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Le 17 octobre 1961

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Le 17 octobre 1961

 17 octobre 1961 : massacre colonial à Paris

«Le 17 octobre 1961, ce ne fut pas un service de maintien de l’ordre qui fut mis en oeuvre, mais une véritable “chasse à l’homme” fondée sur des critères raciaux», écrit Emmanuel Blanchard, dans son livre La police parisienne et les Algériens (1944-1962)1. Après avoir rappelé que «outre celui de “ratonnades”, c’est le terme de “pogrom” qui fut utilisé pour qualifier» cette soirée, l’historien conclut que «la qualification de “massacre colonial” rend mieux compte de ce que ces utilisations des forces de l’ordre participaient de techniques de gouvernement impérial».

Nous reprenons ci-dessous l’épilogue du livre d’Emmanuel Blanchard.

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Le 17 octobre 1961

appel pour le  17 octobre 2012

Appel du Collectif 17 octobre, dont la Ligue des droits de l’Homme est membre, pour le 51e anniversaire des massacres du 17 octobre 1961 à Paris : Rassemblement le 17 Octobre 2012 à 18h au Pont Saint Michel2

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Le 17 octobre 1961

 14 juillet 1953 : répression coloniale, place de la Nation

Les massacres d’Algériens, à Paris, en octobre 1961 font partie de la mémoire collective française – ils ont même été officiellement reconnus il y a quelques mois par le président de la République (note ajoutée le 15 juillet 2013). Il n’en est pas de même pour la violente répression qui a frappé des Algériens à Paris le 14 juillet 1953. Ce jour-là, un important cortège de travailleurs algériens s’était formé, encadré par le MTLD (Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques) de Messali Hadj. Ils scandaient “Non au colonialisme !”, “Nous voulons l’indépendance !” … Place de la Nation, les forces de l’ordre ont chargé ; des policiers ont tiré – il y aura 7 morts, six jeunes ouvriers algériens et un métallurgiste français, syndicaliste CGT.

Pour rappeler cet événement quasiment oublié, nous reprenons ci-dessous des extraits du chapitre que l’historien Emmanuel Blanchard lui a consacré dans son livre La police parisienne et les Algériens 3.

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Le 17 octobre 1961

manifestations organisées pour le cinquantenaire des massacres d’octobre 1961

Le Collectif 17 octobre 1961, dont le Mrap (Mouvement contre le racisme et pour l’amitié des peuples) et la Ldh (Ligue des droits de l’Homme) font partie, a demandé dans un communiqué publié le 3 octobre 2011, «que les plus hautes autorités reconnaissent les massacres commis par la police parisienne le 17 octobre 1961 et les jours suivants comme crime d’Etat».

« Ce n’est qu’à ce prix que pourra disparaître la séquelle la plus grave de la guerre d’Algérie, à savoir le racisme dont sont victimes aujourd’hui nombre de citoyens d’origine maghrébine ou des anciennes colonies, y compris sous la forme de violences policières récurrentes, parfois meurtrières», ajoute le communiqué.

La requête est faite chaque année. Elle avait un relief particulier à quelques jours de la célébration du 50e anniversaire de la répression à Paris de
la manifestation algérienne du 17 octobre 1961, qui avait fait plus de 200
morts selon des historiens.

  • De nouveaux ouvrages sont publiés et de nouveaux films sortent en salle ; certains sont présentés sur ce site.
  • Pour commémorer le drame, des manifestations – concerts, débats, projections de films… – ont été organisées à Paris, en banlieue et en province. Certaines sont présentées ci-dessous4.

[Mis en ligne le 5 octobre 2011, mis à jour le 3 février 2012]

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Le 17 octobre 1961

“la police parisienne et les Algériens (1944-1962)”, par Emmanuel Blanchard

Le « problème nord-africain » : c’est ainsi que la police avait pris l’habitude de qualifier après-guerre la question des immigrés algériens installés en région parisienne. Théoriquement égaux en droit avec les autres citoyens français, ils étaient cantonnés à certains emplois et quartiers, en butte à une forte emprise policière et objets de nombreux fantasmes. Pour comprendre ce qui a rendu possible l’explosion des violences policières du 17 octobre 1961, l’historien Emmanuel Blanchard, chercheur au Centre de recherches sociologiques sur le droit et les institutions pénales (Cesdip), s’est intéressé à l’emprise policière sur ces immigrés au cours des deux décennies précédentes. Dans son livre récemment publié, La Police parisienne et les Algériens (1944-1962)5 dont l’épilogue est reprise sur ce site, il met en évidence grâce à un travail sur des archives et des témoignages inédits, la manière dont les pratiques des fonctionnaires chargés de la sécurité ont contribué à créer ce «problème nord-africain».

