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Édition du 1er au 15 décembre 2024
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Reconnaissance du crime d’Etat : lettre ouverte au président de la République

A la veille du 56e anniversaire du massacre de manifestants algériens à Paris par la police française, le Collectif 17 octobre 1961 - Vérité et justice demande à être reçu par le président de la République, Emmanuel Macron, et lui demande de "concrétiser ses engagements". Cette lettre est suivie de l'appel à rassemblement le 17 octobre prochain à Paris, à 18 heures, à Paris, sur le Pont Saint-Michel. Une nouvelle plaque commémorative sera symboliquement apposée.

Lettre ouverte au président de la République :

Objet : Reconnaissance du crime d’Etat

Monsieur le Président

Le 15 février 2017, à la chaîne privée Echorouk News, en Algérie, vous déclariez : « La colonisation fait partie de l’histoire française, c’est un crime contre l’humanité, une vraie barbarie…. »

Le 5 mai, devant la rédaction de Mediapart, vous avez déclaré : « De fait, je prendrai des actes forts sur cette période de notre histoire… » Nous pensons donc, qu’à l’occasion de ce 56ème anniversaire du crime d’Etat commis en plein Paris, vous pourriez (devriez?) ainsi concrétiser cet engagement.

Nous sollicitons de votre bienveillance une audience pour connaitre votre position précise à ce sujet, afin de pouvoir en rendre compte lors du rassemblement prévu le 17 octobre 2017 au Pont Saint-Michel à Paris.

Nous vous prions d’agréer, Monsieur le Président de la République, l’expression de notre haute considération.

Pour le « Collectif du 17 octobre 1961 » : Olivier Le Cour Grandmaison (17 Octobre contre l’Oubli), Samia Messaoudi, Mehdi Lallaoui (Au nom de la Mémoire), M’Hamed Kaki (Les Oranges), Malik Salemkour (LDH – Ligue des Droits de l’Homme), Renée Le Mignot (MRAP – Mouvement Contre le Racisme et pour l’Amitié entre les Peuples), Henri Pouillot (Sortir du Colonialisme).

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Appel :

17 octobre 1961 – 17 octobre 2017
56ème Anniversaire – Vérité et Justice

Le 17 octobre 1961, des dizaines de milliers d’Algériens manifestaient pacifiquement à Paris contre le couvre-feu discriminatoire qui leur avait été imposé par Maurice Papon, préfet de police de Paris et le gouvernement de l’époque. Ils défendaient leur droit à l’égalité, leur droit à l’indépendance et le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Ce jour-là, et les jours qui suivirent, des milliers de ces manifestants furent arrêtés, emprisonnés, torturés – notamment par la « force de police auxiliaire » – ou, pour nombre d’entre eux, refoulés en Algérie. Des centaines perdirent la vie, victimes d’une violence et d’une brutalité extrêmes des forces de police.

56 ans après, la Vérité est partiellement en marche. Cependant, la France n’a toujours pas reconnu sa responsabilité dans les guerres coloniales qu’elle a menées, – en particulier la Guerre d’Algérie – non plus que dans le cortège de drames et d’horreurs qu’elles ont entraînés, comme ce crime d’Etat que constitue le 17 octobre 1961. Le 17 octobre 2012, le Président de la République avait certes fait un premier pas important, en déclarant : « Le 17 octobre 1961, des Algériens qui manifestaient pour le droit à l’indépendance ont été tués lors d’une sanglante répression. La République reconnaît avec lucidité ces faits. Cinquante et un ans après cette tragédie, je rends hommage à la mémoire des victimes. » Mais le terme de crime n’est pas repris, et la responsabilité, sous entendue, n’est pas clairement définie.

Nous demandons une parole claire aux autorités de la République, au moment où certains osent encore aujourd’hui continuer à parler des « bienfaits de la colonisation », à célébrer le putsch des généraux à Alger contre la République, à « honorer » les criminels de l’OAS.

Lors de ce rassemblement, une nouvelle plaque sera symboliquement apposée avec l’inscription suivante: “ A la mémoire des centaines d’Algériens tués lors des manifestations pacifiques du 17 octobre 1961 par des policiers agissant sous l’autorité du préfet Maurice Papon. Reconnaissance de ce crime d’Etat.

