Communiqué de l’association des pieds-noirs progressistes et leurs amis (ANPNPA)
Manifestation OAS DE BEZIERS
Des associations qui regroupent anciens terroristes de l’OAS et nostalgiques bornés de l’Algérie Française appellent à une manifestation le 5 juillet 2009 au cimetière neuf de Béziers. Cette manifestation camoufle, derrière le prétexte d’un hommage aux victimes des événements dramatiques survenus à Oran le 5 juillet 1962, la glorification des assassins de l’OAS, condamnés par la république, dont les noms figurent sur la stèle érigée au cimetière neuf.
Pour nous tous qui savons combien la fin tragique de la guerre d’Algérie et l’exil du peuple pied-noir ont pour cause première la folie meurtrière de l’OAS, il s’agit là d’un amalgame inacceptable, autant qu’ignoble, et une insulte aux morts d’Oran.
L’ANPNPA dénonce avec force cette manifestation. Elle demande aux autorités compétentes de prendre toutes les mesures nécessaires pour interdire qu’hommage soit rendu à l’OAS le 5 juillet 2009 à Béziers, et ternisse ainsi le respect dû aux victimes du 5 juillet 1962 à Oran. L’ANPNPA a envoyé dans ce sens un courrier au maire de Béziers et au préfet de l’Hérault.
L’ANPNPA appelle tous les pieds-noirs qui ne se reconnaissent pas dans ces associations factieuses à se mobiliser contre cette manifestation honteuse. Elle prendra toute sa part dans la mobilisation des forces et organisations démocratiques qui s’y opposent.
29 juin 2009
Président de l’ANPNPA
Communiqué de la section de Béziers de la LDH
Nous apprenons que la commémoration des évènements du 5 juillet 1962 doit se dérouler au pied de la stèle à la gloire de membres de l’OAS.
Si le principe de la cérémonie n’est pas dérangeant, les massacres perpétrés ce jour-là, comme tous les crimes commis lors de la guerre d’Algérie sont condamnables et leurs victimes ont droit au souvenir, nous condamnons fermement le lieu choisi.
Outre les risques réels et graves d’apologies de crimes de guerre et autres délits susceptibles d’être publiquement commis, nous assistons à Béziers à une tentative d’écriture de l’Histoire par le rapport de force. Or l’Histoire ne peut être ni l’affaire de parlementaires ni celle de lobbying, seuls des historiens sont à même de nous décrire les évènements, loin de tout clivage passionnel et de concurrence mémorielle.
La présence même de cette plaque honorant des personnes qui ont attenté à la vie du Président de la République, ainsi que les cérémonies dont elle est régulièrement le théâtre, avec parfois la présence d’élus de la République, sont une atteinte profonde à nos valeurs républicaines, notamment de fraternité.
En conséquence de quoi :
- Nous demandons l’interdiction de la manifestation prévue. Nous en appelons pour cela à Monsieur le préfet et monsieur le maire.
- Nous exigeons l’enlèvement de cette stèle provocatrice de la sphère publique comme cela a été fait à Marignane.
- Nous en appelons donc à des cérémonies du souvenir placées sous le sceau de la réconciliation et de l’amitié entre les peuples comme cela est fait dans le cadre des commémorations liées à la seconde guerre mondiale. Elles auraient alors lieu le 5 décembre.
Pour le cas où la manifestation du 5 juillet ne serait pas interdite, nous appelons à soutenir l’initiative de l’Association nationale des pieds-noirs progressistes et leurs amis (ANPNPA) et à manifester au cimetière neuf ce dimanche 5 juillet 2009 à 11h00.
Béziers, le 3 juillet 2009
Communiqué de l’Association Appel des Cent
Mouvement de la Paix, Béziers
Nous venons d’apprendre avec émotion qu’une manifestation à la gloire des assassins de l’OAS va se tenir à Béziers au cimetière neuf le 5 juillet
Nous sommes au terme de la décennie de la culture de paix initiée par l’ONU. Le colonialisme qui a conduit à la lutte armée des Algériens pour leur indépendance n’a pas à être glorifié auprès des Français.
L’heure n’est pas à cultiver la nostalgie de concepts archaïques que l’histoire a condamnés. Elle est à la reconnaissance de la responsabilité d’un système qui a conduit à la guerre et à ses atrocités.
Elle est à la construction de la coopération avec l’Algérie qui s’inscrit dans la lutte contre un terrorisme intégriste. La France a besoin de l’Algérie et l’Algérie a besoin de la France. Les différentes communautés des deux rives ont besoin de se rapprocher. La mixité des populations dans les quartiers mais aussi dans les familles est déjà une réalité. La paix est nécessaire à la cohabitation de tous.