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Emmanuel Blanchard a abordé ce sujet, lors du colloque “Nanterre ne veut pas oublier” qui s’est tenu, le 15 octobre 2011, à la Maison de la Musique de Nanterre. Voici le texte de son intervention, basé sur la transcription qu’en a faite Christine Excoffier6 et revue par Emmanuel Blanchard.

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Le 17 octobre 1961

les ratonnades d’octobre 61, par Michel Levine

En octobre 1961, en pleine guerre d’Algérie, Maurice Papon, préfet de police, instaure à Paris un couvre-feu pour les Algériens, citoyens français de seconde zone : chasse au faciès, interpellations systématiques, bouclages de quartiers, etc. En protestation, le FLN organise le 17 octobre une manifestation pacifique. La répression de la police parisienne sera sanglante et démesurée.

Le crime commis, c’est le grand silence de la part des autorités et des médias, un mutisme absolu qui durera des années. Il faudra attendre 1985 pour voir publié le premier livre important, que l’on doit à Michel Levine, Les ratonnades d’octobre : un meurtre collectif à Paris en 1961. Ce livre, pratiquement ignoré des critiques et du public lors de sa parution,
dévoile ce qui était ignoré ou soigneusement refoulé. L’auteur s’est livré à une véritable enquête, interrogeant victimes, avocats, témoins. Aujourd’hui, il revient sur cette période tragique de l’Histoire à l’occasion du 50e anniversaire du tragique événement d’octobre 1961 avec une édition augmentée.

Michel Levine est historien des Droits de l’Homme. Il a notamment publié chez Fayard Affaires non classées (Archives inédites de la Ligue des Droits de l’Homme).

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Des manifestants algériens arrêtés à Puteaux le 17 octobre 1961. AFP/Fernand Parizot
Le 17 octobre 1961

remise des 10 000 premières signatures de l’appel à la reconnaissance des massacres du 17 octobre 61

Des manifestants algériens arrêtés à Puteaux le 17 octobre 1961. AFP/Fernand Parizot
Des manifestants algériens arrêtés à Puteaux le 17 octobre 1961. AFP/Fernand Parizot

C’est un massacre colonial dont la France officielle a jusqu’à présent refusé d’admettre l’existence. Il ne s’est pas déroulé en Algérie, au Cameroun ni à Madagascar, mais à Paris, ville-lumière, ville des Lumières… Le 17 octobre 1961, des dizaines d’Algériens et d’Algériennes ont été tués, certains en étant jetés à la Seine, alors qu’ils ne savaient pas nager, pour avoir osé braver le couvre-feu qui leur était imposé. D’autres ont été battus à mort dans la cour de la Préfecture de police ou dans ses annexes, cette même Préfecture où, l’on va, aujourd’hui, retirer son permis de conduire ou une carte de séjour, sans oublier celles et ceux qui y célèbrent leur naturalisation.

Il n’y eut aucune enquête officielle, aucune inculpation ou mise en cause … mais, aujourd’hui, le 17 octobre est lourd d’enseignements : il nous rappelle le rôle ambigu de la gauche française pendant la Guerre d’Algérie, mais également que la France officielle a toujours aussi mal à sa mémoire coloniale – cette France qui s’en va donner des leçons mémorielles à la planète entière.
Il nous rappelle aussi que, finalement, l’idéologie raciste et coloniale perdure en France.

C’est tout cela qu’ont compris nombre de ceux qui ont manifesté le 17 octobre 2011 ou qui ont signé l’appel de Mediapart demandant une reconnaissance officielle de ce massacre7 – appel qui sera prochainement remis aux plus hautes autorités françaises avec l’espoir des 10 000 premiers signataires d’être entendu.

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le massacre du 17 octobre 1961 : vers une reconnaissance politique ?

Plus personne ne conteste la réalité du massacre des Algériens d’octobre 1961, et, en février 1999, un substitut a reconnu ce « massacre », mais, jusqu’à présent, il ne s’est pas trouvé un seul représentant des plus hautes autorités de l’État pour évoquer publiquement la responsabilité de l’État dans ce sinistre épisode de la guerre d’Algérie.

