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Édition du 15 novembre au 1er décembre 2024

Le 17 octobre 1961

Gilles Manceron : “le déni de la réalité” est voué à l’échec

Pour Gilles Manceron, le déni par les autorités françaises de la répression du 17 octobre 1961, et, plus généralement, l’absence de reconnaissance des importantes atteintes aux droits de l’homme qui ont émaillé le passé colonial de la France sont des combats d’arrière-garde.

Dans les deux entretiens que nous reprenons, l’historien exprime sa conviction que, l’exigence de reconnaissance étant de plus en plus forte, ces combats sont voués à l’échec.

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Le 17 octobre 1961

 17 octobre 1961 : nouveaux films, nouveaux livres

Le 17 octobre 1961, à l’appel du FLN une manifestation pacifique est organisée à Paris pour protester contre le couvre-feu discriminatoire instauré par le Préfet de police Maurice Papon. Les forces de l’ordre la dispersent très violemment : selon les historiens, on compte aux alentours de 100 à 200 morts et disparus et 2300 blessés
– voir un résumé de ces événements.

A l’occasion du cinquantième anniversaire de ces massacres :

– deux films sortent en salle ; ils complètent Le silence du fleuve réalisé en 1991 par Mehdi Lallaoui et Agnès Denis, et ceux de Daniel Kupferstein :

– plusieurs livres sont publiés :

[Mis en ligne le 10 septembre 2011, mis à jour le 16 octobre]

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Paul Rousseau était policier lors de la répression sanglante du 17 octobre 1961 à Paris, contre des manifestants maghrébins.
Le 17 octobre 1961

Paul Rousseau : “je les voyais jeter des corps à la Seine”

Une plaque rendant hommage aux victimes du 17 octobre 1961 sera inaugurée le 17 octobre à 18h30, sur le Pont de Clichy à Clichy-la-Garenne (Hauts-de-Seine). A 20 h la médaille d’or de la ville sera remise à Paul Rousseau. Aujourd’hui âgé de 78 ans, cet ancien policier qui était en service au Pont de Clichy a apporte son témoignage1.

En dépit du travail des historiens et de tous les témoignages rassemblés, certains persistent dans le déni, tel le maire de Neuilly-sur-Seine qui refuse d’autoriser un rassemblement commémoratif sur le Pont de Neuilly le 17 octobre 2011.

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Le 17 octobre 1961

“le 17 octobre des Algériens” de Marcel & Paulette Péju, suivi de “la triple occultation d’un massacre” par Gilles Manceron

À cinq mois de la fin de la guerre d’Algérie, le 17 octobre 1961, Paris a connu le plus grand massacre de gens du peuple depuis la Semaine sanglante de 1871. Des dizaines de milliers d’Algériens manifestant sans armes ont été violemment réprimés par des policiers aux ordres du préfet Maurice Papon, faisant peut-être deux cents morts.

Et pendant une trentaine d’années, ce drame a été « oublié». Pourtant, dès l’époque, des femmes et hommes courageux avaient tenté de le faire connaître. En témoigne le texte inédit que Marcel et Paulette Péju devaient faire paraître à l’été 1962 et publié ici pour la première fois.

Il est complété par “La triple occultation d’un massacre” de Gilles Manceron, qui jette une lumière neuve sur cet événement. Papon était appuyé dans le gouvernement par ceux qui désapprouvaient les choix du général de Gaulle dans les négociations en cours pour l’indépendance de l’Algérie. Il a préparé et orchestré la violence de la répression en donnant aux policiers une sorte de permis de tuer. Gilles Manceron éclaire également les raisons de la longue occultation du massacre : sa dissimulation par ses organisateurs au sein de l’État français ; l’effacement de sa mémoire au profit de celle de Charonne en février 1962 ; et le silence des premiers gouvernants de l’Algérie indépendante, car les organisateurs de la manifestation étaient devenus leurs opposants.

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Le 17 octobre 1961

Cinquantenaire du 17 octobre : appels pour la reconnaissance

Le massacre de la manifestation pacifique du 17 octobre 1961 fait partie de notre histoire. En partenariat avec l’association Au nom de la mémoire, Mediapart lance, à l’aube du cinquantième anniversaire de l’indépendance de l’Algérie, un appel pour «une nouvelle fraternité franco-algérienne» fondée sur la vérité, «gage de réconciliation». Pour le signer, utilisez ce formulaire.

