la liberté d’accès aux archives concernant cet événement dramatique.

L’historien Gilles Manceron, auteur de La Triple occultation d’un massacre (publié avec Le 17 octobre des Algériens, de Maurice et Paulette Péju, éd. La Découverte), revient sur l’occultation de ce massacre dans la mémoire collective et explique les mécanismes qui ont contribué à cette amnésie organisée.

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Le 17 octobre 1961

le détournement des travaux d’une historienne sur le massacre du 17 octobre 1961

Linda Amiri est une chercheuse en histoire, auteure de deux ouvrages sur le 17 octobre 1961 : La Bataille de France, la guerre d’Algérie en métropole (Editions Robert Laffont, 2004) et Les Fantômes du 17 octobre 1961 (Editions mémoires-génériques, 2001).
Historienne reconnue par la communauté scientifique, elle voit ses travaux détournés par des groupuscules d’extrême droite qui tentent par ce moyen dérisoire de s’opposer à l’émergence de la vérité à propos du massacre du 17 octobre 1961 à Paris.

La Ligue des droits de l’Homme proteste contre ces manœuvres et apporte son entier soutien à Linda Amiri.

Les réactions de deux hommes politiques locaux – Lionnel Luca, député-maire de Saint-Laurent-du-Var, et Christian Estrosi, député-maire de Nice – montrent que les préjugés coloniaux continuent à prospérer dans le midi méditerranéen.

[mis en ligne le 17 octobre 2011 à 15h, mis à jour à 23h25]

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Gilles Manceron : “le déni de la réalité” est voué à l’échec

Pour Gilles Manceron, le déni par les autorités françaises de la répression du 17 octobre 1961, et, plus généralement, l’absence de reconnaissance des importantes atteintes aux droits de l’homme qui ont émaillé le passé colonial de la France sont des combats d’arrière-garde.

Dans les deux entretiens que nous reprenons, l’historien exprime sa conviction que, l’exigence de reconnaissance étant de plus en plus forte, ces combats sont voués à l’échec.

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Le 17 octobre 1961

 17 octobre 1961 : nouveaux films, nouveaux livres

Le 17 octobre 1961, à l’appel du FLN une manifestation pacifique est organisée à Paris pour protester contre le couvre-feu discriminatoire instauré par le Préfet de police Maurice Papon. Les forces de l’ordre la dispersent très violemment : selon les historiens, on compte aux alentours de 100 à 200 morts et disparus et 2300 blessés
– voir un résumé de ces événements.

A l’occasion du cinquantième anniversaire de ces massacres :

– deux films sortent en salle ; ils complètent Le silence du fleuve réalisé en 1991 par Mehdi Lallaoui et Agnès Denis, et ceux de Daniel Kupferstein :

– plusieurs livres sont publiés :

[Mis en ligne le 10 septembre 2011, mis à jour le 16 octobre]

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Paul Rousseau était policier lors de la répression sanglante du 17 octobre 1961 à Paris, contre des manifestants maghrébins.
Le 17 octobre 1961

Paul Rousseau : “je les voyais jeter des corps à la Seine”

Une plaque rendant hommage aux victimes du 17 octobre 1961 sera inaugurée le 17 octobre à 18h30, sur le Pont de Clichy à Clichy-la-Garenne (Hauts-de-Seine). A 20 h la médaille d’or de la ville sera remise à Paul Rousseau. Aujourd’hui âgé de 78 ans, cet ancien policier qui était en service au Pont de Clichy a apporte son témoignage4.

En dépit du travail des historiens et de tous les témoignages rassemblés, certains persistent dans le déni, tel le maire de Neuilly-sur-Seine qui refuse d’autoriser un rassemblement commémoratif sur le Pont de Neuilly le 17 octobre 2011.