Nous nous associons à l’initiative de l’Association Nationale des Pieds Noirs Progressistes pour être présents devant la stèle du cimetière neuf de Béziers le 5 Juillet à 11 h.
A Béziers le 1er juillet 2009
Raymond Cubells
Communiqué conjoint de l’ANPROMEVO et des
Amis de Max Marchand, de Mouloud Feraoun et de leurs compagnons
NON À L’HOMMAGE DE BÉZIERS À DES CRIMINELS DE L’OAS LE 5 JUILLET 2009
L’Association nationale pour la protection de la mémoire des victimes de l’OAS (ANPROMEVO) et l’association « Les amis de Max Marchand, de Mouloud Feraoun et de leurs Compagnons » communiquent :
Les hommages rendus à la mémoire des victimes des événements survenus le 5 juillet 1962 à Oran sont légitimes et ne soulèvent aucune objection, notamment de la part des veuves et descendants de victimes de l’OAS, eux aussi frappés par le deuil et le chagrin.
Mais, telle qu’elle est prévue au cimetière neuf de Béziers (Hérault) dimanche prochain, la célébration du 47ème anniversaire de cette journée dramatique n’est qu’un prétexte.
Elle est, en effet, appelée à se dérouler devant une stèle qui a pris une dimension polémique et partisane à partir du moment où d’anciens membres de l’OAS y ont scellé une plaque comportant, entre les inscriptions « Fusillés pour avoir défendu l’Algérie française » et « N’oubliez jamais leur sacrifice », les portraits de quatre condamnés à mort de l’organisation.
Or, l’existence de cette stèle est menacée à la suite d’une récente décision de justice ayant ordonné le démantèlement d’un cénotaphe dédié, dans l’enceinte du cimetière Saint-Laurent de Marignane (Bouches-du-Rhône), à ces mêmes individus et tendant à valoriser les mêmes crimes et attentats terroristes et racistes commis, par eux ou sous leur responsabilité, en Algérie et en France.
C’est pourquoi la cérémonie biterroise s’articule autour de mots d’ordre : « Pour les fusillés d’un Etat assassin », « Pour soutenir la stèle des Fusillés », étrangers au témoignage mémoriel invoqué, démontrant de la façon la plus claire l’instrumentalisation dont le souvenir des victimes du 5 juillet 1962 est l’objet.
Les origines activistes et le discours extrémiste des instigateurs de cette manifestation donnent à penser que, si elle n’était pas préalablement interdite, le cimetière neuf pourrait une fois de plus être le théâtre de tribunes politiques, de scènes d’apologie de crimes de guerre, de diffamation, d’injures publiques et de menaces de mort.
Ce type de rassemblement va à l’encontre des principes les plus élémentaires de paix civile, de neutralité, de décence et de recueillement qui doivent être respectés dans un cimetière.
Il ferait offense à la mémoire des 2.700 victimes de l’OAS : civils, militaires, magistrats, enseignants, défenseurs des institutions et des valeurs de la République.
Son autorisation pourrait être regardée comme un encouragement à la contestation de la police, de l’armée, de la justice, de l’éducation.
En conséquence, les deux associations soussignées exigent des autorités compétentes qu’elles prennent leurs responsabilités respectives à l’effet d’empêcher le déroulement d’une manifestation incitant aux affrontements mémoriels, là où la réconciliation constitue un impératif de cohésion nationale.
À défaut de mesures en ce sens, elles seront représentées sur place, dans la perspective de la mise en œuvre de toutes procédures susceptibles de découler de manquements constatés aux obligations relevant de la police municipale et, le cas échéant, d’infractions à la loi pénale.
1er juillet 2009
président de l’Association nationale pour la protection de la mémoire des victimes de l’OAS
Jean-Philippe Ould Aoudia
président de l’association Les amis de Max Marchand, de Mouloud Feraoun et de leurs Compagnons
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Quelques échos dans la presse locale
L’ombre de Degueldre
Le préfet de Région, Claude Baland, et le sénateur-maire de Béziers, Raymond Couderc, viennent d’être saisis d’une demande de Jean-François Gavoury, le fils du commissaire tué par l’OAS pendant la guerre d’Algérie. Le président de l’Association nationale pour la protection de la mémoire des victimes de l’OAS revient à la charge dans l’affaire de la stèle du cimetière neuf. Il attire leur attention sur une cérémonie prévue face à la plaque OAS, le 5 juillet à 11 h, dans laquelle il voit « une opération d’instrumentalisation des mémoires », craignant que l’hommage annoncé aux victimes d’Oran donne lieu à « une exaltation de la carrière du lieutenant Degueldre » – l’homme qui donna l’ordre de tuer son père -, à l’occasion du 47e anniversaire de son exécution1.