Le second appel est proposé à la signature des associations, organisations (syndicats, partis politiques…). Les organisations qui souhaitent s’y associer doivent prendre contact en confirmant leur accord avec un message adressé à ">.

[Mis en ligne le 12 septembre, mis à jour le 12 octobre]

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Le 17 octobre 1961

le pacte du silence, par Sonia Combe

En janvier 1998, le conseiller d’État Dieudonné Mandelkern remettait le Rapport sur les archives de la Préfecture de police relatives à la manifestation organisée par le FLN le 17 octobre 1961 établi par la mission qu’il avait présidée2.

Après avoir énuméré les documents sur lesquels la mission a pu travailler, le rapport donne une liste de documents manquants. Des «documents dont l’intérêt aurait dû imposer la conservation, mais qui ont été parfois détruits ou que la mission n’a pu retrouver3». Par exemple, les archives de la brigade fluviale ont été détruites. «Aucun exemplaire» du rapport du préfet de police au ministre de l’intérieur «relatif à la manifestation du 17 octobre 1961, ne semble avoir été conservé dans les archives de la préfecture de police, pas plus qu’à la direction générale de la police nationale4» – la Présidence de la République et le Premier Ministre étaient également destinataires de ce rapport.

La mission n’a pas trouvé trace des archives des services suivants :

  • le service de coordination des affaires algériennes (SCAA).
  • le service d’assistance technique (SAT) aux Français musulmans d’Algérie (FMA).
  • le centre d’identification de Vincennes (CIV), créé en janvier 1959 pour recevoir les FMA interpellés sur la voie publique.
  • les archives de la direction de la réglementation du ministère de l’intérieur (les arrêtés ministériels prononçant des assignations à résidence ou des mesures d’éloignement).

Sonia Combe, auteur de Archives interdites. L’histoire confisquée5 rappelle brièvement les violents débats auxquels l’application de la loi du 3 janvier 1979 sur les archives 6 a donné lieu en février 1999 à l’occasion du procès de Maurice Papon contre Jean-Luc Einaudi.

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Le 17 octobre 1961

 17 octobre 1961 : chèque en blanc à Maurice Papon, par Emmanuel Blanchard

De 1925 à 1945, en région parisienne, les Algériens étaient “suivis” par une équipe spécialisée, la Brigade nord-africaine de la préfecture de police. Les “indigènes” étant devenus “Français musulmans d’Algérie”, théoriquement égaux en droit aux autres citoyens français, celle-ci fut dissoute. Au début des années 1950, l’émeute algérienne devient un sujet de préoccupation majeur, exacerbé par la répression féroce de la manifestation du 14 juillet 1953, place de la Nation. Une nouvelle police spécialisée est alors reconstituée avec la Brigade des agressions et violences. Ses objectifs : pénétrer les “milieux nord-africains” et ficher les Algériens.

Entre 1958 et 1962, dans le contexte de la guerre ouverte en Algérie, le répertoire policier se radicalise : il faut désormais “éliminer les indésirables”. Rafles, camps d’internement et retours forcés se multiplient, les brutalités policières deviennent fréquentes, jusqu’à la torture. Le préfet de police Maurice Papon reçoit un « chèque en blanc » pour combattre le FLN. Les massacres d’octobre 1961 incarnent le moment le plus tragique de cette période noire.

Dans son livre La police parisienne et les Algériens : 1945-19627, Emmanuel Blanchard, en éclaire les mécanismes par une étude historique fondée sur des archives et des témoignages inédits. Nous en reprenons ci-dessous l’épilogue.

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Le préfet Maurice Papon.
Le 17 octobre 1961

la lente résurgence des massacres d’Algériens en octobre 1961, dans la mémoire collective française

D’après les historiens britanniques Jim House et Neil MacMaster, les massacres d’Algériens à Paris, en octobre 1961, constituent « dans toute l’histoire contemporaine de l’Europe occidentale, la répression d’État la plus violente et la plus meurtrière qu’ait jamais subie une manifestation de rue désarmée8». Le nombre de victimes, morts ou disparus, n’est pas connu de façon précise, mais les historiens l’évaluent à plusieurs centaines.

