17 octobre 1961 : chèque en blanc à Maurice Papon, par Emmanuel Blanchard
De 1925 à 1945, en région parisienne, les Algériens étaient “suivis” par une équipe spécialisée, la Brigade nord-africaine de la préfecture de police. Les “indigènes” étant devenus “Français musulmans d’Algérie”, théoriquement égaux en droit aux autres citoyens français, celle-ci fut dissoute. Au début des années 1950, l’émeute algérienne devient un sujet de préoccupation majeur, exacerbé par la répression féroce de la manifestation du 14 juillet 1953, place de la Nation. Une nouvelle police spécialisée est alors reconstituée avec la Brigade des agressions et violences. Ses objectifs : pénétrer les “milieux nord-africains” et ficher les Algériens.
Entre 1958 et 1962, dans le contexte de la guerre ouverte en Algérie, le répertoire policier se radicalise : il faut désormais “éliminer les indésirables”. Rafles, camps d’internement et retours forcés se multiplient, les brutalités policières deviennent fréquentes, jusqu’à la torture. Le préfet de police Maurice Papon reçoit un « chèque en blanc » pour combattre le FLN. Les massacres d’octobre 1961 incarnent le moment le plus tragique de cette période noire.
Dans son livre La police parisienne et les Algériens : 1945-19621, Emmanuel Blanchard, en éclaire les mécanismes par une étude historique fondée sur des archives et des témoignages inédits. Nous en reprenons ci-dessous l’épilogue.