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Édition du 15 mars au 1er avril 2025

Autres colonialismes

Portugal

L’exposition
« Refuser la guerre coloniale,
une histoire portugaise »

A la maison du Portugal de la Cité universitaire internationale de Paris a lieu une exposition sur l’engagement des années 1960 et 1970 contre les guerres coloniales menées par le Portugal en Guinée-Bissau, Angola et Mozambique. Elle traite de l’exil parisien des 200 000 Portugais déserteurs et insoumis à cette guerre. A propos d’un livre qui rend compte d’un acte de solidarité anticolonialiste, la sortie collective clandestine du Portugal, en 1961, d’une soixantaine d’étudiants des colonies portugaises, nous reproduisons le témoignage d’Albano Cordeiro.

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Patrice Lumumba
Belgique

Lumumba, le déshonneur des Belges

«C’est dans l’État indépendant du Congo, futur Congo belge, que les méthodes de conquête ont atteint un degré de brutalité qui en fait une sorte de modèle dans l’histoire des colonisations du XIXe et du XXe siècle.

Il faut partir de l’indépendance du Congo belge en 1960 pour mesurer à quel point les colonisateurs ont voulu légitimer l’entreprise colonialiste, au mépris de l’Histoire. Ne disait-on pas alors de ce pays qu’il était une colonie modèle : un modèle administratif grâce à son taux d’encadrement exceptionnellement élevé, et un modèle de rentabilité pour la métropole ?»

Elikia M’Bokolo, Afrique centrale : le temps des massacres


Henri Goldman, rédacteur en chef de la revue belge d’analyse et de débat Politique, revient sur un épisode dramatique de la “décolonisation” du “Congo belge” : la mort de Patrice Lumumba.

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Négociations entre l’Allemagne et la Namibie

Deux associations représentant respectivement des Herero et des Nama namibiens ont déposé le 5 janvier 2017 un recours collectif devant la justice américaine, pour obtenir une réparation financière de l’Etat allemand. Une plainte qui vise à obtenir réparations du génocide perpétré par les Allemands durant la période coloniale : la répression des soulèvements populaires par les Allemands entre 1904 et 1905 aurait causé la mort de près de 100.000 membres des peuples herero et nama.

L’Allemagne et la Namibie sont en négociation pour élaborer une déclaration commune où Berlin compte s’excuser pour les massacres commis lors de la période coloniale, estimant avoir compensé cette page noire de son histoire coloniale par des aides au développement du pays.

En plus de compensations financières, les plaignants militent pour une reconnaissance officielle de leurs droits et l’assurance qu’aucun accord entre les deux pays ne sera conclu sans qu’ils aient été consultés.

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Les crânes de la colonisation

La Namibie – un pays du Sud-Ouest de l’Afrique, grand comme une fois et demie la France, mais très peu peuplé (de deux à trois millions d’habitants) – a été colonisée par l’Allemagne d’une façon particulièrement brutale à partir de la fin du xix-e siècle. En 1904 certaines de ses populations autochtones se révoltèrent contre l’occupant allemand.
La répression sous le commandement du général Lothar von Trotha fut effroyable – massacres génocidaires, travail forcé, création de camps de regroupement, à l’instar de ceux installés par les Britanniques en Afrique du Sud pour écraser la révolte des Boers … Au cours de cette période, la population herero est passée de 80 000 à 15 000 personnes. Les Herero et les Nama venaient d’être victimes du premier génocide du xx-e siècle.

D’autres pays africains eurent à souffrir de la colonisation allemande, notamment le Rwanda et la Tanzanie que le traité de Berlin avait attribués à l’Allemagne en 1885, mais qui furent placés sous tutelle de la SDN (Société des nations) lors du démantèlement de l’empire colonial allemand qui suivit en 1920 la fin de la première guerre mondiale. La lecture de la presse allemande de novembre 2016 nous apprend qu’un millier de crânes et d’ossements d’Africains, amenés en Allemagne pour la « recherche scientifique raciale » pendant l’ère coloniale, sont toujours stockés à Berlin par une institution publique 1.

Rappelons que 37 crânes d’anciens résistants algériens à la colonisation française de leur pays sont toujours en attente de leur retour dans leur pays d’origine (voyez ce dossier).

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Statue équestre de Léopold II, place du Trône à Bruxelles (photo CMCLD)
Belgique

La vérité sur le passé colonial belge au Congo

Un “Collectif mémoire coloniale et lutte contre la discrimination” existe en Belgique — il présente ses objectifs.

Après la commémoration récente en hommage au roi Léopold II, Kalvin Soiresse Njall, coordinateur du collectif, exprime, dans un article que nous reprenons ci-dessous, l’exigence de vérité sur l’histoire coloniale de la Belgique au Congo.

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Allemagne

L’Allemagne reconnait le génocide des Nama et des Herero

Le 10 juillet dernier, le gouvernement allemand a reconnu officiellement que « la guerre d’extermination menée en Namibie entre 1904 et 1908 était un crime de guerre et un génocide ». C’était la première fois que cette expression était employée de manière officielle au plus haut de la République fédérale d’Allemagne pour qualifier le comportement des troupes allemandes commandées par le général Lothar Von Trotha.