En février 1962, les huit morts du métro Charonne provoqueront une mobilisation sans précédent des grands partis de gauche et des syndicats contre l’OAS, la police et les partisans de l’Algérie française. «C’est le plus sanglant affrontement entre policiers et manifestants depuis 1934», titrera
en page 2 Le Monde du 10 février 19629, témoignant ainsi de l’occultation des massacres des Algériens qui s’étaient déroulés quelques mois auparavant.

Un demi-million de personnes ont suivi les obsèques des victimes de Charonne, alors qu’aucune manifestation d’ampleur n’avait eu lieu après le 17 octobre 1961. «Les Français ont “choisi entre les morts”», dira avec un sentiment de malaise un témoin présent au défilé10.

Ce n’est qu’à l’occasion du procès pour crimes contre l’humanité intenté à Maurice Papon, en octobre 1997 – l’ancien secrétaire général de la préfecture de la Gironde doit répondre de son rôle dans la déportation de 1690 Juifs en 1942 –, que l’ampleur du carnage d’octobre 1961 est portée à la connaissance du public, grâce au témoignage de l’historien Jean-Luc Einaudi. Un pas de plus est franchi en février 1999, lorsque Papon attaque Einaudi en diffamation au tribunal correctionnel de Paris. Les dépositions de quelques survivants sont confortées par le témoignage de deux conservateurs aux Archives de Paris en charge des archives judiciaires. Etablie de façon éclatante, la réalité des faits est alors reconnue par le substitut du procureur de la République, représentant de l’État. Il met en pleine lumière la spécificité des massacres d’octobre 1961 : il ne s’agissait pas d’un fait de guerre “ordinaire”, car les victimes n’étaient pas des combattants, mais des familles venues manifester pacifiquement !

Ces événements se sont déroulés il y a cinquante ans, et ils continuent à être souvent confondus avec ceux du métro Charonne. Mais on assiste à leur lente ré-émergence dans la mémoire collective française ; vous en trouverez ci-dessous une chronologie sommaire.

Il est temps que l’État français reconnaisse enfin sa responsabilité !
Il est vrai que, selon l’historien Pierre Vidal-Naquet, «ne pas parler de la guerre d’Algérie fait partie d’un patrimoine commun à la gauche et à la droite11».

[Mis en ligne le 22 septembre 2011, mis à jour le 10 octobre]

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Papon à Bordeaux, le 15 octobre 1997 (Riss, «Le procès Papon», Charlie hebdo, hors-série n° 6, avril 1998).
Le 17 octobre 1961

la police parisienne et les Algériens au cours des années 1958 à 1962, par Jean-Luc Einaudi

« En l’an 2000, la préfecture de police de Paris a célébré son bicentenaire. A cette occasion a été écrit et publié un petit ouvrage relatant l’histoire de la préfecture de police vue par elle-même. Réalisé sous la direction (scientifique, paraît-il) de monsieur Claude Charlot, chef du service des archives et du musée de la préfecture de police, il s’intitule La préfecture de police au service des Parisiens et est sous-titré Fidèle à ses traditions pour préparer l’avenir. Tout un programme ! »

Ainsi débute un petit livre de 86 pages intitulé Les silences de la police que Jean-Luc Einaudi et Maurice Rajsfus ont publié en octobre 200112.
Il s’agissait pour eux d’aborder deux épisodes de l’histoire contemporaine “oubliés” dans le fascicule officiel : la rafle du Vél’ d’Hiv est expédiée en à peine deux lignes : “la police parisienne fut sollicitée pour la grande rafle qui groupa, au vélodrome d’Hiver, des milliers de Juifs, les 16 et 17 juillet 1942”, et le massacre des Algériens du 17 octobre 1961 est complètement occulté.

Nous reprenons ci-dessous le dernier chapitre des Silences de la police où Jean-Luc Einaudi évoque le comportement de la police parisienne par rapport aux Algériens pendant la guerre d’Algérie.

