guerre d’Algérie : pour un armistice mémoriel
Un historien, petit-fils de pieds-noirs, plaide pour la construction d’une mémoire commune et non militante. 1
Un historien, petit-fils de pieds-noirs, plaide pour la construction d’une mémoire commune et non militante. 1
L’historien, spécialiste de la guerre d’Algérie, évoque dans son nouveau livre son enfance juive à Constantine samedi 26 septembre aux Chapiteaux du livre à Béziers. Un récit personnel qui complète une oeuvre scientifique au-delà des polémiques.
Benjamin Stora était l’invité des Chapiteaux du livre samedi 26 septembre à 21h pour une grande conférence autour de son nouvel ouvrage Les clés retrouvées : une enfance juive à Constantine (Ed. Stock).
Depuis le milieu des années 1990, la notion de guerres de mémoires s’affirme dans le débat public. Les termes de « repentance » et de « lois mémorielles » sont entrés dans le discours politique et la « mémoire » devient un enjeu du présent. Les médias, les historiens, et les responsables politiques s’engagent et certains évoquent même un risque de débordement mémoriel, en particulier à propos de l’histoire coloniale. Le souvenir de la Grande Guerre, celui de la Shoah questionnent toujours le présent sur la manière d’appréhender et de commémorer le passé.
L’ouvrage dirigé par Pascal Blanchard et Isabelle Veyrat-Masson, Les guerres de mémoires, La France et son histoire2 réunissant historiens, politologues, anthropologues ou sociologues, montre qu’au cours du XXe siècle une longue suite de conflits mémoriels a permis de faire entrer le passé dans le présent.
Nous en reprenons la préface de Benjamin Stora.
Dans son édition du 4 mars 2009, le New York Times a publié un article de Michael Kimmelman intitulé «In France, a War of Memories Over Memories of War», consacré notamment aux polémiques qui se développent à propos des monuments et du projet de musée de Perpignan autour des mémoires de l’Algérie française.
Le texte a été repris dans l’édition du 14 mars 2009 du supplément du Monde constitué d’articles repris du New York Times ; il reste accessible sur le site internet du journal. Nous en proposons ci-dessous une traduction libre.
Nous complétons ce petit dossier avec la réponse adressée à Michael Kimmelman par Jacques Pradel, président de l’association des pieds noirs progressistes et leurs amis.
Il y a un peu plus d’un an, paraissait un livre d’entretiens de Benjamin Stora avec Thierry Leclère, La guerre des mémoires3. Il faut (re)lire ce petit ouvrage, où l’historien spécialiste du Maghreb nous aide à mieux comprendre l’imbrication entre histoire et mémoire, question coloniale et immigration… en attendant la parution de son prochain livre, Les guerres sans fin. Un historien, la France et l’Algérie.
Comment les pieds-noirs d’Algérie construisent-ils une identité du souvenir ? Quels peuvent être les usages sociaux et politiques des mémoires coloniales ? Dans quelle mesure est-il possible de définir l’élaboration de stratégies identitaires associées à la formulation de souvenirs de la colonisation et d’identifier les acteurs qui élaborent ces stratégies ? Comment des mémoires coloniales concurrentes s’affrontent-elles, tout en se recomposant ? Quel peut être le rôle du politique en matière de gestion des mémoires ? Comment s’élaborent, et sous l’influence de quels acteurs ou facteurs, des politiques commémoratives à travers lesquelles une sélection de souvenirs acquièrent le statut d’histoire officielle ?
C’est à toutes ces interrogations que le nouveau livre d’Eric Savarese4 tente de répondre, en soulignant l’étendue du travail qu’il reste à accomplir. Vous trouverez ci-dessous un extrait de l’introduction (les pages 10 à 14).
Benjamin Stora publie un livre d’entretiens avec Thierry Leclère, «La guerre des mémoires. La France face à son passé colonial», dont vous trouverez la présentation ci-dessous5.
Nous avons choisi de vous en proposer deux extraits en bonnes feuilles : dans le premier Benjamin Stora donne son point-de-vue sur le projet controversé de mémorial de la France outre-mer à Marseille ; dans l’autre il tente de répondre à la question : «Que faire pour dépasser cette guerre des mémoires ?».
Après une année marquée par de houleux débats sur le passé colonial, l’historien Benjamin Stora revient sur le poids persistant de la guerre d’Algérie dans la société française.
Un entretien réalisé par Rosa Moussaoui, publié le 26 juillet 2006 dans l’Humanité, avec l’intitulé « le récit colonial n’a été pris en charge ni par les partis politiques, ni par l’école ».
Il y a une demi douzaine d’années, Guy Pervillé a écrit un texte intitulé » l’histoire peut-elle réconcilier les mémoires antagonistes de la guerre d’Algérie ? « . Il faut le relire aujourd’hui
6.
Comme contribution au débat franco-français qui se développe en France, nous en proposons ci-dessous un large extrait qui n’aborde qu’un aspect du problème, et nous remercions Guy Pervillé de nous y avoir autorisés.
La colonisation et la décolonisation font l’objet d’une intense guerre de mémoires.
L’Observatoire du communautarisme a demandé à l’historien Claude Liauzu 7 de dessiner le paysage …
Un entretien publié le 10 décembre 2005 sur le site de l’Observatoire du communautarisme 8.
Les stéréotypes de «l’histoire de France», hérités du XIXe siècle, doivent être reconnus et démystifiés.
Un article de Suzanne Citron 9
publié dans Libération le 24 octobre 2005
Si l’écriture de l’histoire de la guerre d’Algérie ne fait que (re)commencer, ses témoins et survivants s’expriment des deux côtés de la Méditerranée. Depuis que la France a reconnu, en juin 1999, que le terme de “guerre” qualifie les “événements” survenus en Algérie entre 1954 et 1962, une “flambée de mémoire” a bousculé en profondeur celle des vétérans. Un rattrapage accéléré, émaillé de durcissements internes aux deux pays, puis d’un rapprochement politique récent. Une page douloureuse semble enfin se tourner.
par Benjamin Stora, professeur d’histoire du Maghreb
à l’Institut national des langues et civilisations orientales (Inalco), Paris.
[Français et Algériens, hommes & migrations n° 1244, juillet août 2003]