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Le 17 octobre 1961

“le 17 octobre des Algériens” de Marcel & Paulette Péju, suivi de “la triple occultation d’un massacre” par Gilles Manceron

À cinq mois de la fin de la guerre d’Algérie, le 17 octobre 1961, Paris a connu le plus grand massacre de gens du peuple depuis la Semaine sanglante de 1871. Des dizaines de milliers d’Algériens manifestant sans armes ont été violemment réprimés par des policiers aux ordres du préfet Maurice Papon, faisant peut-être deux cents morts.

Et pendant une trentaine d’années, ce drame a été « oublié». Pourtant, dès l’époque, des femmes et hommes courageux avaient tenté de le faire connaître. En témoigne le texte inédit que Marcel et Paulette Péju devaient faire paraître à l’été 1962 et publié ici pour la première fois.

Il est complété par “La triple occultation d’un massacre” de Gilles Manceron, qui jette une lumière neuve sur cet événement. Papon était appuyé dans le gouvernement par ceux qui désapprouvaient les choix du général de Gaulle dans les négociations en cours pour l’indépendance de l’Algérie. Il a préparé et orchestré la violence de la répression en donnant aux policiers une sorte de permis de tuer. Gilles Manceron éclaire également les raisons de la longue occultation du massacre : sa dissimulation par ses organisateurs au sein de l’État français ; l’effacement de sa mémoire au profit de celle de Charonne en février 1962 ; et le silence des premiers gouvernants de l’Algérie indépendante, car les organisateurs de la manifestation étaient devenus leurs opposants.

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Le 17 octobre 1961

Cinquantenaire du 17 octobre : appels pour la reconnaissance

Le massacre de la manifestation pacifique du 17 octobre 1961 fait partie de notre histoire. En partenariat avec l’association Au nom de la mémoire, Mediapart lance, à l’aube du cinquantième anniversaire de l’indépendance de l’Algérie, un appel pour «une nouvelle fraternité franco-algérienne» fondée sur la vérité, «gage de réconciliation». Pour le signer, utilisez ce formulaire.

Le second appel est proposé à la signature des associations, organisations (syndicats, partis politiques…). Les organisations qui souhaitent s’y associer doivent prendre contact en confirmant leur accord avec un message adressé à ">.

[Mis en ligne le 12 septembre, mis à jour le 12 octobre]

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Le 17 octobre 1961

le pacte du silence, par Sonia Combe

En janvier 1998, le conseiller d’État Dieudonné Mandelkern remettait le Rapport sur les archives de la Préfecture de police relatives à la manifestation organisée par le FLN le 17 octobre 1961 établi par la mission qu’il avait présidée5.

Après avoir énuméré les documents sur lesquels la mission a pu travailler, le rapport donne une liste de documents manquants. Des «documents dont l’intérêt aurait dû imposer la conservation, mais qui ont été parfois détruits ou que la mission n’a pu retrouver6». Par exemple, les archives de la brigade fluviale ont été détruites. «Aucun exemplaire» du rapport du préfet de police au ministre de l’intérieur «relatif à la manifestation du 17 octobre 1961, ne semble avoir été conservé dans les archives de la préfecture de police, pas plus qu’à la direction générale de la police nationale7» – la Présidence de la République et le Premier Ministre étaient également destinataires de ce rapport.

La mission n’a pas trouvé trace des archives des services suivants :

  • le service de coordination des affaires algériennes (SCAA).
  • le service d’assistance technique (SAT) aux Français musulmans d’Algérie (FMA).
  • le centre d’identification de Vincennes (CIV), créé en janvier 1959 pour recevoir les FMA interpellés sur la voie publique.
  • les archives de la direction de la réglementation du ministère de l’intérieur (les arrêtés ministériels prononçant des assignations à résidence ou des mesures d’éloignement).

Sonia Combe, auteur de Archives interdites. L’histoire confisquée8 rappelle brièvement les violents débats auxquels l’application de la loi du 3 janvier 1979 sur les archives 9 a donné lieu en février 1999 à l’occasion du procès de Maurice Papon contre Jean-Luc Einaudi.

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