Dans ce domaine, il est donc nécessaire que des mesures significatives soient prises :

• Que la création d’un lieu de mémoire voué à cet évènement, demandée dans la résolution votée par le Sénat en octobre 2012 qui reconnaissait elle aussi ce massacre, soit rapidement mise en œuvre par les autorités de l’Etat, de la Ville de Paris et la Région Ile-de-France;
• Pour être fidèles à leur mission scientifique, les historiens ont besoin de pouvoir accéder librement aux archives, échapper aux contrôles des pouvoirs ou des groupes de pression et travailler ensemble, avec leurs homologues de l’autre rive de la Méditerranée.
• La vérité doit être dite sur l’organisation criminelle de l’OAS que certains, comme à Béziers avec le Maire Robert Ménard, et au sein de l’ancienne majorité présidentielle veulent réhabiliter.

Ce n’est qu’à ce prix que pourra disparaître la séquelle la plus grave de la Guerre d’Algérie, à savoir le racisme, l’islamophobie dont sont victimes aujourd’hui nombre de citoyennes et citoyens, ressortissants d’origine maghrébine ou des anciennes colonies, y compris sous la forme de violences policières récurrentes, parfois meurtrières.

On ne construit pas la démocratie sur des mensonges et des occultations. Après plus d’un demi-siècle, il est temps :

• Que le Président de la République, au nom de la France, confirme, par un geste symbolique, la reconnaissance et la condamnation de ce crime d’Etat.
que l’Etat français reconnaisse sa responsabilité dans l’internement arbitraire, pendant la Guerre d’Algérie, d’Algériens dans des camps.
• que la liberté d’accès aux archives soit effective pour tous, historiens et citoyens.
• que la recherche historique sur ces questions soit encouragée, dans un cadre franco-algérien, international et indépendant.

A l’occasion de ce 56ème anniversaire, nous exigeons Vérité et Justice.

Rassemblement le 17 Octobre 2017 à 18heures au Pont Saint Michel à PARIS

Signataires au 10 octobre 2017 :

Associations : 4 ACG (Anciens appelés en Algérie et leurs amis contre la guerre), 17 octobre 61 contre l’oubli, 93 au cœur de la République, Association Rennes-Sétif, Amis de l’Algérie Rennes, ACDA (Association pour le changement et la démocratie en Algérie), Association des familles des prisonniers et disparus sahraouis (AFAPREDES), AFASPA (Association française de solidarité avec les peuples d’Afrique), Association des pieds-noirs progressistes et leurs amis (ANPNPA), APCV (Associaion de promotion des cultures et du voyage), Association des travailleurs maghrébins de France (ATMF), Association culturelle Les Oranges, ACCA (Association contre le colonialisme aujourd’hui), Les Amis de Max Marchand, de Mouloud Feraoun et de leurs compagnons, ANPROMEVO (Association nationale pour la protection de la mémoire des victimes de l’OAS), Au nom de la Mémoire, ARAC (Association républicaine des anciens combattants), Comité Vérité et Justice pour Charonne, CDISCOM (Collectif de défense de l’intégrité et de la souveraineté des Comores), C-O10MAI (Comité d’organisation du 10 mai), CRAN (Conseil représentatif des associations noires de France), Fédération des Tunisiens pour une citoyenneté des deux rives (FTCR), FNACA de Paris (Fédération nationale des anciens combattants en Algérie, Maroc et Tunisie), Fondation Frantz Fanon, FARR (Franco Algériens Républicains Rassemblés), Harkis et droits de l’Homme, LDH (Ligue des droits de l’Homme), MIR (Mouvement international pour les réparations), MRAP (Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples), Le Paria, Sortir du Colonialisme, Union Juive Française pour la Paix (UJFP)

Organisations Syndicales : CNT, SNES (Syndicat national des enseignants du second degré), Union syndicale Solidaires, URIF-CGT (Union régionale Ile-de-France de la CGT)

Partis politiques : Alternative libertaire, Ecologie sociale, Ensemble !, Europe-Ecologie les Verts (EELV), Mouvement du 1er juillet (M1717), NPA (Nouveau parti anticapitaliste), PCF (Parti communiste français), PCOF (Parti communiste des ouvriers de France), PG (Parti de Gauche)

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