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© Roger-Viollet
Le 17 octobre 1961

“tu vas voir la France”, par Maïssa Bey

Mardi 17 octobre 1961, des milliers d’Algériens et d’Algériennes
défilèrent dans Paris pour protester contre le couvre-feu qui leur était imposé par le préfet de police Maurice Papon. Cette manifestation organisée par le FNL était pacifique. Les hommes et les femmes s’étaient endimanchés, certains vinrent avec leurs enfants. Ils ne portaient aucune arme et avaient consigne de ne répondre à aucune violence. Mais sur les ponts, au sortir des métros… les forces de l’ordre les attendaient. La répression fut féroce: des milliers de blessés, des centaines de morts – de nombreux cadavres furent retrouvés dans la Seine. Mais, officiellement, il n’y eut que deux morts. Aujourd’hui encore, l’Etat nie les faits historiquement établis et, sous couvert de raison d’Etat, empêche de faire toute la lumière sur cette répression féroce.

Jusqu’au 17 octobre 2011, jour du cinquantenaire de ce mardi macabre, Mediapart publie, en association avec Au Nom de la Mémoire, collectif animé par Mehdi Lallaoui et Samia Messaoudi, les textes de 17 écrivains, hommes et femmes, français et algériens, rappelant le souvenir de cet épisode sombre et honteux de notre histoire – ces textes seront publiés en librairie. Ci-dessous le texte de Maïssa Bey13.

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le 17 octobre 1961 et les archives, par Jean-Luc Einaudi

La recherche de la vérité concernant des événements du passé soulève de nombreux problèmes au niveau des archives : collecte, tri, classement, conservation, etc. Viennent ensuite les problèmes de l’accès aux archives : leur communicabilité et en particulier les délais d’accès. On se heurte souvent à la difficulté, voire à l’impossibilité radicale, d’accéder à des sources essentielles à la connaissance de certains épisodes de l’histoire de France.

C’est le cas des massacres du 17 octobre 1961 dont plusieurs archives importantes sont devenues inaccessibles car elles ont tout simplement été détruites. Ont notamment disparu les archives de la brigade fluviale, service qui repêchait des cadavres que l’on trouvait à cette époque-là dans la Seine et ses affluents14. Pour aller plus loin, on pourra lire, sur ce site, l’article “Secret des archives et raison d’État” de René Gallissot.

Le début de la préface de Jean-Luc Einaudi à la dernière édition de son livre Octobre 1961, un massacre à Paris 15, que nous reprenons ci-dessous, donne une idée des répercussions que ces événements tragiques ont pu avoir à l’intérieur du monde des archives.

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“Fatima pour mémoire”, par Didier Daeninckx

Le 17 octobre 1961– c’était un mardi – des milliers d’Algériens et d’Algériennes
défilèrent dans Paris pour protester contre le couvre-feu qui leur était imposé par le préfet Maurice Papon. Si, depuis plus de cinq ans, la guerre faisait rage en Algérie, cette manifestation organisée par le FNL était pacifiste. Les hommes et les femmes s’étaient endimanchés, certains vinrent avec leurs enfants. Ils ne portaient aucune arme, avaient consigne de ne répondre à aucune violence. Mais sur les ponts, au sortir des métros… les forces de l’ordre les attendaient. La répression fut féroce: des milliers de blessés, des dizaines de morts – jusqu’à 300, affirme l’historien Jean-Luc Einaudi. Durant des jours, des cadavres furent retrouvés dans la Seine. Officiellement, il n’y a eu que deux morts. Aujourd’hui encore, l’Etat nie les faits historiquement établis et, sous couvert de raison d’Etat, empêche de faire toute la lumière sur cette répression féroce.

Jusqu’au 17 octobre 2011, jour du cinquantenaire de ce mardi macabre,
Mediapart publie, en association avec Au Nom de la Mémoire, collectif animé
par Mehdi Lallaoui et Samia Messaoudi, les textes de 17 écrivains, hommes et
femmes, français et algériens, rappelant le souvenir de cet épisode sombre et
honteux de notre histoire – ces textes seront publiés en librairie. Ci-dessous le texte de Didier Daeninckx, auteur en 1983 de Meurtres pour mémoire (Gallimard), un roman noir dont l’action se situe le 17 octobre 1961.

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