Aujourd’hui, alors que la pétition lancée par Mediapart a reçu près de 9 000 signatures en une semaine, la droite continue à s’en tenir à un refus hautain, tandis que la gauche semble prête à voter une loi reconnaissant le massacre des Algériens.

Pierre Tartakowsky, président de la Ligue des droits de l’Homme, déclare n’avoir « qu’un seul regret, c’est de constater que le gouvernement ne dit mot, et n’éclaire pas ce qui doit être éclairé ». Il poursuit : « On ne construit pas la démocratie […] sur l’oubli ou sur le mensonge ». 8

[Mise en ligne le 19 octobre 2011, mis à jour le 21]

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Un bidonville parisien en 1960
Le 17 octobre 1961

la LDH de Toulon, le 17 octobre 2011 : “indignons-nous … engageons-nous !”

Un ancien habitant d’un bidonville de Bezons – il avait 8 ans en 1961 – a écrit son témoignage dont voici un large extrait9 :

«Le 17 octobre 1961, les Algériens ont voulu exprimer pacifiquement pour dire halte aux discriminations, aux rafles, aux ratonnades, mais aussi à la misère subie.

«50 ans après, je n’arrive pas à comprendre pourquoi la France et l’Algérie n’arrivent toujours pas à se réconcilier et à construire un avenir commun, sans pour autant oublier ce qui s’est passé. Après d’énormes déchirures, d’autres peuples ont réussi à marcher ensemble, alors pourquoi ne pas y parvenir nous aussi ?

«Pour moi, il y a des points communs entre le 17 octobre 1961 et la Journée mondiale du refus de la misère. En effet, il s’agit de deux combats pour la liberté, le bien-être, la volonté de vivre décemment et le refus de la violence subie. La misère génère aussi une violence. Par exemple quand après une vie de travail, on se retrouve sans emploi et pas assez d’argent pour manger, payer son loyer et faire vivre sa famille.

«Par ailleurs, le 17 octobre 1961 et la Journée mondiale du refus de la misère sont deux manifestations pacifiques, mais il n’empêche que tout en étant pacifiques, elles portent en elles une forme de violence car en exprimant son refus, quelque part, cela est perçu comme une provocation par les personnes qui nous contraignent à vivre dans de telles conditions.»

Voila pourquoi la section de Toulon de la Ligue des droits de l’Homme s’est associée au Comité du refus de la misère pour commémorer ensemble les massacres du 17 octobre 1961, et voici le texte de son intervention, le 17 octobre 2011, sur le parvis des droits de l’Homme à Toulon.

[Mis en ligne le 17 octobre 2011, mis à jour le 19]

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reconnaître le crime d’État du 17 octobre 1961 et permettre l’accès aux archives

Afin que la lumière puisse être faite sur le massacre des Algériens par la police parisienne le 17 octobre 1961, la Ligue des droits de l’Homme demande dans un communiqué que soit assurée la liberté d’accès aux archives concernant cet événement dramatique.

L’historien Gilles Manceron, auteur de La Triple occultation d’un massacre (publié avec Le 17 octobre des Algériens, de Maurice et Paulette Péju, éd. La Découverte), revient sur l’occultation de ce massacre dans la mémoire collective et explique les mécanismes qui ont contribué à cette amnésie organisée.

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Le 17 octobre 1961

le détournement des travaux d’une historienne sur le massacre du 17 octobre 1961

Linda Amiri est une chercheuse en histoire, auteure de deux ouvrages sur le 17 octobre 1961 : La Bataille de France, la guerre d’Algérie en métropole (Editions Robert Laffont, 2004) et Les Fantômes du 17 octobre 1961 (Editions mémoires-génériques, 2001).
Historienne reconnue par la communauté scientifique, elle voit ses travaux détournés par des groupuscules d’extrême droite qui tentent par ce moyen dérisoire de s’opposer à l’émergence de la vérité à propos du massacre du 17 octobre 1961 à Paris.

La Ligue des droits de l’Homme proteste contre ces manœuvres et apporte son entier soutien à Linda Amiri.

Les réactions de deux hommes politiques locaux – Lionnel Luca, député-maire de Saint-Laurent-du-Var, et Christian Estrosi, député-maire de Nice – montrent que les préjugés coloniaux continuent à prospérer dans le midi méditerranéen.

[mis en ligne le 17 octobre 2011 à 15h, mis à jour à 23h25]

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