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Édition du 15 novembre au 1er décembre 2024
Des policiers arrêtent un homme à l'arrivée d'un Paris-Nice, le 11 avril 2011 (Hugo Domenach/Rue89).

Paris-Nice : contrôles au faciès

Fin mars dernier, notre amie Isabelle nous a adressé le courrier suivant. D'autres témoignages confirment le sien ; nous en avons retenu un, du 11 avril. Aux dires de Toulonnais qui prennent quotidiennement le train pour Marseille, ces scènes sont fréquentes. Témoigner de ce qui se passe sous nos yeux, c'est refuser de participer au lent naufrage de nos libertés.

Paris, gare de Lyon : beau coup de filet ou gros coup de communication ?

Je suis allée à Paris par le TGV, après 4 heures de train, je descendais sur le quai et me retrouvais comme des centaines d’autres personnes à arpenter la voie, fatiguée et un peu groggy mais pressée de revoir ma fille et mon gendre.

Je marchais vite, le train était très long, 2 TGV collés. A contre sens des policiers par trois, par cinq, j’avançais toujours un peu plus vite, emportée par le courant de la vague humaine. J’entendais « nous n’avons jamais vu autant de policiers », puis les hommes en bleu marine, pas loin de moi s’approchent, je n’entends pas ce qu’ils se disent, très proches d’une personne d’origine maghrébine. Puis, quelques mètres plus loin d’autres policiers interpellent deux autres personnes de la même origine dont le visage était torturé ou donnait l’impression d’avoir vécu des moments très difficiles … J’ai pensé sur le moment ils ont monté une opération policière. Quelques mètres plus loin la même scène, là, les personnes interpellées sont plaquées contre le TGV pour laisser passer les centaines de personnes que le train déversait. « Ils » nous regardaient terrassés, probablement par la suite des évènements (ou leur antériorité ?) et peut être aussi parce que la majorité du flot ne les regardait pas mais répétait « nous n’avons jamais vu autant de policiers, qu’est ce qu’il se passe ? ».
J’étais un peu perturbée sans trop comprendre se qu’il se passait par cette scène en noir et blanc ou plutôt en noir et gris et sans un cri.

Enfin, j’entrapercevais entre quelques têtes, ma fille, puis là à quelques mètres mon gendre le sourire accroché au visage, j’étais heureuse de les avoir retrouvés.

Samedi matin je suis allée consulter Google ; j’ai tapé la date le lieu pour avoir quelques informations et comme à son habitude le géant du Web n’a donné que quelques réponses approximatives au 3 et au 4 mars 2011. Beaucoup de Tunisiens et Libyens se font arrêter à la sortie des trains.

Je ne sais pas ce qu’il s’est passé si c’est un beau coup de filet avec démantèlement d’un réseau de malfrats ?
Ou profitant de l’entre deux tours une opération de communication qui aurait beau jeu de satisfaire une certain frange de la population ?
Dans un cas comme dans l’autre je tenais à vous transmettre ce témoignage.

Toulon, le 25 mars 2011

Isabelle P.

Des policiers arrêtent un homme à l'arrivée d'un Paris-Nice, le 11 avril 2011 (Hugo Domenach/Rue89).
Des policiers arrêtent un homme à l’arrivée d’un Paris-Nice, le 11 avril 2011 (Hugo Domenach/Rue89).

TGV Nice-Paris : la preuve que Guéant lutte contre l’immigration

par Hugo Domenach, Rue89, le 4 avril 2011

Des policiers qui attendent sur le quai de la Gare de Lyon menottent un homme au milieu des voyageurs et l’emmènent hors de la gare. Cette scène se répète depuis quelques semaines à l’arrivée des trains en provenance de Nice. Lundi, à l’arrivée du 21h31, rien d’anormal donc à voir un homme – noir – encadré par plusieurs policiers.

Etudiant en école de commerce à Antibes, Guillaume, 23 ans, prend le TGV de Paris jusqu’à Nice le week-end et fait le trajet inverse le mardi soir. Il s’étonne de la multiplication des contrôles d’identité « au faciès », selon lui, ces dernières semaines à l’arrivée de son train, Gare de Lyon :

« Ils contrôlent les identités et fouillent toutes les personnes basanées, souvent originaires du Maghreb et des pays de l’est. Ce qui m’a le plus choqué, c’est que ces contrôles se déroulent dans le calme, comme si c’était quelque chose de banal, de simples contrôles de routine. »

Un lien avec la prétendue « vague » de Tunisiens censée déferler sur la France ? Une employée de la SNCF explique :

« Il y a une recrudescence des contrôles à l’arrivée des trains en provenance de Nice et d’Italie depuis environ trois semaines. Les contrôleurs avisent la police de la présence de passagers sans titre de transport et sans-papiers. »

Rien d’anormal selon un autre employé :

« Il y a toujours eu des contrôles d’identité à l’arrivée de ces trains. C’est juste qu’ils ont été plus efficaces ces derniers temps avec les vagues d’immigrés venus d’Afrique du Nord. »

Les policiers ont refusé de répondre à mes questions me proposant une visite au poste si je ne quittais pas immédiatement les lieux. La veille, j’avais filmé la même scène au train de 12h11.

URL source: http://www.rue89.com/2011/04/12/le-nice-paris-la-preuve-que-gueant-lutte-contre-limmigration-199159


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