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La Namibie faisait partie du domaine dévolu à l’Allemagne en 1885, par la conférence de Berlin qui avait organisé le partage de l’Afrique 2. Cette conférence s’est déroulée de la mi-novembre 1884 à fin février 1885. Le chancelier Bismarck y avait invité des délégués de 13 Etats européens, des Etats-Unis et de l’Empire ottoman. Mais aucun Africain n’était convié à la mise en place de règles qui aboutiront au découpage du continent par des frontières ne correspondant souvent à aucune réalité pour les populations qui y vivaient.

Les Allemands ont procédé à des massacres particulièrement sanglants des peuples Herero et Nama qui s’étaient soulevés contre la domination coloniale : environ 80 % des Herero et la moitié des Nama périrent entre 1904 et 1908. Il aura fallu plus d’un siècle à l’Allemagne pour reconnaître ce premier génocide du XXe siècle.

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Les Archives coloniales belges en danger

Des motivations peut-être financières, des calculs administratifs liés aux subtilités de la politique fédérale en Belgique et, au final, un certain mépris pour l’histoire de l’Afrique, risquent de conduire à une disparition de fait des Archives africaines de Bruxelles, qui, avec un personnel limité, mais très compétent, ont réservé, depuis des années, un accueil efficace à de nombreux chercheurs belges, européens, américains et africains.

Si ces fonds sont intégrés aux Archives générales du royaume, comme il en est question, le risque est grand de voir fortement diminuer leur accessibilité. A une époque où les débats sur l’histoire coloniale restent vifs, le recours aux archives reste un garant de rigueur, de sérieux et d’approfondissement. C’est pourquoi des historiens du monde entier se sont émus de cette information et appuient l’initiative prise par leur collègue belge Léon Saur et leur collègue française Christine Deslaurier, qui, en liaison avec d’autres habitués de ce remarquable centre d’archives, diffusent le texte ci-joint.

Jean-Pierre Chrétien

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Royaume-Uni

La Grande-Bretagne va indemniser des victimes du régime colonial

Une décision historique : le gouvernement britannique va indemniser d’anciens “rebelles” kényans – des “Mau-Mau” – qui avaient été victimes de la répression coloniale au cours des années 50.

Quatre Kenyans avaient engagé en 2009 des poursuites pour les tortures et mutilations qu’ils avaient alors subies. A la suite de la décision de la justice britannique de reconnaître comme éléments de preuve des documents d’archives que l’on croyait détruits 4, le gouvernement britannique a décidé de négocier.
Il a reconnu que «des Kényans ont été torturés ou ont subi d’autres formes de mauvais traitement aux mains de l’administration coloniale» et a accepté d’indemniser.

La condamnation par le gouvernement britannique de ces violations des droits de l’homme5 est un fait important. Il fera sans doute jurisprudence pour d’autres États de l’Empire Britannique – Chypre, Ouganda, Nigéria, Malaisie etc. De plus, on peut s’attendre à d’autres plaintes de victimes de violences contre les anciennes puissances coloniales – le Portugal, la Belgique, la France …

[Mis en ligne le 10 juin 2013, mis à jour le 15]

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Rodolfo Graziani
Italie

Scandale en Italie : un mausolée en hommage à un criminel de guerre fasciste

La colonisation italienne en Afrique s’est déroulée de façon particulièrement brutale – voir l’article que Gilbert Meynier a consacré à l’ouvrage Italiani, brava gente ? d’Angelo del Boca. Le général Rodolfo Graziani (1882 – 1955) en a été l’un des acteurs les plus sanguinaires. Ce criminel de guerre, qualifié de “boucher” pour ses campagnes en Libye et en Éthiopie, a terminé sa carrière publique comme ministre de la Défense de la république fasciste de Salò.

En août dernier, dans la petite ville d’Affile où Graziani a vu le jour, un monument du plus pur style fasciste, financé par la région du Latium, a été érigé à sa mémoire, déclenchant une violente polémique …

[Mise à jour, le 6 mai 2013] – Suspension de la construction.

Nicola Zingaretti, nouveau président de la région du Latium, a décidé de suspendre le financement (180 000 euros) du mausolée en l’honneur de Rodolfo Graziani qui avait provoqué l’indignation en Italie, notamment au sein de la communauté juive et parmi les anciens résistants, et jusqu’en Éthiopie. Pour le président de la région, la commune d’Affile avait détourné le projet d’érection d’un monument initialement destiné à honorer un “soldat inconnu”.
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[Mis en ligne le décembre 2012, mis à jour le 6 mai 2013]

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Italie

Gilbert Meynier : Angelo Del Boca, “Italiani, brava gente ?”

Comme l’actualité le montre – voir la polémique autour du monument d’hommage à Rodolfo Graziani – l’Italie n’a toujours pas affronté son passé colonial. Longtemps occultée par l’idée que les Italiens s’étaient dans l’ensemble comportés comme des « gens bien » (brava gente)8, l’histoire des guerres de conquête italiennes en Afrique montre la brutalité avec laquelle elles furent conduites, leur lien étroit avec l’expansion de l’État national fondé par Cavour suivi du fascisme, et leur inscription dans la longue durée du rapport au Mezzogiorno.

Gilbert Meynier, professeur émérite à l’Université Nancy II, est un historien spécialiste de l’histoire de l’Algérie sous la domination française. À l’occasion de la parution du livre d’Angelo del Boca, Gilbert Meynier a écrit en mai 2006 l’article suivant qui fait une synthèse du passé colonial et fasciste de l’Italie9.

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