« Si vous ne prenez pas les dispositions voulues pour l’empêcher, insiste Jean-François Gavoury, Béziers sera à nouveau le théâtre de scènes d’apologie de crimes de guerre et de tribunes politiques à contenu injurieux à l’égard de la République ». En rappelant que « la ville de Perpignan et la préfecture des Pyrénées-orientales ont pris des dispositions réglementaires et opérationnelles à l’effet d’empêcher un hommage public aux quatre condamnés à mort de l’OAS » et que « les mêmes mesures d’interdiction s’appliquent » dans la commune de naissance de Degueldre. En novembre, Raymond Couderc avait fait interdire des prises de parole devant la stèle. André Troise, ancien OAS, était passé outre. Alors, interdire ou ne pas interdire ? La réponse de la préfecture et de la mairie est toujours attendue.
La stèle, le recueillement et l’urne
« Depuis près de 40 ans, les rapatriés se réunissent le 5 juillet pour commémorer les massacres et enlèvements » de 1962. « L’ordre public n’a jamais été troublé. Que M. Gavoury s’occupe de ce qui se passe à Paris et laisse les Biterrois se recueillir dans le calme et la sérénité. »
Voilà la réponse de Raymond Couderc au fils du policier tué à Alger, qui voulait l’interdiction de la cérémonie face à la stèle ornée d’une plaque OAS. L’élu s’interroge : « On peut se poser la question de ses réelles motivations : pourquoi vouloir créer de l’agitation à Béziers… à quelques mois d’une échéance électorale ? »
Alors que le candidat UMP, qui a donné copie de sa réponse à des rapatriés (elle fait un carton sur le web auprès de rapatriés qui félicitent Couderc) sera lui resté, bien sûr, dénué de toute arrière-pensée électorale …
Le député Aboud : « Pourquoi j’y assisterai »
Midi Libre a eu accès à un document qu’Elie Aboud, 1er adjoint de Béziers et député (UMP), s’apprête à diffuser pour annoncer sa présence à la cérémonie. Sa présence, le 26 mars dernier, dans un cortège de rapatriés conduit jusqu’au monument dédié aux morts en Outre-Mer, mais orné d’une plaque OAS, avait fait grand bruit. Il persiste et signe. Voici, en avant-première, les explications de celui qui préside la Commission nationale des rapatriés. « J’assisterai le 5 juillet à une cérémonie devant une stèle du cimetière de la commune dont je suis l’élu afin de me recueillir quelques instants en souvenir des personnes qui ont péri en Algérie et pour l’Algérie entre 1954 et 1962 et dont les corps sont restés là-bas sans sépulture ou dans des sépultures bien souvent profanées. Il s’agit d’un geste de fraternité et de solidarité envers nos compatriotes rapatriés qui eux-mêmes ou leurs ascendants ont souffert des drames et des violences de la guerre d’indépendance n’épargnant pas les innocents et provoquant des réactions de désespoir que l’on peut comprendre sans les justifier. Pourtant le PCF et la LDH locale veulent s’opposer à cette cérémonie en y voyant un appui à une Algérie française qu’ils veulent expulser de l’Histoire nationale par esprit de système. Il n’y a pas d’appui de ma part à quelque cause que ce soit sauf à celle de la vérité d’hommes et de femmes de toutes confessions qui ont tenté de cohabiter harmonieusement plus de 130 ans sur la même terre. Le recueillement est un devoir. Je continuerai à le remplir jusqu’à son aboutissement législatif en proposant au Parlement un texte de loi instituant dans les cimetières de France un droit au recueillement non pour célébrer une cause, mais en mémoire de celles et de ceux dont les corps sont restés en Algérie et dont le souvenir étreint nos coeurs. La volonté qui m’arrime à ce sujet s’intègre au plus profond de mes convictions républicaines que la Licra, dont on ne peut soupçonner aucune complaisance envers des thèses extrémistes, me reconnaît au niveau national comme au niveau régional. J’ai bien sûr informé de ma décision le président national de la Licra, Patrick Gaubert, le président régional Me Bonnet, de même que Monsieur le Préfet Baland. Je remercie le maire de notre commune, Raymond Couderc, qui n’a pas voulu interdire le recueillement du 5 juillet et qui n’a pas voulu céder à des thèses contre-productives, respectant ainsi la mémoire et l’histoire des Rapatriés. »
- Pour Roger Degueldre, voir par exemple cette page.