L’insurrection malgache de 1947 :
un « trauma » colonial ?
Dans cet article de synthèse, Raphaël Gallien et Maxence Habran, chercheurs au Centre d’études en sciences sociales sur les mondes africains, américains et asiatiques (CESSMA) de l’Université de Paris, rappellent à quel point l’insurrection de 1947 et sa terrible répression par les troupes coloniales, au prix de dizaines de milliers de morts, constitue un épisode structurant pour la communauté nationale malgache d’aujourd’hui, même s’il est longtemps resté entouré de silence. Ils font le point sur les avancées historiographiques sur ce drame majuscule et montrent que les jeunes générations ont moins d’inhibitions que leurs aînées à évoquer 1947 comme un repère d’espérance et de fierté dans un pays qui voit le niveau de vie de ses habitants chuter sans discontinuer depuis le milieu des années 1970. Les obstacles dans la transmission des savoirs sur cette histoire restent tangibles, mais leur mémoire, un temps refoulée, s’affiche aujourd’hui au grand jour, lors de commémorations indissociables d’enjeux politiques contemporains et d’expressions culturelles (livres, films…) plus nombreuses.